De Taksim à Kobanê : les anarchistes turcs bravent la frontière syrienne

Un article du 9 octobre de la chaîne anglaise Channel4 sur le soutien des anarchistes turcs à la lutte des Kurdes de Kobanê.

Le 9 octobre 2014 - Channel 4 News

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Les anarchistes turcs, qui ont fait les gros titres de la presse dans le monde entier au cours de la bataille pour la place Taksim, se sont précipités à la ville kurde assiégée de Kobanê pour soutenir la lutte contre l’État islamique.

Alors que les forces de sécurité turques observent à traverser la frontière comment l’État islamique poursuit son assaut contre Kobanê, un groupe de militants turcs a traversé la frontière pour soutenir les Kurdes, écrit Brian Whelan.

Ils se nomment Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF - Action révolutionnaire anarchiste) et leurs membres étaient sur les barricades l’année dernière lorsque des manifestations ont éclaté autour de la place Taksim et du parc Gezi à Istanbul.

S’adressant à Channel 4 News, le groupe révèle qu’il a visité Kobanê à trois reprises, en contournant les gardes-frontières turcs et ont aidé les réfugiés kurdes à s’échapper en Turquie.

« Nous faisions partie de la résistance qui a commencé à Taksim et au parc Gezi ».
Porte-parole anarchiste turc.

« La tâche la plus importante était d’aider les civils de Kobani à passer à travers la frontière. Après cela, nous avons soutenu les immigrants pour le transport, la mise en place des tentes, l’organisation de la distribution du matériel envoyés en solidarité », explique un membre du groupe.
« Nous faisions partie de la résistance qui a commencé à Taksim et au parc Gezi. Nous faisions partie de la résistance contre les violences policières, contre le terrorisme d’Etat et dans les expériences postérieures de démocratie directe. »

« Après que la place Taksim ait été occupée, nous avons participé activement à la résistance sur les barricades et derrière les barricades Cependant, nous devons le dire clairement : nous ne sortons pas dans les rues seulement quand il y a des troubles importants dans la société. »

Conversion en prison

Les liens entre les groupes kurdes et les anarchistes sont nés à partir de la conversion de prison du chef proscrit du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Abdullah Öcalan, après qu’il ait lu les écrits de Murray Bookchin, un universitaire anarchiste de New York.

A Kobanê, le PYD (Parti d’union démocratique) et sa branche armée, les YPG, sont sur les positions d’Öcalan et ont essayé de mettre en pratique une forme autonome de démocratie directe kurde. Les radicaux turcs espèrent apprendre de cette expérience.
« Les YPG organisent la lutte au plus haut niveau contre l’EIIL en tant que force d’auto-défense. Aussi, nous essayons de soutenir ce combat par tous les moyens possibles » explique l’anarchiste

Appels à la mobilisation

La frontière près de Kobanê a vu des scènes de violence lorsque les forces turques ont tenté de contrôler le flux des réfugiés à la fois vers la Turquie et de retour en Syrie.

Ces derniers jours, le DAF ont soutenu les appels à la mobilisation pour que la population descende dans les rues afin de protester contre la position du gouvernement turc sur la Syrie.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau cette semaine lorsque les troubles se sont étendus à six villes turques contre l’inaction de la Turquie contre l’EI [*]
Un manifestant de 25 ans a été tué dans la province orientale de Mus et il y a d’autres décès signalés à Diyarbakir, la plus grande ville kurde de Turquie.

Le processus de paix menacé

Les militants craignent que le gouvernement n’assume pas sérieusement le processus de paix avec le PKK en cours, actuellement dans une phase très délicate. La chute de Kobanê pourrait nuire gravement à l’espoir de paix entre la Turquie et les groupes kurdes.

« L’Etat turc observe avec plaisir les bombardement de l’EIIL sur les YPG et sa progression sur le terrain. Lorsque les gens de Rojava se sentent en danger et traversent la frontière, l’État turc interprète cela comme une baisse de confiance de la population dans les YPG », affirme le porte-parole du groupe.

« Chaque position que le mouvement du peuple kurde perd contre l’EIIL est interprété par l’État comme une perte de sa puissance dans le cadre de la négociation ».
« Notre relation avec les individus, la société kurde et l’organisation du peuple kurde, a été la solidarité mutuelle ».

Au Royaume-Uni ces derniers jours, la communauté kurde a organisé des manifestations quotidiennes et a essayé de bloquer les stations de métro et les aéroports dans le but d’attirer l’attention des médias et du public à sa cause.
Des manifestations similaires dans un certain nombre de villes allemandes se sont terminées par de violents affrontements avec des musulmans radicaux qui ont utilisés des couteaux lors d’une attaque contre une manifestation kurde à Hambourg.

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Traduction :XYZ / OCL

Source : ici

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Note de la traduction :

[*] Chiffre sans doute disponible à la rédaction de cet article. Depuis le bilan officiel s’élève, au 10 octobre, à 31 personnes tuées et 351 blessées. Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Efkan Ala, a ajouté que « 1113 bâtiments dont 212 écoles, 67commissariats, 25 sous-préfectures, 29 locaux de partis politiques, ainsi que 1177 véhicules ont été incendiés. Selon le ministre, 1124 personnes ont été placées en garde à vue dont parmi elles 58 ont été envoyées en prison. Il a affirmé que cette vague de manifestations sans précédent est l’affaire d’une minorité marginale, alors qu’il a souligné que 35 provinces ont été touchées » (actukurde).
Le 13 octobre, le nouveau bilan s’élevait à 42 morts, dont 2 responsables policiers (un chef local et un commissaire) à Bingöl, manifestants tués par la police, des intégristes kurdes ou des ultranationalistes turcs. Des rumeurs disent que sur les 190 agences bancaires endommagées et incendiées, quelques-unes ont eu au passage leurs distributeurs de billets dévalisés. Il faut bien financer la guerre.

Photos du cortège anarchiste dans une manifestation à Istanbul (10 octobre)