Courant alternatif no 111 – été 2001

SOMMAIRE
Édito p. 3
Procès de deux membres de la CNT à Troyes p. 4
Interdiction des licenciements p. 5 à 8

DOSSIER ANTINUCLÉAIRE :

Plan hydrologique espagnol : le grand gaspillage de l’eau p. 12 et 13
Rubrique Flics et militaires p. 14
Violences et insécurité - fantasmes et réalités... p. 15
La liberté démasquée p. 16 à 20
Quelle unité des révolutionnaires ? p. 21 à 25
Déclaration commune à la Rencontre libertaire internationale de Madrid (avril 2001) p.22
Les deux guerres d’Algérie p. 26 à 27
Algérie : le peuple entre pillages maffieux et balles de l’armée p. 28
L’autonomie indienne se heurte à la globalisation p. 29 à 32
Rubrique Livres & revues p. 32
Globalisation du roquefort p. 33 à 36
Index Courant alternatif été 2000 – juin 2001 p. 37 et 38
Programme camping OCL été 2001 p. 39 et 40


ÉDITO
Les événements de Göteborg et d’Algérie, tout comme les licenciements liés aux processus de concentration capitaliste, viennent rappeler clairement que la guerre de classe menée par le capital et les États contre la population mondiale se poursuit dans une phase d’intensification.

Que l’État social-démocrate suédois laisse ouvrir le feu sur la foule a choqué les âmes naïves qui pensaient que la démocratie représentative était un système pacifié garantissant le droit d’expression et de manifestation. Cela n’aura pas surpris les révolutionnaires qui savent que « leur démocratie c’est cause toujours », du moins tant que tu ne risques pas d’être entendu. Et il s’agit donc pour nous de se faire entendre, afin de révéler la véritable nature oppressive des démocraties occidentales, et de réaffirmer la nécessité d’en finir avec ce système…

La répression sauvage qui s’abat sur l’Algérie émeut moins, car semble davantage dans l’ordre des choses : depuis 1988 son peuple subit quotidiennement la violence du pouvoir des militaires ou de son pendant intégriste, pour le plus grand profit des multinationales pétrochimiques et des marchands d’armes. Mais que quelques villes de Kabylie puissent, malgré cet étau, entraîner la population algérienne à réclamer son dû, doit être connu et soutenu. Et il s’agit pour nous de pratiquer la solidarité, en attaquant ici notre État sur ses responsabilités, et en l’affaiblissant sur des terrains tels que le droit d’asile ou la liberté de circulation, et de réaffirmer la nécessité de la dimension internationaliste de nos luttes.

Que des milliers de prolétaires soient vendus avec leur outil de travail, ou dépossédés de leurs moyens de subsistance, pour l’augmentation du taux de profit de quelques actionnaires, commence à ne plus laisser indifférent ou fataliste. L’exploitation et l’aliénation salariales ne sont pas extensibles à l’infini, et de plus en plus de salarié-e-s tentent de vendre le plus chèrement possible leur force de travail, qu’elle soit utilisée ou reléguée dans l’armée de réserve des précaires. Ce retour sur le terrain économique d’une lutte de classe qui ne tait plus son nom ne peut qu’encourager ceux et celles qui n’ont pas renoncé à décrier un monde fait d’exploiteurs et d’exploité-e-s. Et il s’agit pour nous d’alimenter cette conscience de classe renaissante pour poser les conditions de l’abolition de la domination capitaliste.

Mais affirmer haut et fort, et partout, l’urgente nécessité d’une révolution internationale n’est pas une condition suffisante pour parvenir à nos fins. Les capacités d’intégration et d’adaptation du capitalisme menacent constamment les mouvements sociaux, et conduisent généralement bien plutôt à des aménagements du système qu’à son abolition. C’est ce que montrent, sur des terrains différents, plusieurs articles de ce numéro de Courant Alternatif.

Ils tentent de cerner les écueils pour une stratégie révolutionnaire, et préconisent quelques axes d’intervention pour les éviter : poser la question de la rappropriation de l’outil de travail et non pas la simple interdiction de licencier sur le terrain économique ; ne pas confondre contestation et subversion dans les luttes anti-globalisation et se défier de toutes les tentatives de récupération… C’est aussi chercher comment remobiliser les antinucléaires pour parvenir enfin à un arrêt immédiat des réacteurs ou des transports de déchets, en ne comptant que sur nous-mêmes et nullement sur les écologistes de ministère prêts à toutes les compromissions pour rester co-gestionnaires de l’État. C’est encore faire le lien entre la situation ici, et celles que connaissent les populations d’Algérie, ou les communautés indiennes du Mexique, pour démontrer la cohésion d’un système qui partout sur la planète menace notre existence et aliène notre liberté. Une liberté qui souvent recouvre plusieurs visages, comme le rappelle le texte d’A.C. Galtié, et qu’il convient de bien sérier si l’on veut éviter les pièges du libéralisme et les renversements de sens y compris dans les rangs des révolutionnaires. Des révolutionnaires qui, face à l’immensité de la tâche, doivent peut-être resserrer leurs rangs, afin de viser l’unité pour gagner en efficacité. Mais ici encore les faits sont têtus et les mots ambivalents, et l’unité ne doit pas devenir le contenant qui occulte un vide de contenu.

Dans les luttes, dans les faits, et dans les perspectives d’action, le débat et la confrontation d’idées sont incontournables : ils forgent les armes de la critique dont nous aurons besoin pour reprendre l’offensive dans la guerre de classe que nous mène le capital. Souhaitons que ce numéro y contribue, dans la perspective d’une rentrée qu’on espère chaude…

OCL Saint-Nazaire, 30 juin 2001


DOSSIER ANTINUCLÉAIRE

Transports de déchets radioactifs, c’est reparti !

Après un court arrêt résultant de désaccords entre le gouvernement allemand pressé par son opinion publique et le gouvernement français, les transports de déchets en direction du centre de retraitement de La Hague ont repris. Ils font suite aux retours vers l’Allemagne des résidus toujours radioactifs des matières retraitées par la Cogema.

Ce petit business franco-allemand ne représente qu’une part des transports annuels de déchets radioactifs qui se chiffrent à 300 000 colis. Parmi eux 15 000 sont issus du cycle nucléaire proprement dit et 750 autres contiennent des matières très hautement radioactives. Si ces « Castors » allemands ont la vedette aujourd’hui, c’est sans aucun doute du fait des vastes mouvements de résistance qu’ils ont suscités, il y a quelques années. Malheureusement, les déchets exportés vers la France ne suscitent pas la même détermination outre-Rhin. De même qu’ici, il faudrait prendre garde à ne pas se focaliser sur ces seuls transports comme le font les Verts en oubliant l’origine bien française de la plupart des autres.

Des transports bien discrets

En matière de transparence, le comble est atteint. L’État, les électriciens publics et privés, l’entreprise Cogema parviennent à atteindre l’invisibilité totale, ou presque. Si ces transports ne tombent pas sous le coup du secret absolu, tout est réglé pour qu’ils soient effectués dans la plus grande discrétion. Sans la réaction des opposants parsemés le long des trajets, ces trains chemineraient sans que quiconque en ait connaissance. Mêmes les rouages subalternes de l’État sont mis sur la touche. Aucun responsable local n’est averti du passage des convois de déchets sur le territoire de son ressort. En clair, cela signifie qu’aucun scénario d’accident n’est envisagé. Si tel était le cas, des consignes minimums seraient données en matière de sécurité. Mais il est préférable de ne pas occasionner d’inquiétude quitte à prendre des risques, à exposer des milliers de personnes dans un secret relatif. Cette rétention d’information va évidemment dans le sens d’une minimisation des risques qui accompagne depuis plusieurs années toute activité liée au nucléaire.

Cependant, cette discrétion criminelle ne peut passer sous silence les faits avérés. La suspension provisoire des transports franco-allemands ne provenait pas des seules dissensions entre les deux États, mais également d’une révélation publique de la contamination de plusieurs wagons servant au transport de combustibles usés issus de centrales françaises, allemandes, suisses ou belges. Tout avait été maintenu dans le plus grand secret évidemment, jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert. Ces transports furent temporairement suspendus en France et en Allemagne avant d’être de nouveau autorisés par deux gouvernements socialistes appuyés d’écologistes. Les déchets courent de nouveau sur les chemins de fer. Pour les seuls déchets allemands, cela se matérialise par environ deux convois mensuels jusqu’en 2002. Et après ?

L’Allemagne prévoit de sortir du nucléaire vers 2021… alors que ses centrales seront arrivées au terme de leurs capacités d’exploitation. La production de déchets, retraités ou non, continuera donc d’alourdir le patrimoine radioactif. La France, elle, n’a même pas fait de démarche en ce sens. Il est très probable qu’elle poursuivra son programme et les écologistes version bleu blanc rouge ne pensent pas devoir poser la question d’une sortie du nucléaire avant 2005 ou 2010 ! Encore ne s’agira-t-il pas d’une sortie immédiate. Avec la hardiesse de nos écologistes nationaux, nous pouvons tout au plus espérer un arrêt du nucléaire à l’horizon 2025 minimum. Et d’ici là, les électriciens français auront eu le temps d’essaimer leur technologie de mort dans plusieurs pays. Car l’enjeu est aussi là et il n’est pas question, pour tout écologiste qui se respecte, de déranger le moins du monde les intérêts des capitalistes. En refusant les transports de déchets, nous devons donc refuser en bloc l’arnaque nucléaire ainsi que l’arnaque des écologistes de palais.

Retraitement des déchets : une source supplémentaire de pollution radioactive

Les arguments utilisés pour faire avaler la pilule nucléaire à l’opinion publique ont été nombreux et variés. De la négation des risques à l’affirmation que la recherche scientifique parviendrait, en un terme imprécis, à résoudre le problème des déchets radioactifs, les thuriféraires du nucléaire n’y sont pas allés de main morte. Parmi les gadgets brandis à la face d’une opinion publique sans cesse plus sceptique se trouve la panacée du retraitement. Nombreux sont ceux à avoir mordus à cet hameçon. Et pourtant, le retraitement en question ne résout en rien le problème de la radioactivité résiduelle. Pire, il est la source d’une aggravation du problème. Tout d’abord par le fait qu’une part infime de ce qui est extrait des résidus trouve une utilité, part qui donnera lieu ensuite à la production de nouveaux déchets. Ensuite, par le fait que les matériaux utilisés à l’œuvre de retraitement se trouveront contaminés, comme par exemple le matériel utilisé pour leur transport. Le retraitement aboutit donc à l’effet inverse de ce qui est avancé par la propagande mensongère de la Cogema. La motivation de cette entreprise était évidemment aux antipodes du souci de résoudre le problème posé par les déchets. Tout d’abord, le retraitement a permis à la France d’obtenir une partie du plutonium nécessaire à la fabrication de ses bombes atomiques. Après la détente des relations Est-Ouest, ce plutonium était adjoint à de l’uranium enrichi afin de produire un nouveau combustible : le mox.

Le retraitement est donc encore une duperie et ses résultats nous mettent face à l’évidence : aucune solution n’est à prévoir dans l’immédiat ; même un arrêt immédiat de l’activité nucléaire laissera le problème entier. Des milliers de tonnes de déchets s’entassent à La Hague et à Marcoule. Sans parler des unités de production arrivant au terme de leurs capacités et dont personne ne sait que faire. Autant de pièces de béton, de métaux contaminés qui seront entreposés on ne sait où. Des tonnes d’autres déchets stagnent sans même faire l’objet du moindre inventaire. Une entreprise comme la Cogema se comporte comme n’importe quelle autre et ne se soucie en aucune façon de rendre des comptes. Ceux qui ont recours à l’argument scientifique font preuve d’un comportement bien peu scientifique et bien peu rigoureux. Il ne s’agit en fait que d’une phraséologie de charlatans chargés de nous faire avaler une potion certes un peu lourde.

Ne sachant que faire, les États optent pour la politique de l’autruche

L’histoire du nucléaire est jalonnée de projets plus mirifiques les uns que les autres. Alors que le problème des déchets commence à se poser, qu’aucune découverte scientifique n’a permis de résoudre, nos nucléocrates sont emparés de délires qu’ils comptent évidemment partager avec nous, simples mortels. On nous a vanté le surgénérateur, véritable aspirateur, d’une puissance telle que tout élément radioactif s’évanouirait après avoir été transformé en force électrique. C’est oublier cependant qu’en chimie, rien ne se perd et tout se récupère. Il reste toujours un petit quelque-chose. Quand c’est radioactif, ça peut poser problème. Maintenant, on veut nous parler de réacteurs « sous-critique » ou « d’amplificateur d’énergie ». Projets ronflants servant à rassurer le gogo et les apprentis sorciers du nucléaire. Seulement, nous ne voyons rien venir, l’inquiétude et l’angoisse nous assaillent. Les nucléocrates ne voient rien venir non-plus. Ils persistent cependant et décident de cacher leur forfaiture à cent pieds sous terre. Voilà le résultat de la recherche scientifique de pointe du xxe siècle. L’enfouissement est l’aveu d’un échec. Échec qui commanderait tout esprit scientifique digne de ce nom à se faire l’ardent défenseur d’un arrêt immédiat et sans condition de toute production nucléaire.

Les nucléocrates maîtrisent l’information mais pas les risques. Ils occultent les accidents survenus par dizaines pour faire passer leur projet et prennent le risque de faire que demeurent à jamais des tonnes de déchets légués aux générations futures.

Si la radioactivité est irréversible, la politique nucléaire peut, elle, être contrecarrée. Il faut évidemment, pour cela, qu’un vaste mouvement antinucléaire ré-émerge et établisse un rapport de force suffisant. Un mouvement qui ne doit pas se contenter des revendications partielles et irréalistes des écologistes de gouvernement. La seule efficacité réside dans la seule revendication logique, raisonnable et d’utilité publique : la sortie immédiate et sans condition du nucléaire.

OCL Reims et quelques électrons libres


Appel à la mobilisation sur le trajet des déchets nucléaires

Cet été s'annonce important pour la remobilisation antinucléaire : la marche sur Bure et le camping contre les stockages de déchet en juillet, ainsi que les appels pour bloquer les transports de déchets à destination comme au départ de la Hague, en France comme en Allemagne. La préparation des mobilisation pour une sortie de l'age du nucléaire qui culmineront lors d'une journée nationale d'action le 20 octobre 2001 à Colmar, Lyon, Toulouse et Nantes doivent également retenir toute notre attention.
L'enjeux est bien de parvenir à l'arrêt immédiat du secteur nucléaire sous tous ses aspects, et non de parvgenir à une simple gestion démocratique du nucléaire comme le propose actuellement la gauche poubelle et les écologistes de gouvernemment avec la création d'un Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN), qui gérerait y compris les installations ilitaires !. Cet organisme "indépendant", aurait n'en doutons pas, la même efficacité sur la question du nucléaire que l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dans la gestion de la vache folle et autres poulets à la dioxine.
Ils s'agit donc pour les militant-es antinucléaires de faire le choix d'un mouvement de base radical et autonome, ou d'une mobilisation caution des stratègies pronucléaire de l'Etat français.

Les transports de déchets nucléaires en provenance d’Allemagne et à destination du centre de retraitement de La Hague (ou celui de Sellafield en Angleterre) vont durer plus d’un an. Il nous semble important qu’un mouvement de résistance sur tout le parcours ferroviaire de ces transports (les régions concernées sont l’Est, le Nord et la Normandie) naisse et s’amplifie.

Le but est de retarder au maximum ces trains de déchets afin de frapper à la caisse cette industrie criminelle et de mobiliser plus largement que les traditionnels militants antinucléaires répondant aux mots d’ordre partiels proposés par le parti Vert. Cela doit être le moment de poser le problème de la sortie du nucléaire, non pas relégué aux calendes grecques dépendant d’accords politiciens entre le parti écologiste et le P.S., mais posé dans le temps présent ! On a pu constater que comme le P.C. dans les luttes contre les licenciements, les Verts sont dans la rue ou sur les voies tout en étant au pouvoir. Les uns apportent une caution sociale, les autres une caution écologiste. C’est intolérable !

Nous devons, nous pouvons participer à la réémergence d’un mouvement antinucléaire autonome posant fondamentalement des problèmes de choix de société dépassant le cadre de la gestion du capitalisme. Il est important que toutes celles et tous ceux qui ne peuvent se contenter de discours édulcorés et de promesses jamais tenues se coordonnent afin que des actions et des analyses percent le consensus actuel. Car le problème des déchets se place au centre de la problématique nucléaire. Au nom de choix politiques d’un autre temps, d’objectifs économiques visant à rentabiliser une entreprise extrêmement coûteuse, l’Etat et les électriciens comptent poursuivre coûte que coûte le programme nucléaire sans considération des risques et du problème toujours non résolu des déchets de plus ou moins longue durée d’activité.

Nous devons impérativement construire une résistance cohérente à ces transports, dénoncer l’entreprise de retraitement qui ne fait qu'aggraver la pollution radioactive contrairement à ce qui est avancé par la propagande nucléariste. Nous devons également lier ce problème à celui de l’enfouissement, fausse solution qui met en évidence l’impasse de l’entreprise nucléaire. Aucune solution n’a été trouvée, les politiques et les nucléocrates tentent d’enterrer le problème en masquant leur échec de justifications pseudo-scientifiques.

- NON AUX TRANSPORTS DE DECHETS
- ABANDON IMMEDIAT DU RETRAITEMENT
- NON A L’ENFOUISSEMENT : STOCKAGE ET SURVEILLANCE EN SURFACE DE CES DECHETS SUR LEURS LIEUX DE PRODUCTION

ARRET IMMEDIAT DU NUCLAIRE CIVIL OU MILITAIRE

Cet appel émane du groupe de Reims de l’Organisation Communiste Libertaire (O.C.L.) et d’électrons libres de cette ville qui ont appelé et participé localement à la résistance contre les deux premiers convois de “castors” et qui ont contribué à ce qu’une autre parole antinucléaire soit entendue.
Pour coordonner nos efforts, n’hésitez pas à prendre contact avec nous :
- soit en nous écrivant à EGREGORE, B.P. 1213, 51058 Reims cedex
- soit en nous envoyant des e-mails à : lechatnoir@pop3.club-internet.fr


Journée nationale d’action antinucléaire le 20 octobre 2001

C’est le Réseau pour un avenir sans nucléaire qui a pris l’initiative de cette journée décentralisée, puisqu’elle se déroulera dans quatre lieux regroupant les manifestants de quatre zones géographiques hexagonales. Colmar pour l’Est, Lyon pour le Sud-Est, Toulouse pour le Sud-Ouest et Nantes pour le Grand Ouest (Paris compris !) (1).

Le thème central de la journée sera : « pour sortir de l’âge nucléaire »… sans précision aucune quant aux moyens et aux délais. C’est ce qui nous oppose au Réseau pour un avenir sans nucléaire, les lecteurs de CA le savent. Cependant, dans la mesure où les organisateurs font appel à toutes les organisations et associations antinucléaires, il convient que l’ensemble de celles et ceux qui se battent pour une sortie immédiate du nucléaire soient présents à ces manifestations et mobilisent massivement autour de banderoles ne laissant planer aucun doute sur notre détermination antinucléaire, loin des compromis et des abandons auxquels nous ont habitués les Verts. N’oublions jamais que ce parti est passé sous les fourches caudines des nucléocrates au nom du réalisme gouvernemental et de quelques prébendes. Le nucléaire fut totalement absent des débats qui se sont déroulés autour des choix de leur candidat à la présidentielle et de leur secrétaire nationale ! On ne saurait être plus clair, les Verts n’ont pas envie de dilapider leur capital d’intégration, leurs postes d’élus en tous genres, sur l’autel de l’antinucléaire.

C’est donc aussi contre leur politique que devront se dérouler les manifestations du 20 octobre. Il y a là une occasion de faire renaître une réelle opposition antinucléaire dont le la coordination des groupes pour un arrêt immédiat du nucléaire est un élément (2). C’est aussi une occasion pour le mouvement libertaire, en mal d’unité, de montrer qu’il est capable de se mobiliser massivement sur un contenu précis et pas seulement de se compter autour de drapeaux noirs.

JPD

Notes

(1) Plusieurs réunions de préparation ont déjà eu lieu à Nantes et deux autres sont déjà fixées les 7 et 28 septembre dans une salle à fixer de cette même ville.
(2) Le bulletin numéro deux de STOP-NUCLEAIRE (bulletin de la coordination des groupes pour un arrêt immédiat du nucléaire) est sorti. On peut se le procurer en écrivant au CLAP, 20 rue Blaise Pascal, 86000 Poitiers.


Sauvage répression contre les antinucléaires en Belarus

En juillet 1999 le professeur Bandazhevsky, recteur de l’institut de médecine de Gomel avait été arrêté sur une accusation de soi-disant pots de vin qu’il aurait reçu pour favoriser l’inscription d’étudiants à l’institut qu’il dirigeait. Maintenu en prison cinq mois, puis libéré, son procès a débuté en février dernier et le jugement vient d’être rendu ce 18 juin : huit ans de réclusion ! Il faut savoir que ce médecin est particulièrement actif dans la prévention des risques nucléaires (il a même reçu en 99 le prix décerné par l’association internationale des médecins pour la prévention des guerres nucléaires). C’est lui qui a montré qu’une charge en césium 137, même faible avec les critères habituels utilisés en radioprotection, pouvait conduire à des dysfonctionnements importants du système cardiovasculaire des enfants. Entre décembre 1999 et la date du verdict il avait été astreint à rester à Minsk et il n’a pu poursuivre ses recherches que grâce au professeur Nesterenko qui dirige l’institut indépendant BELRAD.Il a ainsi pu participer à la mise au point d’un absorbant à base de pectine qui permet d’éliminer le césium 137 dans les cas où le trouble n’est pas devenu chronique (dans les autres cas, ceux d’une pathologie irréversible, on assiste impuissant au vieillissement prématuré de l’enfant !)

Le 20 juin dernier, donc deux jours après le jugement condamnant Bandazhevsky aux huit ans de galère, le docteur Alexandre Devoino, vice directeur de l’institut que dirige Nesterenko et qui avait accueilli Bandazhevsky, a été victime d’une tentative d’assassinat devant son domicile. Laissé pour mort sur le sol il a été transporté à l’hôpital et, à ce jour - 25 juin -,sa vie ne paraît plus en danger, mais, selon les médecins, il s’agissait d’un « travail très professionnel ». Le professeur Nesterenko estime que cet « avertissement » lui est destiné : il a fait 300 000 mesures de césium 137 dans les produits alimentaires et mesuré la dose corporelle de 120 000 enfants avec des radiamètres mobiles qu’il transporte dans les villages les plus reculés des zones contaminées par l’accident de Tchernobyl. Ses mesures sont huit fois plus élevés, que celles publiées par le ministère de la santé de Belarus !

Enfin, et pour couronner le tout, le procureur Bozhelko a, semble-il, disparu : arrestation ? Fuite à l’étranger ? Est-il toujours en vie ? Mais pourquoi tant d’inquiétude ? Parce que c’est lui qui, jusqu’à ce qu’un tribunal militaire le démette du dossier, instruisait le procès Bandazhevsky… et que le 7 février 2001 il avait déclaré à un journaliste que « le cas de Bandazhevsky était vide ».

De telles audaces au pays du président Loukachenko peuvent signifier la mort. C’est pourquoi le mouvement antinucléaire doit faire preuve d’internationalisme en faisant le maximum de bruit autour de ces affaires. Pour mémoire l’ambassade de Balarus est située 38 avenue de Suchet dans le 16ème ; fax : 01 44 14 69 70. Inondez-les de protestations en tous genres, l’ambassadeur, Vladimir Senko, déteste ça !

JPD


Brèves

- Appel à la mobilisation contre l’enfouissement des déchets
Cet été, plusieurs associations contre l’enfouissement des déchets organisent à Bure dans la Meuse un rassemblement les 21 et 22 juillet. Ce rassemblement est précédé de marches qui sont déjà parties de divers lieux et qui convergent vers Bure où est actuellement installé ce fameux laboratoire scientifique qui préfigure l’enfouissement. Il sera suivi d’un camp d’occupation d’un lieu proche pendant plus d’une semaine.
Pour tout renseignement : Coordination contre l’enfouissement des déchets radioactifs, 33 rue du port, 55000 Bar-le-Duc. Site internet : http://www.multimania.com/burestop

- Civaux
Le réacteur n°1 de Civaux devait, après un arrêt programmé depuis le 29 mars, reprendre son activité fin juillet. Hélas pour eux, les test d’étanchéité effectués début juin on révélé dans l’enceinte interne de confinement du réacteur un taux de fuite trois fois supérieur à la valeur attendu : 2,7% contre 1%. Ce test a été effectué avec une pression de 4 ou 5 bars, c’est-à-dire celle qui peut se produire en cas d’incident… Que se serait-il passé si un incident avait eu lieu cet hiver ? Rien dit EDF car il y a une seconde enceint qui couvre l’enceinte interne. Question : qu’en est-il de la porosité de cette seconde enceinte ? Des tests ont-ils été effectués ? Il est probable que ce ne fut pas le cas, sinon qu’EDF nous en donne les résultats… mais ils en sont incapables. Cet incident, semblable à celui de Belleville, et qui ne devait pouvoir se produire sur les centrales de l’ancienne génération, s’est quand même produit sur le fleuron hight tech’ qu’est Civaux ! A Belleville fut incriminé la mauvaise qualité des sables de la Loire dans la composition du béton. A Civaux l’explication est que le béton est vieux d’une dizaine d’année (le réacteur n° 1 a été mis en service le 24 décembre 1997) et qu’il a mal évolué. Bref « un revêtement de résine sera appliqué sur les zones ou le béton est le moins étanche, ce qui représente plusieurs centaines de mètres carrés ; ça prendra du temps et, bonne nouvelle, la tranche ne sera pas remise en service avant la fin de l’année !

- Tricastin
L’ancien directeur de cette centrale de la Drôme vient d’être condamné à 1 mois de prison avec sursis, et EDF à versé 500 000 F. de dédommagement, suite à l’irradiation d’un travailleur de la centrale en 1999… C’est une première qui concerne un salarié d’EDF. Si cela devait faire jurisprudence pour tous les « trimardeurs » du nucléaire qui bouffe des radiations en intérim, sûre que nos factures n’ont pas fini d’augmenter…

— Leucémies à La Hague
Une nouvelle étude confiée à l’Inserm sur les leucémies infantiles dans le Nord-Cotentin montre une incidence plus élevée de la maladie parmi les enfants de 5 à 9 ans dans le canton de Beaumont-Hague où se trouve l’usine de retraitement des déchets nucléaires : dans un rayon de 10 kilomètres autour de la centrale trois cas ont été relevé alors que seulement 0,47 étaient attendus, soit une augmentation de 6,38 du risque relatif. Ces résultats infirment les tests officiels précédents mais confirment ceux du professeur Viel de Besançon pour la période 1978-1992 et qui établissait une corrélation entre l’ingestion de fruits de mer, la fréquentation des plages, et les leucémies dans les zones nucléaires (exemples similaires à Sellafiels en Grande-Bretagne et à Krümel en Allemagne). Au moement même où le professeur Viel rendait public cette étude, le 11 janvier 1997 dans le « British médical journal », un Collectif des Mères en Colère se formait pour exiger des informations complémentaires, et obtinrent cette seconde étude qui établit formellement que le risque de leucémie infantile autour de La Hague est multiplié par 6,38.

- Ex URSS
Le 22 juin une explosion dans une usine utilisant des produits nucléaires dans la ville de Azov a fait quatre morts. A Tbilissi, en Géorgie, des déchets nucléaires dont la radioactivité est jusqu’à 200 fois supérieure à la norme, on été découverts sur la base russe de Vaziani à la suite de l’évacuation des troupes russes. En septembre dernier le même scénario s’était produit sur une base russe d’Ukraine, mais avec un taux 400 fois supérieur ! Enfin, à Moscou, on compte par centaines les sites contaminés qui ne sont que des lieux de stockages, d’usines en friche, etc.

- Enterrement à Lascaux
Plusieurs marches à partir de sites préssentis pour des centres d'enfouissement de déchets nucléaires ont démarré le week-end du 17 juin pour converger et finir par un camping sur le site de Bure en juillet.
En Dordogne, il y a un an environ, plus de 3 000 personnes s'étaient réunies pour protester contre un de ces projets. À Montignac (commune où se trouvent les fameuses grottes de Lascaux), mi-juin, une petite centaine de personnes se réunissaient ; 100 personnes dont un bon tiers de Bordeaux, notamment appelées par le CLANG (partie prenante du réseau « Pour une sortie immédiate du nucléaire »).
L'autre réseau (Pour une... décision immédiate !) avait pourtant bien divulgué l'information, soi-disant, en s'arrogeant la paternité de ce rassemblement. Aux dires de certains, le nombre (627 associations recensées dans ce réseau !) est important pour faire plus efficace. En effet... Continuons donc – au lieu des tactiques politiciennes – à clamer haut et fort notre refus de la société nucléaire et son arrêt immédiat, nous serons tout aussi performant. Alors à bientôt en octobre à Mulhouse, Nantes, Toulouse et Lyon !


QUELLE UNITÉ DES RÉVOLUTIONNAIRES ?
Un Appel à l’unité des libertaires circule depuis plusieurs mois dans le milieu anarchiste francophone, et s’adresse aux personnes comme aux groupes (1). Cet appel prolonge une brochure publiée aux Editions du Monde libertaire et d’Alternative libertaire (Belgique) intitulée : Unité pour un mouvement libertaire, un appel qui n’a pas pour « objectif d’initier la création d’une nouvelle organisation libertaire ». C’est une initiative dont un des objectifs est « la tenue des états généraux du mouvement libertaire »… C’est déjà tout un programme ! Nous sommes intéressé-e-s par ce type de démarche, nous en avons discuté lors de nos dernières rencontres nationales, et nous en reparlerons lors du camping de cet été, puis dans un numéro hors série. Ainsi le texte qui suit est-il une synthèse des premiers débats au sein de l’OCL : il tente de présenter une réflexion collective en cours, et espère être une contribution aux échanges autour de cette question, contribution qui, pour être constructive, ne peut être que critique…

L’unité… ?

C’est un fait bien connu, il existe autant de conceptions de l’unité que de parties à unir. L’unité fait partie de ces thèmes récurrents dans l’histoire du mouvement révolutionnaire, contre lesquels personne ne peut être, bien que la définition de l’unité du voisin ou de la voisine ne soit jamais la bonne, et qu’ainsi les bonnes volontés unificatrices se soldent généralement par un accroissement des divisions. Ainsi vont le plus souvent les recompositions politiques.

Notre sympathie pour cette démarche unitaire va donc moins à la question de l’unité même qu’à la démarche d’échanges et de débats qu’une telle volonté suppose. En effet, personne n’a intérêt à réciter ses vérités dans son coin, entre camarades d’une même organisation, ou entre complices d’une même dynamique de lutte. Il est nécessaire d’affirmer et de défendre ses positions dans un espace contradictoire, pour les confronter au réel et à l’adversité, pour progresser individuellement et collectivement, et surtout pour ne pas verser dans les dérives sectaires et idéologiques, et sombrer rapidement dans la sclérose qui menace constamment les révolutionnaires en l’absence de révolution… En d’autres termes, il est indispensable de se confronter avec d’autres, non pas pour bâtir des chimères rassurantes et grégaires, mais pour contribuer aux fondements d’une dynamique révolutionnaire pouvant ébranler l’ensemble des aspects de la domination contemporaine. C’est bien sûr ce que nous faisons quotidiennement dans nos pratiques militantes, mais cette confrontation doit aussi s’exercer à un niveau plus théorique, sur le plan du débat collectif. Ainsi, l’annonce, par les initiateurs de l’Appel, d’une brochure-document de travail faisant un état des lieux autour de sujets de fond (le travail, l’individu, la mondialisation…) avec des pistes d’actions collectives semble aller dans ce sens du débat commun.

Il est par ailleurs intéressant de souligner qu’en dehors de l’Appel dont il est question dans ce texte d’autres démarches unitaires sont en cours : un appel de la CGT espagnole pour une dynamique unitaire internationale (voir encadré plus loin), et une demande de rencontre faite par le secrétariat aux relations extérieures de la Fédération anarchiste aux principales autres organisations du courant anarchiste francophone.

… du mouvement ?…

Cet Appel à l’unité postule l’existence d’un « mouvement libertaire ». Or, le terme mouvement est ambigu. Parle-t-on là d’une identité de référence, pour un ensemble épars de militant-e-s, ou d’un acteur identifiable sur le terrain des luttes contre l’État, le capitalisme, le patriarcat, et toutes les formes de domination ? L’OCL définit généralement un mouvement ainsi : « Ce n’est pas un simple regroupement de militant-e-s, mais au contraire un ensemble de gens touchés par un problème précis et qui tentent de réagir à telle ou telle forme de l’oppression et de l’exploitation qu’ils subissent (2). ». Cette définition concerne plutôt les mouvements de lutte, tels qu’ils se constituent au gré des dynamiques, qu’un courant politique défini… Mais, quel que soit le sens sur lequel on s’accorde, il ne nous semble pas qu’existe un mouvement libertaire, la disparité des membres supposés engendrant une diversité des positions, aspirations et velléités d’action trop grande pour que tout ce monde puisse être englobé sous un titre générique. Resterait donc le qualificatif libertaire comme tronc commun

Le terme libertaire n’est cependant jamais clairement défini, que ce soit d’une façon générale ou précise, dans cet appel aussi bien que dans la brochure qui l’a précédé. L’appellation de libertaire est changeante selon que le moment historique est une période de luttes intensives ou de régression sociale. On peut ainsi passer d’un élargissement de l’anarchisme révolutionnaire à des composantes antiautoritaires (3) se situant sur le terrain d’un changement de société, par le développement de la lutte de classes, à un ensemble de gens défendant une sorte d’identité culturelle, ou de mode de vie, articulée autour d’un concept de liberté somme toute bien vague et souvent synonyme de libéral.

L’Appel recherche l’unité de tous ceux et de toutes celles qui veulent mettre en œuvre un anarchisme social sans que celui-ci soit davantage défini. S’il s’agit, comme on le présume, des personnes qui se réclament de l’anarchisme tout en s’inscrivant dans des dynamiques sociales, c’est déjà un acquis, car on échappe alors à l’idéalisme anarchiste abstrait, sorte de position philosophique coupée de toute réalité ou préoccupation sociale. Mais cette évocation nous paraît tout de même insuffisante, comme nous le verrons plus loin ; d’autant que l’appel fait cohabiter l’« anarchisme social » avec les « anarchistes de cœur », ce qui est là encore une définition évasive se prêtant à toutes les équivoques, et permettant de raccrocher à la locomotive unitaire absolument n’importe qui sur une simple base affective, non sur des accords politiques ou théoriques

Le mouvement libertaire dont il est ici question peut être considéré comme un synonyme du mouvement anarchiste, traditionnellement décrit par les historiens comme l’addition de trois blocs : l’un individualiste, l’autre syndicaliste et le dernier communiste. Nous ne pensons pas que les actuelles divisions des anarchistes soient toujours fonction de ces trois courants historiquement datés. En fait, il existe une autre séparation, bien plus fondamentale, entre, d’une part, des « anarchistes » qui aspirent à la reconnaissance, au sein du système, d’un « espace culturel libertaire », et d’autre part, des anarchistes qui s’accrochent à un changement social radical et n’ont pas enterré, au nom du réalisme, l’idée de révolution et de rupture avec le capitalisme par le développement de la lutte de classes.

Ce clivage est fondamental car les premier-ère-s, sans être d’ailleurs renégats par rapport à leurs idées, sont amené-e-s à accepter le capitalisme comme inéluctable, et donc à rechercher un aménagement de la société telle qu’elle existe et à s’en contenter, puisque des « espaces libertaires » peuvent s’y épanouir. Ceux et celles-là, qui considèrent que les outils d’une lutte sont une finalité acceptable et suffisante, sont prêt-e-s à supporter un capitalisme à visage humain, dès lors que le pouvoir tolère une sphère libertaire… Ce projet est culturellement, politiquement et socialement conforme aux aspirations des classes moyennes, qui partagent avec certains secteurs de la bourgeoisie des références et modes de vie issus des années 70 – allant de l’union libre à la fumette… en passant par des comportements et des modes de consommation en vogue : bouffe bio, tourisme vert, médecine douce… Les nouvelles figures sociales mises en exergue ces derniers temps, telles que les « bobos » et les « lilis (4) », illustrent assez bien les dérives et confusions possibles : les indispensables préoccupations liées à la vie quotidienne sont vidées de leur contenu et détournées de leur finalité subversive pour constituer de nouvelles normes intégratrices et aliénantes.

On peut alors comprendre, sociologiquement, que des « anars » ou des « libertaires » puissent se retrouver à défendre la démocratie occidentale aux côtés de l’OTAN, des valeurs républicaines comme la laïcité et la citoyenneté, à devenir francs-maçons… aux côtés de sociaux-démocrates dont ils partagent tout ou partie des aspirations et des modes de vie, et verser ainsi dans un réformisme prétendument radical qui fixe mal la frontière entre compromis et compromissions.

… libertaire ?

Pour nous, la « famille libertaire », la grande communauté des « anars de cœur », est un leurre idéologique : Vouloir à tout prix agglomérer, au nom d’une filiation supposée, des sensibilités par trop diverses conduit à l’inertie pratique et à la paralysie théorique ! En revanche, nous nous sentons proches de tous ceux et de toutes celles qui veulent changer radicalement la société. N’en déplaise à certain-e-s, notre projet de société demeure le communisme, c’est-à-dire une société dans laquelle les moyens de production et d’échanges seront gérés directement par les producteurs et productrices, et qui fonctionnera selon le principe « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Cet objectif était d’ailleurs commun à Bakounine et Marx, car historiquement construit sur la base des aspirations émancipatrices du prolétariat urbain et rural, révélées au travers des pratiques de la lutte de classes. Ce communisme est anarchiste, car il vise à l’éradication de toute forme de domination, politique, économique, morale et patriarcale. De ce fait, pour nous l’anarchisme n’est pas réductible à une finalité éthique ou une morale de vie, et nous ne perdrons jamais de vue qu’il était et qu’il est toujours question de révolution sociale.

L’Histoire a montré que les autoproclamés de Marx, c’est-à-dire les léninistes, reproduisaient la société de classes en s’accaparant le pouvoir de l’Etat, qui ainsi ne risquait plus de dépérir, et finissaient par instaurer une dictature bureaucratique au nom du prolétariat, qui avait bon dos !

Certains de ces descendants tendent maintenant à être partie intégrante d’une des facettes de la société capitaliste, en défendant par exemple l’idée et la pratique d’une démocratie participative, aux côtés d’ailleurs de certain-e-s libertaires « réalistes » qui veulent « réactualiser l’anarchisme ». Ceux et celles-là ont fait leur deuil de la révolution sociale, pour se contenter d’options réformistes crédibles et digérables par le système, et ils-elles sont en voie d’occuper la place vacante de la social-démocratie qui mène directement au social-libéralisme, comme n’importe qui peut le constater quotidiennement.

Sans oublier que d’autres léninistes persistent à vouloir créer le Parti… ce qui nous ramène inéluctablement à la case goulag !

Nous ne détenons pas, en tant que communistes libertaires, une quelconque vérité révolutionnaire, nous ne sommes et nous ne serons que l’une des composantes du mouvement révolutionnaire, qui survit difficilement en cette période où le capitalisme a su intégrer et désintégrer toute contestation fondamentale. Mais il faut avoir conscience qu’il ne pourra y avoir développement d’un mouvement révolutionnaire anti-autoritaire que si, parallèlement et dialectiquement, les mouvements sociaux se développent quantitativement et qualitativement, que si des remises en cause globales de l’ordre social se font jour dans des franges significatives de la population. C’est à cette seule condition que pourra se reconstruire une perspective révolutionnaire anticapitaliste, et donc potentiellement communiste libertaire…

Arrêtons de rêver !

Ce qui choque dans cet Appel, et plus encore dans la brochure initiale, c’est l’impression que les auteurs renoncent tout simplement à l’idée même de révolution… Quand on lit que « rêver de barricades et de guerre civile est lamentable », il faut le comprendre comment ? Dans la période actuelle, sous nos latitudes, dans le rapport de forces complètement dégradé que nous connaissons, ce n’est pas « lamentable » mais malheureusement du domaine du « doux rêve », car les révolutionnaires sont loin d’être à l’offensive. Mais demain et ailleurs ?

Comment arriver à transformer radicalement la société ? Certes, l’éventail des méthodes de lutte et des moyens d’action est à réactualiser, et à repenser sans cesse (de la non-violence active à la lutte armée en passant par le syndicalisme). Mais il ne faut pas rêver ! Que les militant-e-s le veuillent ou non, quand un changement radical de société se posera concrètement, cela va nécessairement saigner, et cela saigne déjà à la moindre menace un tant soit peu sérieuse contre les intérêts économiques et stratégiques de l’Occident ou du capital. Pour renverser l’ordre des choses, qui n’est pas une abstraction mais la traduction concrète de la domination d’une minorité sur l’immense majorité, comment faire l’économie du conflit et de l’affrontement de classes ? Écarter l’idée de révolution pour renoncer à l’idée de rupture violente avec le système en place illustre les dégâts que font dans les esprits l’idéologie de la pacification des rapports sociaux et du consensus…

Depuis des dizaines d’années, d’aucuns pensent que le courant anarchiste reste le seul acteur politique pouvant porter un changement radical de société. Cela s’est amplifié au moment de la destruction du mur de Berlin en 1989. En fait, plutôt que de voir les aspirations révolutionnaires s’inspirer des thèses anarchistes, c’est surtout l’idée de Révolution qui a été progressivement défaite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Certains nuanceront en disant qu’aujourd’hui on constate un développement d’une présence libertaire dans tout ce qui bouge, c’est-à-dire dans la majeure partie des mouvements sociaux de ces dernières années, dans les rassemblements « antiglobalisation » aux quatre coins de la planète ; mais on est bien loin d’un phénomène de masse. La masse, y compris celle qui peut à un moment donné lutter, semble bien loin de s’impliquer dans (même d’aspirer à) un processus de changement de société. En fait, c’est le système capitaliste qui triomphe aujourd’hui et qui mène l’offensive.

« La présence libertaire qui s’affirme là où ça bouge » et « sa visibilité de plus en plus incontournable au quotidien » ne semblent pas franchement évidentes, ou du moins restent insatisfaisantes si elles se réduisent à la comptabilité des drapeaux noirs ou noir et rouge dans des mobilisations sporadiques.

Quand à l’« unification à la base » dépeinte dans la brochure, elle mérite d’être questionnée. Des pratiques communes entre militant-e-s d’organisations différentes et/ou inorganisé-e-s existent bel et bien ici ou là, en fonction des moments ou des spécificités locales, mais le phénomène n’est pas nouveau. Ce qui fonctionne relativement bien également, c’est la solidarité contre la répression ou l’union ponctuelle contre une adversité commune. Mais lorsqu’il y a nécessité à mener des campagnes d’envergure, lorsqu’il y a urgence à prendre des positionnements importants, comme ce fut le cas pendant la guerre au Kosovo, ou lorsqu’il s’agit de choix stratégiques comme dans le mouvement des chômeurs, l’unité des libertaires vole en éclats, y compris dans les groupes de base. Trop souvent, quand il s’agit de faire de la politique (intervenir dans le débat public, construire un pôle de forces et mettre en pratique nos idées pour peser sur une situation), il n’y a plus ni unité ni mouvement libertaires, faute de positions communes — des positions communes qui sont bien souvent éludées par un fonctionnement collectif centré sur l’implicite libertaire qui nous réunit !

L’« unité des libertaires » a son histoire

Nous ne remonterons pas jusqu’à l’après-Révolution russe, mais l’« unité des libertaires » a une histoire récente.

L’OCL, comme d’autres, a toujours tenté l’unité dans les luttes ou dans les dynamiques locales quand c’était possible, et nous continuerons de le faire. Ce discours a connu quelques concrétisations au moment de la lutte d’indépendance du peuple kanak, où beaucoup d’anarchistes se sont retrouvés dans la Coordination libertaire anti-impérialiste (CLA) sur des bases politiques clairement anticolonialistes. Mais c’était dans le milieu des années 80... Puis, la dernière fois où s’est tenue une initiative collective d’envergure dans la mouvance libertaire, ce fut en 1996 au sein des Groupes anti-G7 (celui-ci se réunissant alors à Lyon). L’unité fut sommaire, et le bilan provoqua un certain nombre de divisions. Depuis cette date, l’OCL a tenté à diverses reprises de fonctionner collectivement avec d’autres ; la dernière fois au moment de la Marche mondiale des femmes, voici un an, et ce fut un échec ! Il est alors légitime de poser ces deux questions : s’il y a aujourd’hui une volonté unitaire, pourquoi ne s’est-elle pas concrétisée récemment dans des pratiques communes ? Quels sont les changements récents du paysage libertaire qui auraient amené une telle volonté de regroupement ?

On ne compte plus les luttes récentes auxquelles des anarchistes participent ou dans lesquelles ils et elles sont des éléments moteurs, sans qu’il y ait une quelconque unité (le Mouvement des chômeurs et des précaires de l’hiver 1997-1998, l’antinucléaire, la lutte des sans-papiers…). S’il n’y a pas eu d’unité, cela ne s’explique pas seulement, comme le disent les initiateurs du présent « Appel à l’unité », par des querelles de leader-e-s ni même par des querelles de chapelles à la recherche d’une hégémonie. C’est un problème de divergences politiques réelles, avec essentiellement des implications sur les terrains de lutte. En effet, certain-e-s privilégient, pour des raisons d’efficacité, une démarche avec des — et au sein de — structures institutionnelles pendant que d’autres, dont les membres de l’OCL, veulent développer des structures autonomes rupturistes vis-à-vis du capital et de l’Etat.

Nous ne devons pas nier ces divergences fondamentales, qui relèvent de la stratégie de militant-e-s révolutionnaires au sein de mouvements sociaux dont ils-elles sont partie prenante. Ces divergences ne s’expriment d’ailleurs pas qu’en période de luttes, car dans le quotidien certain-e-s font le choix d’être par exemple permanent syndical et acceptent ainsi une fonction de régulation sociale, pendant que d’autres refusent cette délégation de pouvoir, pour ne pas verser dans la cogestion et la bureaucratisation. On retrouve même ce type de clivage au niveau électoral, où d’aucun-e-s sont enclin-e-s à participer, d’une manière ou d’une autre, à la démocratie représentative en l’affublant des oripeaux de la participation directe « des citoyens et des citoyennes », et cautionnent l’idée d’un contrôle possible et désirable du capitalisme.

Alors demain, pourquoi pas?

S’il pouvait exister des lieux de confrontation entre anarchistes et plus largement entre toutes les personnes, groupes... qui veulent se battre pour changer radicalement la société, sur des bases anti-étatiques, anticapitalistes, antipatriarcales, cela permettrait peut-être d’échapper à des vindictes exclusives et sectaires. Nous arriverions peut-être à poser calmement et clairement nos divergences que nous ne pouvons, les un-e-s et les autres, nier ! Nous arriverions peut-être aussi à nous mettre d’accord pour défendre une position commune face à tel événement important, et pourquoi pas à mener des campagnes communes sur tel ou tel thème. On peut ainsi viser des alliances ponctuelles et circonstanciées (et plus si affinités), plutôt qu’une unité séduisante mais qui risque de mal supporter les retombées de la dynamique de l’appel.

Mais nous n’échapperons pas à une analyse de la situation politique, économique et sociale, car si nous voulons changer de société, il faut d’abord que nous analysions l’actuelle, sauf à nous contenter de vérités ahistoriques et d’un anarchisme de cœur.

Nous sommes pour l’expression des différences et des divergences. Les contradictions doivent toujours pouvoir s’exprimer, elles sont nécessaires à une adaptation réelle de la pratique politique aux réalités du moment. Nous sommes très critiques envers toutes les formes organisationnelles qui permettent de niveler les débats en recherchant constamment un consensus a minima. Car l’unanimité nous fait peur, et nous préférons qu’il y ait plusieurs organisations plutôt qu’une seule. En effet, nous n’assignons pas de rôle de direction aux formes organisationnelles auxquelles nous pouvons participer, qu’elles soient politiques, syndicales ou associatives, et nous constatons que dans les dynamiques de lutte, la multiplicité des points de vue est un facteur d’efficacité si le débat est réel et le choix possible

Avec ces préoccupations en tête, nous sommes donc d’accord pour « mouiller notre chemise » dans une démarche unitaire, s’il s’agit d’allier des forces vers des objectifs communs. À nos yeux, cela passe nécessairement par des analyses de l’évolution de la société et par un bilan collectif de nos pratiques réciproques, pour enfin débattre sur le fond et ainsi dégager une convergence des luttes.

Si nous y parvenions, ce serait déjà un beau résultat, alors pourquoi pas ?

OCL, le 19 mai 2001

Notes

(1) Plusieurs journaux libertaires l’ont publié, dont CA (n° 108, mai 2001). Quelques centaines de personnes l’ont déjà signé : des membres de diverses structures libertaires (dont l’OCL), des personnes sans carte de visite particulière si ce n’est leur fonction sociale, et quelques « personnalités ».
(2). OCL, Positions et orientations, 1996.
(3). Que nous définissons comme étant des personnes ou des groupes œuvrant pour un changement radical de société, en rupture totale avec les diverses variantes du léninisme (« communistes autoritaires »), sans pour autant se réclamer de l’anarchisme révolutionnaire.
(4). Bourgeois bohèmes et libéraux-libertaires, pour ceux et celles qui ne seraient pas tendance…


CAMPING ?
Du 24 juillet au 5 août de l’an 01 en Ariège

Ni stage de formation, ni université, d'été, ni meeting propagandiste, ce camping est un lieu d'échange, d’analyses et de pratiques militantes. Il dépasse largement le cadre de l'OCL pour accueillir les actrices et acteurs du mouvement anti-autoritaire et anti-capitaliste qui pensent que la confrontation et la réflexion sont des moments indispensables de la lutte révolutionnaire. Le tout dans une ambiance conviviale selon un rythme tout estival et dans un cadre agréable (ballade en montagne, espace, baignade, …) pour deux semaines dont nous essayons de faire un espace collectif de vie et de militantisme différent.

PROGRAMME

Mecredi 25 juillet
le citoyennisme, stade suprême du réformisme

À nous, exploités, opprimés, aliénés, marchandisés bref prolétaires, il ne nous est jamais proposé que de revendiquer plus de démocratie, plus d'égalité, plus de droits sociaux, plus de... sans jamais toucher à la base de tous nos problèmes : le capitalisme comme système d'exploitation et rapport social entre les humains. Partout dans les rangs des soi-disants opposants à la mondialisation des marchés, ce n'est souvent qu'une sinistre apologie de l'économie et de l'état, comme chez Bové, leur vedette médiatique. Le citoyennisme est cette idéologie qui voit dans le Capital une sorte de force neutre qui, gérée autrement, pourrait faire le bonheur de l'humanité au lieu de sa perte. La lutte des classes a fait place à la lutte démocratique. C'est avec cette revendication comme "arme" qu'on veut encadrer la dite mondialisation, tout cela par un renforcement de l'État avec des citoyens responsables comme base active de soutien.

Les pseudo-solutions réalistes avancées par les citoyennistes apparaissent dès lors pour ce qu'elles sont réellement : les moyens pour le Capital de maintenir l'ordre des choses et de contenir, voire réprimer, toutes velléités de subversion des rapports sociaux.

Jeudi 26 juillet
Quel projet et quelle stratégie pour les anti-nucléaires ?

Les luttes anti-nucléaires nécessitent encore plus aujourd'hui des éclaircissements. Le lien entre nucléaire et militaire, jadis porté par les mouvements anti-nucléaire comme un des danger, est en train aujourd'hui de devenir une réalité.

Les centrales nucléaires sont des bombes potentielles qu'il est nécessaire de quadriller pour ne pas "laisser rentrer le/la premier-e venu-e ". Pour surveiller la centrale, il faut une société de surveillance. Et la société s'organise pour cela.

Et de nombreuses luttes reprennent autour de certaines centrales, mais aussi autours des déchets liés au nucléaire et de leurs transports. Si EDF se targue d'avoir l'air le plus pur d'Europe grâce au nucléaire, les projets d'enfouissements attaquent directement la qualités des sols.

Mais 20 ans après leur démarrage, que faire de ces déchets ?

Tant qu'un mouvement fort n'arrivera pas à faire stopper cette logique, les dégâts irréversibles du nucléaire continueront de ravager l'environnement (et pour un bout de temps) et faciliteront de moins en moins le début d'une autre société. Alors quelle société voulons-nous ? Et surtout quelle stratégie adoptons nous, quand on constate que les écologistes de gouvernement n'envisagent une sortie du nucléaire que dans vingt ans, alors qu'aujourd'hui autant qu'hier, ce que nous avons à entamer, c'est une sortie immédiate.

Vendredi 27 juillet
Quel mouvement libertaire aujourd'hui ? Pour quoi faire ?

L’existence d’un mouvement libertaire ne va pas de soi, et ne peut se résumer à l’addition de groupes, collectifs, revues, se réclamant à des degrés divers de l’anarchisme. Les débats actuels sur l’unité d’un mouvement libertaire posent donc en premier lieu la question de savoir de ce dont on parle, pour ensuite examiner ce que pourrait faire un tel mouvement pour peser sur la réalité économique, politique et sociale.

Samedi 28 juillet
Les anarchistes aujourd'hui et leurs initiatives communes

Quels sont les secteurs d’intervention des militant-es anarchistes aujourd’hui, avec quelles pratiques et quelles stratégies ? À la lumière des luttes de ces dernières années, les obstacles à l’unité sont-ils un simple héritage des divisions organisationnelles du courant anarchiste, ou l’étiquette anar recouvre-t-elle des clivages par trop fondamentaux pour permettre d’avancer ensemble ? En fonction de la nature de ces divergences, comment les résoudre pour envisager un avenir commun ?

Dimanche 29 juillet
Une organisation anarchiste pour quoi faire ?

Le désavœu de la politique institutionnelle et la faillite des modèles « révolutionnaires » léninistes, conduisent à une désapprobation des organisations politiques, pour leur préférer des formes plus fluctuantes : mouvements, associations, regroupements ponctuels, ou réseaux... Pourquoi dans ce contexte maintenir des formes d’organisation politique spécifique, et que mettre derrière ce terme lorsque l’on défend l’autonomie de classe comme moyen et objectif du combat révolutionnaire ?

Lundi 30 juillet
Notre corps entre déshumanisation des rapports sociaux et retour moral

Isolé, enfermé, martelé, violenté, notre corps subit toujours autant de barrières. Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, nos rapports sociaux sont de plus en plus confrontés à des offensives d'individualisation. Qu'elles soient technologiques, dans la multiplications des boulots précaires ou dans l'adaptation à la rentabilité des besoins marchands, les offensives d'individualisation redonnent force à la morale européenne.
Ce retour moral s'en prend directement aux mouvements qui l'avaient mis à mal, mouvement des femmes, mai 68…

Mardi 31 juillet
Projection du film « Prague-Nice-Davos : l'effet Seattle ». Teuf ensuite

Mercredi 1er août
Les anti-gloabalisations entre originalité et réformisme

Seattle, Davos, Waschigton, Melbourne, Philadelphie, Prague, Seoul, Nice, (re)Davos, Naples, Québec, Göteborg … Un peu partout, sur plusieurs continents, les grandes messes capitalistes sont troublées par celles et ceux qui s nomment les antiglobalisations. Transformant certaines pratiques politiques, ces manifestations rassemblent des milliers, voir des dizaines de milliers de personnes. Mais ce mouvement reste encore pris entre deux feux.

Les réformistes qui à l'instar de José Bové sont toujours à la recherche du discours light-respectacle et des mouvements qui cherchent dans la duré à créer un front avec le capitalisme. Le sommet de l'OMC à Barcelone a été annulé pour cause … de manifestation. Gênes en jullet puis la fin de la présidence Belge à la fin de l'année semblent être les prochaines dates en Europe.
Quelles analyses et quelles perspectives données à ce mouvement ?

Jeudi 2 août
Les luttes sociales de notre période entre multiplication des grèves et radicalisation

& Vendredi 3 août
Les luttes sociales et le service public

Dans le privé comme dans le public, ça chauffe pour les travailleurs et depuis longtemps. Avant, c'était à cause de la crise, aujourd'hui c'est parce que ça va bien. Les luttes se développent ça et là, mais aucune convergence n'a encore vu le jour, même s'il y a eu une tentative le 9 juin. Alors que les entreprises et l'Etat avancent de concert, les travailleurs sont en ordre dispersés. Les grands groupes qui licencient tout en faisant des profits est l'affaire qui met à nu le capitalisme dans tout son cynisme, qui révolte l'ensemble des travailleurs avec un débouché dans l'arène politique. Même s'il y eut une ébauche de politisation avec cette affaire, l'autonomie du mouvement est posée.

Les travailleurs/ses en lutte sont de fait confronté-e-s à la contradiction majeure entre les intérêts du capital et ceux de la société. De là doit découler un réveil de la conscience de classe qui sera non seulement le fruit des luttes successives mais aussi le résultat de la capacité des militantes et militants révolutionnaires, et à fortiori communistes libertaires, d'avancer une politique claire et lisible. Avancer nos analyses de la société capitalistes et nos objectifs d'émancipations individuelle, sociale et politique. Avancer nos conceptions en terme d'organisation sociale et politique. Toute chose rompant à la fois avec le réformisme et les courants révolutionnaires dirigistes pour ne pas dire autoritaires. Et il ne suffit pas de dire. Dans les faits, l'option communiste libertaire doit signaler son existence et être capable d'apporter des éléments de réflexions pour passer à l'action.

Quelle que soit la stratégie choisie, l'important est de faire émerger une alternative aux pratiques réformistes, une pratique révolutionnaire inscrivant la lutte syndicale comme élément d'un changement global de société. De là, la politisation doit surgir. Pour sortir de l'usine ou de l'entreprise et aller à la rencontre d'autres terrains de luttes pour peut-être unifier le tout. L'action politique doit donc être un complément nécessaire de l'action syndicale et là aussi les communistes libertaires doivent s'affirmer activement avec tout ce qui les différencie des autres courants.

Samedi 4 août
Commission journal du mensuel COURANT ALTERNATIF

Comme chaque année au camping de l'OCL, une commission journal du mensuel Courant Alternatif se tiendra. Il s'agira de faire ce qui ce fait tous les mois dans un ville différente : critique du numéro précédent et préparation du numéro prochain.

Comme pour chaque commission, l'élaboration du journal n'est pas réservé aux militant-e-s de l'OCL mais bien à la mouvance avec qui nous gravitons.

ORGANISATION MATÉRIELLE DU LIEU

Nous sommes accueilliEs par un couple de paysans qui mettent à notre disposition un local comprenant un coin cuisine, un coin repas, une grande salle pour les débats, des douches et des W-C et des terrains pour le camping. Un endroit sera réservé aux camping-car. Pour ne pas gêner les travaux quotidiens un parking pour les voitures est disponible dans un village proche, Pour les amateurs de baignade, il y a une piscine à la Bastide. Des ballades en montagne sont possibles.

LES REPAS

Ils sont pris en commun, et confectionnés par des équipes tournantes, Chaque jour, une équipe « bouffe » s'occupe du ravitaillement et confectionne les deux repas (horaire 13h et 19h) en fonction du budget quotidien qui lui est attribué. Un seconde équipe s'occupe de la vaisselle et de la propreté des lieux.

LES PRIX

Ils comprennent les trois repas, l'emplacement et l’entretien/aménagement du lieu. Ils sont établis en fonction des revenus par soucis égalitaire. Le camping est gratuit pour les bébés, mais un tarif de 30 F par jour est appliqué aux enfants.

Tarifs journaliers en fonction des revenus
55 F pour les personnes ayant un revenu inférieur à 2 5500 F
65 F pour les personnes ayant un revenu mensuel compris entre 2 500/ 4 500 F
75 F compris entre 4 500/5 000 F
85 F compris entre 5 000/6 000 F
95 F compris entre 6 000/7 000 F
110 F compris entre 7 000/8 000 F
130 F compris entre 8 000/9 500 F /
160 F pour les personnes ayant un revenu mensuel supérieur à 9 500 F

OÙ ÇA SE PASSE ?

Téléphone sur place : 05 61 65 80 16

Le lieu se trouve en moyenne montagne ariégeoise.

Accès : Train : gare de Foix. Dès votre arrivée, un coup de bigophone et on vient vous chercher.

Bus : A la sortie de la gare, prendre le bus direction Saint Girons et descendre à La Bastide de Sérou où nous irons vous chercher - ou si vous tenez vraiment à l'autonomie intégrale, suivre les panneaux, prendre son souffle, et ça grimpe pour deux petites heures !

Route : vous venez de Foix, prendre la départementale 117 direction Saint Girons, à la sortie de la Bastide de Sérou, suivre le fléchage artisanal « OCL » aux endroits stratégiques.


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