Courant alternatif no 112 octobre 2001 |
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SOMMAIRE |
Édito p. 3-4 Grève à Mossley p. 5-6 Retour sur Gènes p. 7-8 À propos des Tutte Bianche p. 9-10 La mondialisation où ça ? p. 11-12 Appel à la formation de GAG p. 12 Europolice p. 13 à 15 Prisonniers politiques p. 16-17 Manif à Bure p. 18 Manif nationale antinucléaire le 20 octobre p. 19-20 Rubrique livres p. 22 Le PC antilibertaire p. 21 Soutien aux objos israéliens p. 22-23 Rubrique flics et militaires p. 23 Les Brèves p. 24 |
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ÉDITO |
«Rien ne sera plus comme avant» le 11 septembre 2001, nous affirme-t-on. Il faut être singulièrement dépourvu de mémoire pour considérer que lévénement du 11 septembre est «sans précédent». «Quest-ce quune guerre ? Cest quand des pauvres qui ne se connaissent pas se massacrent pour des riches qui se connaissent et ne se massacrent pas», écrivaient les socialistes libertaires français en août 1914. La guerre est perpétuelle (de basse ou haute intensité), tant quexploitation et oppression existent, même si depuis 1945, les occidentaux nen avaient, sauf pour ceux envoyés au front, vu que des images. Et ce sont toujours les puissants qui la mènent. Pour leur faire face, tous les moyens ne sont pas bons. Le monde na pas changé de visage le 11 septembre. Il reste gouverné par les capitalistes. Ce même 11 septembre, selon la FAO, plus de 35 000 enfants sont morts de faim dans le monde, comme chaque jour de chaque année. Ces morts sadditionnent, leurs assassins se complètent...
Depuis plus de 50 ans, le gouvernement et les multinationales des Etats-Unis, appuyés par les Etats occidentaux et tous ceux qui leur sont inféodés imposent leurs quatre volontés au monde entier, détruisent les économies locales, exproprient les paysans, renversent des gouvernements et mettent au pouvoir des Pinochet, Marcos et Mobutu à leur solde qui nhésitent pas à massacrer leur propre peuple, loin des caméras. Ce faisant, ils ont suscité la haine et la révolte de tous ceux qui en sont les victimes. La situation aux Etats-Unis De plus, la crise économique qui frappe les Etats Unis, aiguise aussi toutes les contradictions à lintérieur du pays. En 1990, les 20% les plus pauvres disposent de 3,7% des revenues, le top 5% les plus riches de 26% du revenu national (50% au total pour les 20% les plus riches). Depuis, la situation sest encore dégradée. 9,6 millions de personnes (blacks ou latinos majoritairement) ayant un emploi à temps plein vivent, en 1996, en dessous du seuil de pauvreté. Lendettement des particuliers augmente en moyenne de 7,9% par an et celui des entreprises de 9,7%. Lensemble de la dette se monte en 2000 à 184% du PIB (produit intérieur brut). En 2000, le déficit de la balance commerciale est de 445 millions de dollars, sans provoquer de turbulence financière. Mais ces 445 millions de dollars reviennent actuellement aux USA sous forme dinvestissements, de prêts ou de placements en bourse, car léconomie américaine reste attrayante pour les investisseurs avec un dollar fort et un pouvoir qui paraît fort. Mais la bulle financière a déjà explosé. Le NASDAQ, la Bourse des valeurs technologiques américaines, a perdu depuis lors près de 70% de sa valeur depuis avril 2000. Il a entraîné dans sa dégringolade la plupart des Bourses mondiales. Seule Wall Street, la Bourse de New York, a plus ou moins résisté. Les entreprises les plus faibles ou les plus engagées dans les nouvelles technologies licencient massivement (26 000 postes chez Daimler Chrysler, 30 000 chez Motorola, 19 000 chez Ericson, la même chose chez Toshiba et NEC, 16 000 chez Fujitsu, 10 000 chez Kyocera et 15 000 suite au rachat de Compacq par Hewlett-Packard, sajoutant au 6 000 initialement prévus chez HP et ce ne sont que des exemples). Le taux de chômage atteint près de 5%, ce qui ne sétait pas vu depuis des années. Et ces attentats suicides tombent à pic pour resserrer un peuple derrière le drapeau. Le jour des attentats, Noam Chomsky (célèbre linguiste américain, libertaire) déclarait «Les attaques daujourdhui ont été des atrocités majeures. En terme de nombre de victimes, elles natteignent pas le niveau de beaucoup dautres, par exemple, le bombardement par Clinton du Soudan, sans aucun prétexte crédible, qui a détruit la moitié de lapprovisionnement en médicaments du pays, et a probablement tué des dizaines de milliers de gens (personne ne sait, car les Etats-Unis ont bloqué une enquête aux Nations Unies, et que personne ne se soucie de la poursuivre). Pour ne pas parler de cas encore pires, qui viennent facilement à lesprit. Mais que ce qui vient de se passer soit un crime atroce ne fait aucun doute. Les principales victimes, comme dhabitude, étaient des travailleurs : portiers, secrétaires, pompiers, etc. Il est vraisemblable que cela va savérer être dévastateur pour les Palestiniens et dautres peuples pauvres et opprimés. Il est également vraisemblable que cela mènera à de durs contrôles de sécurité, avec de nombreuses conséquences possibles pour miner les libertés civiles à lintérieur du pays. Ces événements révèlent dramatiquement la folie des idées sur le «bouclier antimissile». Comme il était clair depuis longtemps, et mis en évidence régulièrement par des analystes des questions stratégiques, si quelquun désire causer des dommages immenses aux Etats-Unis, incluant des armes de destruction massive, il est extrêmement improbable quil lance une attaque par missiles, dont la destruction immédiate serait alors garantie. Il existe dinnombrables manières plus simples qui sont fondamentalement imparables. Mais les événements daujourdhui vont, néanmoins, être utilisés pour augmenter la pression pour développer ces systèmes et les mettre en place. «La Défense» est une mince couverture pour les plans de militarisation de lespace, et avec une bonne propagande, même largument le plus ténu acquerra du poids auprès dun public effrayé. En bref, ce crime est un cadeau à lextrême droite nationaliste, à ceux qui espèrent utiliser la force pour contrôler leurs domaines. Cela sans parler des vraisemblables actions de représailles américaines, et de ce quelles déclencheront, - peut-être dautres attaques comme celle-ci, ou pires -. Les perspectives sont encore plus sombres quelles ne le semblaient avant ces dernières atrocités.» Trouver des coupables Il faut donc trouver des coupables : les Palestiniens dans un premier temps, puis les islamistes sont montrés du doigt, de même que certains états que les puissances occidentales ont mis en place. «Depuis les années 30, les Occidentaux ont soutenu les courants intégristes. Pratiquement tous les courants politiques faisaient référence à lislam : les socialistes comme lEgyptien Nasser, les communistes... Mais lOccident a stimulé ceux qui utilisaient les aspects les plus réactionnaires et les plus obscurantistes de lIslam. Les autres courants ont été combattus, comme en Syrie où le grand PC a été réprimé par la France ; comme en Egypte où les Britanniques ont soutenu les Frères Musulmans contre Nasser. Mais à ce moment-là, personne ne parlait dintégristes car ils travaillaient pour les intérêts des Occidentaux. Donc, ce sont les Occidentaux qui ont affaibli ou éliminé tous ceux qui avaient une autre vision politique que les islamistes : les communistes, Nasser et puis même les régimes nationalistes comme lIrak quils avaient soutenus auparavant. Les USA ont très tôt aussi soutenu lislamisme politique. La première base militaire américaine dans la région était la base de Dahran en Arabie Saoudite, installée depuis 1943, au milieu des champs pétrolifères. Or, lArabie Saoudite était le premier Etat intégriste de la région : elle na pas de constitution, sa constitution cest le Coran. Cest le cur du fondamentalisme, tout ce qui est politique et économique, on le règle par la religion. Le président Roosevelt, revenant de Yalta en 1944, a scellé une alliance avec le roi dArabie Saoudite lors dune rencontre sur le porte-avions Quincy. Cet accord avait deux volets : aider la monarchie saoudienne dès quelle serait en danger et ne jamais soutenir des opposants à la monarchie saoudienne ; livrer massivement des armes américaines en échange de pétrole saoudien. Voilà pourquoi lArabie est depuis lors sur-armée et achète toujours de nouvelles armes aux Etats-Unis. Dès 1945, lArabie saoudite était le pion le plus important des Etats-Unis dans la région avec la Turquie et lIran. Cest à cette époque, que les USA ont créé une sorte d«OTAN islamique» avec ces trois pays : le pacte de Bagdad. Voilà aussi pourquoi les Américains étaient tellement furieux par la chute du shah dIran en 1979. Non pas quils étaient tellement contre lintégrisme mais parce que lIran de Khomeiny nétait plus dans leur sphère dinfluence. Contrairement à ce quon peut penser à première vue, Israël nest devenu un pion central pour les Etats-Unis quaprès 1967 et surtout après la guerre de 1973 où les Etats-Unis les ont massivement armés. Mais ils ont continué à soutenir lArabie saoudite, ce symbole de lintégrisme. Il y a là une continuité depuis près de 60 ans.» (déclaration de Lucas Catherine auteur de «LIslam à lusage des incroyants», EPO au journal belge Le solidaire). Dans le jeu de «trouver les coupables», les médias vont encore jouer un grand rôle pour faire croire que tout le monde doit se retrouver derrière la «civilisation» contre la barbarie. Et comme pendant la guerre du Golfe, on va assister à une manipulation : des images en boucle pour renforcer lémotion, des spécialistes qui savent tout (pour avouer quils sont sûrs dune seule chose : être sûrs de rien), utilisation darchives pour faire croire que les Palestiniens manifestent leur joie après ces attentats suicides (ces images furtives, avec un plan très serré, dateraient de 1991, au moment où lIrak envahit le Koweit) et sûrement dautres bidonnages. Dans un monde «civilisé», qui se veut rationnel, on nous montre lirrationnel : on lutte contre le «terrorisme» avec des prières Peut-être est-ce le nouveau bouclier antimissile de Bush ? Le «God bless America» répond au «Allah Akhbar». Lun et lautre ne traduisent que le vieux «Gott mit Uns» de tous les massacreurs, lantique «Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens» de tous les soudards cuirassés de bonne conscience religieuse. «Nous sommes tous Américains» titrait Le Monde, mais ni plus ni moins que Palestiniens, Tamouls, Kanaks Non, le monde occidental nest pas le monde «civilisé» et le reste du monde les «barbares» ! Plus rien, pendant les jours qui ont suivi ce 11 septembre, navait dimportance (sauf la pub) : plus dactualités nationales, plus de résultats de foot, plus démissions Il faudra au moins attendre 3 jours pour apprendre quIsraël profitait de la situation pour continuer leurs opérations en Palestine occupée : «Israël peut maintenant faire ce quil nosait pas encore faire. La liberté daction de ceux qui combattent le terrorisme va devenir quasiment absolue», expliquait un spécialiste israélien dans Le Monde du 14/09/2001. Que la situation est explosive en Argentine et que des experts américains sont là-bas pour former les militaires argentins à la contre guérilla Les conséquences possibles et notre positionnement A lheure où sont écrites ces lignes, on ne connaît pas encore toutes conséquences de ces attentats. Des peuples vont souffrir de la réaction des Etats-Unis et de ses alliés (en particulier les Afghans). Les Etats en profitent pour réduire les libertés (avec par exemple le renforcement de Vigipirate en France). Ils vont en profiter pour essayer de fermer encore un peu plus les frontières. Comme lennemi désigné est maintenant lislamiste, certains esprits simplistes vont faire la déduction facile : islamiste = musulmam = arabe = étranger et on risque de voir une remontée de la xénophobie. Il va être facile aussi pour les états occidentaux de faire passer les anti-globlisation comme étant des soutiens aux islamistes et de réprimer encore plus durement les manifestations. Toutes les manifestations dailleurs. Dessayer de faire taire toutes les oppositions au système. Nous ne nous situons dans aucun des deux camps en présence : ni celui du capitalisme, ni celui de ceux qui disent le combattre par un retour à lobscurantisme. Depuis quand des milliardaires ont été le soutien des opprimés ? Dans le combat du Bien contre le Mal où veulent nous emmener les gouvernants américains, le Bien nest pas du côté de ceux qui ont commencé par le génocide des Indiens, puis par lesclavage, ceci au nom de la liberté dentreprendre. Le Bien, ce nest pas le capitalisme qui génère de la misère, du chômage, du désespoir, de loppression. Sil se drape des oripeaux de la démocratie, il sait aussi dans certains cas se servir de la torture, de la négation des droits fondamentaux, de la violence des puissants pour asseoir son pouvoir. Mais au fait quest-ce que le Bien et le Mal, sinon des concepts moralistes. Nous nous situons bien dans le camp de ceux et celles qui se battent contre ce système et veulent une révolution sociale. Bush nest pas crédible comme défenseur de la démocratie, pas plus que ceux qui ont commis cet attentat ne le sont comme défenseurs des victimes de lordre du monde. Chacun nest que lombre de lautre. OCL, le 15 septembre 2001 |
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OBSERVATIONS DISSONANTES SUR GÊNES |
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Sans aucun doute le sommet du G8 et les manifestations quil a provoquées du 19 au 21 juillet 2001 correspondent à une nouvelle étape dans lémergence de ce que lon appelle le mouvement antimondialisation. La violence, qui semble être le seul fait marquant de ces journées, est la principale question qui occupe désormais les débats. Quen était-il vraiment ?
Il est indéniable quun pas supplémentaire a été franchi à loccasion de ce sommet. Depuis de long mois le sommet du G8 à Gênes était annoncé comme un point de convergence très important en Europe. Lexpérience des sommets précédents (Prague, Nice, Davos ou Seattle, Washington, Québec) et de la montée en puissance de la contestation faisait craindre le pire aux autorités. Le dernier qui sétait déroulé à Göteborg en Suède avait également été marqué par des affrontements sérieux et lutilisation de balles réelles pour contenir les manifestants. Dès lors, les manifestations de Gênes sannonçaient "chaudes" et, aussi bien côté manifestant que policier, on se préparait à une grosse "baston". La violence de lEtat (Opération "justice infinie" sur Gênes ) Bien sûr, le gouvernement italien avait mis en place un dispositif de "protection" à la hauteur des hordes de manifestants qui allaient déferler sur la ville en provenance des quatre coins de lEurope. Quelques jours avant le début des festivités, les plus optimistes (ou pessimistes selon le camp dans lequel on se situe) annonçaient le chiffre de 100 000 personnes qui devaient se rendre sur la ville avec lintention dempêcher le déroulement de la réunion des chefs détats. Finalement au plus fort des manifestations il y eut plus de 200 000 personnes. En conséquence, la ville de Gênes avait été complètement blindée, notamment autour de ce qui fut appelé la "zone rouge", où devait se tenir la petite sauterie de nos dirigeants planétaires. Cette zone enveloppait lintégralité du port et la plus grande partie du centre historique de la ville dans une muraille bétonnée et grillagée de plus de 4m de haut. Aux alentours, les moindres plaques dégouts ou de canalisation avaient été soudées. Les grandes avenues commerciales et les principaux buildings étaient protégés par dénormes conteneurs disposés comme des légos géants. Les rues avaient été vidées de la plus part de leurs voitures et tous les commerces étaient fermés. Les hélicoptères rodaient nuit et jour. Des patrouilles de police étaient postées à chaque coin de rue. De temps en temps, circulaient dinquiétants cortèges de véhicules blindés de toutes sortes (noirs, gris, à roues, à chenilles, etc.). Bref, tout ceci donnait une forte impression détat de guerre. Lorsque les premières manifestations se sont déroulées se fut la surprise. Alors que tout le monde croyait que ce dispositif policier et militaire était surtout prévu pour défendre la zone rouge, il apparut de manière assez évidente que ce quavaient préparé les autorités italiennes depuis des mois consistait en fait en une sorte de blitzkrieg (1) offensive. Il est toujours difficile danalyser et dimaginer ce qui se trame dans les cerveaux de responsables policiers, mais il semble que cette fois leur objectif était dempêcher toute initiative, de désorganiser systématiquement tous les cortèges qui pourraient se former et de provoquer des mouvements de panique. Pour ce faire, la tactique policière était simple : "frapper sur tout ce qui bouge". Lutilisation systématique de la matraque et des gaz lacrymoGênes, y compris contre la manifestation pacifique et autorisée de la gauche italienne (2), ne peut laisser croire quil sagit de bavures. De même lopération de perquisition en pleine nuit contre lécole Diaz où se trouvait lintendance du contre sommet et la salle de presse fut dune violence inouïe, mais planifiée. Les ambulances avaient ainsi été commandées à lavance par la préfecture et sont arrivées sur les lieux en même temps que les policiers ! Dautre part, pourquoi avoir laissé les policiers sans relèves subir pendant des heures les assauts des manifestants ? Pourquoi leur avoir laissé leurs armes chargées à portée de main ? Dans ce contexte, les 600 blessés et la mort de Carlo Giuliani laissent planer un sentiment de préméditation. La détermination des manifestants De lautre côté des barricades, la totalité des participants à ce contre sommet était déterminée à sexprimer et étaient venus en imaginant bien quil y aurait quelques heurts avec la police. Concernant les manifestations du vendredi 20 juillet qui réunirent 50 000 personnes, le mot dordre était de franchir la zone rouge. Cela impliquait donc forcément la destruction de lédifice et un contact physique avec les forces de lordre. Cet objectif était partagé, de façon plus ou moins ambiguë, par la totalité des organisations présentes - y compris celles qui dénonceront un peu plus tard la violence des Black Block. Dés lors une grande proportion de manifestants étaient équipés en conséquence pour faire face à quelques coup de matraques et au gaz : casques, lunettes de plongée, masque à gaz, boucliers en plexiglas, protection en mousse. Quelle que soit leur appartenance (des Black Block aux syndicats dextrême gauche italiens en passant par les Tute Bianchi3) un grand nombre de manifestant possédait ainsi au moins un élément de cette panoplie, peu approprié aux manifestations pacifiques, et affichait ainsi leur détermination à résister aux forces de lordre. Un certain degré de violence était donc assumé par une partie importante des participants et les premières vitrines de banques sont tombées sous des applaudissements. Le lendemain, les forces répressives - responsables de lassassinat de Carlo Giuliani la veille sétait massées de manière très provocante et agressive à proximité du grand cortège de 200 000 personnes. Immanquablement ce sont des centaines de manifestants, toutes couleurs confondues, qui se sont alors relayés tour à tour pour les harceler jusquà épuisement. De nouveaux il ny avait pas beaucoup de pacifistes bêlants pour reprocher cette juste riposte au meurtre de la veille. Bien au contraire, ces journées furent marquées par une grande solidarité entre tous les émeutiers : échange deau, de collyre pour les yeux irrités par les gaz, organisation de cordons pour faire face aux charges policières, etc. Les donneurs de leçon Cette vision ne correspond donc absolument pas à la description quon voulut faire certains responsables politiques le lendemain des événements. Il ny avait pas de petits groupes "ultra minoritaires", "ultra violent", "ultra noir", "ultra radicaux", venus pour tous casser et pour piller. Il ny avait pas de "Black Blocks" et autres "racailles anarchistes" qui profitaient des cortèges pacifiques pour se protéger et saccager la ville. Il ny avait pas de policiers qui chargeaient uniquement les honnêtes manifestants et qui épargnaient leurs petits copains habillés de noir. Bien sûr, comme toujours lors de ce genre dévénement, il eut quelques dégâts collatéraux. Un ou deux commerces sans signification politique particulière furent attaqués, et quelques voitures de particuliers furent brûlées dans le feu de laction par quelques individus agissant plus par gourmandise, pour renforcer lambiance de démeute et de guérilla, que par stratégie réfléchie. Quoi quil en soit, ces actes furent très isolés et ne méritent en aucun cas lobnubilation qui a animé les médias et les discussions les jours suivants. Au contraire, avec un peu de recul, les manifestants de Gênes, même les plus radicaux, peuvent apparaître comme très pacifiques : à peine 1 ou 2 cocktails Molotov, quelques barricades maigrelettes et totalement inefficaces contre les blindés de la police, très peu de policiers blessés. En tous cas rien à voir avec les traditions de luttes ouvrières en Europe, ou certaines manifestations sur dautres continents. Toute lhabileté des responsables politiques de gauche4 qui se sont aussitôt fermement positionnés contre la violence après les événements de Gênes consista à retourner de manière abjecte la responsabilité des 600 blessés et de la mort dun manifestant vers les éléments les plus radicaux. Ce fut loccasion dun déballage hallucinant de déclarations sécuritaires en appelant, sans la moindre réserve, à la collaboration avec les forces de lordre afin disoler et daffronter les groupes anarchistes et autres Black Block (nest-ce pas Monsieur Cohn Bendit !). On en entendit même certains reprocher le laxisme de la police berlusconienne qui avait laissé venir en Italie ces indésirables. Encore une occasion flagrante où tous ces personnages, responsables dONG, de syndicats et de groupe dextrême gauche dévoilent leurs véritables intentions : manifester paisiblement et négocier leur part du gâteau auprès des puissants. Heureusement, ce type déclarations, qui avaient déjà fusées en accompagnant les balles tirées à Göteborg, ne paraissent pas calmer les ardeurs de la majorité des manifestants qui se sont rendu encore plus nombreux à Gênes "en bravant le danger des casseurs". Pour conclure, la mobilisation à Gênes confirme indéniablement lapparition dun mouvement hétéroclite, mais néanmoins relativement soudé en dehors des Etats major dorganisation, que la répression sauvage ne semble pas pouvoir stopper pour le moment. Au delà de la question de lutilisation de la violence, il est désormais indispensable que se posent désormais les orientations vitales de ce mouvement : vers une critique réformiste de la société, ou vers lélaboration dune contestation révolutionnaire et résolument anti-capitaliste ? Tonio, le 19 septembre 2001 (1) Guerre éclair pratiquée par les troupes de Hitler lors de la seconde guerre mondiale. ENCADRE |
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FAUX-SEMBLANTS SANS FARD EN COMBINAISONS BLANCHES |
Avec le texte qui suit nous voulons contribuer à remettre les pendules à lheure concernant le mouvement des Tute Bianche Les Invisibles en Italie. Alors que beaucoup les citent en exemple dans les luttes : sans-papiers, antiglobalisation
(à Gènes ils/elles sont présenté-e-s comme « La tendance la plus intransigeante de la protestation antiglobalisation »), il nous a semblé intéressant de traduire ce texte paru dans lhebdomadaire de la Fédération anarchiste italienne, Umanita Nova. Un texte porteur dun tout autre point de vue.
La naissance du mouvement dénommé Tute Bianche remonte à 1988, quand les centres sociaux se réferant à la « Charte de Milan » décidèrent de séloigner, au moins par leur image, du reste du mouvement antagoniste qui nadoptait pas leurs positions politiques. Cette Charte est apparue dans une assemblée qui sest tenue le 19 septembre 88 à Milan, au centre social Leoncavallo. Elle constitua le point de convergence de différentes démarches, venant de laire des centres sociaux, comme Leoncavallo, le « milieu » des centres sociaux du nord-est italien (Padoue, Venise, Mestre, etc.) ainsi que certains de Rome (Corto Circuito, Forte Prenestino). Les centres de Ligurie et des Marches sy rallièrent ensuite. Ces différentes démarches nétaient pas totalement homogènes, mais sétaient construites au cours de la période précédente autour de la tendance de certain-e-s militant-e-s en recherche dune (re)définition et dun nouveau rôle politique ; la pratique se constitua à partir de connections avec la « gauche » institutionnelle comme avec certains secteurs associatifs et des militant-e-s bénévoles, dont des catholiques. Dans le même temps des contacts avaient été pris avec des maires, même de droite, pour obtenir une reconnaissance politique et une légalisation des centres squattés avec largumentation quils offraient des services publics et des spectacles, organisés par des coopératives sociales liées au secteur non-marchand. À Mestre (Venise) en particulier, des négociations menées au conseil municipal autour du centre squatté « Rivolta », une ancienne usine, pour un coût approximatif dun million de dollars US venant de fonds publics et soutenu par le groupe économique Benetton, déboucha sur une légalisation de ce centre. Un tel « tournant » politique, applaudi à la fois par la presse de gauche et la TV, fut alors présenté comme la conséquence dune révision théorique assumant la fin de la période de la lutte des classes et de la subversion communiste, la reconnaissance dune « société civile ». Mal définie, celle-ci nen est pas moins considérée comme une nouvelle interlocutrice visant une « réforme conflictuelle de lÉtat-providence » par la revendication de droits universels, avec en premier lieu le « revenu citoyen ». Pour soutenir ces thèses, les centres sociaux de la Charte de Milan dénichèrent un fédéralisme ambivalent : le municipalisme et lautogestion napparaissaient plus comme des alternatives radicales pour une auto-organisation sociale mais plutôt comme un « nouveau » modèle de participation démocratique et de représentation politique dans les institutions comme dans les administrations locales. Ainsi le Centre Leoncavallo a fini par soutenir un démocrate-chrétien comme Martinazolli, dans la course à la mairie de Milan. Tout en regardant à la dérobée de derrière le drapeau du néo-zapatisme, létape suivante a été la participation de membres de cette mouvance aux élections locales dans les rangs du Parti Vert ou de Refondation Communiste avec une position exprimant tout sauf lopposition aux gouvernements de centre-gauche. Lucas Casarini, un porte-parole (mais un vrai : le leader !) des Tute Bianche fut désigné comme conseiller de Livia Turco, ministre des Affaires sociales dont le nom est associé à la loi créant les camps de rétention pour sans-papiers et clandestins en attente dexpulsion. Depuis 1998, suite à cette « nouvelle » évolution politique, une profonde rupture sest installée dans le mouvement antagoniste, avec dun côté les Tute Bianche de plus en plus impliqués dans un cadre institutionnel et social-démocrate; et de lautre les centres sociaux, les squatts et les expériences dauto-organisation sociales et syndicales qui prennent leurs points de référence dans « lAutonomie de Classe » ou les expressions bigarrées de lanarchisme depuis les squatteurs jusquà la Fédération anarchiste italienne (FAI). Durant les manifestations de rue, une question contribuait à aggraver les fractures, la prétendue « désobéissance civile ». À plus dune occasion, il apparut clairement que certains affrontements entre les Tute Bianche et la police avaient été arrangés préalablement, comme un article de L. Quagliata le dénonça dans le journal Il Manifesto du 1er février 2000 sous le titre : « Guérilla urbaine ? Mais je vous en prie... ». Dautant quà plusieurs reprises et en différents endroits (Bologne, Aviano, Trévise, Trieste, Venise, Rovigo...) les Tute Bianche ont commi agressions physiques, menaces ou délation contre des autonomes, des anarchistes, des communistes révolutionnaires et dautres composantes du mouvement pour lauto-organisation qui rejettent lhégémonie politique que les Tute Bianche prétendent imposer, avec la complicité des médias, à la totalité du mouvement dopposition. SANDRA K. ENCADRÉ - Morceaux choisis: « ...Excusez-nous, camarades, mais pour nous votre inflexibilité à suivre des principes et le refus de toute médiation avec les institutions se rapprochent plus de la pensée anarchiste et du maximalisme populiste, digne de lancienne organisation de gauche Lotta Continua, que de la formation politique de nos militants. Il ny a rien de pire que cela, éclaircissez donc cette question. Permettez-nous seulement dobserver que les propagandistes néo-anarchistes de laction directe et les néo-communistes orthodoxes et fondamentalistes ont en commun le même extrémisme en ce qui concerne le langage pseudo-révolutionnaire ». « LÉtat nest plus dorénavant lennemi à abattre, mais lhomologue avec lequel nous devons discuter les choses » (interview de Luca Casarini, supplément du quotidien Il Gazzetino, 23/04/98). « Les squatteurs de Turin sont trés éloignés de nous, qui discutons les choses avec les institutions et qui travaillons sur des projets et des initiatives. Ils occupent les centres sociaux seulement pour y vivre et sisoler eux-mêmes du reste de la société. Hier Valentino Castellani (le maire de Turin) ma téléphoné pour demander mon aide. Nous avons pris rendez-vous » « Dans les centres sociaux du nord-est du pays, nous avons sorti des nouveaux dirigeants, des gens sérieux comme Luca Casarini. Ne sont-ils pas des nôtres ?! Maintenant certains centres sociaux sorientent eux-mêmes vers un esprit dinitiative indépendant. Ils ont Cacciari (le maire de Venise) comme interlocuteur intelligent, ils se pensent comme un lobby démocratique » « Le jour où ils ne nous appelleront plus « autonomes » sera une fête... Lidéologie est dépassée » « À Davos, en accord avec José Bové, le leader des agriculteurs français, nous avons invité par mégaphone à isoler ceux qui brisaient les vitrines. Nous y avons réussi avec laide des plus jeunes des centres sociaux de Mestre.. Jai rencontré les garçons des centres sociaux de Mestre et de Padoue... Jai parlé avec eux, je leur ai dit quà la première action violente ils seraient repoussés, ensuite jai écouté leurs raisonnements. En fait à Davos ils sont restés de notre côté, ils nont jeté aucun molotov » « Dans le vieil atelier nous trouvons les restes des traditions révolutionnaires qui ont traversé lhistoire du XXe siècle: la communiste, lanarchiste, la travailliste (?) et les autres. Observons les, désenchantées par ce quelles sont : des fragments dune époque dépassée, avec sa splendeur et sa misère, ses victoires et ses défaites, qui ne reviendront plus jamais, qui ne peuvent être reconstruites » « ...Ainsi il existe aussi une gauche réactionnaire, pleine de nostalgie pour lidentité de classe, avec sa manière idéale de spéculer sur les petits pays (de Haider) » |
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VOUS AVEZ VU LA MONDIALISATION OÙ ÇA ? |
Pourquoi encore parler de cette tarte à la crème quest devenue la mondialisation ? Cest une évidence pour tous, de Bill Gates à José Bové et bien au-delà des secteurs réformistes ; cest même une évidence pour la plupart des révolutionnaires. Et pourtant On nous fait croire que le système recouvre le monde le fameux village global , et quil est parfaitement légitime quil en soit ainsi. Ce nest pas une idée propagée par les seuls tenants du néolibéralisme : selon Marx comme selon Lénine, le capitalisme en dominant le monde, suscitera ses propres contradictions, qui finiront par labattre. Cest ce quont affirmé Marx dans son Capital et Lénine dans lImpérialisme, stade suprême du capitalisme. La seule différence entre Bill Gates et Vladimir Illitch est que le premier souhaite voir ce système perdurer tandis que lautre se réjouissait de la perspective démancipation des masses au niveau mondial. Nous savons depuis longtemps que le processus dialectique qui conduirait à la révolution est tout sauf mécanique : le capitalisme de lépoque de Marx, pas plus que celui de lépoque de Lénine, na suscité des contradictions internes telles que cela laurait abattu. Dès lépoque de Lénine, Rosa Luxemburg critiqua les thèses de Marx : elle montra que laccumulation du capital sappuyait sur la permanence de secteurs non capitalistes (dans son Accumulation du capital, 1913, ouvrage condamné unanimement par les marxistes du moment et notamment Lénine). Cette approche est pourtant dun intérêt certain : la camarade Luxemburg est en effet partie de lidée que le capitalisme navait pas lair du tout, à son époque, de seffondrer, à linverse de ce quon aurait pu croire. Rosa Luxemburg explique que, si le capitalisme ne seffondre pas aussi vite quon pouvait lespérer, cest parce quil subsiste, à côté des secteurs recouverts, dominés et organisés par le système, de larges pans de léconomie mondiale en quelque sorte "précapitalistes". De ces secteurs, le système tire un grand profit, en les exploitant sans vergogne cétait, à lépoque de Rosa, le cas des colonies, notamment. Il ne sagit pas de discuter à perte de vue pour savoir si le fait que le système tire un profit nécessaire à son accumulation de capital de ces zones précapitalistes les inclut ou non dans le système : la critique de Lénine consistait à dire que le système sétendait bel et bien au monde entier, dont les masses avaient été prolétarisées, et que de cette extension impérialiste allait naître la contradiction qui allait abattre le capitalisme. Un siècle plus tard, cest la thèse de Rosa Luxemburg qui reste seule vraie : la misère de nombreuses masses du Sud nest pas le produit direct dune exploitation de type capitaliste la plus-value extraite de leur travail est soit nulle, soit infime, et surtout leur travail ne participe pas au système dans son ensemble car le produit de ce travail ne trouve pas dautre débouché que celui dune économie de survie locale, qui ninflue pas sur le système ou alors en négatif, parce que ces masses de pauvres font des enfants, et que cela finit par créer de fortes tensions sociales, et peut-être même démographiques à léchelle mondiale (cf. Amérique ? Amerikkka ! et le dernier texte, " des moyens naturels : la famine et la maladie", éditions Acratie, 1992). Pour le dire autrement : une énorme part des miséreux du Sud ne sont pas des prolétaires au sens marxiste du terme. Cest le cas de tous ceux que les statistiques regroupent sous lappellation générique de "secteur informel". Ce qui nenlève rien à la réalité du processus de domination impérialiste. Dautre part, le système "mondialisé" ne sintéresse pas autant quon le croit aux masses pauvres du Sud et, en tout cas, ne parvient pas à les intégrer. Un dénommé Paul Streeten, professeur déconomie encensé par le FMI et la Banque mondiale, en donne une preuve dans un ouvrage à paraître : La globalisation, opportunité ou menace ? Lauteur est un fervent adepte du capitalisme et de la mondialisation, quil souhaite voir sintensifier. Voici ce quil dit (cest moi qui souligne) : " remarque à la notion selon laquelle nous vivons une mondialisation sans précédent : les pays en développement (et leurs divers groupes), qui ont bénéficié de lexpansion des échanges (et des investissements étrangers qui sont très concentrés en Asie de lEst, au Brésil, au Mexique et maintenant en Chine) ont été peu nombreux, une douzaine tout au plus, bien que leur nombre ait augmenté. Douze pays dAsie et dAmérique latine comptent pour 75 % du total des flux de capitaux, tandis que 140 des 166 pays en développement en ont reçu moins de 5 %. Une grande partie des investissement étrangers est effectuée dans un éventail restreint de branches dactivité par des entreprises de quelques pays (source : Cnuced, 1996). Les masses pauvres du sous-continent indien et de lAfrique subsaharienne nont pas (jusquà présent du moins [sic !]) tiré davantages substantiels de la croissance du commerce et des investissements internationaux. En fait, le plus gros des flux internationaux de biens, de services, dinvestissement direct et de financement suivent les axes reliant lAmérique du Nord, lEurope et le Japon. Les pays les moins développés nont reçu que 0,1 % du total des apports dinvestissement, et lensemble des pays en développement 0,7%. LAfrique en particulier a été quasiment laissée pour compte." On pourrait étayer le raisonnement sur dautres chiffres, par exemple lexpansion dInternet autre tarte à la crème du discours triomphaliste néolibéral est bien moins remarquable que prévu : à la mi 2001, il ny a que 400 millions dordinateurs connectés, et sur ces 400 millions, il ny en a que 3 millions en Afrique (pour 600 millions dhabitants) et 16 millions en Amérique latine (pour 500 millions dhabitants). Et les perspectives de croissance dans les pays pauvres sont très réduites, dautant que 2 milliards dêtres humains nont pas, en 2001, lélectricité Ainsi, la mondialisation le fait dincorporer lensemble de la planète à léconomie mondiale est un leurre si lon croit par là que, aujourdhui, lensemble des activités humaines participe à un seul système. Le capitalisme ne parvient pas à intégrer "positivement" lensemble des pays du monde, cest-à-dire à leur offrir des moyens de faire vivre les masses et de les faire adhérer ainsi à son ordre économique et politique. Or, seule cette intégration positive pourra lui éviter dexploser sans préjuger du type dexplosion qui se produira, révolutionnaire ou réactionnaire. En effet, seule lintégration peut résoudre les contradictions économiques trop criantes entre riches et pauvres, comme on la bien vu dans les pays développés par le capitalisme, où le réformisme politique et lélévation du niveau de vie ont très largement gagné la classe ouvrière. De plus, la permanence de secteurs précapitalistes, ou plutôt non capitalistes, laisse penser que lutopie dune humanité non régie par les lois du profit nest peut-être pas si en dehors du réel que cela La mondialisation existe pourtant bel et bien si lon entend par là la tentative de soumettre les pays dominés à un ordre régi par une libre-circulation théorique des capitaux et des marchandises. Mais cela ne relève pas dun bouleversement aussi radical quon le pense en général : la libre-circulation reste en effet théorique car, à force dappauvrir le Sud, il ny a plus assez dacheteurs et il y en aura de moins en moins (tel est, en dernière analyse, le sens dune expression comme "la concurrence féroce entre les USA, lEurope et le Japon"). Rien de bien nouveau : les êtres humains dominés par léconomie capitaliste sappauvrissent. Conclusion : derrière la mondialisation se cache le progrès, technologique, financier et autre, qui réduit le monde et la vie des êtres humains à la production de marchandises et sappuie sur une intensification de la spoliation dune part toujours plus grande de pauvres. Critiquer la mondialisation sans sattaquer aux progrès, aux technologies et à tout ce qui a rendu cette mondialisation possible et nécessaire pour le système, cest ne pas regarder la Lune mais le doigt qui montre la Lune Philippe GODARD |
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POUR UN RÉSEAU DE GROUPES ANTI-GLOBALISATION |
Depuis Seattle, la contestation des grands sommets capitalistes se généralise. La participation à cette contestation nest pas pour nous une fin en soi mais le complément des différentes luttes anticapitalistes dans lesquelles nous sommes impliqués. Depuis le début des années 1990, des initiatives se sont fait jour dans la mouvance libertaire pour se donner les moyens de contester ces sommets (sommets franco-africains de La Baule et de Biarritz, sommet du G7 à Lyon). Ces rassemblements donnent lopportunité de globaliser les luttes que nous menons, daffirmer quelles découlent de la logique capitaliste mondiale. Cest aussi loccasion de renforcer les rapports de force et de multiplier les convergences. Pour nous, il est important daffirmer nos positions : ALORS PASSONS À LOFFENSIVE !!! Nous constatons que nous ne nous sommes pas donnés tous les moyens pour faire entendre clairement nos positions lors des contre-sommets précédents : la formalisation dune opposition radicale et révolutionnaire aux forteresses du capitalisme est nécessaire. Pour nous, les mobilisations comme celle de Nice ont manqué : de coordination entre les libertaires présents ; de matériels communs ; dorganisation sur place ; et la présence des libertaires na pas été non plus le reflet des luttes locales. De surcroit, face à la mise en place dun contrôle et dune répression policière brutale et planifiée, le manque dorganisation ne permet pas de façon optimum : de répondre à la double répression policière et idéologique ; dautonomiser les manifestants (par la diffusion de pratiques de protections collectives) ; dexprimer notre solidarité avec les personnes réprimées (par la mise en place dun réseau davocats par exemple). Aussi, dans la perspective de la participation à dautres échéances, il nous semble nécessaire de nous préparer en répondant à ces manques et en utilisant lexpérience des Groupes Anti-G7 dont nous faisons par ailleurs un bilan positif et constructif, puisquils sont parvenus à coordonner laction dune dizaine de groupes locaux lors du sommet de Lyon en 1995. En outre, comme depuis quelques temps, plusieurs appels à lunité des libertaires circulent, et comme il nous semble que les contre-sommets permettent une réelle coordination dactions dépassant le cadre des organisations actuelles, nous appelons à la création dun réseau de groupes locaux fédérant leur action en vue des prochains sommets et étant le reflet des luttes locales et sur des bases anti-capitalistes et anti-étatistes. Lexistence dun réseau devrait permettre de répondre aux carences organisationnelles constatées à Nice ; dinstaurer une meilleur protection contre la répression (avant, pendant et après les manifestations) ; de coupler, comme cela nous semble nécessaire, manisfestation et débats, en organisant, sur place, un forum (LEurope forteresse et la libre circulation des personnes pourrait être le thème de celui de la prochaine échéance) ; dassurer plus efficacement la diffusion, la visibilité de nos actions et nos rapports avec la presse. Afin denvisager lavenir de ce réseau, nous ferons, fin septembre, un bilan des réponses reçues qui pourra être suivi par des réunions décentralisées le week-end du 27-28 octobre. Cet appel a été envoyé à lensemble de la presse libertaire et aux contacts des anciens GAG (anti-G7 de Lyon) ainsi quà lensemble des contacts et réseaux connus par les personnes participantes à linitiative de cet appel. Aymeric (Ariège), Jérôme (Strasbourg), Olivier (Saint-Nazaire), Scylla (Lyon), août 2001 Contacts |
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