Courant alternatif no 105 – janvier 2001

SOMMAIRE
Édito p. 3
Enterrons le capitalisme à Davos p. 4
Epargne salariale : un piège pour les salariés p. 5 et6
Conflit du Proche Orient en question p. 7 et 8
Israël : mise en question des rapports Etat-nation p. 9 et 10
Attac : illusions radicales du réformisme p. 11 à 14
Lesbiennes et homos, au boulot ! p. 15
La “recherche scientifique” en référé p. 16
Après Prague, Nice p. 17 à 19
Rubrique Flics et militaires p. 20
Rubrique Livres p. 20
Pays-Basque : un pas en avant, un en arrière p. 21 à 23
Les Brèves p. 24

ÉDITO
Les semaines qui viennent de passer ont été riches d‘enseignements quant à la nature du système qui nous régit. Un aspect en particulier est significatif : la psychose de la vache folle et les farines animales. A travers cet événement largement mis en spectacle, se trouve posées les contradictions d’un mode de vie où l’intérêt du consommateur contribuable que nous sommes tous, se heurte apparemment à la pure logique capitaliste dont l’objet unique est la recherche du profit à tout prix. En effet, on a pu assister ces dernières semaines à une telle panique parmi les différents professionnels de la filière de l’élevage qu’on a pu croire un instant que les consommateurs clients que nous sommes, détenaient un tel pouvoir, celui d’acheter ou pas, donc de ruiner ou pas tout une frange de commerçants, maquignons ou d’éleveurs qui semblaient subitement outragés qu’on puisse supposer que ce qu’ils nous vendent depuis des années n’est rien d’autre que des produits qui n’ont plus grand chose à voir avec de la nourriture. Quelle angoisse pour ces adeptes du libéralisme mais néanmoins friands de subventions d’Etat ! Après chaque scandale, gouvernement et responsables de la filière s’efforcent de détourner l’opinion par des arguments des plus simplistes : les poulets à la dioxine étaient belges, les nôtres ont le label rouge, la vache folle est anglaise, la nôtre est élevée sous la mère.

Que l’on se rassure, l’Etat, dont c’est la fonction première, a mis en place tous les contre-feux nécessaires à travers une campagne d’informations bien orchestrée dans le but de rassurer le consommateur lamda, afin que les profits ne baissent pas trop et que la rentabilité soit maintenue dans la filière.

Pour cela il n’y a pas trente six solutions. Le gouvernement, après tergiversation, a décidé d’aller vite, ceci afin de s’éviter de gros ennuis à quelques mois des élections. Il a choisi de payer, et la note s’avère être salée, car le lobby de la filière bovine entend bien ne rien débourser pour le financement des mesures chargées de redonner confiance aux consommateurs, bien au contraire. Ces milliards à venir financeront le montant des indemnisations versées aux industriels traitant et commercialisant les farines animales, l’indemnisation versée aux éleveurs en cas d’abattage de troupeau, les prêts et indemnisations consentis en vue de palier au manque à gagner des dits éleveurs, la mise en place du dispositif de traçabilité et de contrôle vétérinaire. Nous sommes donc en présence de la contradiction suivante : cela sera donc au consommateur contribuable de financer par l’impôt les mesures destinées à ceux qui pour des raisons de rentabilité à tout prix, ont choisi la production intensive de troupeaux à viande, sans le moindre soucis de qualité, quitte pour cela à avoir recourt à tout un tas de produits, allant de la farine d’origine animale (officiellement au nom d’un bon équilibre en protéine, les protéines d’origines végétales comme le tourteau de soja étant plus chères car importées), les antibiotiques et autre anabolisants, en principe interdits en France, mais on a des doutes, surtout avec l’Europe de la libre circulation des marchandises, et dont la provenance n’est pas toujours bien nette. Qui dit rentabilité dit concurrence. A n’en pas douter, cette crise touche une partie non négligeable de professionnels du secteur bovin. Derrière le principe de précaution, n’assiste-t-on pas à une liquidation pure et simple, au nom de la concurrence capitaliste, de la partie la moins rentable de la filière, de nombres d’agriculteurs, d’abattoirs qui vont disparaître car en surnombre dans le paysage.

On nous parle du fameux pouvoir du consommateur qu’il a d’acheter ou de pas acheter quand on sait que le moindre produit de consommation d’origine animale est peu ou prou, est porteur d’une telle quantité d’additifs du genre dioxine, de listeria, de salmonelles ou OGM qu’il ne nous reste plus qu’à perdre nos illusions sur la nature de ce que l’on mange et sur l’honnêteté de ceux qui nous les vendent. Quelle mascarade ! Comme si il était possible sur du long terme de cesser de se nourrir. On peut certes essayer de mieux choisir ce que l’on achète, de boycotter certains produits. D’ailleurs les capitalistes de la filière bio l’ont bien compris, comme si il était possible pour un smicard ou rémiste de se payer de la bouffe 40 à 50% plus cher qu’à Lidl. De plus, qu’entend-on par produit biologique quand on vit dans un environnement de plus en plus pollué, sur lequel on ne peut exercer le moindre contrôle, contraint que nous sommes à faire confiance à des gens qui, pour survivre dans ce système, n’ont pas d’autres choix que de nous mentir et nous rouler. Car un commerçant, quelque soit sa taille et sa branche, pour ne pas crever devra obligatoirement tout faire pour écouler une marchandise qu’il soupçonne pas toujours bien fraîche ou bien saine. La logique du profit capitaliste n’a que faire du respect de l’individu client et pour perdurer, ignorer l’idée même de santé publique. Ce concept rassurant au même titre que le principe de précaution largement utilisé par l’institution étatique qu’est le ministère de la santé n’est rien d’autre qu’un élément destiné à ramener la confiance de millions de consommateurs qui ont perdu depuis longtemps le pouvoir sur ce qu’ils mangent.

OCL CAEN


ATTAC : ILLUSIONS RADICALES DU RÉFORMISME
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