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[Grèce en lutte]

Skouries : une forêt ancestrale est devenue le dernier champ de bataille en Grèce

dimanche 7 avril 2013, par WXYZ

La lutte de quelques milliers de villageois contre l’imposition de mines d’or destructrices dans le nord de la Grèce se radicalise et s’élargit. Elle est en passe de devenir le principal foyer de contestation et d’insubordination à l’échelle de tout le pays.

L’imposition violente de ce projet de la part de l’Etat grec est le principal facteur de cette escalade.

« Si l’Etat a décidé de transformer la Chalcidique en un laboratoire de la violence et de la répression pour l’exporter ensuite vers le reste du pays, les habitants de la Chalcidique ont décidé d’en faire un laboratoire pour la liberté et le combat. Et ce combat est une chose pour laquelle nous devons tous nous tenir prêts ».


Nous avons déjà parlé ici du combat mené dans le nord de la Grèce par une population contre le creusement et l’exploitation d’une mine d’or dans la forêt de Skouries, dans la péninsule de Chalcidique, à une centaine de kilomètres à l’est de Thessalonique. Sans partager nécessairement tout ce qu’il contient, voici un article qui a le mérite de résumer assez bien la situation actuelle de cette lutte.
Quelques informations et considérations complémentaires se trouvent à la suite, notamment sur les conséquences judiciaires du sabotage réalisé dans la nuit du 16 au 17 février dernier.

Skouries : une forêt ancestrale est devenue le dernier champ de bataille en Grèce

par Theodora Oikonomides et Zoe Mavroudi

Skouries est la plus importante histoire grecque dont vous n’avez rarement entendu parler. Il s’agit d’une ancienne forêt dans le nord de la Grèce, où une entreprise canadienne, géante de l’exploitation aurifère revendique ses droits. Mines d’or, préoccupations environnementales, répression de l’Etat, violence de la police et un mouvement anti-mine local solide et organisé ont fait de Skouries un véritable champ de bataille dans la politique grecque, un champ de bataille qui n’a pourtant reçu que très peu de couverture internationale, clairement éclipsé par l’escalade de la crise grecque.

La société grecque Hellas Gold et son principal actionnaire, le canadien Eldorado Gold collaborent à la création d’une mine d’or et de cuivre dans l’antique forêt de Skouries, dans la région septentrionale de la Chalcidique, mais les habitants de 16 villages de la région s’opposent ferment au projet et ont réalisé plusieurs manifestations contre lui au cours de l’année passée, dont beaucoup se sont concluent violemment. La police anti-émeute a fait un usage excessif de gaz lacrymogènes même à l’intérieur de la forêt et dans les villages, tandis que les habitants ont accusé la police d’arrêter des personnes sur de fausses accusations, en les maltraitant physiquement et en procédant même à des prélèvement d’échantillons d’ADN contre leur volonté.

« La Chalcidique est devenu un trou noir dans la géographie de la Grèce. C’est un endroit dans ce pays où la Constitution a été transformée en un chiffon de papier, où l’état de droit s’est effondré, où les droits humains sont bafoués au quotidien », a déclaré Dina Daskalopoulou, une journaliste au Journal des Rédacteurs [Εφημερίδα των Συντακτών / Efimerida ton Sindakton], le seul quotidien grec organisé en coopérative et détenu par son personnel. Daskalopoulou parlait dans une interview sur la radio Radiobubble.gr, un collectif indépendant de journalisme citoyen qui a couvert de près l’histoire de Skouries et rendu compte des manifestations depuis l’année dernière.
Daskalopoulou a délivré un compte rendu inquiétant de ce qui pourrait bien être la répression d’Etat le plus organisée contre un mouvement dans ce pays. Elle a indiqué que les maisons des habitants étaient surveillées par la Sécurité d’Etat, les téléphones placés sur écoute et les détentions devenues la norme, souvent en prenant pour cible des résidents handicapés et des lycéens. « Je pense que l’État a un plan global à l’égard de la population locale. Il a lancé toute une opération pour les terroriser. En choisissant ainsi ce qu’il pense être le plus facile pour briser leur détermination. »

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi il y a tant de tension dans ce petit coin de Grèce. Pour commencer, Skouries est une région ayant une longue histoire d’exploitation minière qui remonte à Alexandre le Grand. Plus récemment, dans les années 1980, une tentative de la compagnie canadienne TVX Gold d’exploiter une mine dans la région a échoué après que les scientifiques de certaines des plus grandes institutions de la Grèce comme l’Université Aristote de Thessalonique et de la Chambre technique de Grèce ont averti les habitants que cet investissement conduirait à un désastre écologique sans précédent en polluant cette zone de 317 kilomètres carrés (31.700 ha), les sols, la mer, l’air et l’eau et allaient rendre leurs villages inhabitables.

Aujourd’hui, près de trente ans plus tard, Hellas Gold et Eldorado ont un plan qui suscite des inquiétudes similaires. Ils veulent creuser une mine à ciel ouvert au milieu de la forêt de Skouries, dans la montagne Kakavos, qui en outre est la principale source d’eau douce de toute la région. Selon les propres estimations de la société, la mine à ciel ouvert va générer 3.000 tonnes de poussières toxiques à l’heure. Des galeries seront creusées à 700 mètres de profondeur, plaçant la mine en dessous du niveau de la mer, de telle sorte que même l’eau qui ne serait pas contaminée par des métaux lourds et d’autres substances toxiques en provenance de la mine, serait certainement polluée par l’eau de mer. En outre, un tunnel de 9 km de long qui doit relier deux sites miniers coupera en deux une ligne de faille géologique qui a provoqué un tremblement de terre dévastateur dans la région en 1932. Enfin, une usine de traitement du minerai sera construite dans la montagne où l’or sera séparé des autres substances. La société affirme cela sera fait sans employer du cyanure, mais cette méthode ne s’est pas avérée efficace sur le minerai d’or de Skouries. Cette question soulève des inquiétudes supplémentaires sur l’utilisation éventuelle de cyanure dans la forêt.

L’opération actuelle qui a cherché à ignorer ces inquiétudes a eu peu d’effet et les préoccupations environnementales n’en sont qu’une partie. Une des raisons est que les circonstances dans lesquelles l’exploitation minière a été décidée sont discutables.
Quelques jours seulement après que l’homme d’affaire Fotis Bobolas a créé Hellas Gold en 2003 avec un capital de départ de seulement 60.000€, l’État grec a acheté les droits d’exploitation de la TVX Gold pour un montant de 11 millions d’euros et les a immédiatement revendu à Bobolas pour 11 millions d’euros, ne gagnant rien dans l’opération. En quelques mois, Hellas Gold a été acheté à 95% par European Goldfields, une autre société canadienne qui fut à son tour absorbée lors d’une OPA amicale par Eldorado Gold.
Ces transactions reliées avec la répression policière et de l’État pour assurer la poursuite des préparatifs du démarrage de l’exploitation minière dans la région n’ont fait que renforcer la colère locale et l’organisation du mouvement de protestation. Il y a un an, en mars 2012, les choses ont atteint leur apogée lorsque la société minière a envoyé ses travailleurs dans la montagne pour démanteler un camp de protestation établi par les activistes anti-mines sur l’emplacement prévu de site minier. Les manifestations qui ont suivi ont été violemment réprimées par la police anti-émeute. La situation n’a cessé de s’aggraver jusqu’en février dernier, quand un groupe de 40 à 50 personnes de la région a mené une attaque incendiaire sur le chantier principal de la société à Skouries, brûlant tous les équipements qu’ils ont trouvés sur place avant de se retirer.

Les autorités ont lancé une série de rafles après l’attaque incendiaire – une pratique policière courante en Grèce – et ont depuis arrêté 154 personnes tout en lançant un raid de la police dans le village de Ierissos, un bourg de 3.000 habitants situé au centre du mouvement de protestation. Daskalopoulou a indiqué à Radiobubble.gr que les cloches des églises sonnent fréquemment pour alerter les villageois des arrestations ou de la présence de la police.
Dans un cas, une jeune mère de deux enfants a été détenue pendant 16 heures sans avocat ni appel téléphonique à sa famille et sans accusation. Elle a été interrogée par la police en charge du "dossier" qui lui a demandé si elle pensait que son mari la trompait.
Une jeune fille de 15 ans a été appelée par la Sécurité d’Etat sur son téléphone portable pour qu’elle fasse une « déposition ». La police a fréquemment demandé des échantillons d’ADN aux personnes qui étaient simplement appelées à témoigner. « Dans certains cas, la police a prélevé des échantillons d’ADN par la force et a contraint le détenu à signer une déclaration disant qu’il leur avait donné de son plein gré », a déclaré Daskalopoulou.
Dans un cas très inquiétant, quatre jeunes, âgés de 19 à 22 ans, ont reçu la visite dans les premières heures de la matinée d’agents de la sécurité de l’Etat qui leur ont demandé de les suivre au poste de police pour une raison non spécifiée. Arrivés au poste de police, ils ont été séparés. Daskalopoulou a interviewé l’un d’entre eux récemment, le fils d’un policier, qui a dit qu’il avait été laissé sans eau pendant des heures et interrogé sur ses convictions politiques et sa participation à des manifestations. Il a ensuite été giflé et frappé. « Chaque demi-heure, ils arrêtaient de le battre, le mettaient debout et l’obligeaient à regarder un mur, afin qu’il puisse mieux réfléchir et leur dire où il était ce soir-là » ajoute Daskalopoulou. « Et puis, ils revenaient et cela a duré entre six et sept heures. A la fin, une dizaine d’entre eux ont fait irruption dans la salle et ont exigé qu’il donne son ADN ». Le jeune a ensuite été contraint de signer un document disant qu’il avait donné son ADN volontairement. Un policier lui a dit plus tard : « Allez maintenant, ton village est assiégé. Si tu veux atténuer ton cas et celui de ton village, donne-nous quelques noms. » Quand il a refusé, il a été menacé d’être utilisé dans un jeu de « ping-pong ».
« Ping-pong signifiait qu’ils allaient le jeter à travers la pièce tout en le traitant d’anarchiste et de vaurien. Ce garçon a 19 ans. »

Mais la violence n’a pas seulement été utilisée comme une tactique d’intimidation derrière les portes closes des postes de police. Le 7 mars 2013, des policiers anti-émeute se sont déployés dans Ierissos et ont arrêté 5 personnes. Les recherches ont été menées avec l’unité de l’anti-terrorisme qui était lourdement armée. « Ils ont aspergé les gens du village avec des produits chimiques pendant des heures. Les gaz lacrymogènes sont même tombés à l’intérieur de l’école. Trois enfants ont eu une attaque de panique, d’autres des problèmes respiratoires. L’ambulance a essayé d’y aller mais ne pouvait pas. Même un bébé de dix mois a dû être transporté à l’hôpital », a déclaré Daskalopoulou.

Une manifestation d’étudiants appelée pour commémorer l’attaque du mois dernier dans l’école a eu lieu la semaine dernière dans la région. De telles manifestations, ainsi qu’une autre grande manifestation pacifique contre les mines qui a réuni 20.000 personnes à Thessalonique peu après les attaques, et qui a été le premier mouvement de protestation retransmis par la télévision en Grèce, démontrent que le mouvement est loin de s’affaiblir.

Au contraire, la région est devenue la scène du principal terrain des divisions politiques en Grèce, une sorte de symbole de la nécessité de résister au contrôle des puissants monopoles sur l’État ainsi qu’à la liquidation des actifs grecs et des ressources naturelles.
Daskalopoulou affirme qu’une récente manifestation de soutien à la mine a été mise en scène et elle l’a décrite comme ayant été un événement presque comique et extravagant qui a rassemblé des politiciens de la droite et des représentants d’organisations marginales. Selon Daskalopoulou, des manifestations organisées par les habitants eux-mêmes sont suivies par des syndicalistes ainsi que par les politiciens de gauche du principal parti d’opposition Syriza. Au même moment, dans une conférence de presse qui s’est tenue en Grèce la semaine dernière, Eldorado Gold a signalé qu’elle était en train de reconsidérer ses projets en faisant allusion à un climat instable pour les investissements en raison des réactions en cours.
« Si l’Etat a décidé de transformer la Chalcidique en un laboratoire de la violence et de la répression pour l’exporter ensuite vers le reste du pays, les habitants de la Chalcidique ont décidé d’en faire un laboratoire pour la liberté et le combat. Et ce combat est une chose pour laquelle nous devons tous nous tenir prêts » a conclu Daskalopoulou.

Le 25 mars 2013

Original : ICI

[Traduction : OCLibertaire]


La résistance aux mines d’or, fer de lance de la rébellion sociale dans la Grèce actuelle

La lutte des habitants du nord de la Grèce contre l’exploitation de mines d’or est en passe de devenir l’un des principaux conflits du pays. Et effectivement, un laboratoire de la répression d’Etat et de la résistance populaire à l’imposition violente d’un projet dévastateur.
L’opiniâtreté de la résistance des habitants de la région de Skouries, dans la péninsule de la Chalcidique ; l’ampleur de la répression ; la diversité des modes d’actions utilisés par les opposants ; la naissance de nouveaux foyers d’opposition dans deux autres régions du nord de la Grèce (en Thrace et en Macédoine) menacées par des projets similaires ; la solidarité et la sympathie diffuse que cette résistance rencontre bien au-delà des quelques villages directement concernés, et dont en témoigne l’ampleur de la manifestation de Thessalonique qui a rassemblé près de 20.000 personnes le 9 mars dernier ; une information sur cette lutte qui commence à transpercer le mur du silence médiatique ; les initiatives de solidarité à Athènes et dans tout le pays, en font un symbole politique grandissant actuellement dans le contexte social et politique grec. Des mobilisations soutenues et continuelles, qui se sont encore prolongées le 25 mars, jour de l’indépendance, avec les traditionnelles parades patriotiques, où les collégiens et lycéens de la région ont défilé en rang, comme il se doit, en portant tous des t-shirts noirs où était inscrit « Gaz lacrymogènes dans l’école – 7 mars 2013 » ou « SOS Chalcidique ».

Cette lutte est le signe qu’une partie de la société, malgré une crise qui est censée discipliner et anesthésier une population entière, en particulier ceux et celles qui n’ont que leur force de travail pour vivre, ne se laisse pas faire, ne se laisse pas acheter par des promesses d’emplois ou de mirobolantes retombées économiques, ne se laisse pas imposer des projets destructeurs pour les profits de quelques-uns, qu’elle reste vivante, résiste, tient tête aux intimidations et la répression policière.
Une lutte qui devient pour cela exemplaire, parvient à répercuter l’esprit de rébellion dans d’autres foyers de résistances : les luttes de salariées (santé, psychiatrie, sécurité sociale, enseignement, transports, radio-télévision…) ; celles des étudiants ; les mobilisations en soutien aux migrants et aux réfugiés étrangers ; contre les centres de « rétention » (détention) – où les migrants sont détenus pendant des mois dans des cellules surpeuplées, sans hygiène, sans promenades… – et les violences policières qui s’y déroulent (actuellement contre celui de Drapetsona, près du Pirée, situé à l’intérieur d’un commissariat) ; les mobilisations contre la remise en cause du droit du sol pour les enfants d’immigrés ; les actions spontanées contre l’extrême-droite (récemment les habitants de l’île de Thassos dans le nord de la Grèce ont empêché les néo-nazis de distribuer de la nourriture et des produits de première nécessité « exclusivement pour les Grecs » comme ils en ont l’habitude et les ont chassé ; dans le port de Chania en Crête, le candidat local du parti néo-nazi a été jeté à la mer après que lui et ses acolytes aient agressé physiquement des étrangers…), le mouvement naissant contre les menaces de fermeture de 35 espaces culturels à Athènes…

Cette lutte commence aussi à sortir de Grèce. Une revue professionnelle en ligne spécialisée sur l’exploitation minière, mining.com, fait ainsi état des protestations croissantes dont les multinationales canadiennes du secteur minier font l’objet, que ce soit au Canada ou dans une dizaine d’autres pays, en particulier en Grèce, en Colombie (importantes mobilisations dans la région de Bucaramanga et d’autres régions du pays), au Nicaragua, au Pérou, en Bolivie, en République dominicaine, en Israël… Lors de la dernière manifestation contre le TAV dans le Val Susa, une banderole affichait une solidarité avec la lutte contre les mines d’or en Grèce.

Mais si la résistance des habitants de la région de Skouries contre les mines d’or prend une telle importance, l’Etat grec en est bien conscient et déploie pour l’étouffer tout un arsenal répressif, aidé en cela par une grande partie de la presse (écrite, radios, TV) aux mains de magnats de la classe capitaliste (et si besoin en invitant des journalistes à un voyage d’agrément de quatre jours dans des hôtels de luxe en Grèce et à Izmir en Turquie comme vient de le faire Eldorado Gold), jusqu’aux néo-nazis chez lesquels le syndicat des travailleurs de Hellas Gold est allé chercher un soutien sans complexe.

Une inquiétude perceptible dans le camp des pro-mines qui s’est exprimée lors d’une déclaration récente d’un représentant de Hellas Gold disant que la société pourrait abandonner le projet si le climat d’hostilité persistait, mais qui fut démentie quelques jours plus tard par le vice -président de Eldorado Gold pour la Grèce affirmant que sa « société était venue en Grèce pour y rester ».

Mais rien n’est joué. En particulier avec le début de mobilisations contre les autres projets, dans la région de colline de Perama (Thrace du nord-est) et dans celle de Kilkis, en Macédoine (entre Thessalonique et la frontière bulgare). En Thrace, le président de la compagnie vient d’annoncer que ses 30 employés avaient été licenciés et que le projet était gelé jusqu’à ce que le cadre d’investissement en Grèce devienne plus clair. Une chose à savoir enfin : ces trois zones ne sont pas très très éloignées les unes des autres, les rencontres directes entre protagonistes sont relativement faciles à organiser et c’est potentiellement tout le nord de la Grèce qui est concerné directement et peut se mobiliser conjointement.

Le samedi 13 avril, à 18h, des mobilisations simultanées sous le slogan « SOS Chalcidique » sont appelées dans les quatre coins du pays par la coordination des comités de luttes contre les mines d’or de Chalcidique. Une première.

Le 7 avril 2013


Situation judiciaire après le sabotage du 17 février du chantier de la mine de Skouries.

Accusés de terrorisme !

Thessalonique - Accusés de terrorisme ! Les vingt pères de famille désignés par la Sécurité Publique de Thessalonique comme responsables de l’attaque de Skouries ont été accusés de la moitié des délits présents dans le code pénal. Le Procureur de la Chalcidique, Magdalini Galatali, a demandé hier l’ouverture d’une procédure pénale pour sept infractions mineures et onze délits graves à charge des responsables et a transmis le dossier au juge d’instruction.

Parmi les délits qui leur sont attribués, association en vue de commettre un crime, tentative d’homicide, vol, détention et usage illégal de matériel explosif, incendie criminel et dommages aggravés (sur la base de la loi sur les « encapuchonnés » de Dendias, le ministre de l’ordre public). Et aussi : détention et utilisation illégale d’armes, menaces et autres délits.

À signaler le fait que la procédure a été entamée in rem [sur les faits réels soumis], les charges ne sont pas individuelles à ce stade, mais elles seront assignées à chaque examiné au cours des enquêtes de l’instruction. En outre, il n’a pas été lancé de mandat d’arrestation, car il s’agit de personnes qui résident dans la région de manière stable et pour lesquelles il n’y a pas évidemment de danger de fuite à l’étranger.

Dans les milieux juridiques, on estimait que l’émission d’un mandat d’arrêt aurait provoqué de nouvelles tensions dans la société locale, tandis que, de cette façon, les inculpations vont être attribuées graduellement aux individus et pendront comme une « épée de Damoclès » sur les têtes des accusés, limitant les nouvelles protestations contre l’exploitation minière…

Dans les prochains jours, le juge d’instruction formulera les accusations et appellera les personnes impliquées à déposer dans le cadre des enquêtes préliminaires, en décidant évidemment de leur sort selon le cas. Selon certaines informations, la position de deux des vingt habitants serait particulièrement grave, parce que, selon la police de Thessalonique, comme elle le rapporte dans le dossier, il y a des sérieux indices sur leur participation à l’attaque incendiaire du chantier. Il semble qu’aient été découverts par les laboratoires de la police criminelle des éléments qui aggraveraient leur position.

La réaction du groupe des avocats qui défend les habitants a été immédiate. Dans leur communiqué au journal Ef.Syn ils déclarent : « Les accusations qui seront probablement attribuées ne sont pas basées sur des éléments objectifs, mais seulement sur les témoignages de trois employés de l’entreprise ainsi que sur certaines analyses des listings téléphoniques. Nous les considérons donc comme truquées… En outre, nous mettons en doute la validité et l’originalité du peu d’éléments pour ainsi dire objectifs à disposition. La lutte des habitants continue ».

Nikos Fotopoulos

Le 27 mars 2013

EfSyn (Efimerida ton Sindakton - Journal des Rédacteurs)


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Sabotage dans le chantier d’une mine d’or

La lutte contre les mines d’or et la répression s’intensifient dans le nord de la Grèce

5 Messages de forum

  • Mercredi 10 avril. Ce matin, à 3h15 de la nuit, des unités de la police ont fait irruption dans le village de Ierissos. Les policiers, parmi lesquels des membres des forces spéciales de la police anti-terroriste, accompagnés d’un procureur, se sont dirigés vers les domiciles de deux habitants, ont pénétré à l’intérieur après avoir brisé les portes, se sont emparé des deux villageois et les ont emmenés. Les arrestations se sont faites assez violemment, devant les enfants. Un policier a même dit à un enfant de 13 ans : « Regarde-le bien maintenant, parce que tu seras adulte avant le revoir ».

    Poste de police saccagé

    Aussitôt, les habitants du village sont sortis dans la rue et se sont immédiatement rassemblés. Puis, vers 4 heures du matin, ils se sont dirigés vers le poste de police du bourg, vide à ce moment-là. Ils ont forcé les portes, saccagé le local, vidé tout ce qui se trouvait à l’intérieur (mobilier, ordinateurs…) et y ont mis le feu. Seul a été sauvé des flammes, un pistolet mitrailleur trouvé en évidence dans le poste de police. Alors que la police s’éloignait avec les arrêtés, les habitants ont dressé des barricades de pneus à la sortie du village. A la mi-journée, toutes les entrées du village sont fermées.
    Pour les habitants en colère, et les avocats, rien ne justifiait ces arrestations en plein milieu de la nuit et la destruction des portes des habitations.

    « Village gaulois »
    La police a fait savoir qu’ils avaient été arrêtés pour être présenté devant le procureur dans le cadre de la procédure accusatoire sur l’attaque incendiaire contre les installations du chantier de la mine de la société Eldorado Gold, dans la forêt de Skouries. D’après l’AFP, le ministre de l’"Ordre public et de la Protection du Citoyen" (Intérieur), Nikos Dentias a expliqué sur Skaï que l’heure de l’arrestation avait été choisie pour éviter des troubles dans le village, où de violents affrontements avaient opposé en mars police et habitants lors d’une précédente intervention policière.
    Il a déclaré sur une autre radio que « si nous avions mis à exécution le mandat d’arrêt plus tard, ça aurait été un massacre », en critiquant les habitants de Ierissos : « Nous sommes confrontés à l’opposition d’une partie de la communauté locale qui veut imposer sa propre loi et fonctionner comme un village gaulois, ce n’est pas possible ».

    Façon de reconnaitre, que si les habitants sont des « Gaulois », alors les forces de police sont les légions de Jules César, des forces d’occupation… Ces déclarations ont provoqué de nombreuses réactions, notamment sur Internet, avec des dessins représentant le village comme dans la fameuse bande dessinée. Il a souligné que les deux suspects étaient poursuivis pour de « lourds crimes », dont la « constitution d’une organisation criminelle, tentative d’homicide et usage d’explosifs ».

    L’un des avocats des personnes poursuivies a démenti ces allégations en disant que les personnes étaient disponibles à toute convocation et qu’ils n’ont rien reçu.

    Les écoles de Ierissos sont restées fermées pour la journée. A partir de 9h, un rassemblement était organisé devant le tribunal de Polygyros dont dépend la zone de Ierissos (canton d’Aristote). La mère de l’un des deux arrêtés a déclaré : « La guerre civile commence en Chalcidique ». Moment de tension quand un habitant du village a reconnu parmi un des policiers anti-émeutes qui, lors d’une précédente manifestation contre le projet de mine, l’avait agressé, frappé et piétiné.

    Le Commandement général de la police grecque a fait savoir que, suite aux dégâts occasionnés par les villageois au poste de police de la localité, le département de la police de Ierissos était suspendu et rattaché à celui de Polygyros (à 38 km).

    Dans la journée, les manifestants apprenaient que les deux arrêtés avaient été emmenés à au tribunal de Thessalonique (100 kilomètres à l’ouest). Une manifestation est immédiatement appelée dans la grande ville du nord de la Grèce.
    La manifestation est arrivée devant le tribunal vers 14h où le rassemblement s’est poursuivi jusqu’en fin d’après-midi. Les deux arrêtés, âgés de 44 et 33 ans, ont été placé en détention jusqu’à dimanche 14 avril, date où ils seront confrontés au procureur.

    A la suite des arrestations de ce matin, le président du conseil local de la ville de Ierissos a annoncé sa démission.

    Témoignage d’une habitante de Ierissos

    Témoignage de Maria Kadoglou, une militante anti-mine qui vit à Ierissos

    Je connais les deux hommes qui ont été arrêtés mercredi matin. Ils sont bien sûr contre l’expansion de la mine d’or, mais ils ne sont pas pour autant les militants les plus radicaux. Comme beaucoup, ils avaient été interrogés par la police lors des débordements de février sans opposer la moindre résistance. Par conséquent, l’intervention disproportionnée de la police, digne des films d’action d’Hollywood, a choqué tout le monde ici. Ces hommes étaient tranquillement en train de dormir chez eux avec leur famille. Ce comportement s’apparente à une démonstration de force destinée à nous intimider.

    Quand la nouvelle s’est répandue en ville, vers 4 heures du matin, les habitants ont décidé de se rassembler sur la place principale. Certains d’entre eux se sont dirigés vers le commissariat qui était vide - car les policiers ne travaillent pas la nuit [la brigade d’intervention venait d’une ville voisine, NDLR] - et se sont mis à tout saccager, mettant le feu aux meubles et aux ordinateurs.

    “Les habitants ont dressé des barricades pour empêcher la police de revenir”

    Dans la matinée, j’ai rejoint le groupe de manifestants. Nous nous sommes rendus au poste de police le plus proche, là où nous pensions que les deux hommes étaient détenus. Une fois sur place, nous avons appris qu’ils avaient été emmenés au palais de justice de Thessalonique. Du coup, nous sommes allés là-bas pour manifester jusqu’à ce qu’on nous dise qu’ils se trouvaient en réalité au commissariat central de Thessalonique. Bref, on s’est bien fait balader.

    Pendant ce temps, à Ierissos, les habitants ont dressé des barricades sur les deux routes qui bordent la ville pour empêcher la police de revenir. Ces obstacles n’ont pas encore été retirés et resteront en place jusqu’au procès qui est prévu dimanche prochain.

    Nous nous méfions de la police depuis l’incendie criminel de la mine en février dernier. Dans les jours qui ont suivi l’attaque, Ierissos grouillait de policiers. Plusieurs dizaines de personnes ont été interrogées et des échantillons ADN ont été prélevés sur eux alors que rien ne les accusait. Mi-mars, ils avaient obtenu le renfort de la police anti-émeute et anti-terroriste. Fusils automatiques en main, ils allaient de maison en maison à la recherche de suspects. Il s’agit d’une très petite ville, les gens ne sont pas habitués à pareille agitation et se sont mis en colère. La police a riposté en lançant de grandes quantités de gaz lacrymogènes, à proximité d’une école où il y avait classe !

    “Notre lutte reflète beaucoup de problèmes dont souffre le pays : corruption des hommes politiques, destruction de l’environnement, difficultés économiques...”

    Nous protestons contre l’expansion de la mine depuis des années, mais le récent coup de force de la police nous a apporté un courant de sympathie de toute la Grèce. Notre lutte reflète beaucoup de problèmes dont souffre le pays : corruption des politiques, destruction de l’environnement, difficultés économiques... La mine a été cédée à l’époque pour rien du tout par Christos Pachtas, l’ancien adjoint du ministre des Finances qui a quitté le gouvernement après avoir été soupçonné de corruption [il est aujourd’hui le maire d’une petite ville située près du site minier, NDLR]. Le gouvernement avait prévu de récupérer de l’argent grâce à l’impôt sur les sociétés, mais tout le monde sait à quel point l’État grec est incompétent dès qu’il s’agit de récolter une quelconque taxe.

    Au niveau environnemental, l’expansion de la mine serait une catastrophe. Des experts indépendants ont mené diverses études qui tendent à prouver que les réserves d’eau souterraines finiraient par s’épuiser et qu’une partie de la très ancienne forêt Skouries serait sacrifié. La plupart des gens ici vivent de l’agriculture et du tourisme, des secteurs que la réactivation de la mine mettrait en danger [La région est très prisée des touristes russes et de ceux originaires des pays voisins des Balkans, NDLR]. Les propriétaires de la mine répètent à l’envi qu’ils vont créer plein de nouveaux emplois mais ils oublient de mentionner ceux qui vont disparaître.

    Comme tous les Grecs, nous en avons marre. Le gouvernement sucre les emplois, les salaires, les pensions… Mais ils ne nous prendront pas tout, nous garderons notre terre.

    source : ici

    Conflit direct avec la compagnie minière.
    Un pêcheur, habitant Ierissos, a été frappé par des camionneurs alors qu’il se trouvait dans la localité de Megali Panagia pour vendre son poisson. Il a été emmené à un centre de soins d’urgence. En sortant du centre de santé, il est allé porter plainte pour agression. Il semblerait que celui qui l’a agressé soit un membre de la famille d’un ouvrier de Hellas Gold. Les ouvriers de la société minière se sont rassemblés devant le commissariat de Arnea, petite ville située à 30 km de Ierissos, très certainement à l’appel de la direction. Ils agiraient pour « protéger » le commissariat... ou peut-être plutôt pour faire retirer la plainte ?

    Deux salariés de la Hellas Gold ont annoncé qu’ils donnaient leur démission pour protester contre la politique de l’entreprise et les affrontements permanents provoqués par la police.

    Lundi dernier, des affrontements avaient opposés des habitants et des travailleurs de la Hellas Gold, la police est intervenue pour protéger les ouvriers et disperser les habitants.

  • Le conflit contre la mine d’or de Skouries ne fait pas disparaitre d’autres réalités.

    Centres de détention pour étrangers

    Samedi 6 avril dernier, environ 2000 immigrants placés en centre de détention (appelés centres d’accueil fermé) ont mené une grève de la faim, en particulier dans le centre de Amygdaleza (banlieue d’Athènes) pour protester contre les conditions de détention et des durées pouvant atteindre 18 mois. Selon le Mouvement Unis contre le Racisme et la Menace Fasciste” (KEERFA), deux détenus ont tenté de se suicider, l’un en avalant une bouteille de shampoing, l’autre en se coupant avec du verre. Mardi, environ 700 détenus de Amygdaleza poursuivent le mouvement.

    Il y a actuellement environ 5.000 étrangers dans ces centres fermés, à Amygdaleza, Komotini, Xanthi, Drama, Orestiada, Corinthe, nombre qui a considérablement augmenté depuis l’opération ‟Xenios Zeus” (‟Zeus l’hospitalier”) du mois d’août 2012 dans laquelle plus de 58.000 étrangers avaient été arrêtés et 4200 maintenus en détention. Dans bien des cas, la détention se fait à l’intérieur des locaux de la police, comme dans le centre de Drapetsona au Pirée où ils sont entassés dans des cellules (à 100 pour 70 m2), sans hygiène, sans promenade, sans attention médicale et où un réfugié palestinien a tenté de se donner la mort le 21 mars dernier.
    Des habitants se sont solidarisés avec les migrants et se sont rassemblé devant le commissariat. Malgré l’hostilité des policiers anti-émeute, une délégation a pu visiter le commissariat / centre de détention et se rendre compte des conditions d’incarcération : certains sans-papiers sont enfermés là depuis 9 mois, ils ne voient pas la lumière du soleil, les conditions d’hygiène sont déplorables… apparemment, il faut se blesser pour avoir une petite chance d’être transféré à l’hôpital et sortir (provisoirement) de cet enfer… Le collectif des habitants du Pirée a lancé un appel, aux institutions, à leurs salariés, à la société, pour que cessent ce type de détention en cellules de la police, les opérations d’arrestation des étrangers...

    Ce mercredi 10 avril, les migrants du centre de détention de Corinthe se sont soulevés. Dans la matinée, un groupe de 65 migrants avaient déclaré qu’il entamait une grève de la faim. La veille, deux détenus étaient montés sur le toit d’un bâtiment et avaient menacé de se jeter dans le vide. La tension a éclaté lorsqu’un gardien a frappé un détenu qui refusait de prendre la nourriture.
    Des détenus sont alors montés sur le toit du bâtiment et ont menacé de se tuer. Les forces anti-émeutes sont intervenues à coup de lacrymogènes. Les migrants détenus ont alors balancé ce qu’ils trouvaient : pierres, bout de bois, tuiles… Ils ont également mis le feu à des matelas et à une aile du bâtiment.
    D’après la police, 47 migrants de nationalité afghane ont été arrêtés, emmenés dans des commissariats et seront poursuivi pénalement.

    Création d’un comité contre la torture de la police

    Une conférence de presse, organisée dans un ancien poste de police de la junte de la dictature des colonels (1967-1974), a annoncé la création d’un comité contre la torture de la police, soutenu par des associations de défense des droits humains et sociaux (Ligue des droits de l’Homme (Grèce), le Comité pour les droits des détenu-e-s, le Réseaux pour les droits politiques et sociaux, Médecins du Monde, Act-up, Syndicat des photographes de presse… ainsi que des personnalités.

    En Grèce La Police Torture

    Agressions, viols, bastonnades, usage de Taser, brûlures de cigarettes, humiliations, prélèvements génétiques obligatoires, même enlèvements d’élèves…
    Les corps torturés, abusés, humiliés varient à chaque fois : manifestants, immigrés, détenus, personnes prostituées, même mineurs ; dans la rue, en salle de détention ou en centres de rétention.
    Les mains cependant, sont toujours les mêmes : celles de la police.
    La plupart de ces affaires ne sont pas officiellement dénoncées, ou un semblant d’enquête est mené laissant les responsables impunis.

    Mais qui peut encore croire que ces actes sont des événements isolés ?

    Pas même le ministère de l’Intérieur, qui n’a pas hésité à publier les photos des 4 anarchistes arrêtés à Kozani le 1er février, sur lesquelles trois d’entre eux sont défigurés suite aux violences subies.
    Après une enquête réalisée en interne, le ministère déclare officiellement que la violence exercée par la police était « légitime et nécessaire ».

    De leur côté, les personnes arrêtées ont dénoncé, par l’intermédiaire de leurs avocats et de leurs familles, qu’ils sont restés pendant des heures attachés les coudes dans le dos, avec des capuches sur la tête, pendant que les policiers les battaient à tour de rôle !
    Les photos, pourtant visiblement trafiquées, n’ont pas pu (ou peut-être n’a-t-on pas voulu ?) dissimuler l’horreur.
    Les journaux télévisés ont diffusé ces photos sans commentaire.
    C’est également sans commentaire qu’ils ont diffusé un autre cas flagrant de torture, commis au siège de la direction générale de la police, celui de 15 motocyclistes participant à une manifestation antifasciste, quelques mois auparavant, une affaire qui a pris toute sa gravité lorsque les médias internationaux s’en sont emparés. Plusieurs autres cas sont de même restés dans l’obscurité, comme celui de l’immigré torturé avec des pinces au commissariat de police d’Egaleo / Athènes, du mineur détenu à Amigdaleza / Attique qui a eu la rate éclatée suite à de violents coups, du viol avec matraque d’un autre immigré à la police portuaire de la Canée/Crête et plein d’autres.

    En tant que citoyens de ce pays nous avons largement dépassé le stade de la simple inquiétude.

    Désormais il est de notre devoir de parler, de déclarer publiquement que :

    Nous ne devons pas permettre que la Grèce devienne un vaste Guantanamo.
    Nous ne devons pas permettre le retour aux pratiques des régimes dictatoriaux.
    La torture est un crime et comme tel, passible de sanctions légales.
    Nous refusons de nous habituer à la médiatisation de ces pratiques horribles, et de céder à la peur du message terrorisant qu’elle envoie à toute une société.
    Nous ne devons pas permettre cette barbarie ni tolérer son impunité.

    Comité Grec Contre la Torture Policière

    Au cours de la conférence de presse ont pris la parole l’avocat des 15 motards antifascistes, qui a rappelé les faits : insultes et violences perpétrées dans les locaux de la police, le silence de la presse grecque : il a fallu que ce soit le quotidien britannique The Guardian qui parle de l’affaire pour qu’elle soit ensuite reprise… sans autres conséquences.
    Ensuite, le père d’un des 4 anarchistes arrêtés pour hold up, dont trois ont été tabassés et torturés pendant des heures, avec une cagoule sur la tête. La diffusion par la police de photos des 4 arrêtés (mal) retouchées par le logiciel Photoshop a fait éclater l’affaire.
    Ensuite, un ex-prisonnier a dénoncé les tabassages qu’il a subi à son entrée en prison, son placement à l’isolement pendant plus d’une semaine sans pouvoir voir ni avocat, ni famille. Lorsqu’il peut enfin voir son avocat, celui-ci peut alors constater les dégâts : dents cassés, contusions sur le visage, calculs rénaux… Pour la police, il est tombé dans l’escalier... Ensuite, il décrit les cellules spéciales du quartier psychiatrique de la prison où il a passé 4 jours : pièce de 2 m X 2, murs de couleur bleue, insonorisation, et alternance, toutes les demi-heures de variations thermiques rapides de la cellule du très chaud au très froid.
    La quatrième prise de parole a été celle d’un journaliste qui avait été torturé sous le régime des colonels et qui a insisté sur l’inacceptable de la torture (aujourd’hui comme hier) et de sa dangereuse banalisation dont la plupart de la presse se fait la complice.

    Niveau de chômage record

    Les chiffres du chômage en Grèce viennent d’être publiés. Le taux de chômage ajusté des variations saisonnières atteint 27,2 % en janvier, contre 25.7 % au mois de décembre. L’augmentation du nombre de chômeurs en un an (janvier 2012) est de 26 %.
    Du côté des jeunes, le taux de chômage atteint également un nouveau record à presque 60%…
    Le record européen, détenu jusque-là par l’Etat espagnol, est battu.

    Répression contre Indymedia Athènes et 98 FM

    Déclaration du collectif Indymedia Athènes

    vendredi 12 Avril 2013

    La répression ne passera pas !

    Trois des médias de contre-information du mouvement antagoniste (athens.indymedia.org, 98FM et Radio Entasi / Tension) ont été visés par la répression de l’Etat dans l’après-midi du jeudi 11 avril.

    Suite à des pressions du procureur général, leurs connexions Internet ont été fermées..

    Dans une période où la société tout entière se bat, même pour respirer, en raison de la répression financière, politique et sociale, les petites ou grandes résistances locales, les petites ou grandes luttes ouvrières sont vivifiantes et porteuses d’espoir : ce sont elles qui portent l’étincelle de la révolution, qui inspirent et sèment les idées subversives et radicales afin que nous fassions tomber, une fois pour toutes, le monde de l’exploitation...

    A ce moment précis, et parce que les vrais terroristes sont terrorisés par la résistance sociale, l’autorité tente d’imposer l’obscurité de la communication des médias établis.

    Le bâillonnement et la répression des médias de la contre-information ne passeront pas dans les dernières pages de leurs sales journaux et stations.

    Notre réponse va dépasser les célébrations ridicules des fascistes et du pouvoir. Les médias de contre-information sont nos propres médias, ils sont la voix de nos propres luttes qui nous montrent la voie pour le monde que nous voulons.

    Nous appelons toutes les personnes en lutte à un rassemblement le vendredi 12 avril, à 13 heures, sur la place centrale du campus de l’Ecole Polytechnique (Polytechneioupoli) de Zografou.

    Collectif de gestion de Athens.Indymedia.org


    Le collectif a mis en place un navigateur crypté TOR : http://gutneffntqonah7l.onion.to/?l...

    Site alternatif ici : http://indymedia.squat.gr/2013/04

    • Au sommaire

      • Arrestations des habitants, ainsi que des mobilisations de solidarité ont marqué cette semaine Chalkidiki.
      • Suite à des pressions de la part du Procureur, la page web de Indymedia Athènes a été fermée.
      • Les immigrants et des personnes solidaires réagissent et se mobilisent contre les conditions inhumaines dans les centres de détention.
      • Des affrontements et mobilisations à Patras suite à l’attaque de l’Aube Dorée contre un squat.
      • Les mobilisations antifascistes continuent dans tout le pays.

      1. Evolutions à Skouries

      Dans la nuit du mercredi 9 avril, à 3h du matin, des agents de la brigade antiterroriste en civil et aux visages cagoulés, ont littéralement envahi les maisons de deux habitants d’Ierissos et les ont interpellés. Les policiers ont cassé les portes des maisons et ont provoqué de nombreux dégâts. Les deux personnes interpellées sont considérés comme "dangereux" et sont accusés d’avoir participé à l’attaque du 12 février contre le chantier de la compagnie Eldorado Gold qui a assumé la construction d’une mine d’or dans la forêt de Skouries en Chalkidiki.

      Pour l’un d’entre eux, son arrestation a eu lieu devant ses enfants âgés de 3, 5 et douze ans. En plus, les agents se sont moqués de l’enfant le plus âgé, en lui disant "Regarde le bien maintenant avec les menottes, sinon tu ne le verras plus avant plusieurs années".

      Pendant quelques heures personne ne savait où se trouvaient les détenus. Les forces de police ont par la suite abandonné le commissariat du village, par peur des réactions des habitants, en oubliant une arme à l’intérieur. Les habitants se sont réunis un peu plus tard à la place du village. Finalement, ils ont été informés que les détenus se trouvaient à la Direction de la Police de Polygyros, où se sont rendus aussi les habitants d’Ierissos, pour protester contre les interpellations. Ensuite, les deux personnes ont été transférées à Thessalonique, pour être interrogés. Finalement, ils ont demandé une prolongation du délai pour l’interrogatoire jusqu’à dimanche, délai qu’ils ont finalement obtenu. Entretemps, ils sont gardés à la Direction de la Police à Thessalonique.

      Mercredi vers midi, une manifestation spontanée de solidarité a été organisée à Thessalonique. Par ailleurs, un appel à des mobilisations de solidarité pour le 13 avril a été lancé.

      De l’autre côté, il parait que les employés d’Eldorado se trouvent aux côtés de la police ; mercredi deux d’entre eux ont attaqué un habitant de Ierissos et l’ont tabassé.

      De plus, le président du Conseil local d’Ierissos (au sein de la Commune de Aristotelis) a démissionné suite à ces faits. Deux employés de Eldorado Gold ont aussi démissionné.

      Enfin le Ministre de l’Ordre public, Nikos Dendias, a traité Ierissos de "village d’irréductibles gaulois", tandis que les médias dominants se sont lancés dans une campagne de désinformation.

      Mardi 8 avril, les habitants de Chalkidiki ont bloqué l’accès aux bus qui transportait des journalistes pour un tour aux chantiers de la compagnie canadienne pour être agressés attaqués par des employés d’Eldorado Gold : il s’agissait d’une excursion organisée et offerte par la compagnie.

      Eldorado Gold ne lésine pas sur les moyens afin de promouvoir son profil. La semaine dernière il a été dévoilé que la popularité de sa page sur facebook a vertigineusement accru, de 11.000 likes, la plupart desquels en provenance de Moscou : ceci provoque des soupçons que la compagnie a acheté ces "likes". Enfin, vendredi 12 avril, une action a été organisée sur twitter avec les hashtags #12Agr et #Skouries, ce qui a mené le #12Agr à la première position de TT global.

      2. Fermeture de Indymedia Athènes et de la radio Entassi

      Le soir du jeudi 11 avril, le site web de Indymedia Athènes et la radio indépendante Endassi ont été mis hors service. Il parait que le fonctionnement des deux médias a cessé suite à une intervention de l’Etat, à travers le procureur- même, selon le communiqué de Indymedia Athènes.

      Le fonctionnement d’Indymedia a été rétabli presque immédiatement à travers d’autres sites. En plus, un appel à une manifestation et mobilisation pour le lendemain matin a été lancé sur le champ.

      Il faut rappeler que la radio Endassi est logée depuis une dizaine d’années dans le bâtiment de l’Université d’Economie d’Athènes, dans un espace occupé, et elle a été une source de contre-information importante, surtout pendant la révolte des jeunes en décembre 2008.

      La radio avait été attaqué par la police début janvier 2013, quand le gouvernement avait lancé une série d’attaques contre les espaces autogérés (voir ici, ici et ici). A l’époque, la police avait détruit et confisqué du matériel, mais la radio a continué émettre. Aussi, avant l’interruption du programme de la semaine passée, une plainte contre la radio Endassi avait été déposée par la station Skai.

      Vendredi matin, une proteste a eu lieu dans les lieux de l’Ecole Polytechnique à Athènes, où se trouve le serveur de Indymedia. Une banderole a été accrochée et des tracts ont été distribués. Les deux médias censurés ont reçu le soutien des associations d’étudiants de l’Ecole Polytechnique.

      3. Mobilisation au Commissariat de police de Drapetsona - Revolte au centre de détention d’immigrants à Corinthe

      Une grande mobilisation devant le Commissariat de police de Drapetsona, près du Pirée, a eu lieu samedi 6 avril. Dans ce Commissariat, un grand nombre d’immigrés sont détenus depuis des mois, dans de conditions inhumaines. Le Commissariat n’est pas conçu pour opérer comme un centre de détention à long terme, et il ne dispose que de cellules pour une détention de 2 ou 3 jours. Et pourtant, un nombre d’immigrés considérablement supérieur à la capacité du commissariat y sont détenus pendant des mois.

      Les manifestants sont restés longtemps devant le Commissariat en criant des slogans, et finalement leurs représentants sont parvenus à accéder aux cellules.Ils y ont rencontré des immigrés détenus, plusieurs parmi lesquels leurs ont dit qu’ils n’ont pas vu la lumière du jour depuis des mois, qu’is communiquent surtout en français, sans interprète et qu’ils ont besoin d’avocats, surtout parce que certains ont perdu leur documentation.

      Les immigrés emprisonnés ne reçoivent que deux repas par jours, et même s’ils ne subissent pas de violence physique, les conditions de vie inhumaines constituent en elles même une torture quotidienne. Par ailleurs, même le chef du commissariat a admis que les conditions de détention sont inadmissibles.

      De plus, le 6 avril, près de 2000 immigrés se trouvant dans des centres de détention en Grèce, et surtout celui de Amygdaleza près d’Athènes, ont commencé une grève de faim. Les immigrants protestent leur détention, infondée au niveau légal, et ses conditons inhumaines, ce qui a déjà amené trois personnes au suicide.

      Mardi 9 avril, une révolte a éclaté au centre de détention d’immigrés à Corinthe, quand certains des prisonniers sont montés sur le toit du bâtiment et ont commencé à lancer des pièces de carrelage aux policiers. L’un d’entre eux a menacé de suicider, s’il n’était pas libéré. Le suicide a finalement été évité, mais la révolte s’est poursuivie le mercredi 10 avril, et il a fallu l’intervention des forces anti-émeutes avec usage de lacrymos pour y mettre fin tandis que 47 immigrants sont poursuivis pour soulèvement.

      4. Comité contre la violence policière en Grèce

      La présentation officielle du "Mouvement contre la violence policière et les tortures" a eu lieu mardi 9 avril, dans un bâtiment historique de prison et de tortures par le Régime des Colonels EAT-ESSA. Ce nouveau mouvement est une initiative qui vise à dénoncer les faits, sensibiliser l’opinion publique, mais aussi récolter des données fiables concernant la violence policière. L’initiative a déjà collecté plus que 1500 signatures, qui seront déposées aux institutions concernées et auprès d’ONG. Parmi les signataires en provenance de plusieurs pays du monde, on retrouve des personnalités telles que Noam Chomsky et Slavoj Zizek.

      5. Affrontements entre antiautoritaires et Aube Dorée à Patras

      Des affrontements entre des antiautoritaires et des membres de l’Aube Dorée ont eu lieu à Patras, le soir du lundi 8 avril. L’élément déclencheur a été l’attaque des membres de l’Aube Dorée contre deux antiautoritaires, qui ensuite se sont dirigés vers un squat, qui se trouve dans la région.

      Les membres de l’Aube Dorée ont suivi les deux anarchistes et ont essayé d’attaquer le squat. La police est intervenue et les affrontements se sont généralisés pendant plusieurs heures dans la nuit. Des témoins dénoncent la coopération admirable de la police avec l’Aube Dorée, ainsi qu’un usage démesuré de bombes et grenades lacrymogènes.

      6. Mobilisations antifascistes

      Des mobilisations antifascistes ont été organisées dans plusieurs villes de la Grèce, samedi 6 avril, parmi lesquelles Athènes et Thessalonique. Dans cette dernière, près de 1000 personnes ont manifesté. La manifestation la plus importante a été celle de Xanthi, en Thrace, où près de la moitié de la population locale est musulmane, turcophones ou slavophones. Environ 3000 personnes de toutes les communautés locales ont manifesté ensemble contre le racisme et la xénophobie.

      ___

      (bulletin hebdomadaire d’information du 13 avril 2013 -
      rbnews international)

      •  

        Au sommaire cette semaine :

         

        • Une attaque meurtrière contre des travailleurs agricoles immigrés qui revendiquaient 6 mois de salaires impayés, à Manolada, dans le Péloponnèse, rappelle encore la façon inhumaine dont sont traités les immigrés en Grèce.
        • Les deux habitants de Ierissos, accusés d’avoir participé à l’attaque contre les infrastructures de Eldorado Gold, à Skouries, ont été mis en prison ; en même temps, les mobilisations dans la région se poursuivent.
        • Après les immigrants et les toxicomanes, la police grecque transfere aussi les sans-abris vers des centres de détention.
        • Le gouvernement grec a assuré la prochaine tranche du prêt de la Troika, en acceptant le licenciement de 15000 fonctionnaires.
        • Les mobilisations pour l’interruption de Indymedia Athènes et de la radio Entassi, suite à une intervention de l’Etat, se sont poursuivies encore cette semaine.
         


         

        1. Les superviseurs de la ferme de #Manolada ouvrent le feu sur des travailleurs immigrés

         

        28 personnes ont été transférées à l’hôpital, dont 12 en état critique, quand les superviseurs d’une ferme à Manolada, dans le Péloponnèse ont ouvert le feu contre une foule de 200 personnes, la plupart originaires de Bangladesh, avec des fusils de chasse, mercredi 17 avril. Les travailleurs immigrants revendiquaient leurs salaires dus depuis 6 mois. Manolada était déjà connue en Grèce, depuis 2008, quand un journal avait dévoilé les conditions de travail, comparables à de l’esclavage, auxquelles étaient soumis des immigrants sans papiers travaillant dans les champs de fraises. Un des trois tireurs était déjà accusé d’avoir attaché un immigré à sa voiture et de l’avoir traîné derrière lui.

        Les évènements de Manolada ont mis en évidence plusieurs lacunes de la politique d’immigration de la Grèce, de la justice et de la police. Les tireurs ont seulement été arrêtés vendredi, après que le mandat de 48h du flagrant délit ait expiré : ils seront donc très probablement libérés jusqu’au procès.

        Des rumeurs que les travailleurs blessés ont été arrêtés pour ensuite être expulsés, qui ont circulé jeudi, ont été démenties par la police et par le Ministre de l’Ordre Public en personne ; pourtant, ces rumeurs étaient crédibles, puisque certaines organisations antiracistes ont identifié le risque d’expulsion comme une raison pour laquelle des immigrants sans papiers n’ont pas pu donner leur témoignage des attaques racistes à la police.
        Entre temps, un journaliste local qui avait été à l’origine d’un reportage sur les conditions de travail inhumaines des immigrants depuis 2008 a signalé que la police a encore essayé de l’empêcher de travailler sur ces évènements. Les médias traditionnels, eux, ont essayé de sous-estimer l’importance des faits.

        Par ailleurs, une campagne électronique pour boycotter les fraises de Manolada a immédiatement été lancée sur les réseaux sociaux, et plusieurs supermarchés ont annoncé qu’ils ont suspendu leurs achats chez le producteur en question, après avoir reçu une avalanche de mails de la part des consommateurs. C’est la deuxième campagne électronique réussie en Grèce au cours des dernières semaines. La première visait les publicités qui passaient lors d’une émission pendant laquelle des membres de l’Aube Dorée ont été invités à présenter leurs positions sans œil critique du présentateur.

        Tous ces incidents se sont produits alors que le Commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’Homme, Nils Muiznieks, a publié plus tôt dans la semaine un rapport, dans lequel il a noté que la plupart des crimes racistes en Grèce étaient liés à l’activité de l’Aube Dorée, qu’il traite explicitement de parti nazi. Le Commissaire a aussi rappelé qu’en tant que signataire des conventions internationales, la Grèce est obligée d’agir sur ces sujets et que le pays serait en droit d’interdire l’Aube Dorée.

        Entre temps, l’Aube Dorée a procédé à plusieurs actions violentes jeudi soir dans le quartier de Nikéa, près du Pirée. Le parti nazi avait dû fermer son bureau dans ce quartier au cours de la semaine dernière, à cause des réactions des riverains. Un groupe de 10 membres de l’Aube Dorée ont attaqué 6 militants antifascistes qui distribuaient des tracts pour une manifestation prévue dimanche 21 avril, jour de l’anniversaire du coup d’état des colonels en 1967. Un autre groupe de 8 personnes ont tabassé un immigré dans un bus. il a dû être hospitalisé.

         

        2. Evolutions à Skouries

         

        Plusieurs manifestations se sont tenues dans toute la Grèce le samedi 13 avril, afin de dénoncer l’arrestation brutale de deux habitants de Ierissos, au cours de la nuit du 11 avril, par la brigade antiterroriste de la police. Ierissos est le centre des protestations contre le projet de construction d’une mine à Halkidiki, dans le nord du pays, notamment dans la forêt de Skouries, une région d’une biodiversité et d’une beauté naturelle exceptionnelle.

        Les deux hommes sont accusés par la police d’avoir participé à une attaque contre le chantier de Eldorado Gold à Skouries le 12 février dernier, qui ont provoqué plusieurs dommages aux équipements de la compagnie. Le procureur et le juge d’instruction ont décidé dimanche que les deux hommes devraient être gardés en prison jusqu’au procès, pour un maximum de 18 mois. Les avocats des deux personnes suspectées ont dénoncé le fait que les prétendues preuves contre leurs clients sont, au mieux, fragiles, et contre le fait que les deux hommes ont été interrogés au siège de la police de Thessalonique, et non au tribunal, ce qui est contraire à la loi grecque.

        D’autres manifestations ont été organisées devant le siège de la police pendant l’interrogation de deux personnes arrêtées, ainsi que lorsque la décision de leur emprisonnement a été annoncée.

        Le comité de coordination contre la mine d’or à Ierissos a aussi dénoncé comme une provocation, une autre attaque contre le commissariat de la police à Ierissos mardi 16 avril. Après cette attaque, la police a décidé de fermer le commissariat et de coordonner le maintien de l’ordre de la région par le Commissariat de Polygyros, la capitale de la Chalcidique. En parallèle, deux escadrons de la police anti-émeute ont été dédiés à la garde quotidienne du commissariat de Polygyros et du chantier de la mine.
        Des syndicalistes de la police ont dénoncé aux médias locaux le coût excessif de cette opération, puisque les agents anti-émeutes ont été transférés d’autres régions de la Grèce du nord et recevront une indemnisation journalière. Ils ont aussi dénoncé que la police serve de sécurité privée pour la compagnie et n’a pas la possibilité d’exécuter ses tâches régulières, puisque des forces de l’ordre supplémentaires sont attribués à la Chalcidique.

        Les activistes contre la mine se sont aussi retrouvés devant un autre échec cette semaine, quand le Conseil d’Etat a rejeté un appel introduit par les habitants de Halkidiki contre les projets de la construction de la mine et a décidé que la recherche de d’impact environnemental était valide par rapport à la loi grecque. Les activistes ont par contre reçu le soutien des puissants monastères du Mont Athos, qui a envoyé un représentant à Athènes pour donner une lettre au Premier Ministre. Dans cette lettre, ils dénoncent l’emprisonnement des deux activistes et la traitent de décision "non judiciaire, mais politique, dans le but de menacer la population".

         

        3. Centre de détention d’immigrants d’Amygdaleza et opération Thetis

         

        Une mobilisation organisée par des organisations de la gauche et des collectifs antiracistes s’est tenue dimanche 14 avril au centre de détention d’immigrants d’Amygdaleza, près d’Athènes. Des immigrants sans papiers sont détenus là pour plusieurs mois, contre la législation européenne et sous des conditions inadmissibles, après avoir été arrêtés dans le cadre des opérations d’arrestations massives, prévues par l’opération Xenios Zeus.
        Des représentants des manifestants sont entrés dans le centre, ont donné des vêtements et des provisions aux immigrants et ont réussi à parler avec certains d’entre eux. Les détenus ont dénoncé qu’ils sont mal nourris, n’ont pas accès à des soins suffisants et ont des difficultés de communiquer puisqu’ils n’ont pas accès au téléphone. Il a aussi été rapporté que des mineurs sont détenus. Certains ont dénoncé des tabassages, ce qui est démenti par la police.

        Il est rappelé que des toxicomanes interpellés dans le centre d’Athènes sont aussi transférés à Amygdaleza, pour un contrôle de leurs données personnelles, dans le cadre de l’opération Thetis. La semaine dernière, des sans abris ont aussi été traités de la même manière : ils sont transférés dans les camps de détentions par la police, leurs données personnelles sont contrôlées et ils sont ensuite libérés. Ils sont pourtant obligés de couvrir une distance de presque une heure et demie à pied, pour retourner en ville.

         

        4. Suicide d’une détenue séropositive

         

        Une détenue séropositive, Maria Theodoraki, s’est pendue avec ses draps dans la prison de Korydalos la semaine dernière. La semaine précédente, elle avait déjà tenté de se suicider devant sa mère qui lui rendait visite. Suite à cette tentative, elle avait été transférée à l’hôpital psychiatrique pour quelques jours. Malgré sa santé mentale et physique très fragile, les responsables de la prison l’ont renvoyée à la prison où elle a finalement mis fin à ses jours.

        Il faut rappeler que la prison de Korydalos ne possède pas d’espace dédié pour les femmes séropositives : elles reçoivent donc des soins médicaux très limités.

        De plus, en mai 2012, des prostituées séropositives avaient été emprisonnée, dans le cadre de la "protection de la santé publique", suite à une initiative du Ministre de la Santé de l’époque, Andreas Loverdos. Finalement, la Cour avait décidé que toutes ces femmes étaient innocentes et leur emprisonnement de longue durée (de 3 à 9 mois) a été déclaré illégal.

         

        5. Licenciements et recrutements des fonctionnaires

         

        Lorsqu’il s’est adressé à la population grecque, le mardi 15 avril, suite à la fin des négociations du gouvernement avec la Troika sur la recapitalisation des banques, le Premier Ministre, Antonis Samaras, a annoncé triomphant qu’il avait assuré la prochaine tranche de sauvetage de 2.8 milliards euros, et a prétendu qu’il voyait enfin de la lumière au bout du tunnel. Il a aussi annoncé au cours du même discours que 15.000 fonctionnaires seront licenciés jusqu’à la fin de 2014, dans le but d’une plus grande flexibilité, comme demandé par la Troika. Pourtant il a tout de suite ajouté que "pour chaque personne licenciée, une nouvelle sera recrutée, dans un processus totalement méritocratique. Ceci n’est pas du sacrifice humain, comme prétendent certains. C’est une amélioration considérable du service public que la société grecque exige".

        Nombreux sont ceux qui ont interprété ces propos comme un clin d’œil à ceux qui soutiennent le gouvernement tripartite, supposant qu’ils recevraient des postes en cas de soutien électoral si nécessaire.

        Les fonctionnaires ont organisé un arrêt de travail et une manifestation à Athènes mercredi contre les licenciements annoncés.

         

        6. Indymedia Athènes

         

        La semaine dernière, les protestations contre l’interruption du site internet de Indymedia Athènes et du programme de la radio Entassi, suite à une intervention de l’Etat, se sont poursuivies. Lundi 15 avril, une mobilisation s’est déroulée dans l’Ecole Polytechnique, où était hébergé le serveur de Indymedia. Il est intéressant de noter que pendant la manifestation, la connexion internet de l’Ecole Polytechnique était étrangement coupée.

        Des mobilisations ont aussi eu lieu dans d’autres villes au cours de cette semaine, tandis que jeudi, une émission sur la répression des médias de contre information a été diffusée depuis le siège du syndicat des journalistes (ESSIEA).

         

        (bulletin d’informations du 20 avril 2013 - rbnews international)

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          A sommaire cette semaine :
           

          • Les employés dans le domaine de la santé, ainsi que les patients réagissent à la tentative de l’Aube Dorée d’intervenir aux hôpitaux.
          • La police grecque a répondu avec de dizaines d’interpellations et d’arrestations, quand une banderole a été accrochée à la façade du bâtiment central de l’Université d’Athènes, comme protestation contre l’interruption de Indymedia Athènes.
          • Les suspects pour l’attaque sanglante contre les travailleurs agricoles à Manolada du Péloponnèse se trouvent maintenant dans les mains de la justice grecque.
          • Les réactions à Skouries se poursuivent, en même temps que la compagnie de la mine essaie de continuer avec les travaux ; par ailleurs, les protestations dépassent la frontière grecque.
          • Le 46e anniversaire du coup d’Etat des colonels a été marqué par une manifestation contre l’accroissement de la répression, organisée par plusieurs collectifs.
           

          1. L’Aube Dorée intervient dans le domaine de la santé publique

          « L’Hôpital de Nikéa est un hôpital - un espace de consolation et de soins pour les pauvres, les réfugiés, les immigrants. Il a toujours été comme ça et il le sera toujours ». Cela a été la réaction immédiate des médecins de l’un des plus grands hôpitaux d’Athènes, l’Hôpital Public Général de Nikéa, suite à l’invasion de membres de l’Aube Dorée mercredi matin. Selon les témoignages des médecins, infirmiers et patients, 25 membres du parti nazi sont entrés dans l’hôpital par l’entrée principale, ainsi que par une entrée secondaire. Plusieurs d’entre eux, portaient, à part du logo de l’Aube Dorée, des casques et des pôles portant des drapeaux grecs.
          Avant d’être repérés, ils ont réussi à se photographier à l’entrée de l’hôpital, ainsi qu’à la clinique gynécologique. A ceux qui leurs ont posé la question pourquoi ils faisaient ça, ils ont répondu qu’ils distribuaient de la nourriture. Au final, ils ont été obligés de partir, grâce à la réaction coordonnée de la communauté de l’hôpital, et pendant que des médecins, infirmiers et citoyens les insultaient.

          Il paraît que cette action de l’Aube Dorée est inscrite dans le cadre d’un projet général d’intervention du parti nazi dans le domaine de la santé, dans tout le pays. Plus concrètement, cette semaine, ils ont annoncé une initiative pour organiser des "dons de sang" dans plusieurs hôpitaux dans toute la Grèce, sous le slogan "du sang seulement pour les grecs".
          Cette initiative a provoqué des réactions très intenses, parce qu’il s’agit d’une tentative d’introduire la discrimination aux services de la santé, dans plusieurs hôpitaux de la campagne, comme celui de Larissa ou de Samos. La Fédération grecque des employés dans les hôpitaux publics, a été décisive : dans son communiqué, la Fédération fait appel à tous les hôpitaux d’observer rigidement toutes les conditions requises pour l’organisation des dons de sang, et de ne pas permettre qu’ils soient transformés en une « fête de la pureté nationale et raciale » par l’Aube Dorée. La Fédération fait aussi appel au Ministère de la Santé pour qu’il assume ses responsabilités.
          L’association des médecins a aussi intervenu pour mettre l’accent sur le fait que « tout médecin qui participe à des manifestations de discrimination, viole brutalement son serment et le Code de déontologie médicale et est responsable devant la loi » ; elle a aussi appelé le Centre national du sang et le Ministère de la Santé à « protéger l’acte sacré du don de sang ».
           

          2. #Ιndymedia Athènes et Radio Entassi

          Les réactions contre l’interruption de la page web de Indymedia Athènes et de la Radio Entassi se sont poursuivies aussi cette semaine. Lundi, des étudiants et des activistes ont réalisé une occupation symbolique du Rectorat de d’Ecole Polytechnique de Crète.

          Mercredi 24 avril, des collectifs et de personnes solidaires avec les médias de contre-information censurés, ont accroché une banderole contre la censure à la façade du bâtiment central de l’Université d’Athènes, en plein centre-ville. En plus, ils ont décroché du bâtiment le drapeau grec pour le remplacer avec le drapeau noir et rouge de l’anarchisme. La police a intervenu et réagi avec 69 interpellations, parmi lesquelles 6 ont été transformées en arrestations, pour "insultes au symbole de la patrie".
          Parmi les personnes interpelées, il y avait aussi deux touristes, pas du tout liés aux faits, qui ont été libérés immédiatement. Le reste de personnes interpelées ont aussi été libérées graduellement jusqu’au soir du mercredi.

          Au moment où ils procédaient aux interpellations, les agents anti-émeute ont aussi menacé des journalistes et photographes qui couvraient les faits, en leurs demandant leurs données personnelles et en les empêchant de faire le reportage.

          Le soir du jeudi, une manifestation de solidarité aux médias de contre-information, a eu lieu au centre d’Athènes. Presque 3000 personnes y ont participé. Il faudra noter aussi que, selon un document du Rectorat de l’Ecole Polytechnique d’Athènes, les infractions étudiées pour le cas de Indymedia comprennent entre autres "organisation criminelle", "actes terroristes" et "incendies criminels répétés".
           

          3. Evolutions concernant #Manolada

          Lundi 22 avril, les trois superviseurs qui, le 17 avril avaient ouvert le feu contre les travailleurs agricoles qui demandaient leurs salaires à Manolada du Péloponèse, en en blessant 35, sont passés à l’interrogation par le procureur, et il a été jugé qu’ils devraient être gardés en prison. La même décision a été prise concernant le propriétaire de la ferme, Nikos Vaguélatos, qui a été considéré responsable moral pour les blessures. Les quatre accusés ont pourtant été libérés jusqu’au procès, parce qu’ils ont été arrêtés après la fin de la limite de la procédure du flagrant délit.

          Des membres des familles des accusés s’étaient rassemblés devant la Cour, et il y a eu certaines tensions. Entre temps, et par ordre du Juge d’instruction, les travailleurs blessés ont été mis en statut de "protection", et caractérisés comme "des victimes de trafic humain". Il a été également interdit qu’ils soient expulsés.

          De l’autre côté, la semaine passée, Ahmed El Shahin, le travailleur qui a dénoncé les faits et est considéré comme témoin clef pour l’affaire, a été interpelé. Ahmed est accusé pour implication dans un trafic de la drogue. Le Mouvement contre le racisme et la menace fasciste a dénoncé que Ahmed a été tabassé au cours de l’interpellation.
           

          4. Evolutions à #Skouries

          Samedi 20 avril, le Ministre de la Justice, Antonis Roupakiotis, était attendu pour participer à une soirée organisée par l’Association des Avocats de Thessalonique. Le Ministre ne s’est finalement pas présenté à la soirée ; pourtant des membres de l’Association avaient appelé à un rassemblement de protestation devant le siège de l’Association, contre les maintes irrégularités et violation de la loi dans le cas de l’interrogation de deux personnes interpelées à Ierissos, accusées pour l’attaque de sabotage contre le chantier d’Eldorado Gold (le 17 février).

          Les avocats qui ont participé à la manifestation ne sont jamais arrivés jusqu’au bâtiment de l’Association, puisqu’il était bloqué par les forces de la police anti-émeute, et des affrontements ont eu lieu.

          Lundi 22 avril, le Service des Forêts a arrêté des travaux d’exploitation forestière illégale sur le mont Kakavos ; les travaux avaient commencé par la compagnie en charge de la construction de la mine, car il y a des doutes quant à la licence relative à ce travail.

          Enfin, la semaine passée, le Parti de la Gauche européenne a exprimé son soutien à la lutte des habitants de Chalkidiki contre la construction de la mine, et une manifestation en solidarité avec cette lutte a été organisée aussi à Stockholm.
           

          5. Manifestations du 21 avril, jour d’anniversaire du coup d’Etat des colonels

          Dimanche 21 avril était le 46e anniversaire du coup d’Etat de 1967, quand a commencé la dictature qui dura 7 ans en Grèce. A propos de cet anniversaire, des collectifs et des citoyens ont organisé des commémorations et des mobilisations, dans le but de démontrer les similarités de cette période-là avec le présent et de protester contre l’accroissement de la répression du régime actuel.

          A Athènes, une manifestation a eu lieu ; après un arrêt devant le siège de la Commission européenne, la manifestation s’est conclue à l’Ambassade des Etats-Unis. A Thessalonique, une autre manifestation s’est tenue, à laquelle 3000 personnes ont participé.

          En même temps, une campagne a été organisée dans les réseaux sociaux, dont le titre était "écoute une histoire". Dans le cadre de cette campagne, les utilisateurs ont fait circuler des histoires liées à la dictature et ils ont fait revivre des mémoires de contenu nettement antifasciste et anti-dictature.

          Ces mobilisations tiennent une importance spéciale, en tenant compte du fait qu’un ministre du gouvernement actuel, Makis Voridis, avait des liens directs avec l’ex-dictateur. Le même ministre a aussi assumé la défense de l’éditeur du journal de l’extrême droite "Stochos", qui est accusé pour calomnie. Un collaborateur étroit du Premier Ministre, Failos Kranidiotis, bien connu pour ses positions publiques ultra-droites, était aussi présent au procès.

          En plus, une certaine inquiétude est provoquée par le fait que, dans un sondage publié le jour même de l’anniversaire du coup d’Etat, par le journal Eleftherotypia, 30% des personnes interrogées croit que « pendant la Junte, la situation était meilleure qu’aujourd’hui ». Il faudra pourtant noter que les résultats et la méthodologie du sondage ont été clairement mis en question.  

          (bulletin d’informations du 27 avril 2013 - rbnews international)


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