Courant alternatif no 111 été 2001 |
|
SOMMAIRE |
Édito p. 3 Procès de deux membres de la CNT à Troyes p. 4 Interdiction des licenciements p. 5 à 8 Transports de déchets radioactifs, cest reparti p. 9 à 10 Plan hydrologique espagnol : le grand gaspillage de leau p. 12 et 13 |
|
ÉDITO |
Les événements de Göteborg et dAlgérie, tout comme les licenciements liés aux processus de concentration capitaliste, viennent rappeler clairement que la guerre de classe menée par le capital et les États contre la population mondiale se poursuit dans une phase dintensification.
Que lÉtat social-démocrate suédois laisse ouvrir le feu sur la foule a choqué les âmes naïves qui pensaient que la démocratie représentative était un système pacifié garantissant le droit dexpression et de manifestation. Cela naura pas surpris les révolutionnaires qui savent que « leur démocratie cest cause toujours », du moins tant que tu ne risques pas dêtre entendu. Et il sagit donc pour nous de se faire entendre, afin de révéler la véritable nature oppressive des démocraties occidentales, et de réaffirmer la nécessité den finir avec ce système La répression sauvage qui sabat sur lAlgérie émeut moins, car semble davantage dans lordre des choses : depuis 1988 son peuple subit quotidiennement la violence du pouvoir des militaires ou de son pendant intégriste, pour le plus grand profit des multinationales pétrochimiques et des marchands darmes. Mais que quelques villes de Kabylie puissent, malgré cet étau, entraîner la population algérienne à réclamer son dû, doit être connu et soutenu. Et il sagit pour nous de pratiquer la solidarité, en attaquant ici notre État sur ses responsabilités, et en laffaiblissant sur des terrains tels que le droit dasile ou la liberté de circulation, et de réaffirmer la nécessité de la dimension internationaliste de nos luttes. Que des milliers de prolétaires soient vendus avec leur outil de travail, ou dépossédés de leurs moyens de subsistance, pour laugmentation du taux de profit de quelques actionnaires, commence à ne plus laisser indifférent ou fataliste. Lexploitation et laliénation salariales ne sont pas extensibles à linfini, et de plus en plus de salarié-e-s tentent de vendre le plus chèrement possible leur force de travail, quelle soit utilisée ou reléguée dans larmée de réserve des précaires. Ce retour sur le terrain économique dune lutte de classe qui ne tait plus son nom ne peut quencourager ceux et celles qui nont pas renoncé à décrier un monde fait dexploiteurs et dexploité-e-s. Et il sagit pour nous dalimenter cette conscience de classe renaissante pour poser les conditions de labolition de la domination capitaliste. Mais affirmer haut et fort, et partout, lurgente nécessité dune révolution internationale nest pas une condition suffisante pour parvenir à nos fins. Les capacités dintégration et dadaptation du capitalisme menacent constamment les mouvements sociaux, et conduisent généralement bien plutôt à des aménagements du système quà son abolition. Cest ce que montrent, sur des terrains différents, plusieurs articles de ce numéro de Courant Alternatif. Ils tentent de cerner les écueils pour une stratégie révolutionnaire, et préconisent quelques axes dintervention pour les éviter : poser la question de la rappropriation de loutil de travail et non pas la simple interdiction de licencier sur le terrain économique ; ne pas confondre contestation et subversion dans les luttes anti-globalisation et se défier de toutes les tentatives de récupération Cest aussi chercher comment remobiliser les antinucléaires pour parvenir enfin à un arrêt immédiat des réacteurs ou des transports de déchets, en ne comptant que sur nous-mêmes et nullement sur les écologistes de ministère prêts à toutes les compromissions pour rester co-gestionnaires de lÉtat. Cest encore faire le lien entre la situation ici, et celles que connaissent les populations dAlgérie, ou les communautés indiennes du Mexique, pour démontrer la cohésion dun système qui partout sur la planète menace notre existence et aliène notre liberté. Une liberté qui souvent recouvre plusieurs visages, comme le rappelle le texte dA.C. Galtié, et quil convient de bien sérier si lon veut éviter les pièges du libéralisme et les renversements de sens y compris dans les rangs des révolutionnaires. Des révolutionnaires qui, face à limmensité de la tâche, doivent peut-être resserrer leurs rangs, afin de viser lunité pour gagner en efficacité. Mais ici encore les faits sont têtus et les mots ambivalents, et lunité ne doit pas devenir le contenant qui occulte un vide de contenu. Dans les luttes, dans les faits, et dans les perspectives daction, le débat et la confrontation didées sont incontournables : ils forgent les armes de la critique dont nous aurons besoin pour reprendre loffensive dans la guerre de classe que nous mène le capital. Souhaitons que ce numéro y contribue, dans la perspective dune rentrée quon espère chaude OCL Saint-Nazaire, 30 juin 2001 |
|
DOSSIER ANTINUCLÉAIRE |
|
Transports de déchets radioactifs, cest reparti !
Après un court arrêt résultant de désaccords entre le gouvernement allemand pressé par son opinion publique et le gouvernement français, les transports de déchets en direction du centre de retraitement de La Hague ont repris. Ils font suite aux retours vers lAllemagne des résidus toujours radioactifs des matières retraitées par la Cogema. Ce petit business franco-allemand ne représente quune part des transports annuels de déchets radioactifs qui se chiffrent à 300 000 colis. Parmi eux 15 000 sont issus du cycle nucléaire proprement dit et 750 autres contiennent des matières très hautement radioactives. Si ces « Castors » allemands ont la vedette aujourdhui, cest sans aucun doute du fait des vastes mouvements de résistance quils ont suscités, il y a quelques années. Malheureusement, les déchets exportés vers la France ne suscitent pas la même détermination outre-Rhin. De même quici, il faudrait prendre garde à ne pas se focaliser sur ces seuls transports comme le font les Verts en oubliant lorigine bien française de la plupart des autres. Des transports bien discrets En matière de transparence, le comble est atteint. LÉtat, les électriciens publics et privés, lentreprise Cogema parviennent à atteindre linvisibilité totale, ou presque. Si ces transports ne tombent pas sous le coup du secret absolu, tout est réglé pour quils soient effectués dans la plus grande discrétion. Sans la réaction des opposants parsemés le long des trajets, ces trains chemineraient sans que quiconque en ait connaissance. Mêmes les rouages subalternes de lÉtat sont mis sur la touche. Aucun responsable local nest averti du passage des convois de déchets sur le territoire de son ressort. En clair, cela signifie quaucun scénario daccident nest envisagé. Si tel était le cas, des consignes minimums seraient données en matière de sécurité. Mais il est préférable de ne pas occasionner dinquiétude quitte à prendre des risques, à exposer des milliers de personnes dans un secret relatif. Cette rétention dinformation va évidemment dans le sens dune minimisation des risques qui accompagne depuis plusieurs années toute activité liée au nucléaire. Cependant, cette discrétion criminelle ne peut passer sous silence les faits avérés. La suspension provisoire des transports franco-allemands ne provenait pas des seules dissensions entre les deux États, mais également dune révélation publique de la contamination de plusieurs wagons servant au transport de combustibles usés issus de centrales françaises, allemandes, suisses ou belges. Tout avait été maintenu dans le plus grand secret évidemment, jusquà ce que le pot aux roses soit découvert. Ces transports furent temporairement suspendus en France et en Allemagne avant dêtre de nouveau autorisés par deux gouvernements socialistes appuyés décologistes. Les déchets courent de nouveau sur les chemins de fer. Pour les seuls déchets allemands, cela se matérialise par environ deux convois mensuels jusquen 2002. Et après ? LAllemagne prévoit de sortir du nucléaire vers 2021 alors que ses centrales seront arrivées au terme de leurs capacités dexploitation. La production de déchets, retraités ou non, continuera donc dalourdir le patrimoine radioactif. La France, elle, na même pas fait de démarche en ce sens. Il est très probable quelle poursuivra son programme et les écologistes version bleu blanc rouge ne pensent pas devoir poser la question dune sortie du nucléaire avant 2005 ou 2010 ! Encore ne sagira-t-il pas dune sortie immédiate. Avec la hardiesse de nos écologistes nationaux, nous pouvons tout au plus espérer un arrêt du nucléaire à lhorizon 2025 minimum. Et dici là, les électriciens français auront eu le temps dessaimer leur technologie de mort dans plusieurs pays. Car lenjeu est aussi là et il nest pas question, pour tout écologiste qui se respecte, de déranger le moins du monde les intérêts des capitalistes. En refusant les transports de déchets, nous devons donc refuser en bloc larnaque nucléaire ainsi que larnaque des écologistes de palais. Retraitement des déchets : une source supplémentaire de pollution radioactive Les arguments utilisés pour faire avaler la pilule nucléaire à lopinion publique ont été nombreux et variés. De la négation des risques à laffirmation que la recherche scientifique parviendrait, en un terme imprécis, à résoudre le problème des déchets radioactifs, les thuriféraires du nucléaire ny sont pas allés de main morte. Parmi les gadgets brandis à la face dune opinion publique sans cesse plus sceptique se trouve la panacée du retraitement. Nombreux sont ceux à avoir mordus à cet hameçon. Et pourtant, le retraitement en question ne résout en rien le problème de la radioactivité résiduelle. Pire, il est la source dune aggravation du problème. Tout dabord par le fait quune part infime de ce qui est extrait des résidus trouve une utilité, part qui donnera lieu ensuite à la production de nouveaux déchets. Ensuite, par le fait que les matériaux utilisés à luvre de retraitement se trouveront contaminés, comme par exemple le matériel utilisé pour leur transport. Le retraitement aboutit donc à leffet inverse de ce qui est avancé par la propagande mensongère de la Cogema. La motivation de cette entreprise était évidemment aux antipodes du souci de résoudre le problème posé par les déchets. Tout dabord, le retraitement a permis à la France dobtenir une partie du plutonium nécessaire à la fabrication de ses bombes atomiques. Après la détente des relations Est-Ouest, ce plutonium était adjoint à de luranium enrichi afin de produire un nouveau combustible : le mox. Le retraitement est donc encore une duperie et ses résultats nous mettent face à lévidence : aucune solution nest à prévoir dans limmédiat ; même un arrêt immédiat de lactivité nucléaire laissera le problème entier. Des milliers de tonnes de déchets sentassent à La Hague et à Marcoule. Sans parler des unités de production arrivant au terme de leurs capacités et dont personne ne sait que faire. Autant de pièces de béton, de métaux contaminés qui seront entreposés on ne sait où. Des tonnes dautres déchets stagnent sans même faire lobjet du moindre inventaire. Une entreprise comme la Cogema se comporte comme nimporte quelle autre et ne se soucie en aucune façon de rendre des comptes. Ceux qui ont recours à largument scientifique font preuve dun comportement bien peu scientifique et bien peu rigoureux. Il ne sagit en fait que dune phraséologie de charlatans chargés de nous faire avaler une potion certes un peu lourde. Ne sachant que faire, les États optent pour la politique de lautruche Lhistoire du nucléaire est jalonnée de projets plus mirifiques les uns que les autres. Alors que le problème des déchets commence à se poser, quaucune découverte scientifique na permis de résoudre, nos nucléocrates sont emparés de délires quils comptent évidemment partager avec nous, simples mortels. On nous a vanté le surgénérateur, véritable aspirateur, dune puissance telle que tout élément radioactif sévanouirait après avoir été transformé en force électrique. Cest oublier cependant quen chimie, rien ne se perd et tout se récupère. Il reste toujours un petit quelque-chose. Quand cest radioactif, ça peut poser problème. Maintenant, on veut nous parler de réacteurs « sous-critique » ou « damplificateur dénergie ». Projets ronflants servant à rassurer le gogo et les apprentis sorciers du nucléaire. Seulement, nous ne voyons rien venir, linquiétude et langoisse nous assaillent. Les nucléocrates ne voient rien venir non-plus. Ils persistent cependant et décident de cacher leur forfaiture à cent pieds sous terre. Voilà le résultat de la recherche scientifique de pointe du xxe siècle. Lenfouissement est laveu dun échec. Échec qui commanderait tout esprit scientifique digne de ce nom à se faire lardent défenseur dun arrêt immédiat et sans condition de toute production nucléaire. Les nucléocrates maîtrisent linformation mais pas les risques. Ils occultent les accidents survenus par dizaines pour faire passer leur projet et prennent le risque de faire que demeurent à jamais des tonnes de déchets légués aux générations futures. Si la radioactivité est irréversible, la politique nucléaire peut, elle, être contrecarrée. Il faut évidemment, pour cela, quun vaste mouvement antinucléaire ré-émerge et établisse un rapport de force suffisant. Un mouvement qui ne doit pas se contenter des revendications partielles et irréalistes des écologistes de gouvernement. La seule efficacité réside dans la seule revendication logique, raisonnable et dutilité publique : la sortie immédiate et sans condition du nucléaire. OCL Reims et quelques électrons libres |
|
Appel à la mobilisation sur le trajet des déchets nucléaires
Cet été s'annonce important pour la remobilisation antinucléaire : la marche sur Bure et le camping contre les stockages de déchet en juillet, ainsi que les appels pour bloquer les transports de déchets à destination comme au départ de la Hague, en France comme en Allemagne. La préparation des mobilisation pour une sortie de l'age du nucléaire qui culmineront lors d'une journée nationale d'action le 20 octobre 2001 à Colmar, Lyon, Toulouse et Nantes doivent également retenir toute notre attention. Les transports de déchets nucléaires en provenance dAllemagne et à destination du centre de retraitement de La Hague (ou celui de Sellafield en Angleterre) vont durer plus dun an. Il nous semble important quun mouvement de résistance sur tout le parcours ferroviaire de ces transports (les régions concernées sont lEst, le Nord et la Normandie) naisse et samplifie. Le but est de retarder au maximum ces trains de déchets afin de frapper à la caisse cette industrie criminelle et de mobiliser plus largement que les traditionnels militants antinucléaires répondant aux mots dordre partiels proposés par le parti Vert. Cela doit être le moment de poser le problème de la sortie du nucléaire, non pas relégué aux calendes grecques dépendant daccords politiciens entre le parti écologiste et le P.S., mais posé dans le temps présent ! On a pu constater que comme le P.C. dans les luttes contre les licenciements, les Verts sont dans la rue ou sur les voies tout en étant au pouvoir. Les uns apportent une caution sociale, les autres une caution écologiste. Cest intolérable ! Nous devons, nous pouvons participer à la réémergence dun mouvement antinucléaire autonome posant fondamentalement des problèmes de choix de société dépassant le cadre de la gestion du capitalisme. Il est important que toutes celles et tous ceux qui ne peuvent se contenter de discours édulcorés et de promesses jamais tenues se coordonnent afin que des actions et des analyses percent le consensus actuel. Car le problème des déchets se place au centre de la problématique nucléaire. Au nom de choix politiques dun autre temps, dobjectifs économiques visant à rentabiliser une entreprise extrêmement coûteuse, lEtat et les électriciens comptent poursuivre coûte que coûte le programme nucléaire sans considération des risques et du problème toujours non résolu des déchets de plus ou moins longue durée dactivité. Nous devons impérativement construire une résistance cohérente à ces transports, dénoncer lentreprise de retraitement qui ne fait qu'aggraver la pollution radioactive contrairement à ce qui est avancé par la propagande nucléariste. Nous devons également lier ce problème à celui de lenfouissement, fausse solution qui met en évidence limpasse de lentreprise nucléaire. Aucune solution na été trouvée, les politiques et les nucléocrates tentent denterrer le problème en masquant leur échec de justifications pseudo-scientifiques. - NON AUX TRANSPORTS DE DECHETS ARRET IMMEDIAT DU NUCLAIRE CIVIL OU MILITAIRE Cet appel émane du groupe de Reims de lOrganisation Communiste Libertaire (O.C.L.) et délectrons libres de cette ville qui ont appelé et participé localement à la résistance contre les deux premiers convois de castors et qui ont contribué à ce quune autre parole antinucléaire soit entendue. |
|
Journée nationale daction antinucléaire le 20 octobre 2001
Cest le Réseau pour un avenir sans nucléaire qui a pris linitiative de cette journée décentralisée, puisquelle se déroulera dans quatre lieux regroupant les manifestants de quatre zones géographiques hexagonales. Colmar pour lEst, Lyon pour le Sud-Est, Toulouse pour le Sud-Ouest et Nantes pour le Grand Ouest (Paris compris !) (1). Le thème central de la journée sera : « pour sortir de lâge nucléaire » sans précision aucune quant aux moyens et aux délais. Cest ce qui nous oppose au Réseau pour un avenir sans nucléaire, les lecteurs de CA le savent. Cependant, dans la mesure où les organisateurs font appel à toutes les organisations et associations antinucléaires, il convient que lensemble de celles et ceux qui se battent pour une sortie immédiate du nucléaire soient présents à ces manifestations et mobilisent massivement autour de banderoles ne laissant planer aucun doute sur notre détermination antinucléaire, loin des compromis et des abandons auxquels nous ont habitués les Verts. Noublions jamais que ce parti est passé sous les fourches caudines des nucléocrates au nom du réalisme gouvernemental et de quelques prébendes. Le nucléaire fut totalement absent des débats qui se sont déroulés autour des choix de leur candidat à la présidentielle et de leur secrétaire nationale ! On ne saurait être plus clair, les Verts nont pas envie de dilapider leur capital dintégration, leurs postes délus en tous genres, sur lautel de lantinucléaire. Cest donc aussi contre leur politique que devront se dérouler les manifestations du 20 octobre. Il y a là une occasion de faire renaître une réelle opposition antinucléaire dont le la coordination des groupes pour un arrêt immédiat du nucléaire est un élément (2). Cest aussi une occasion pour le mouvement libertaire, en mal dunité, de montrer quil est capable de se mobiliser massivement sur un contenu précis et pas seulement de se compter autour de drapeaux noirs. JPD Notes (1) Plusieurs réunions de préparation ont déjà eu lieu à Nantes et deux autres sont déjà fixées les 7 et 28 septembre dans une salle à fixer de cette même ville. |
|
Sauvage répression contre les antinucléaires en Belarus
En juillet 1999 le professeur Bandazhevsky, recteur de linstitut de médecine de Gomel avait été arrêté sur une accusation de soi-disant pots de vin quil aurait reçu pour favoriser linscription détudiants à linstitut quil dirigeait. Maintenu en prison cinq mois, puis libéré, son procès a débuté en février dernier et le jugement vient dêtre rendu ce 18 juin : huit ans de réclusion ! Il faut savoir que ce médecin est particulièrement actif dans la prévention des risques nucléaires (il a même reçu en 99 le prix décerné par lassociation internationale des médecins pour la prévention des guerres nucléaires). Cest lui qui a montré quune charge en césium 137, même faible avec les critères habituels utilisés en radioprotection, pouvait conduire à des dysfonctionnements importants du système cardiovasculaire des enfants. Entre décembre 1999 et la date du verdict il avait été astreint à rester à Minsk et il na pu poursuivre ses recherches que grâce au professeur Nesterenko qui dirige linstitut indépendant BELRAD.Il a ainsi pu participer à la mise au point dun absorbant à base de pectine qui permet déliminer le césium 137 dans les cas où le trouble nest pas devenu chronique (dans les autres cas, ceux dune pathologie irréversible, on assiste impuissant au vieillissement prématuré de lenfant !) Le 20 juin dernier, donc deux jours après le jugement condamnant Bandazhevsky aux huit ans de galère, le docteur Alexandre Devoino, vice directeur de linstitut que dirige Nesterenko et qui avait accueilli Bandazhevsky, a été victime dune tentative dassassinat devant son domicile. Laissé pour mort sur le sol il a été transporté à lhôpital et, à ce jour - 25 juin -,sa vie ne paraît plus en danger, mais, selon les médecins, il sagissait dun « travail très professionnel ». Le professeur Nesterenko estime que cet « avertissement » lui est destiné : il a fait 300 000 mesures de césium 137 dans les produits alimentaires et mesuré la dose corporelle de 120 000 enfants avec des radiamètres mobiles quil transporte dans les villages les plus reculés des zones contaminées par laccident de Tchernobyl. Ses mesures sont huit fois plus élevés, que celles publiées par le ministère de la santé de Belarus ! Enfin, et pour couronner le tout, le procureur Bozhelko a, semble-il, disparu : arrestation ? Fuite à létranger ? Est-il toujours en vie ? Mais pourquoi tant dinquiétude ? Parce que cest lui qui, jusquà ce quun tribunal militaire le démette du dossier, instruisait le procès Bandazhevsky et que le 7 février 2001 il avait déclaré à un journaliste que « le cas de Bandazhevsky était vide ». De telles audaces au pays du président Loukachenko peuvent signifier la mort. Cest pourquoi le mouvement antinucléaire doit faire preuve dinternationalisme en faisant le maximum de bruit autour de ces affaires. Pour mémoire lambassade de Balarus est située 38 avenue de Suchet dans le 16ème ; fax : 01 44 14 69 70. Inondez-les de protestations en tous genres, lambassadeur, Vladimir Senko, déteste ça ! JPD |
|
Brèves
- Appel à la mobilisation contre lenfouissement des déchets - Civaux - Tricastin Leucémies à La Hague - Ex URSS - Enterrement à Lascaux |
|
QUELLE UNITÉ DES RÉVOLUTIONNAIRES ? |
Un Appel à lunité des libertaires circule depuis plusieurs mois dans le milieu anarchiste francophone, et sadresse aux personnes comme aux groupes (1). Cet appel prolonge une brochure publiée aux Editions du Monde libertaire et dAlternative libertaire (Belgique) intitulée : Unité pour un mouvement libertaire, un appel qui na pas pour « objectif dinitier la création dune nouvelle organisation libertaire ». Cest une initiative dont un des objectifs est « la tenue des états généraux du mouvement libertaire »
Cest déjà tout un programme ! Nous sommes intéressé-e-s par ce type de démarche, nous en avons discuté lors de nos dernières rencontres nationales, et nous en reparlerons lors du camping de cet été, puis dans un numéro hors série. Ainsi le texte qui suit est-il une synthèse des premiers débats au sein de lOCL : il tente de présenter une réflexion collective en cours, et espère être une contribution aux échanges autour de cette question, contribution qui, pour être constructive, ne peut être que critique
Lunité ? Cest un fait bien connu, il existe autant de conceptions de lunité que de parties à unir. Lunité fait partie de ces thèmes récurrents dans lhistoire du mouvement révolutionnaire, contre lesquels personne ne peut être, bien que la définition de lunité du voisin ou de la voisine ne soit jamais la bonne, et quainsi les bonnes volontés unificatrices se soldent généralement par un accroissement des divisions. Ainsi vont le plus souvent les recompositions politiques. Notre sympathie pour cette démarche unitaire va donc moins à la question de lunité même quà la démarche déchanges et de débats quune telle volonté suppose. En effet, personne na intérêt à réciter ses vérités dans son coin, entre camarades dune même organisation, ou entre complices dune même dynamique de lutte. Il est nécessaire daffirmer et de défendre ses positions dans un espace contradictoire, pour les confronter au réel et à ladversité, pour progresser individuellement et collectivement, et surtout pour ne pas verser dans les dérives sectaires et idéologiques, et sombrer rapidement dans la sclérose qui menace constamment les révolutionnaires en labsence de révolution En dautres termes, il est indispensable de se confronter avec dautres, non pas pour bâtir des chimères rassurantes et grégaires, mais pour contribuer aux fondements dune dynamique révolutionnaire pouvant ébranler lensemble des aspects de la domination contemporaine. Cest bien sûr ce que nous faisons quotidiennement dans nos pratiques militantes, mais cette confrontation doit aussi sexercer à un niveau plus théorique, sur le plan du débat collectif. Ainsi, lannonce, par les initiateurs de lAppel, dune brochure-document de travail faisant un état des lieux autour de sujets de fond (le travail, lindividu, la mondialisation ) avec des pistes dactions collectives semble aller dans ce sens du débat commun. Il est par ailleurs intéressant de souligner quen dehors de lAppel dont il est question dans ce texte dautres démarches unitaires sont en cours : un appel de la CGT espagnole pour une dynamique unitaire internationale (voir encadré plus loin), et une demande de rencontre faite par le secrétariat aux relations extérieures de la Fédération anarchiste aux principales autres organisations du courant anarchiste francophone. du mouvement ? Cet Appel à lunité postule lexistence dun « mouvement libertaire ». Or, le terme mouvement est ambigu. Parle-t-on là dune identité de référence, pour un ensemble épars de militant-e-s, ou dun acteur identifiable sur le terrain des luttes contre lÉtat, le capitalisme, le patriarcat, et toutes les formes de domination ? LOCL définit généralement un mouvement ainsi : « Ce nest pas un simple regroupement de militant-e-s, mais au contraire un ensemble de gens touchés par un problème précis et qui tentent de réagir à telle ou telle forme de loppression et de lexploitation quils subissent (2). ». Cette définition concerne plutôt les mouvements de lutte, tels quils se constituent au gré des dynamiques, quun courant politique défini Mais, quel que soit le sens sur lequel on saccorde, il ne nous semble pas quexiste un mouvement libertaire, la disparité des membres supposés engendrant une diversité des positions, aspirations et velléités daction trop grande pour que tout ce monde puisse être englobé sous un titre générique. Resterait donc le qualificatif libertaire comme tronc commun Le terme libertaire nest cependant jamais clairement défini, que ce soit dune façon générale ou précise, dans cet appel aussi bien que dans la brochure qui la précédé. Lappellation de libertaire est changeante selon que le moment historique est une période de luttes intensives ou de régression sociale. On peut ainsi passer dun élargissement de lanarchisme révolutionnaire à des composantes antiautoritaires (3) se situant sur le terrain dun changement de société, par le développement de la lutte de classes, à un ensemble de gens défendant une sorte didentité culturelle, ou de mode de vie, articulée autour dun concept de liberté somme toute bien vague et souvent synonyme de libéral. LAppel recherche lunité de tous ceux et de toutes celles qui veulent mettre en uvre un anarchisme social sans que celui-ci soit davantage défini. Sil sagit, comme on le présume, des personnes qui se réclament de lanarchisme tout en sinscrivant dans des dynamiques sociales, cest déjà un acquis, car on échappe alors à lidéalisme anarchiste abstrait, sorte de position philosophique coupée de toute réalité ou préoccupation sociale. Mais cette évocation nous paraît tout de même insuffisante, comme nous le verrons plus loin ; dautant que lappel fait cohabiter l« anarchisme social » avec les « anarchistes de cur », ce qui est là encore une définition évasive se prêtant à toutes les équivoques, et permettant de raccrocher à la locomotive unitaire absolument nimporte qui sur une simple base affective, non sur des accords politiques ou théoriques Le mouvement libertaire dont il est ici question peut être considéré comme un synonyme du mouvement anarchiste, traditionnellement décrit par les historiens comme laddition de trois blocs : lun individualiste, lautre syndicaliste et le dernier communiste. Nous ne pensons pas que les actuelles divisions des anarchistes soient toujours fonction de ces trois courants historiquement datés. En fait, il existe une autre séparation, bien plus fondamentale, entre, dune part, des « anarchistes » qui aspirent à la reconnaissance, au sein du système, dun « espace culturel libertaire », et dautre part, des anarchistes qui saccrochent à un changement social radical et nont pas enterré, au nom du réalisme, lidée de révolution et de rupture avec le capitalisme par le développement de la lutte de classes. Ce clivage est fondamental car les premier-ère-s, sans être dailleurs renégats par rapport à leurs idées, sont amené-e-s à accepter le capitalisme comme inéluctable, et donc à rechercher un aménagement de la société telle quelle existe et à sen contenter, puisque des « espaces libertaires » peuvent sy épanouir. Ceux et celles-là, qui considèrent que les outils dune lutte sont une finalité acceptable et suffisante, sont prêt-e-s à supporter un capitalisme à visage humain, dès lors que le pouvoir tolère une sphère libertaire Ce projet est culturellement, politiquement et socialement conforme aux aspirations des classes moyennes, qui partagent avec certains secteurs de la bourgeoisie des références et modes de vie issus des années 70 allant de lunion libre à la fumette en passant par des comportements et des modes de consommation en vogue : bouffe bio, tourisme vert, médecine douce Les nouvelles figures sociales mises en exergue ces derniers temps, telles que les « bobos » et les « lilis (4) », illustrent assez bien les dérives et confusions possibles : les indispensables préoccupations liées à la vie quotidienne sont vidées de leur contenu et détournées de leur finalité subversive pour constituer de nouvelles normes intégratrices et aliénantes. On peut alors comprendre, sociologiquement, que des « anars » ou des « libertaires » puissent se retrouver à défendre la démocratie occidentale aux côtés de lOTAN, des valeurs républicaines comme la laïcité et la citoyenneté, à devenir francs-maçons aux côtés de sociaux-démocrates dont ils partagent tout ou partie des aspirations et des modes de vie, et verser ainsi dans un réformisme prétendument radical qui fixe mal la frontière entre compromis et compromissions. libertaire ? Pour nous, la « famille libertaire », la grande communauté des « anars de cur », est un leurre idéologique : Vouloir à tout prix agglomérer, au nom dune filiation supposée, des sensibilités par trop diverses conduit à linertie pratique et à la paralysie théorique ! En revanche, nous nous sentons proches de tous ceux et de toutes celles qui veulent changer radicalement la société. Nen déplaise à certain-e-s, notre projet de société demeure le communisme, cest-à-dire une société dans laquelle les moyens de production et déchanges seront gérés directement par les producteurs et productrices, et qui fonctionnera selon le principe « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Cet objectif était dailleurs commun à Bakounine et Marx, car historiquement construit sur la base des aspirations émancipatrices du prolétariat urbain et rural, révélées au travers des pratiques de la lutte de classes. Ce communisme est anarchiste, car il vise à léradication de toute forme de domination, politique, économique, morale et patriarcale. De ce fait, pour nous lanarchisme nest pas réductible à une finalité éthique ou une morale de vie, et nous ne perdrons jamais de vue quil était et quil est toujours question de révolution sociale. LHistoire a montré que les autoproclamés de Marx, cest-à-dire les léninistes, reproduisaient la société de classes en saccaparant le pouvoir de lEtat, qui ainsi ne risquait plus de dépérir, et finissaient par instaurer une dictature bureaucratique au nom du prolétariat, qui avait bon dos ! Certains de ces descendants tendent maintenant à être partie intégrante dune des facettes de la société capitaliste, en défendant par exemple lidée et la pratique dune démocratie participative, aux côtés dailleurs de certain-e-s libertaires « réalistes » qui veulent « réactualiser lanarchisme ». Ceux et celles-là ont fait leur deuil de la révolution sociale, pour se contenter doptions réformistes crédibles et digérables par le système, et ils-elles sont en voie doccuper la place vacante de la social-démocratie qui mène directement au social-libéralisme, comme nimporte qui peut le constater quotidiennement. Sans oublier que dautres léninistes persistent à vouloir créer le Parti ce qui nous ramène inéluctablement à la case goulag ! Nous ne détenons pas, en tant que communistes libertaires, une quelconque vérité révolutionnaire, nous ne sommes et nous ne serons que lune des composantes du mouvement révolutionnaire, qui survit difficilement en cette période où le capitalisme a su intégrer et désintégrer toute contestation fondamentale. Mais il faut avoir conscience quil ne pourra y avoir développement dun mouvement révolutionnaire anti-autoritaire que si, parallèlement et dialectiquement, les mouvements sociaux se développent quantitativement et qualitativement, que si des remises en cause globales de lordre social se font jour dans des franges significatives de la population. Cest à cette seule condition que pourra se reconstruire une perspective révolutionnaire anticapitaliste, et donc potentiellement communiste libertaire Arrêtons de rêver ! Ce qui choque dans cet Appel, et plus encore dans la brochure initiale, cest limpression que les auteurs renoncent tout simplement à lidée même de révolution Quand on lit que « rêver de barricades et de guerre civile est lamentable », il faut le comprendre comment ? Dans la période actuelle, sous nos latitudes, dans le rapport de forces complètement dégradé que nous connaissons, ce nest pas « lamentable » mais malheureusement du domaine du « doux rêve », car les révolutionnaires sont loin dêtre à loffensive. Mais demain et ailleurs ? Comment arriver à transformer radicalement la société ? Certes, léventail des méthodes de lutte et des moyens daction est à réactualiser, et à repenser sans cesse (de la non-violence active à la lutte armée en passant par le syndicalisme). Mais il ne faut pas rêver ! Que les militant-e-s le veuillent ou non, quand un changement radical de société se posera concrètement, cela va nécessairement saigner, et cela saigne déjà à la moindre menace un tant soit peu sérieuse contre les intérêts économiques et stratégiques de lOccident ou du capital. Pour renverser lordre des choses, qui nest pas une abstraction mais la traduction concrète de la domination dune minorité sur limmense majorité, comment faire léconomie du conflit et de laffrontement de classes ? Écarter lidée de révolution pour renoncer à lidée de rupture violente avec le système en place illustre les dégâts que font dans les esprits lidéologie de la pacification des rapports sociaux et du consensus Depuis des dizaines dannées, daucuns pensent que le courant anarchiste reste le seul acteur politique pouvant porter un changement radical de société. Cela sest amplifié au moment de la destruction du mur de Berlin en 1989. En fait, plutôt que de voir les aspirations révolutionnaires sinspirer des thèses anarchistes, cest surtout lidée de Révolution qui a été progressivement défaite depuis la Seconde Guerre mondiale. Certains nuanceront en disant quaujourdhui on constate un développement dune présence libertaire dans tout ce qui bouge, cest-à-dire dans la majeure partie des mouvements sociaux de ces dernières années, dans les rassemblements « antiglobalisation » aux quatre coins de la planète ; mais on est bien loin dun phénomène de masse. La masse, y compris celle qui peut à un moment donné lutter, semble bien loin de simpliquer dans (même daspirer à) un processus de changement de société. En fait, cest le système capitaliste qui triomphe aujourdhui et qui mène loffensive. « La présence libertaire qui saffirme là où ça bouge » et « sa visibilité de plus en plus incontournable au quotidien » ne semblent pas franchement évidentes, ou du moins restent insatisfaisantes si elles se réduisent à la comptabilité des drapeaux noirs ou noir et rouge dans des mobilisations sporadiques. Quand à l« unification à la base » dépeinte dans la brochure, elle mérite dêtre questionnée. Des pratiques communes entre militant-e-s dorganisations différentes et/ou inorganisé-e-s existent bel et bien ici ou là, en fonction des moments ou des spécificités locales, mais le phénomène nest pas nouveau. Ce qui fonctionne relativement bien également, cest la solidarité contre la répression ou lunion ponctuelle contre une adversité commune. Mais lorsquil y a nécessité à mener des campagnes denvergure, lorsquil y a urgence à prendre des positionnements importants, comme ce fut le cas pendant la guerre au Kosovo, ou lorsquil sagit de choix stratégiques comme dans le mouvement des chômeurs, lunité des libertaires vole en éclats, y compris dans les groupes de base. Trop souvent, quand il sagit de faire de la politique (intervenir dans le débat public, construire un pôle de forces et mettre en pratique nos idées pour peser sur une situation), il ny a plus ni unité ni mouvement libertaires, faute de positions communes des positions communes qui sont bien souvent éludées par un fonctionnement collectif centré sur limplicite libertaire qui nous réunit ! L« unité des libertaires » a son histoire Nous ne remonterons pas jusquà laprès-Révolution russe, mais l« unité des libertaires » a une histoire récente. LOCL, comme dautres, a toujours tenté lunité dans les luttes ou dans les dynamiques locales quand cétait possible, et nous continuerons de le faire. Ce discours a connu quelques concrétisations au moment de la lutte dindépendance du peuple kanak, où beaucoup danarchistes se sont retrouvés dans la Coordination libertaire anti-impérialiste (CLA) sur des bases politiques clairement anticolonialistes. Mais cétait dans le milieu des années 80... Puis, la dernière fois où sest tenue une initiative collective denvergure dans la mouvance libertaire, ce fut en 1996 au sein des Groupes anti-G7 (celui-ci se réunissant alors à Lyon). Lunité fut sommaire, et le bilan provoqua un certain nombre de divisions. Depuis cette date, lOCL a tenté à diverses reprises de fonctionner collectivement avec dautres ; la dernière fois au moment de la Marche mondiale des femmes, voici un an, et ce fut un échec ! Il est alors légitime de poser ces deux questions : sil y a aujourdhui une volonté unitaire, pourquoi ne sest-elle pas concrétisée récemment dans des pratiques communes ? Quels sont les changements récents du paysage libertaire qui auraient amené une telle volonté de regroupement ? On ne compte plus les luttes récentes auxquelles des anarchistes participent ou dans lesquelles ils et elles sont des éléments moteurs, sans quil y ait une quelconque unité (le Mouvement des chômeurs et des précaires de lhiver 1997-1998, lantinucléaire, la lutte des sans-papiers ). Sil ny a pas eu dunité, cela ne sexplique pas seulement, comme le disent les initiateurs du présent « Appel à lunité », par des querelles de leader-e-s ni même par des querelles de chapelles à la recherche dune hégémonie. Cest un problème de divergences politiques réelles, avec essentiellement des implications sur les terrains de lutte. En effet, certain-e-s privilégient, pour des raisons defficacité, une démarche avec des et au sein de structures institutionnelles pendant que dautres, dont les membres de lOCL, veulent développer des structures autonomes rupturistes vis-à-vis du capital et de lEtat. Nous ne devons pas nier ces divergences fondamentales, qui relèvent de la stratégie de militant-e-s révolutionnaires au sein de mouvements sociaux dont ils-elles sont partie prenante. Ces divergences ne sexpriment dailleurs pas quen période de luttes, car dans le quotidien certain-e-s font le choix dêtre par exemple permanent syndical et acceptent ainsi une fonction de régulation sociale, pendant que dautres refusent cette délégation de pouvoir, pour ne pas verser dans la cogestion et la bureaucratisation. On retrouve même ce type de clivage au niveau électoral, où daucun-e-s sont enclin-e-s à participer, dune manière ou dune autre, à la démocratie représentative en laffublant des oripeaux de la participation directe « des citoyens et des citoyennes », et cautionnent lidée dun contrôle possible et désirable du capitalisme. Alors demain, pourquoi pas? Sil pouvait exister des lieux de confrontation entre anarchistes et plus largement entre toutes les personnes, groupes... qui veulent se battre pour changer radicalement la société, sur des bases anti-étatiques, anticapitalistes, antipatriarcales, cela permettrait peut-être déchapper à des vindictes exclusives et sectaires. Nous arriverions peut-être à poser calmement et clairement nos divergences que nous ne pouvons, les un-e-s et les autres, nier ! Nous arriverions peut-être aussi à nous mettre daccord pour défendre une position commune face à tel événement important, et pourquoi pas à mener des campagnes communes sur tel ou tel thème. On peut ainsi viser des alliances ponctuelles et circonstanciées (et plus si affinités), plutôt quune unité séduisante mais qui risque de mal supporter les retombées de la dynamique de lappel. Mais nous néchapperons pas à une analyse de la situation politique, économique et sociale, car si nous voulons changer de société, il faut dabord que nous analysions lactuelle, sauf à nous contenter de vérités ahistoriques et dun anarchisme de cur. Nous sommes pour lexpression des différences et des divergences. Les contradictions doivent toujours pouvoir sexprimer, elles sont nécessaires à une adaptation réelle de la pratique politique aux réalités du moment. Nous sommes très critiques envers toutes les formes organisationnelles qui permettent de niveler les débats en recherchant constamment un consensus a minima. Car lunanimité nous fait peur, et nous préférons quil y ait plusieurs organisations plutôt quune seule. En effet, nous nassignons pas de rôle de direction aux formes organisationnelles auxquelles nous pouvons participer, quelles soient politiques, syndicales ou associatives, et nous constatons que dans les dynamiques de lutte, la multiplicité des points de vue est un facteur defficacité si le débat est réel et le choix possible Avec ces préoccupations en tête, nous sommes donc daccord pour « mouiller notre chemise » dans une démarche unitaire, sil sagit dallier des forces vers des objectifs communs. À nos yeux, cela passe nécessairement par des analyses de lévolution de la société et par un bilan collectif de nos pratiques réciproques, pour enfin débattre sur le fond et ainsi dégager une convergence des luttes. Si nous y parvenions, ce serait déjà un beau résultat, alors pourquoi pas ? OCL, le 19 mai 2001 Notes (1) Plusieurs journaux libertaires lont publié, dont CA (n° 108, mai 2001). Quelques centaines de personnes lont déjà signé : des membres de diverses structures libertaires (dont lOCL), des personnes sans carte de visite particulière si ce nest leur fonction sociale, et quelques « personnalités ». |
|
CAMPING ? |
Du 24 juillet au 5 août de lan 01 en Ariège
Ni stage de formation, ni université, d'été, ni meeting propagandiste, ce camping est un lieu d'échange, danalyses et de pratiques militantes. Il dépasse largement le cadre de l'OCL pour accueillir les actrices et acteurs du mouvement anti-autoritaire et anti-capitaliste qui pensent que la confrontation et la réflexion sont des moments indispensables de la lutte révolutionnaire. Le tout dans une ambiance conviviale selon un rythme tout estival et dans un cadre agréable (ballade en montagne, espace, baignade, ) pour deux semaines dont nous essayons de faire un espace collectif de vie et de militantisme différent. PROGRAMME Mecredi 25 juillet À nous, exploités, opprimés, aliénés, marchandisés bref prolétaires, il ne nous est jamais proposé que de revendiquer plus de démocratie, plus d'égalité, plus de droits sociaux, plus de... sans jamais toucher à la base de tous nos problèmes : le capitalisme comme système d'exploitation et rapport social entre les humains. Partout dans les rangs des soi-disants opposants à la mondialisation des marchés, ce n'est souvent qu'une sinistre apologie de l'économie et de l'état, comme chez Bové, leur vedette médiatique. Le citoyennisme est cette idéologie qui voit dans le Capital une sorte de force neutre qui, gérée autrement, pourrait faire le bonheur de l'humanité au lieu de sa perte. La lutte des classes a fait place à la lutte démocratique. C'est avec cette revendication comme "arme" qu'on veut encadrer la dite mondialisation, tout cela par un renforcement de l'État avec des citoyens responsables comme base active de soutien. Les pseudo-solutions réalistes avancées par les citoyennistes apparaissent dès lors pour ce qu'elles sont réellement : les moyens pour le Capital de maintenir l'ordre des choses et de contenir, voire réprimer, toutes velléités de subversion des rapports sociaux. Jeudi 26 juillet Les luttes anti-nucléaires nécessitent encore plus aujourd'hui des éclaircissements. Le lien entre nucléaire et militaire, jadis porté par les mouvements anti-nucléaire comme un des danger, est en train aujourd'hui de devenir une réalité. Les centrales nucléaires sont des bombes potentielles qu'il est nécessaire de quadriller pour ne pas "laisser rentrer le/la premier-e venu-e ". Pour surveiller la centrale, il faut une société de surveillance. Et la société s'organise pour cela. Et de nombreuses luttes reprennent autour de certaines centrales, mais aussi autours des déchets liés au nucléaire et de leurs transports. Si EDF se targue d'avoir l'air le plus pur d'Europe grâce au nucléaire, les projets d'enfouissements attaquent directement la qualités des sols. Mais 20 ans après leur démarrage, que faire de ces déchets ? Tant qu'un mouvement fort n'arrivera pas à faire stopper cette logique, les dégâts irréversibles du nucléaire continueront de ravager l'environnement (et pour un bout de temps) et faciliteront de moins en moins le début d'une autre société. Alors quelle société voulons-nous ? Et surtout quelle stratégie adoptons nous, quand on constate que les écologistes de gouvernement n'envisagent une sortie du nucléaire que dans vingt ans, alors qu'aujourd'hui autant qu'hier, ce que nous avons à entamer, c'est une sortie immédiate. Vendredi 27 juillet Lexistence dun mouvement libertaire ne va pas de soi, et ne peut se résumer à laddition de groupes, collectifs, revues, se réclamant à des degrés divers de lanarchisme. Les débats actuels sur lunité dun mouvement libertaire posent donc en premier lieu la question de savoir de ce dont on parle, pour ensuite examiner ce que pourrait faire un tel mouvement pour peser sur la réalité économique, politique et sociale. Samedi 28 juillet Quels sont les secteurs dintervention des militant-es anarchistes aujourdhui, avec quelles pratiques et quelles stratégies ? À la lumière des luttes de ces dernières années, les obstacles à lunité sont-ils un simple héritage des divisions organisationnelles du courant anarchiste, ou létiquette anar recouvre-t-elle des clivages par trop fondamentaux pour permettre davancer ensemble ? En fonction de la nature de ces divergences, comment les résoudre pour envisager un avenir commun ? Dimanche 29 juillet Le désavu de la politique institutionnelle et la faillite des modèles « révolutionnaires » léninistes, conduisent à une désapprobation des organisations politiques, pour leur préférer des formes plus fluctuantes : mouvements, associations, regroupements ponctuels, ou réseaux... Pourquoi dans ce contexte maintenir des formes dorganisation politique spécifique, et que mettre derrière ce terme lorsque lon défend lautonomie de classe comme moyen et objectif du combat révolutionnaire ? Lundi 30 juillet Isolé, enfermé, martelé, violenté, notre corps subit toujours autant de barrières. Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, nos rapports sociaux sont de plus en plus confrontés à des offensives d'individualisation. Qu'elles soient technologiques, dans la multiplications des boulots précaires ou dans l'adaptation à la rentabilité des besoins marchands, les offensives d'individualisation redonnent force à la morale européenne. Mardi 31 juillet Mercredi 1er août Seattle, Davos, Waschigton, Melbourne, Philadelphie, Prague, Seoul, Nice, (re)Davos, Naples, Québec, Göteborg
Un peu partout, sur plusieurs continents, les grandes messes capitalistes sont troublées par celles et ceux qui s nomment les antiglobalisations. Transformant certaines pratiques politiques, ces manifestations rassemblent des milliers, voir des dizaines de milliers de personnes. Mais ce mouvement reste encore pris entre deux feux. Les réformistes qui à l'instar de José Bové sont toujours à la recherche du discours light-respectacle et des mouvements qui cherchent dans la duré à créer un front avec le capitalisme. Le sommet de l'OMC à Barcelone a été annulé pour cause
de manifestation. Gênes en jullet puis la fin de la présidence Belge à la fin de l'année semblent être les prochaines dates en Europe. Jeudi 2 août & Vendredi 3 août Dans le privé comme dans le public, ça chauffe pour les travailleurs et depuis longtemps. Avant, c'était à cause de la crise, aujourd'hui c'est parce que ça va bien. Les luttes se développent ça et là, mais aucune convergence n'a encore vu le jour, même s'il y a eu une tentative le 9 juin. Alors que les entreprises et l'Etat avancent de concert, les travailleurs sont en ordre dispersés. Les grands groupes qui licencient tout en faisant des profits est l'affaire qui met à nu le capitalisme dans tout son cynisme, qui révolte l'ensemble des travailleurs avec un débouché dans l'arène politique. Même s'il y eut une ébauche de politisation avec cette affaire, l'autonomie du mouvement est posée. Les travailleurs/ses en lutte sont de fait confronté-e-s à la contradiction majeure entre les intérêts du capital et ceux de la société. De là doit découler un réveil de la conscience de classe qui sera non seulement le fruit des luttes successives mais aussi le résultat de la capacité des militantes et militants révolutionnaires, et à fortiori communistes libertaires, d'avancer une politique claire et lisible. Avancer nos analyses de la société capitalistes et nos objectifs d'émancipations individuelle, sociale et politique. Avancer nos conceptions en terme d'organisation sociale et politique. Toute chose rompant à la fois avec le réformisme et les courants révolutionnaires dirigistes pour ne pas dire autoritaires. Et il ne suffit pas de dire. Dans les faits, l'option communiste libertaire doit signaler son existence et être capable d'apporter des éléments de réflexions pour passer à l'action. Quelle que soit la stratégie choisie, l'important est de faire émerger une alternative aux pratiques réformistes, une pratique révolutionnaire inscrivant la lutte syndicale comme élément d'un changement global de société. De là, la politisation doit surgir. Pour sortir de l'usine ou de l'entreprise et aller à la rencontre d'autres terrains de luttes pour peut-être unifier le tout. L'action politique doit donc être un complément nécessaire de l'action syndicale et là aussi les communistes libertaires doivent s'affirmer activement avec tout ce qui les différencie des autres courants. Samedi 4 août Comme chaque année au camping de l'OCL, une commission journal du mensuel Courant Alternatif se tiendra. Il s'agira de faire ce qui ce fait tous les mois dans un ville différente : critique du numéro précédent et préparation du numéro prochain. Comme pour chaque commission, l'élaboration du journal n'est pas réservé aux militant-e-s de l'OCL mais bien à la mouvance avec qui nous gravitons. ORGANISATION MATÉRIELLE DU LIEU Nous sommes accueilliEs par un couple de paysans qui mettent à notre disposition un local comprenant un coin cuisine, un coin repas, une grande salle pour les débats, des douches et des W-C et des terrains pour le camping. Un endroit sera réservé aux camping-car. Pour ne pas gêner les travaux quotidiens un parking pour les voitures est disponible dans un village proche, Pour les amateurs de baignade, il y a une piscine à la Bastide. Des ballades en montagne sont possibles. LES REPAS Ils sont pris en commun, et confectionnés par des équipes tournantes, Chaque jour, une équipe « bouffe » s'occupe du ravitaillement et confectionne les deux repas (horaire 13h et 19h) en fonction du budget quotidien qui lui est attribué. Un seconde équipe s'occupe de la vaisselle et de la propreté des lieux. LES PRIX Ils comprennent les trois repas, l'emplacement et lentretien/aménagement du lieu. Ils sont établis en fonction des revenus par soucis égalitaire. Le camping est gratuit pour les bébés, mais un tarif de 30 F par jour est appliqué aux enfants. Tarifs journaliers en fonction des revenus OÙ ÇA SE PASSE ? Téléphone sur place : 05 61 65 80 16 Le lieu se trouve en moyenne montagne ariégeoise. Accès : Train : gare de Foix. Dès votre arrivée, un coup de bigophone et on vient vous chercher. Bus : A la sortie de la gare, prendre le bus direction Saint Girons et descendre à La Bastide de Sérou où nous irons vous chercher - ou si vous tenez vraiment à l'autonomie intégrale, suivre les panneaux, prendre son souffle, et ça grimpe pour deux petites heures ! Route : vous venez de Foix, prendre la départementale 117 direction Saint Girons, à la sortie de la Bastide de Sérou, suivre le fléchage artisanal « OCL » aux endroits stratégiques. |
|
|