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Nouvelle-Calédonie

La question kanak, toujours

mardi 18 août 2009, par Courant Alternatif

Dans les années 70 et surtout 80, le peuple kanak s’est mobilisé à travers le Front de libération nationale kanak et socialiste contre le sort que lui faisaient subir l’Etat français et ses alliés au pouvoir en Nouvelle-Calédonie. Après bien des épisodes sanglants (le dernier étant Ouvéa, voir notamment CA n° 191), les accords de Matignon et de Nouméa ont conditionné l’accession à l’indépendance du territoire au résultat d’un référendum qui doit être organisé par ses instances dirigeantes entre 2014 et 2018. C’est pourquoi la désignation du nouveau gouvernement, au cours de l’été, revêt autant d’importance – non seulement pour les Kanak mais aussi pour l’Etat français et les partis loyalistes, bien décidés à maintenir leur mainmise sur le pays.

Grande comme deux fois la Corse, composée d’une île principale appelée la Grande Terre et des îles Loyauté, et comptant à peine 240 000 habitants, la Nouvelle-Calédonie est devenue en 1853 une colonie française qu’ont investie missionnaires et colons en chassant de sa terre le peuple autochtone kanak. Un bagne ouvert en 1864 y a reçu des prisonniers de droit commun, puis des politiques après 1872 (communards, déportés kabyles après la révolte des Mokrani…) ; à sa fermeture en 1896, certains bagnards se sont installés pour ouvrir un commerce ou travailler le lopin qui leur était concédé. Les Caldoches, Blancs calédoniens, descendent de ces colons, bagnards, fonctionnaires de la pénitentiaire et de l’administration civile ou militaire. Les révoltes kanak qui se sont succédé pendant des décennies ont été réprimées sauvagement par eux – les communards du bagne ayant eux-mêmes demandé, à de rares exceptions près (Louise Michel, Charles Malato…), des armes pour aider à mater l’insurrection de 1878 (où le chef kanak Ataï a été décapité et sa tête mise sur une pique). Démocratie, civilisation, progrès…

Depuis le milieu du xxe siècle, la Nouvelle-Calédonie a connu une dizaine de statuts. En la transformant en territoire d’outre-mer (avec un gouverneur nommé par l’Etat français pour le représenter), la Constitution d’octobre 1946 a supprimé le Code de l’indigénat qui, depuis 1917, empêchait les Kanak de quitter les réserves où on les avait parqués (ils ne pouvaient en sortir que pour s’acquitter de l’impôt de capitation consistant en un travail obligatoire non rémunéré effectué au bénéfice des colons et du gouvernement) et qui leur déniait tout droit civique. Ils n’ont pour autant acquis le droit de vote qu’en 1957 (avant, seul un millier d’entre eux l’ont eu : les chefs coutumiers, les pasteurs, les enseignants et les anciens combattants). De même, l’accès à l’école publique ne leur a été accordé qu’en 1953, et il a fallu attendre 1984 pour qu’un arrêté autorise l’enseignement et la publication de textes dans leurs langues. Présents dans les réserves, les gendarmes ont quant à eux continué de gérer les affaires indigènes et coutumières.

Pour planter le décor…

La Nouvelle-Calédonie représente un enjeu très important pour la France, sur le plan à la fois économique et stratégique. Surnommée à juste titre le Caillou, elle est très riche en minerais : cobalt, chrome, fer, manganèse, et surtout nickel – ce métal qui sert à la haute technologie et à l’armement –, renferme 45 % des réserves mondiales en nickel latéritique (qui constitue 99,2 % de ses exportations). Ses richesses maritimes suscitent également d’énormes convoitises, et son positionnement dans le Pacifique intéresse toutes les grandes puissances. On comprend que, sur de telles bases, l’Elysée s’agite aujourd’hui pour la maintenir sous sa coupe – en contrant les indépendantistes qui rêvent de voir la Kanaky réunie à la Nouvelle-Guinée, au Vanuatu et aux îles Salomon et Fidji dans une Fédération de la Mélanésie.

Mais la situation calédonienne actuelle ne peut s’apprécier qu’au regard de ce qui s’est passé au cours des dernières décennies… Après la décolonisation qu’a connue le monde entier à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et surtout à partir de 1969 où sont revenus de métropole les premiers diplômés, un mouvement identitaire kanak s’est développé – avec les groupes Foulards rouges et 1878 qui, particulièrement dynamiques et de tendance marxiste, fusionneront dans le Parti de libération kanak (PALIKA) en 1975.

La revendication des Kanak s’appuie alors sur un constat terrible : ils-elles ont été dépossédés de leur espace – 1 000 Caldoches détiennent les deux tiers des terres cultivables et tous les terrains miniers (Jacques Lafleur, leader du parti de droite au pouvoir à l’époque, le Rassemblement pour la Calédonie dans la République, RPCR, possédera à lui seul 70 000 hectares en 1985). Ils-elles sont en train de perdre leur culture – en particulier leurs langues, avec l’enseignement du français obligatoire. Enfin, devenus minoritaires sur leur propre territoire, ils-elles ne vont pas tarder à disparaître en tant que peuple.

Une lettre du Premier ministre Pierre Messmer, sous la présidence Pompidou, a en effet recommandé le 19 juillet 1972 au secrétaire d’Etat aux DOM-TOM Deniau de tout mettre en œuvre en Nouvelle-Calédonie pour « empêcher une revendication nationaliste de populations autochtones », en favorisant l’« immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer » et en faisant « réserver des emplois aux immigrants dans les entreprises privées ». Sur de telles bases, au recensement de 1983, les Kanak ne représentent déjà plus que 42,6 % de la population totale, le reste se répartissant entre Européens (37,1 %), Wallisiens et Futuniens (8,4 %), Tahitiens (3,8 %), Indonésiens (3,7 %), Vietnamiens (1,6 %), Vanuatu (0,8 %) et autres (1,9 %).

Au milieu des années 70, les Kanak mènent la bagarre autour de l’école, l’échec scolaire de leurs enfants démontrant que l’enseignement servi est largement inadapté à leur spécificité. Il y a de violents affrontements avec les forces de l’ordre : barrages routiers, embuscades, attentats, séquestration et assassinat de gendarmes, états d’urgence, répression militaire. Les autorités locales jugent bientôt plus prudent de promouvoir la culture mélanésienne (dont l’existence est affirmée dès 1975 à travers le festival Melanesia 2000 présidé par Jean-Marie Tjibaou, futur leader indépendantiste).

Mais les Kanak prennent aussi la pleine mesure des énormes disparités économiques et sociales existant entre eux et les Européens. Selon « L’Enquête socio-économique des ménages de Nouvelle-Calédonie » réalisée en 1981, 70 % des Kanak vivent dans les réserves, en économie d’autosubsistance ; 60 % n’ont ni l’eau ni l’électricité ; leur logement vaut cinq fois moins que la moyenne nationale ; ils-elles fréquentent deux fois plus les services publics de santé et quatre fois moins les cliniques que cette moyenne ; sur dix bacheliers calédoniens, il n’y a qu’un-e Kanak, et un-e Kanak sur cinq dépasse le primaire ; les Kanak représentent 36 % des actifs calédoniens (en étant paysans, artisans, ouvriers, employés de maison, de bureau ou de commune, instituteurs) et un chômeur calédonien sur deux est kanak ; ils-elles gagnent moins de 5 000 F par personne et par mois, dépensent deux fois moins que la moyenne territoriale et trois fois moins que les Européens.

Ces derniers, concentrés dans la capitale et seule ville du pays, Nouméa, contrôlent toute l’activité économique. Ils-elles travaillent surtout dans l’import-export (voir les vieilles maisons de commerce Ballande et Barrau), le secteur le plus juteux puisque tout arrive de l’extérieur – jusqu’à l’alimentation – avec l’aimable assistance financière de l’Etat (les productions locales coûtent de ce fait plus cher, et, avec le Marché commun, la Nouvelle-Calédonie est obligée d’accepter un certain quota de marchandises venant de l’Union européenne). Les Caldoches pratiquent aussi l’élevage extensif, avec des milliers de têtes de bétail (l’ensemble des réserves kanak représente 20 % de la superficie totale, tandis que 2 300 familles caldoches possèdent une superficie équivalente) ; et ils-elles tiennent la plupart des postes dans l’administration… Hormis quelques broussards, ces « petits Blancs » qui sont métayers des gros propriétaires fonciers, les Caldoches vivent en ville. Ils-elles y forment une société très hiérarchisée, dominée par la bourgeoisie affairiste qui fournit la classe politique et défend ses privilèges, et c’est le mépris pour les Kanak qui cimente cette communauté. A côté, il y a les métropolitains, toujours plus nombreux depuis 1945 (il y a eu un boum du nickel entre 1969 et 1973), à Nouméa également, dans le secondaire et le tertiaire et ayant des rémunérations très confortables.

Les « événements » des années 80

La mobilisation kanak ne cesse donc de croître et, en 1979, la plupart des groupes existants fondent le Front indépendantiste… qui appelle à voter Mitterrand en 1981 devant sa promesse électorale « de soutenir et de garantir le droit du peuple kanak à décider de son avenir ». Autant en emporte le vent… Mais, grâce à la création d’un Office foncier, les Kanak récupèrent au moins 80 000 hectares de terres rachetées aux colons. En septembre 1981 est assassiné dans des conditions restées mystérieuses Pierre Declercq, secrétaire général de l’Union calédonienne – le principal regroupement kanak, qui est né en 1953 et qui, centriste et démocrate-chrétien [1], est devenu indépendantiste à son congrès de 1977.

A la table ronde de Nainville-les-Roches à laquelle le gouvernement français convie le Front indépendantiste et le RPCR, en 1983, la direction du FI accepte, contre la reconnaissance du droit « inné et actif » des Kanak à l’indépendance, que les « victimes de l’Histoire » (les personnes nées en Nouvelle-Calédonie dont au moins un des parents y est également né) participent au référendum sur l’autodétermination – mais le RPCR refuse cette ouverture, qui n’était pas allée sans créer des remous au sein du Front lui-même.

Le FI devient en 1984 le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), dirigé par Jean-Marie Tjibaou (à présent chef de l’UC et qui va théoriser le concept d’« indépendance kanak socialiste »). L’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE, créée en 1981 pour faire avancer les revendications spécifiques des travailleurs kanak et des indépendantistes dans le monde du travail), le Groupe des femmes kanak en lutte (GFKEL) et le comité Pierre Declercq rejoindront ce Front. De 1984 à 1988 vont se dérouler ce que les Kanak désignent comme les « événements », et où ils-elles auront pour adversaires les loyalistes (qui défendent le maintien dans la République française et comprennent l’essentiel des Caldoches, mais aussi les Métros et des Asiatiques, avec 2000 à 3 000 personnes d’extrême droite surarmées) et l’Etat français, d’importantes forces militaires étant stationnées sur le territoire.

Les élections qui doivent renouveler l’Assemblée territoriale, le 18 novembre 1984, sont le facteur déclenchant d’une série d’affrontements violents. Le FLNKS rejette le projet de l’ex-ministre des DOM-TOM Lemoine qu’a voté l’Assemblée nationale, et qui promeut un statut d’autonomie devant déboucher en 1989 sur un référendum d’autodétermination sans que les Kanak aient vraiment leur mot à dire (le corps électoral doit être désigné par l’Assemblée nationale où personne ne les représente et par un comité Etat-territoire où leur représentation est de un cinquième). Il décrète donc le boycott actif de ces élections (Eloi Machoro, leader de l’UC, brise l’urne à Canala…), ainsi que celui de l’école et de l’armée ; ses militants élèvent des barrages routiers ; occupations de mairies, séquestration de gendarmes, manifestations se multiplient… et, sur les 50 % d’abstentions aux territoriales, il y a 80 % de l’électorat kanak. Le FLNKS a créé un rapport de forces : l’Etat comme les Caldoches ne peuvent désormais plus ignorer les Kanak.

Le 25, Tjibaou déclare l’indépendance de la Kanaky et désigne un « gouvernement provisoire ». Le 27, Lafleur déclare la Nouvelle-Calédonie en état de « légitime défense » : l’état d’urgence avec couvre-feu est déclenché sur Nouméa. Le 30, un échange de tirs à Ouégoa fait entre deux et huit morts. L’armée française entre dans les réserves kanak et occupe le terrain… Le 4 décembre arrive Edgard Pisani, émissaire spécial du gouvernement Fabius, pour « assurer l’ordre, maintenir le dialogue et préparer les modalités selon lesquelles sera exercé le droit à l’autodétermination ». Le lendemain, à Hienghène, dix militants kanak – dont deux frères de J.-M. Tjibaou – sont assassinés dans une embuscade tendue par des loyalistes (ils seront acquittés). Mais Tjibaou, ancien prêtre résolument pacifiste, appelle à lever les barrages. Le 7 janvier 1985, Pisani propose son projet d’« indépendance-association », et, toujours dans sa volonté d’apaisement, Tjibaou accepte d’en discuter malgré le meurtre, le 12, d’Eloi Machoro et de Marcel Nonaro par le GIGN.

Jusqu’à la fin de l’année, ce ne seront qu’assassinats, incendies, grèves, manifestations (comme celle du 26 février contre le couvre-feu et l’état d’urgence, qui rassemble à Nouméa 35 000 personnes), barrages, plasticages, sabotages, arrestations – et aussi l’ouverture d’écoles populaires kanak, EPK, en mars dans plusieurs tribus pour « boycotter l’école coloniale » (l’enseignement s’y effectuant dans les langues maternelles kanak et en français avec un matériel pédagogique des plus rudimentaires).

Mais si, le 2 décembre, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît le droit à l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie par 89 voix contre 24 (et 34 abstentions), dès mars 1986, la droite revient au pouvoir en France, et le gouvernement de cohabitation Chirac sous la présidence Mitterrand ne joue plus que la carte de la répression, Pisani étant remplacé par Pons aux affaires calédoniennes : arrêt de la redistribution des terres, surveillance militaire des tribus…

La situation sur le territoire calédonien restera très tendue jusqu’au lendemain du massacre opéré par les forces militaires françaises à Ouvéa, le 5 mai 1988 (19 militants kanak tués) – donc entre les deux tours de la présidentielle. La réélection de Mitterrand fera alors reprendre le dialogue avec Tjibaou – le Premier ministre Rocard imposant des négociations à Matignon entre celui-ci et Lafleur pour éviter une « véritable guerre » en Nouvelle-Calédonie.

Les accords de Matignonet Nouméa et leurs incidences sur le mouvement kanak

Dans le texte signé le 26 juin 1988 à Matignon (que complétera l’accord Oudinot sur le corps électoral, le découpage des provinces et l’amnistie), la culture et l’identité kanak sont reconnues ; l’Etat reprend l’autorité administrative directe sur le territoire pour un an ; un référendum national doit être organisé à l’automne suivant sur les nouvelles institutions à mettre en place ; une loi d’amnistie générale est décidée ; trois provinces sont créées : celles du Nord et des îles Loyauté (essentiellement kanak) et celle du Sud (à majorité caldoche, elle regroupe entre les deux tiers et les trois quarts de la population sur un peu plus du tiers du territoire, avec une très forte concentration dans l’agglomération de Nouméa) ; un scrutin d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie est prévu pour 1998, et diverses mesures sont prises concernant l’enseignement des langues kanak.

Le référendum organisé le 6 novembre sur le projet de loi donne en Nouvelle-Calédonie 36,7 % d’abstentions, 4 % de votes blancs-nuls, 33,1 de oui et 24,9 % de non. Comme attendu par Paris, l’accord Matignon va changer la donne sur le territoire en créant dans les deux camps des clivages très forts entre ses partisans et ses adversaires [2]. Il complique en effet l’échiquier politique, où on situait jusque-là sans problème les loyalistes entre centre droit et extrême droite et les indépendantistes entre centre gauche et extrême gauche, en incitant un certain nombre de partis et de personnalités à accepter d’étranges alliances pour défendre les « acquis » (en particulier le pouvoir obtenu par la gestion des provinces) ; ou encore à souhaiter une évolution progressive vers une plus grande autonomie plutôt que vers l’indépendance ou vers le retour à la situation institutionnelle antérieure.

Chez les Kanak, de nombreux militants actifs (en particulier au PALIKA) se sont investis dans l’administration de « leurs » provinces pour les faire fonctionner (la très faible présence des Kanak dans la fonction publique ayant entraîné un programme de formation professionnelle dit des « 400 cadres ») ; et certain-e-s y ont perdu leur combativité en se trouvant des intérêts particuliers à défendre, ou ont fait simplement le choix du « raisonnable ».

Rapidement, des dissensions se font ainsi jour au sein du FLNKS. Elles conduiront l’USTKE à se retirer en 1989 ; le Front uni de libération kanak (FULK), mené par Yann Céléné Uregei et qui avait appelé à voter non au référendum, fera de même en 1990 pour se dissoudre en 1992. A l’inverse, des Wallisiens et des Futuniens favorables à l’indépendance rejoindront le FLNKS avec la création de l’Union océanienne, qui deviendra le Rassemblement démocratique océanien (RDO) en 1994.

De 1989 à 1992, on observe au Congrès du territoire une sorte de pacte de non-agression entre l’UC et le RPCR sur fond de développement séparé des provinces – le FLNKS gérant celles du Nord et des îles, le RPCR celle du Sud. Mais aux provinciales de 1995, si le FLNKS garde le Nord – en dépit d’une liste concurrente kanak appelée Union nationale pour l’indépendance (UNI) et lancée à l’instigation du PALIKA, de l’USTKE et de membres de l’UC –, il perd la présidence des îles parce que le parti Libération kanak socialiste (LKS) de Nidoïsh Naisseline, qui a souvent fait cavalier seul, s’est allié pour le battre non seulement au Front pour le développement des îles Loyauté (FDIL) composé de dissidents de l’UC, mais aussi au RPCR… L’USTKE mène quant à elle de nombreuses luttes et grèves (une trentaine rien qu’en 1996) sur le terrain social (voir l’encadré), et elle se heurte à une féroce répression. Le syndicat organise également des manifestations à Nouméa pour « défendre l’emploi local » (la loi organique de 19 mars 1999 ayant autorisé la Nouvelle-Calédonie à prendre des mesures de discrimination positive « au bénéfice de ses citoyens et des personnes qui justifient d’une durée suffisante de résidence, mais aucune « loi de pays » n’ayant été votée à ce sujet depuis). Avec le PALIKA, le LKS et le FDIL, le syndicat dénonce par plusieurs manifestations, lors de l’arrivée en novembre 1997 de 110 boat-people chinois, une immigration sauvage organisée pour affaiblir encore le poids numérique des Kanak sur leur terre (plus de 10 000 personnes y étant arrivées entre 1989 et 1996).

C’est dans cette période que vont s’interrompre les pourparlers débutés en octobre 1995 entre le FLNKS et le RPCR pour faire avancer les institutions, dans le cadre du Comité de suivi des accords de Matignon. D’une part, les représentants du Front (François Burck, Léopold Jorédié et Roch Wamytan, personnalités de l’UC) sont désavoués pour avoir fait référence dans la presse française à des négociations avec le RPCR prévoyant le maintien futur du territoire dans l’ensemble français avec leur aval ( !) ; d’autre part, le FLNKS pose en avril 1996 le règlement de la question du nickel comme condition à la reprise du dialogue. Il demande en effet que la Société le nickel (SLN, dont l’Etat est actionnaire) cède les mines qu’elle a dans le Nord à la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP, créée au début des années 1990 pour insérer les Kanak dans l’exploitation du nickel). Or, le PALIKA est hostile à cette position : aux législatives de 1997, alors que le FLNKS a opté pour l’abstention, lui choisit (avec l’USTKE) de soutenir dans la 2e circonscription un homme d’affaires local qui est anti-indépendantiste, Philippe Pentecost… On le voit, la ligne de conduite et les positionnements des regroupements kanak ne gagnent pas toujours en clarté politique.

Le « préalable minier » sera finalement levé en février 1998 – avec la signature d’un accord qui ouvrira la voie à un rééquilibrage économique entre les provinces, par la décision de construire une usine de traitement du nickel dans celle du Nord et la cession du massif de Koniambo à la SMSP. Les barrages routiers et blocages des mines qu’avaient décrétés le FLNKS, l’USTKE et parfois l’USOENC (syndicat proche de la CFDT et implanté dans le nickel) sont levés : le Front arrive enfin à fixer la date de son prochain congrès… et, le 5 mai 1998, est signé l’accord de Nouméa entre Lafleur pour le RPCR et Roch Wamytan pour le FLNKS, Lionel Jospin représentant l’Etat français.

Les deux camps appellent à voter cet accord (il y aura 25,92 % d’abstentions, 1,98 % de vote blancs-nuls, 51,92 % de oui et 20,33 % de non), mais le oui ne signifie pas la même chose pour eux. Pour le FLNKS, il veut dire qu’au terme du processus prévu le territoire doit accéder à l’indépendance par la rétrocession des dernières compétences françaises ; pour le RPCR, au terme de ce même processus la Nouvelle-Calédonie restera dans le cadre de la République française, avec l’autonomie qu’elle aura acquise durant cette période.

Par l’accord de Nouméa, le référendum sur l’autodétermination est repoussé à 2018 tout en laissant la possibilité aux dirigeants calédoniens de l’organiser en 2014 ; les Français installés en Nouvelle-Calédonie depuis moins de vingt ans au moment du référendum ne pourront pas y participer ; le statut de TOM prend fin, et une « citoyenneté calédonienne » est affirmée. Il est reconnu que « le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine » ; et il est dit que « le moment est venu […] d’ouvrir une nouvelle étape marquée par la pleine reconnaissance de l’identité kanak, préalable à la révision d’un contrat social entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie, et par un partage de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté ».

Le texte prévoit le transfert progressif à la Nouvelle-Calédonie de pouvoirs concernant l’enseignement, les impôts et taxes qu’elle percevra, le commerce extérieur, les transports et communications, le droit civil et commercial ainsi que la sécurité civile. Le pouvoir législatif sera exercé par trois assemblées de province, dont une partie des membres constituera un Congrès de 54 membres qui élira à la proportionnelle un gouvernement pour les affaires d’intérêt commun. Les décisions de l’exécutif ne pourront donc être prises qu’à la majorité de ses membres. Un Sénat coutumier sera consulté sur les sujets intéressant l’identité kanak. A partir de 2004, la Nouvelle-Calédonie pourra adopter des lois de pays qui concerneront les « signes identitaires » (nom, drapeau…), ainsi que d’autres sujets comme l’impôt ou le droit du travail. Le gouvernement français continuera à financer le fonctionnement des institutions calédoniennes et conservera ses compétences régaliennes (justice, ordre public, défense et monnaie et affaires étrangères), en ayant également le droit de dissoudre le Congrès en cas d’instabilité institutionnelle. La Nouvelle-Calédonie pourra néanmoins siéger à la Conférence du Pacifique Sud au côté de pays tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. L’accord est déclaré « irréversible », et la partition du pays interdite.

En fait, sur la question de la citoyenneté et les lois de pays, rien ne va avancer, hormis la toponymie kanak, rétablie dans le Nord et à l’étude dans le Sud, et une « journée de la citoyenneté » décidée le 24 septembre… Au sein du FLNKS, en revanche, d’autres ruptures interviennent. Car les ex-leaders de l’UC Burck et Jorédié ainsi que le numéro deux du PALIKA Raphaël Mapou ont créé avec le LKS et le FDIL un Comité de coordination pour l’indépendance qui a entamé des négociations directes avec Lafleur : ils désirent fonctionner dans le cadre des accords signés, et rejettent à la fois une indépendance ethnique et le parti unique que serait le FLNKS. Quelques jours après l’accord de Nouméa, ce CCI se rebaptise Fédération des comités de coordination indépendantistes pour se présenter aux provinciales de 1999. Ladite FCCI obtient 4 élus au Congrès… et ceux-ci, en formant un groupe avec les 24 élus du RPCR, vont donner au parti de Lafleur la majorité absolue jusqu’en 2004. Un alignement qui vaudra à la FCCI d’être surnommée « RPCR bis ». Mais d’autres clivages entre partis kanak sont visibles lors de ces provinciales, dans le Nord et le Sud : les listes FLNKS (essentiellement issues de l’UC) s’opposent aux listes de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) qui rassemble le PALIKA, l’Union progressiste mélanésienne (UPM, fondée en 1974 par des dissidents de l’UC, progressiste modéré) et le RDO. Lorsque le premier gouvernement de Nouvelle-Calédonie est désigné, le FLNKS proteste contre la nomination de Jorédié, leader FCCI, comme vice-président, estimant que ce poste devait lui revenir.

Par ailleurs, alors que le 6 juillet, par 827 voix contre 31, le Parlement français réuni à Versailles a modifié la Constitution pour autoriser le gouvernement à appliquer l’accord de Nouméa, le 15 mars 1999, le Conseil constitutionnel, tout en validant la définition du corps électoral pour le référendum d’autodétermination, fait une réserve d’interprétation sur la définition de ce corps électoral pour les provinciales et les élections des membres du Congrès : il refuse d’exclure de ces deux scrutins les Français installés dans l’archipel après 1998 tout en acceptant la condition de dix ans de résidence le jour du vote. Le RPCR est content tandis que le FLNKS s’insurge, évidemment.

En 2000, l’UC crée au Congrès et dans les Assemblées de province des groupes distincts de ceux du FLNKS – et elle présente des listes uniquement UC lors des élections – tout en continuant à faire partie du Front.

La crise interne du FLNKS s’aggrave encore l’année suivante : ses différentes composantes ne parvenant pas à se mettre d’accord pour élire un président, il est décidé que cette présidence sera désormais assurée par un bureau collégial, qu’aucun autre congrès ne sera organisé et donc que personne ne sera élu pendant un an (le bureau politique du Front gérant les affaires courantes). Cette situation va perdurer : lors de la visite du Président Chirac en Nouvelle-Calédonie, alors que l’UNI salue cette visite et appelle à la concertation, l’UC manifeste dans les rues pour protester contre les « dérives » de l’accord de Nouméa…

De même, ces deux regroupements font campagne à part pour les provinciales de 2004 : dans chaque province, il y a au moins deux listes indépendantistes (UNI et UC), voire quatre dans le Sud (aucun indépendantiste n’y sera élu). L’UNI arrive en tête dans le Nord, suivie par l’UC (le FLNKS emporte en tout 18 sièges sur 22). Dans les îles, en revanche, c’est l’UC qui s’impose, l’UNI arrivant en 3e position derrière le RPCR, la liste dissidente de l’UC Renouveau venant après : le FLNKS obtient ainsi de peu la majorité, avec huit élus sur quatorze. Ces élections traduisent à la fois la profonde division du Front et le déclin de l’UC au profit de l’UNI.

Le FLNKS conserve aujourd’hui l’essentiel de l’électorat kanak, mais il n’a retrouvé une démarche unitaire que depuis 2007. Outre l’Union calédonienne, il regroupe maintenant : l’UNI (comprenant le PALIKA, l’UPM, le RDO et l’UC Renouveau) ; le LKS (surtout présent à Maré, fief de son fondateur Nidoïsh Naisseline [3] ; la FCCI (en perte de vitesse mais encore assez implantée dans le Nord) ; et enfin le Parti travailliste, impulsé en novembre 2007 par l’USTKE. Ce parti, qui est proche de José Bové, dénonce la mainmise persistante des Caldoches et des métros sur le pouvoir politique et économique, la poursuite de la spoliation des terres pour les Kanak, la dégradation de l’environnement… et « la déliquescence des organisations politiques issues des rangs indépendantistes qui cogèrent la situation coloniale ».

L’impact des accords sur le camp loyaliste

Côté anti-indépendantiste, les accords de Matignon et de Nouméa ont également eu un effet de division, la droite modérée réussissant même à déboulonner le chef de la droite dure. Longtemps fédérés au sein du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (fondé en 1977 sous le sigle RPC et rebaptisé Rassemblement-UMP, RUMP, pour souligner l’affiliation au RPR de Chirac), les loyalistes se sont déchirés lors de la poignée de main entre Lafleur et Tjibaou, et de nouvelles formations de droite sont apparues, en plus du Front national. Battu pour la première fois dans la province Sud en 2004, Lafleur a quitté le devant de la scène. Présentement, le courant anti-indépendantiste comprend six formations dont aucune n’a les moyens de faire seule sa politique au Congrès et dans la province Sud, et qui s’opposent sur le type d’économie à défendre – libérale ou contrôlée – et sur l’attitude par rapport aux accords. Les principales sont :

  • le RUMP, mené par Pierre Frogier, premier parti en nombre de voix (les deux députés calédoniens en sont issus depuis 1986 et il contrôle Nouméa) ; il est pour un bilan des accords et leur révision, ainsi que pour une nouvelle consultation populaire afin de « purger une bonne fois cette question de l’indépendance » (dixit Lafleur) ;
  • Avenir ensemble, apparu à l’approche des provinciales de 2004, regroupe des membres d’un parti hostile à Lafleur (l’Alliance, créée en 1998 par Didier Leroux) et des dissidents du RPCR. Les deux derniers présidents du gouvernement en sont issus : Marie-Noëlle Thémereau (2004-2007) et Harold Martin (2007-2009). Ses leaders sont en général apparentés UMP ; mais une partie est, avec Leroux, plutôt UDF et MODEM, et une autre pour le Nouveau centre de Pascal Vittori. Avenir ensemble s’est scindé en 2008 en Avenir ensemble (présidé par Leroux) et Calédonie ensemble (mené par Philippe Gomes et M.-N. Thémereau), qui sont tous deux pour respecter à la lettre l’accord de Nouméa – adoption des signes identitaires, acceptation plus ou moins grande du transfert de compétences, dialogue et pratique du consensus avec les indépendantistes ;
  • le Rassemblement pour la République, créé par Lafleur en 2006 et présidé jusqu’en 2008 par le sénateur Simon Loueckhote (qui a lancé ensuite le Mouvement de la diversité, LMD, pour les municipales avec beaucoup de militants issus du RPC).

Il existe aussi le Mouvement calédonien français (MCF) de Guy George, issu du Front national en 2008 ; le Mouvement pour la France (MPF) de Claude Sarran, né en 1999 contre les accords de Nouméa, et affilié au parti de De Villiers ; le Front national local, dirigé par Bianca Hénin depuis 2009.

Enfin est apparu en 2004 le Rassemblement océanien pour une Calédonie plurielle (ROCP) que préside Mikaële Tuifua. Il remplace le Rassemblement océanien pour la Calédonie qui regroupait la majorité de l’électorat des Wallisiens et Futuniens. Ceux-ci demeurent en général hostiles à l’indépendance par peur de devoir retourner à Wallis-et-Futuna, petit territoire sans terres cultivables ; pourtant, très exploités et maltraités par les Caldoches, ils constituent le sous-prolétariat du bâtiment et des mines.

Les stratégies partidaires en cours

Si l’on considère l’évolution de la situation en Nouvelle-Calédonie depuis la signature des accords, on peut dire que l’Etat français a assez bien réussi à neutraliser la mobilisation indépendantiste. A l’approche du référendum sur l’autodétermination, la donne va-t-elle changer ? On assiste en tout cas au retour d’une volonté unitaire dans les deux camps en présence – et cette démarche passe ici comme là par la confection d’une liste commune, qui inclut chez les loyalistes des personnalités des quatre principales formations, et chez les indépendantistes des gens de l’UNI et de l’UC. Elle montre que la mandature à venir est vécue comme déterminante : c’est elle qui va préparer la sortie de l’accord de Nouméa entre 2014 et 2018. Les élections provinciales qui se sont déroulées le 10 mai dernier sur le Caillou ont redonné sans surprise la victoire aux loyalistes : 31 sièges sur 54 sont allés à la droite, mais la grande fragmentation de cette droite a permis aux Kanak d’améliorer leur représentation au Congrès (en passant de 18 à 23 élus) – et le Parti travailliste a gagné 3 sièges dans le Nord et 2 dans les îles.

Aussi la crainte de voir un jour un indépendantiste à la tête de l’exécutif a-t-elle incité Harold Martin à proposer un « pacte de stabilité » aux autres partis de droite – pour définir une ligne politique commune face à des indépendantistes devenus « plus rugueux » avec l’émergence de ce Parti travailliste, a-t-il dit. Le Front national, qui avait porté au pouvoir Avenir ensemble en 2004, pousse aujourd’hui lui aussi à une large entente. On assiste donc à une course de vitesse, l’élection du président du Congrès devant intervenir le 31 juillet et celle du gouvernement le 6 août. L’« accord de majorité » recherché entre Avenir ensemble et le RUMP reçoit la forte approbation de Paris : Christian Estrosi a d’ailleurs réuni leurs dirigeants pour la première étape de réconciliation. Le 22 mai, Harold Martin a été élu président du Congrès par 31 voix, contre Roch Wamytan (représentant du FLNKS) qui en a eu 20 (UNI-FLNKS, UC, LKS) – et Rose Vaialimoa, du PT, en a recueilli trois.

Mais, dans le même temps, la situation sociale s’est beaucoup dégradée sur le Caillou. Les inégalités ont empiré, ainsi que le déséquilibre entre les provinces Nord et Sud même si les investissements de l’Etat se sont effectués à proportion d’un quart pour le Sud et les trois quarts pour le Nord et les îles. La population dans les banlieues de Nouméa s’est particulièrement accrue, car les jeunes y arrivent des autres provinces pour faire des études ou chercher un travail : le Grand Nouméa représente 63 % de la population du territoire. De plus, la multiplication des emplois administratifs dans le Nord et les îles s’est faite essentiellement au profit des Européens. C’est pourquoi on constate une remontée de la radicalité chez les Kanak, à travers l’USTKE et le Parti travailliste. Seulement, ces deux regroupements sont en fait aujourd’hui les seuls - avec le RUMP… – à vouloir la tenue d’un référendum sur l’indépendance dès 2014 ; les autres structures recherchent davantage une solution consensuelle et originale entre large autonomie et souveraineté.

Il n’empêche que la situation des Kanak – sinon celle de leurs élu-e-s – va en empirant, et qu’ils-elles sont actuellement très isolés - plus encore qu’en 1988, où la gauche française dénonçait au moins la situation coloniale en Nouvelle-Calédonie. La tendance est maintenant à faire passer les Kanak pour racistes et jusqu’au-boutistes quand ils-elles posent le problème du critère retenu pour le corps électoral du référendum à venir ou qu’ils-elles ont un discours de classe et de choc comme à l’USTKE. Il n’y a guère que les altermondialistes et le NPA (comme auparavant la LCR), Solidaires ou le Syndicat des travailleurs corses (STC) pour les soutenir ouvertement. Les Kanak se défendent pour leur part d’être racistes – ayant toujours intégré en leur sein Caldoches, Métropolitains, Wallisiens, Polynésiens, Asiatiques (ainsi, Pierre Declercq était un métro ; à la tête de l’USTKE, sur les dix membres de son comité directeur, la moitié étaient non-Kanak en 1985…). Les racistes sont bien plus fréquents chez les Caldoches (pas ouvertement : « Interdit aux claquettes », lit-on juste dans certains lieux…), qui au minimum ignorent tout des Kanak, et créent de gros problèmes dans le travail et la vie quotidienne à quiconque les soutient.

Quoi qu’il en soit, la crainte des Kanak – sinon de beaucoup de leurs élu-e-s, là encore – est de voir la promesse du référendum s’évanouir un jour à l’horizon, être modifiée concernant le critère électoral ou ne se concrétiser qu’en 2018 – peut-être trop tard pour leur accession à l’indépendance.

Vanina

Notes

[1] Beaucoup d’anciens leaders kanak engagés dans la lutte indépendantiste étaient des pasteurs ou des prêtres défroqués. Mais si l’Eglise protestante s’est tenue au côté des Kanak, l’Eglise catholique en tant que telle s’est comme d’habitude montrée favorable à la colonisation et à la conquête militaire – d’autant plus qu’en Nouvelle-Calédonie elle y a gagné énormément de terres.

[2] Ainsi, les militants kanak auteurs de la prise d’otages d’Ouvéa refuseront dans un premier temps leur libération en apprenant la teneur de l’accord ; et, le 4 mai 1989, Tjibaou et son adjoint Yeiwéné Yeiwéné seront assassinés par un indépendantiste rejetant un tel accord et reprochant aux leaders du Front d’avoir trahi.

[3] Après avoir créé les premiers groupes d’extrême gauche kanak et avoir quitté le Front indépendantiste par refus du rapprochement que celui-ci opérait avec le Parti socialiste, Naisseline a lancé le LKS en 1981 ; il soutient présentement ce rapprochement avec le PS en défendant l’accession à l’indépendance par les élections…


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