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Edito 194 Novembre 2009

vendredi 13 novembre 2009, par Courant Alternatif


Alertez les bébés !


Mince, d’après une étude diffusée en juillet par la banque américaine Morgan Stanley et qui a paraît-il fait le tour du monde, « La Jeunesse » serait à la fois accro aux nouveaux médias… et peu décidée à payer pour en avoir l’usage.
Un ado de 15 ans qui effectuait un stage dans cette institution de Wall Street a été chargé de rédiger une note sur ses habitudes de consommation médiatique et celles de ses copains ; et son « étude », quoique ne reposant sur aucune donnée fiable ni statistique, a déclenché sitôt connue un déluge de courriels d’investisseurs – ravis d’en savoir plus sur une clientèle considérée comme l’avant-garde de la révolution technologique, mais assez inquiets devant les « révélations » faites. En effet, selon le stagiaire, ses copains et lui vont sur des sites où ils peuvent créer leurs propres listes de titres, qu’ils écoutent en streaming ; utilisent leur accès à Internet sur leur ordinateur ou leur console de jeux pour discuter sur Facebook, communiquant autrement par SMS avec leur téléphone mobile ; n’achètent jamais de CD, mais téléchargent vidéos et musique sur des sites de partage de fichiers ; écoutent peu la radio, regardent la télé juste pour leur série favorite et ne lisent que les gratuits de la presse écrite.
Commentaire effaré d’un analyste de Morgan Stanley : « Ils ne semblent plus percevoir la valeur des biens ! » Dès lors, grand questionnement dans les hautes sphères financières et marchandes : ces jeunes auront-ils changé, une fois entrés dans la vie active… et seront-ils enfin prêts à payer ?
Il y a malheureusement fort à parier qu’une bonne fraction d’entre eux suivra la file vers le tiroir-caisse (ou plutôt vers le guichet des crédits ou le bureau des prêts, quand ils seront en mesure d’en obtenir) afin de pouvoir continuer à consommer, si les produits actuellement à leur libre disposition viennent à ne plus l’être – et ce « scoop » livré avec le plus grand sérieux par Le Monde (sur une demi-page !) est aussi pitoyable que risible.

En revanche, l’acharnement montré aujourd’hui par les gouvernants contre la jeunesse militante (laquelle n’est, soit dit en passant et fort heureusement, en général pas mieux disposée à payer pour les nouveaux médias) mérite réaction. La contestation de l’ordre établi passe depuis des années beaucoup par le terrain de l’Education nationale, à travers les mouvements étudiants et lycéens apparus contre chacune des réformes qu’ont avancées les gouvernements successifs – loi Fillon, anti-CPE, loi Pécresse… Aussi le pouvoir met-il tout en œuvre afin de mater leurs acteurs et actrices, déployant son arsenal répressif et médiatique pour les criminaliser et les isoler du reste de la société. On l’a particulièrement vu au printemps dernier à Poitiers, lorsque la mobilisation étudiante s’est essoufflée (voir pp. 18-22) ; et l’intervention brutale des forces de l’ordre lors de la Journée anticarcérale du 10 octobre comme le procès en comparution immédiate du 12 se sont inscrits dans ce cadre.
Pour arriver à ses fins, tous les moyens sont utilisés par l’actuel gouvernement. En particulier le prélèvement d’ADN – un excellent instrument de coercition, puisque le refuser peut entraîner non seulement jusqu’à 15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement, mais d’autres condamnations à la suite (la première n’empêchant pas que le prélèvement soit redemandé et que, les mêmes causes entraînant les mêmes effets, de nouvelles peines soient données). La police en use et abuse (pp. 10-14) comme de toutes les autres bonnes choses qui ont été mises à sa disposition pour sévir (pp. 16-17) – et d’autres catégories sociales en butte aux restructurations ou aux fermetures et délocalisations d’entreprises en font la dure expérience.
La démocratie parlementaire se montre ainsi sans fard pour ce qu’elle est : une arnaque servie par la bourgeoisie aux « citoyens » pour leur faire croire qu’ils et elles participent au gouvernement de la République en désignant par leur vote leurs « représentant-e-s ». On est là aux antipodes d’une réelle démocratie, qui permettrait à tous les membres d’une communauté choisie d’y gérer ensemble et directement leurs vies. Pourtant, la tentation est grande, dans certains milieux, de jeter le principe démocratique avec les oripeaux du parlementarisme qui l’habillent depuis la Révolution française (pp. 25-28).

Il n’empêche que, malgré toute la panoplie sécuritaire qui s’étale au grand jour, la solidarité peut faire reculer flics et juges : construire un rapport de forces permet encore de freiner sinon d’arrêter toujours la répression. C’est pourquoi, en matière d’ADN comme pour d’autres combats, il faut se mobiliser, afin que jamais le pouvoir n’ait autour de lui le seul silence des pantoufles – et bien plutôt qu’éclatent à sa face les énormes cris rageurs de la subversion !

OCL-Poitou

1 Message

  • Alertez également les militants...

    26 novembre 2009 11:29

    D’après mon petit doigt, beaucoup de ceux qui disent vouloir en finir avec ce monde, voire cherchent effectivement à la faire, louvoient quant à leur position dans les rapports sociaux. On se centrera d’autant plus facilement sur "la répression" que l’on aura choisi d’éviter d’aborder les relations de pouvoir dans lesquelles on est soit-même pris au quotidien : quel révolutionnaire sait que 350 000 visites domiciliaires sont effectuées annuellement par les agents contrôleurs de la CAF ? (non, ce ne sont pas des perquisitions). Quel révolutionnaire prend au sérieux le fait que des millions de précaires soient convoqués à Policemploi et chez leurs inséreurs sous peine de se voir supprimés les subsides dont ils dépendent ? (non, c’est pas des convocs au commissariat dans le cadre d’un contrôle judiciaire).

    Nous sommes épris de grandeur (l’État contre nous) et laissons de côté bien des aspects de la vie sous le capitalisme.

    Des marches des chômeurs et précaires ont commencé. Des manifestations ont lieu samedi 5 décembre à Lyon, Bordeaux, Marseille, Rennes, Toulouse, Paris et ailleurs :

    Engageons dès maintenant une grève des chômeurs contre notre subordination à l’ordre économique


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