Courant alternatif no 142 octobre 2004 |
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SOMMAIRE |
Edito p. 3 SOCIAL Temps de travail, baisse des salaires :une attaque au niveau européen p. 4 La lutte des transports gratuits p. 7 LES NOUVELLES FORMES DU MARIAGE ECOLE- ENTREPRISE p. 9 Soutenir Roland Veuillet p.13 Corse : le conflit à la SNCM p. 13 Rubrique Flics et Militaires p. 14 Droit dasile Les coups bas de la préfecture de police de Paris p. 15 Affaire frammezelle/Lenoir : un verdict sur un dossier vide p. 16 Dans les prisons de France p. 16 Le procès de Kamel : les responsables sont ailleurs p. 18 Daniel Mermet patron de choc p. 21 International A propos du filmd de Michael Moore p. 20 Mythes et réalités de la résistance irakienne p. 21 |
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ÉDITO |
Après lattaque denvergure sur les retraites en 2003, le gouvernement a pu imposer sa contre réforme sur lassurance maladie masquant dautres coups bas concernant ce secteur. La presse nannonce-t-elle pas, suite au rapport de la cour des comptes un déficit record situé autour des 20 milliards deuros ? Ce qui permet au bon docteur Douste- Blazy de nous concocter dautres mesures anti-sociales dans ce domaine. La réduction massive des budgets sociaux plonge encore plus brutalement les familles dans la détresse et la misère. Dans le même temps, le gouvernement chouchoute les plus aisées par des exonérations fiscales : sur les droits de succession et dhéritage, sur les chèques emplois services, etc. Ces attaques ne résultent pas dune politique menée par la droite, il en sera de même demain si la gauche revenait aux affaires ! Elles sont la conséquence et le produit dune exacerbation, dune concurrence internationale quimplique le capital dans sa course aux profits. Il en est de même concernant les attaques portées dans les entreprises sur lallongement du temps de travail sans compensation salariale. Cette politique, est introduite en Allemagne sous un gouvernement social démocrate. Pays qui pratique les 35 heures, voire les 32 heures chez Wolkwagen. En France, la loi Aubry, loin de créer des emplois pérennes dans le cadre de lapplication des 35 heures, a introduit la déréglementation des conventions collectives du code du travail et la flexibilité a outrance. ce que lex-ministre, défendant son bilan face aux attaques du MEDEF et parlementaires de droite résumait : « Nos entreprises ont gagné de la flexibilité et augmenté leur productivité ». Aujourdhui, le patronat a la voie libre pour sengouffrer dans cette logique de profits, rallonger sans contrainte étatique la durée du temps de travail et augmenter encore plus la compétitivité des entreprises pour le profit de leurs actionnaires. Et, contre les salariés qui voudraient contrevenir a ses plans, il brandit la menace et le chantage des licenciements, de la fermeture de lusine et de la délocalisation... Ce fut le scénario monté chez Mercedes, Daimler Chrisler, puis peu après en France : Bosch a Venissieux, Snappon a Chartres , Doux, le volailler, a Quimper, etc. Si, malgré cela, certains salariés en viennent a résister, la bourgeoisie veille a préserver ses intérêts. Comme ce fut le cas cet été a Rennes contre les personnels de S T microélectronique en lutte depuis un an pour empêcher le déménagement des équipements mais où, le 10 juin, les CRS et les gardes mobiles sont intervenus sans ménagement contre les grévistes. Ou encore chez Snappon a Chartres où le patron a pu déménager les presses et machines outils sous la protection de la justice qui ordonne aux salariés de lever leurs barrages au nom du « droit a la propriété privée » sous lil bienveillant de la police locale et des CRS qui permirent de vider les lieux des presses et machines, sous haute protection. Ces attaques contre le monde du travail accompagnées de menaces et de chantage traduisent lâpre concurrence a laquelle se livrent les bourgeoisies nationales qui, pour augmenter leur compétitivité et maintenir leur taux de profits doivent faire baisser partout le coût de la force de travail. Cela, tant dans lentreprise avec lintensification de lexploitation, qua lextérieur en supprimant et en rognant toutes formes daides sociales créant une insécurité sociale permanente et une désolidarité entre travailleurs. « Nous avons besoin de la participation des syndicats. Il ne sert a rien de les critiquer en bloc. Nous avons du pain sur la planche car a lheure actuelle, les syndicats oscillent entre le pragmatisme au sein des entreprises et la radicalisation au niveau politique ».(M Kanneglesser, président des patrons de la métallurgie allemande). Celui-ci, résume bien le dilemme posé aux confédérations syndicales. Intégrées au système, elles participent au niveau européen a lélaboration des lois cadres fixant le démantèlement et louverture a la concurrence des services publics fixés dans les résolutions de lAGCS.(Accord Général du Commerce et des Services). Leur pragmatisme bienveillant accompagne les mesures anti-sociales qui frappent les salariés. Ce que confirme le rôle et le double langage tenu par la CGT durant les mouvements a EDF-GDF. Au congrès de Biarritz 2003 , B Thiebault affirmait devant les délégués que personne ne toucherait au statut des électriciens et des gaziers. Déclaration réitérée dans de nombreux média. Sur le terrain la bureaucratie fédérale se retrouvait main dans la main avec les autres centrales syndicales: CFDT, FO, CFTC pour sopposer a chaque fois aux velléités de durcissement et de continuité du mouvement de lutte engagé par les salariés en assemblées générales. Notons quEDF GDF est son pré carré puisquelle a contribué a sa création peu après la libération. Cest son bastion qui la nourrit avec plus de 1000 permanents syndicaux et détachés, et, est une manne financière pour le fonctionnement de la boutique. On comprend aussi le soutien nucléaucrate quelle peut apporter au gouvernement dans la continuité de la politique du tout nucléaire en France. Le double langage du patron de la CGT a permi danesthésier plus ou moins le mécontentement de sa base syndicale et a Sarkosy douvrir voici peu le capital dEDF GDF a la concurrence. Quant a la crainte de la radicalisation évoquée par le patron de la métallurgie allemande, elle traduit bien plus celle que des bureaucraties syndicales face a leurs bases et salariés excédés. Crainte de ne pouvoir maîtriser les réactions futures des travailleurs nacceptant plus loffensive anti sociale menée contre eux. A lexemple des salariés de Daimler en Allemagne qui en réponse au chantage de délocalisation du patronat se mirent aussitôt en grêve et manifestèrent avec des solidarités venues de tous le pays. Le 16 Août 2004, 60 000 personnes défilaient dans la rue pour protester contre les réformes du droit du travail et les réductions des prestations sociales. Cétait la plus grande manifestation quait connue lAllemagne depuis la chute du mur. Face a cette réaction, patrons et syndicats, se sont emprésseés de trouver un « accord satisfaisant pour tout le monde ». On peut comprendre la crainte de la bourgeoisie dune remonté des luttes sociales autonomes plus déterminées avec des extensions de solidarités autonomes contre les bureaucraties syndicales qui ont de moins en moins de miettes (concédées par leurs maîtres) a donner aux salariés pour les amadouer. Doù le battage orchestré sur le retour de la gauche au pouvoir suprême. Doù la nécessité dillusionner sur le renouveau de la gauche plurielle après deux victoires électorales. Doù la médiatisation pré-électorale du couple LO LCR qui plus que la gauche elle-même voulait incarner LE débouché politique aux luttes et mouvement social de ces derniers mois. Canaliser la contestation de terrain et la détourner vers les urnes. Faire oublier aux travailleurs leur entité collective de classe aux intérêts communs pour encore une fois les isoler les uns des autres pour nêtre plus que des citoyens ayant un pouvoir démocratique par le bulletin de vote pour changer les choses. Il en est de même pour les alters mondialistes et leurs grand-messes médiatiques financées par la bourgeoisie qui navancent que des solutions gestionnaires, entretenant la mystification dun état social qui assurerait le bien être des citoyens et garantirait les bienfaits des services publics. Alters mondialistes dont lassociation ATTAC sauto proclame représentante et « se découvre » enfin en offrant pour tout projet de transformation sociale que de voter pour ses propres listes lors de prochaines consultations électorales.. Militants révolutionnaires, notre projet de transformation sociale est anti-capitaliste et antiautoritaire. Le seul débouché politique souhaité, et a revendiquer pour les luttes est la victoire politique de ces transformations contre tous ceux qui les détourneraient vers un schéma institutionnel et citoyen perpétuant ainsi la domination du capital. Nous devons contribuer, par des échanges, le débat et des pratiques communes a renforcer nos liens pour une meilleur intervention dans ces lieux et réseaux vers lauto organisation sociale et politique Seul le développement des luttes autonomes et une solidarité de classe permettront de répondre aux attaques de la bourgeoisie et préparer la défaite du capital. Caen le 20.09.2004 |
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Temps de travail, baisse des salaires : une attaque au niveau européen |
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"Saviez-vous que depuis 1970 les personnes travaillent 22 % dheures en moins en France et 20 % de plus aux Etats-Unis ? Saviez-vous quil y a des cas où des lois strictes sur la protection de lemploi rendent les travailleurs anxieux quant à leur emploi ? Saviez-vous que les salaires, pour la plupart des travailleurs, continuent dêtre fixés par des négociations entre syndicats et employeurs dans un nombre important de pays, malgré le fait que le nombre de personnes syndiquées a eu tendance à diminuer ces dernières années ?"
Dans son rapport 2004 visant à "réévaluer les stratégies pour lemploi", lOCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) prône le développement dune "culture de lallongement du temps de travail". Bien sur, le MEDEF saisit la balle au bond et demande à l'Etat d'assouplir la loi sur les 35 heures. Mais les attaques contre la durée du temps de travail n'ont pas lieu qu'en France, mais partout en Europe, surtout depuis l'arrivée de 10 nouveaux membres. Le but : diminuer le coût de travail. |
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LES NOUVELLES FORMES DU MARIAGE ECOLE- ENTREPRISE |
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« Lentreprise est une école ; lécole est une entreprise » (Mme Gentzbittel, proviseure de lycée) Cet article présente quelques-unes des mesures gouvernementales et patronales, déjà prises ou à venir, concernant lécole et la formation. Il tente den révéler la logique et les conséquences : une dégradation, sciemment provoquée et menée à un rythme forcé, des conditions déducation des classes populaires, étroitement liée à une généralisation de la précarité et de la flexibilité salariales et sociales. Larticle fait apparaître ces mesures dans des paragraphes juxtaposés, comme des pièces dun puzzle qui dessinent des tendances prioritaires du projet capitaliste mondialisé en matière déducation et de société. Le projet scolaire sest progressivement imprégné du discours économique du capitalisme mondial, pudiquement rebaptisé « libéral », qui voit dans lécole un instrument de formation et de formatage à adapter aux nouveaux besoins des entreprises. LERT (European Round Table), club européen de réflexion patronal, ne sen cache pas : « Léducation doit être considérée comme un service rendu au monde économique » (Rapport, 1995). Il sagit de soumettre de plus en plus lécole à des finalités exclusivement économiques et dinsertion, au service des patrons, et de gérer au moindre coût pour les finances publiques ce service, public ou privé, déducation. La future loi dorientation sur léducation : des formes plus radicales de tri social Le rapport de la commission Thélot doit servir de support au projet de loi dorientation sur léducation. Ce projet devrait être présenté au conseil des ministres en décembre prochain, pour être examiné par le parlement début 2005 et entrer en application à la rentrée 2006. Le rapport établit un SMIC culturel : Pour tous, un « socle commun de lindispensable », comprendrait « la langue » (le français), « les maths, léducation à la vie en commun, langlais de communication internationale et les technologies de linformation » (ordinateurs, multimédia, internet, logiciels éducatifs ) (1). On cherche à réduire lenseignement à un formalisme de compétences hiérarchisées et fétichisées. Il est à souligner que les « compétences de base » à acquérir préconisées dans le rapport Thélot sont les mêmes que celles qui sont recensées par la Commission européenne, dans son rapport sur les objectifs concrets futurs de formation (2001) : « techniques de linfo, langues étrangères, culture technologique, esprit dentreprise, aptitudes sociales » Dans ce « socle commun », aucune place nest laissée à la culture générale, qui apparaît demblée comme superflue pour certains, puisque laccès en serait refusé aux jeunes « en grande difficulté scolaire ». Les disciplines citées sont, avec le volet idéologique de « lesprit dentreprise » et léducation à la « citoyenneté », les compétences de base qui constituent le « savoir » minimum pour être employable et le socle de la « formation tout au long de la vie » Il hiérarchise nettement les disciplines Seraient obligatoires aussi des disciplines jugées « moins fondamentales » (sic!) : les sciences, le travail manuel, léducation physique et sportive, une seconde langue Il reconstitue des filières ségrégatives Des options seraient prévues. Un élève pourrait être appelé à passer lessentiel de son temps à lapprentissage du « socle », pendant que ses camarades sinitieraient à dautres matières. Lobligation faite aux élèves de faire des choix de « diversification », donc dorientation précoce, se ferait dès la 5°, à 12 ans. Les professeurs seraient de plus en plus mis à contribution pour ce tri précoce, auquel les parents concernés donneraient leur assentiment. Dans cette même logique, la spécialisation des lycéens (en lycée général et technologique) se ferait dès la seconde, au lieu de la première. La formation initiale apparaît ainsi réduite et devient minimaliste pour un grand nombre de jeunes. On veut mettre en place un système qui ouvre la voie à un tri précoce des enfants, au nom dun « échec scolaire » dont on veut leur faire porter la responsabilité. Dès aujourdhui, des signes avant-coureurs existent. Tout dabord, au collège, la « nouvelle troisième », testée aujourdhui à titre « expérimental ». Un arrêté ministériel de juillet stipule que lexpérimentation de cette « nouvelle troisième » va être généralisée en septembre 2005. La « nouveauté » consiste à définir un « socle » de 25h30 de cours pour dégager des options, pendant 3 et jusquà 6 heures par semaine : « Dans le cadre des enseignements facultatifs, les élèves peuvent suivre un enseignement soit de langue vivante étrangère ou régionale, soit de latin, soit de grec, soit de découverte professionnelle », considérée ouvrir lélève à un futur métier. Bien que ces options soient hypocritement présentées comme « ouvertes à tous », il est évident que celle de « découverte professionnelle » aura un caractère socialement discriminant. Il ne sagit plus seulement de créer, à côté du cursus dit « normal », des structures spécifiques, dailleurs fort contestables, pour les élèves dits « en difficulté », comme lont été les classes de 4° et 3° technologiques par alternance, qui étaient dérogatoires et expérimentales, ou les 3° dinsertion; il sagit désormais dinstitutionnaliser la fin dune scolarité commune (commune ne veut pas dire uniforme) jusquà 16 ans, en créant des enseignements socialement différenciés au sein même du cursus dit « normal », avec amputation pure et simple de certaines matières : ainsi, selon les options « choisies », tous les élèves ne bénéficieront pas de lapprentissage dune seconde langue, ce qui ferme demblée à certains, et de façon irréversible, laccès aux lycées généraux et technologiques et les oriente dès 14 ans vers la voie professionnelle courte ou lapprentissage. De plus, que signifie cette « découverte professionnelle », sinon la préparation de la main duvre des entreprises locales ? Il sagit bel et bien dune orientation précoce et dune orientation par léchec. Lobjectif est de réduire la prolongation des études : des jeunes doivent se préparer à se faire virer bien avant 16 ans du collège (- des économies de plus pour le secteur public ). Autre signe dappauvrissement de la formation initiale, la réduction ou la suppression denseignements. Elle est à luvre, dans les lycées, au travers de la suppression massive doptions ainsi que de matières, obligatoires mais laissées jusquici au choix des élèves; au travers également de suppressions dans les disciplines technologiques et en langues vivantes, ainsi que dans les langues à « faible diffusion ». De plus, la suppression des classes de première dadaptation dans les lycées technologiques remet en cause la possibilité pour des jeunes issus des lycées professionnels de poursuivre leurs études, après le BP (brevet professionnel), pour obtenir un baccalauréat. Par ailleurs, loffensive capitaliste se fait aussi sur le terrain idéologique. Masquer les inégalités sociales, promouvoir le « mérite » et « lesprit dentreprendre » Il sagit « dencourager les jeunes à prendre en main leur destin par linitiative économique » (Ferry). Pour cela, les programmes des TPE (travaux personnels encadrés) en lycée, IDD (initiative de découverte) en collège, PPCP (projet pluridisciplinaire à caractère professionnel) en lycée professionnel intègrent ce thème, et lopération « Envie dagir », qui incite au bénévolat, doit valoriser ces projets. Dans ce dernier cas, on remplace la justice sociale et la solidarité par la charité (laïque ). « La vie est dure. Le système éducatif se doit de préparer les jeunes à ce défi » a déclaré Fillon, en août dernier. Le défi, cest de faire passer les inégalités sociales pour des inégalités de mérite purement individuel, de mettre en avant la responsabilité individuelle dans la vie de chacun et de renforcer lesprit de concurrence et de compétition. Des établissements scolaires gérés comme des entreprises et mis en concurrence « Les établissements doivent être gérés comme des unités de production autonomes. On ne doit pas dire : lélève est au centre du système éducatif, mais : le client est au centre du marché. Les enseignants qui ne sadapteront pas seront hors jeu » (Boisivon, responsable de la commission éducative de lInstitut de lentreprise, lié au Medef). Au nom des économies budgétaires, on organise la pénurie des moyens. Doù, avec la LOLF (loi de finances), une enveloppe globale ridiculement faible qui est attribuée à chaque établissement et que son chef gère en fonction de ses priorités (une manière de faire disparaître des crédits pédagogiques et donc de raboter tout ce qui offrait des marges de manuvre et dinnovation) ; doù des suppressions drastiques de postes (en 3 ans, près de 70 000 postes ont été supprimés, dont 50 000 aides-éducateurs, 2 500 personnels administratifs. Dici 2006, quelque 20 000 postes seront supprimés dans les établissements) et la fermeture des concours de recrutement ; doù les statuts précaires qui sempilent et empirent dannée en année (des vacataires sont recrutés à la place des contractuels, parce que plus précaires encore); doù, pour mettre tout le monde au pas, le renforcement de la hiérarchie des établissements ainsi que des pouvoirs locaux et régionaux. La loi dorientation qui se prépare confirme une évolution profonde vers un système éducatif plus dual : au sommet, un enseignement supérieur et technique hautement performant mais doublement contrôlé par le patronat : au titre de futur employeur et au titre dinvestisseur dans les services éducatifs marchands. En dessous, un enseignement de base pour tous, qui restera largement public, mais dont la mission première ne sera plus dapporter aux jeunes un bagage commun de connaissances et de culture, mais bien de leur faire acquérir les compétences de base nécessaires à lexercice dun emploi peu qualifié ou à un recyclage permanent. Le tout saupoudré dune « éducation citoyenne » qui, mise en contexte, fait furieusement penser à linstruction civique des ouvriers du XIX° siècle. Un mythe qui a la vie dure : le chômage serait dû aux défauts de la formation. Or, cest la politique économique, industrielle et sociale du système capitaliste qui est cause du chômage. Si des patrons se plaignent de difficultés de recrutement, celles-ci tiennent à des causes structurelles : le manque dattractivité de certains métiers et entreprises en termes de conditions de travail, de salaires (bâtiment, restauration) Il ny a aucun lien de causalité entre le niveau de la formation de la force de travail et le niveau de chômage. Certes, sur le plan individuel, le risque de chômage est étroitement corrélé au niveau de qualification, mais le marché du travail fonctionnant selon la logique de la file dattente, le mieux doté lemporte sur le moins bien formé. Mais cela ne change rien au nombre demplois disponibles : la qualification ne crée pas demplois supplémentaires. Le nombre de postes où les employeurs ne trouvent pas la qualification nécessaire correspond à peine à 10% du nombre des chômeurs. Le phénomène est marginal. Mais aujourdhui les patrons ont les moyens de demander des jeunes « avec expérience », quils demandent à lécole de produire ; ce que, par définition, elle ne peut pas faire, sauf à tuer sa fonction spécifique déducation. Le credo patronal de lalternance LERT a déclaré: « Il est indispensable que les jeunes acquièrent une année dexpérience pratique en entreprise. Ces stages leur permettront dintégrer lesprit dentreprise et les « savoir-être » qui font les bons travailleurs. La modification des attitudes et le renforcement de la motivation impliquent quon prenne davantage conscience que lindividu a lobligation de faire preuve de souplesse. » On assiste à une généralisation des stages « découverte dans les entreprises », dès le collège, pendant et hors vacances scolaires. Une ordonnance, en 2003, modifie un article du code du travail pour que les entreprises puissent accueillir des élèves de plus en plus jeunes, sous forme de stages dapplication, de visites dinformation, de séquences dobservation, de stages dinitiation et/ou de périodes de formation . La même année, par décret, le gouvernement permet à des élèves de moins de 16 ans en stage en entreprise dutiliser des machines, des appareils ou des produits dont lusage était proscrit aux mineurs par le code du travail. Les stages de 12 à 24 semaines deviennent systématiques pour les élèves des lycées professionnels. Des stages gratuits se développent dans de nombreuses formations universitaires. LAssociation française des banques a déclaré: « (Les jeunes) qui sont fournis par la formation en alternance connaissent nos métiers, nos produits, nos clients et sont donc plus rapidement opérationnels quand on les embauche. » La loi sur la formation professionnelle de 2003 crée des contrats de professionnalisation en alternance. Le contrat de professionnalisation remplace les trois autres contrats : de qualification, dadaptation, et dorientation. Ces trois contrats, accessibles de 16ans à 18, 22 ou 26 ans, duraient de 6 mois à 2 ans et variaient de 30% à 80% du SMIC. Le contrat de professionnalisation concerne des jeunes avec ou sans qualification, des chômeur-ses sans critère dâge et des « seniors ». Sa durée est de 6 mois à 1 an, 2 ans dans certains cas. La part de formation est moins importante : le contrat de professionnalisation ne prévoit que 15% de temps de formation (au lieu de 25% en contrat de qualification), le reste du temps étant consacré au travail en entreprise. La « rémunération » pour les jeunes est légèrement augmentée, mais celle des adultes diminue : pour les moins de 21 ans, la rémunération est à 55% du Smic, plus 10 points si titulaires dun bac professionnel ou équivalent ; pour les 21 à 26 ans, on passe à 70% du Smic ; pour les plus de 26 ans, à 85% du RMA de la convention collective de branche. Cest un contrat de paupérisation du monde du travail et un renforcement de lexploitation sur toute la ligne, un contrat dinsécurité sociale pour construire lemployabilité des « accidentés » du collège, et les insérer dans un emploi plus ou moins subventionné. Tout pour lapprentissage Lapprentissage est présenté aux jeunes en difficulté comme la panacée quand, dans le même temps, la voie scolaire professionnelle est menacée. Lobjectif gouvernemental (plan de cohésion social de Borloo) est de « faire passer le nombre dapprentis de 365 000 en 2003 à 500 000 en 2007, en augmentant les entrées annuelles de 5 à 10%, soit 20 000 à 30 000 contrats de plus ». Avec à la clé une incitation fiscale accordée aux entreprises : pour les appâter, il est envisagé dinstituer un nouveau crédit dimpôt par apprenti (1600 euros par apprenti et par an) Apprentissage et formation en lycées professionnels sont mis de plus en plus en concurrence. Déjà on assiste à une disqualification des CAP, BP (brevets professionnels), face aux dispositifs de contrats-jeunes plus rentables pour les patrons : salaire inférieur au Smic, réduction des charges sociales, exonérations fiscales Lapprentissage noffre quun choix limité à des métiers manuels, pénibles, peu rémunérés et socialement dépréciés. Les apprentis touchent de 25 à 78% du Smic en fonction de leur âge et de leurs qualifications ; ils ont des horaires très souvent démentiels (jusquà 60h par semaine dans la restauration) et le gouvernement a fixé à 8h au lieu de 7 la durée journalière de travail pour les moins de 18 ans. Pour quils se sentent revalorisés, les apprentis seraient appelés des « étudiants des métiers » ! Partenariats et servitudes : Education nationale - Medef En 2002, a été signé un contrat de collaboration Medef Poitou-Charentes et rectorat de lacadémie de Poitiers pour cinq ans, reconductible. Il sagit de mettre au travail les élèves en assurant la formation et linsertion professionnelle des jeunes du collège au lycée. Cette charte prépare ladaptation des formations au bassin demploi et limite loffre de formation dans la région (des jeunes partiront). Elle impose au rectorat de soumettre au Medef toute proposition de modification des structures pédagogiques des lycées. Le patronat exerce une tutelle de fait sur loffre de formation. Les co-signataires élaborent les documents et méthodes pédagogiques des enseignants ; le patronat simmisce ainsi dans les programmes scolaires. Ce nest pas seulement lenseignement professionnel qui est mouliné par la pédagogie des entreprises : le haro est lancé sur les collèges, les lycées technologiques et généraux, car le Medef « place les problèmes déducation, de formation et dorientation au centre de ses préoccupations ». Pour cela enseignants, parents et élèves sont mis sous la tutelle de lorganisme patronal. Autre exemple : une brochure « Ecole-entreprise », véritable panégyrique du Medef, a été coproduite par le rectorat et le Medef Languedoc-Roussillon. Léditorial est éloquent : « Ecole-entreprise : un mariage de raison ». Une Convention de partenariat lie le Medef et lAcadémie de Montpellier, organisant entre autres la concertation à propos de la carte des spécialités professionnelles. Lycée des métiers : une plate forme de formation en flux tendu pour répondre au « bassin demploi » Y sont accueillis tous les types de publics possibles, en formation initiale ou continue (de lapprentissage aux formations professionnelles supérieures). Cest la voie royale pour créer détroites relations entre lycée-entreprises locales, pour mettre lenseignement professionnel et technologique sous la tutelle et au service exclusif des bassins industriels locaux : mise à disposition des locaux, du matériel et des personnels pour les entreprises locales (il sagit doptimiser les investissements des régions dans lapprentissage et les lycées professionnels) ; formation à flux tendu et flexible en fonction des besoins immédiats des patrons (le lycée devient « le supermarché de lentreprise »); formations- maison commandées par le patronat local. Les enseignements généraux sont réduits ou disparaissent, au profit de la validation de compétences utiles aux besoins des entreprises. Le futur salarié ne sera jamais totalement formé, ce qui justifie « la formation tout au long de la vie » et son va-et-vient entre école et emploi au gré des besoins des entreprises La « formation tout au long de la vie » ou la promesse de nêtre jamais considéré comme formé ou qualifié La formation du XXI° siècle apparaît comme un instrument ayant pour fonction de maintenir le coût du travail dans une fourchette raisonnable. Elle doit prévenir le risque de déficit démographique (départ en retraite, baisse de la population active ) qui pourrait voir senvoler les salaires et donc le coût du travail. Doù la réforme de la formation permanente, qui veut « rendre chacun acteur de son évolution professionnelle et coresponsable de sa qualification ». Pour cela, rien nest plus efficace que le volontariat contraint, pour une formation hors temps de travail (= co-investissement !) Le salarié doit être un collaborateur de lentreprise et se doit de se former du berceau au tombeau pour assurer son « employabilité » (cest à dire rester compétitif sur le marché du travail). La formation nest plus principalement un critère de promotion dans lentreprise, ni de progression salariale ; elle devient la condition du maintien dans lemploi. La formation tout au long de la vie a des conséquences sur la formation initiale donnée par lenseignement primaire et secondaire: cette dernière peut être revue à la baisse et réduite au strict minimum (cf. le recentrage sur les « socles » : français, maths, anglais comme code international, utilisation de linformatique, esprit dentreprise) et laccent est mis sur la professionnalisation précoce des apprentissages scolaires. Tout se tient. Dautres modes dapprentissage, - « léducation non formelle » (hors établissements de formation, sur le lieu de travail ou dans des activités associatives) et « informelle » (activités de la vie quotidienne) - sont mis sur le même plan que léducation « formelle » donnée dans les écoles. Selon le rapport de lOCDE (1998), la mondialisation économique, politique, culturelle rend obsolète lécole et, en même temps quelle, lenseignant. Ainsi, plus besoin des enseignants ; des professionnels rémunérés ou des bénévoles feront laffaire. Le secteur privé se voit confier le soin de définir des formes innovantes dévaluation et de reconnaissance des savoirs. Ainsi, le système éducatif est dépossédé du monopole de validation des connaissances acquises et de délivrance des diplômes. Lentreprise simpose comme un lieu de lacquisition des compétences. Rôle qui justifie, selon le Medef, son droit de regard dans les procédures de validation, jusque-là du seul domaine du système éducatif. La compétence plutôt que le savoir Il faut « accorder la priorité au développement des compétences professionnelles pour une meilleure adaptation des travailleurs aux évolutions du marché du travail » (Conseil européen, 1997) Les savoirs transmis par lécole sont jugés inutiles, trop vite obsolètes. Les patrons privilégient lacquisition de compétences qui peuvent être mises en uvre de manière plus souple. « La compétence est la mise en uvre des ressources dun individu associé à des moyens fournis par lentreprise, dans une situation de travail donnée » (Alain Dumont, Medef). « Lenseignement doit apporter des compétences plus que des savoirs. Chacun doit apprendre à être entrepreneur de soi-même » (M. Bengtsson, directeur du CERI-OCDE). Le mot compétence est toujours lié à celui demployabilité. Dans ce contexte, la hiérarchie, le chef sont importants: « Il ny a pas de compétence collective. Il y a un homme qui a été capable de coordonner et danimer les ressources dune équipe pour aboutir à un résultat » : un langage dans la pure veine militaro-sportive. Ce qui compte donc, ce ne sont pas les acquis, qui renvoient à des droits sur un poste de travail, cest la compétence. Le diplôme nest et ne sera reconnu quen fonction de ce critère, en fonction de linitiative et surtout des fonctions (tâches) qui y correspondent. Remise en cause des diplômes et de leur reconnaissance nationale. Seillère (Medef) déclare en 2002 : « Il nous faut faire en sorte de tout faire (sic) enfin pour que la rigidité du système des diplômes et des qualifications soit atténuée par une meilleure prise en compte des compétences de chacun dans son travail quotidien ». On passe dune logique de qualification à une logique de compétence (salaire en fonction de lévaluation des compétences individuelles). Les formations nationales doivent sestomper au profit de compétences spécifiques aux besoins du bassin demploi. En concurrence avec les formations nationales, il existe des certifications (CQP=certification de qualification professionnelle) : les branches professionnelles ont le pouvoir de définir des objectifs de qualification (qui évacuent toute culture générale), leurs principes et modalités de validation. La tendance est à la disparition des grilles conventionnelles de classification professionnelle (qui assuraient égalité et reconnaissance nationale des types de postes et des diplômes) et à leur remplacement par un système de classement par fonctions, « activités » et « missions », codifié dans les nouvelles conventions collectives. La formation nest plus définie en terme démancipation mais en terme demploi. Le diplôme est réduit à sa fonction daccès à lemploi. Validation des acquis de lexpérience (VAE) : à charge de lindividu La loi de janvier 2002 reconnaît lexpérience professionnelle et individuelle en équivalence du diplôme moyennant lobtention dune certification. Les VAE sont limités à des compétences. Les travailleurs sont renvoyés à leur responsabilité individuelle. Au salarié de se débrouiller pour financer sa VAE ; avec quels moyens pour les organismes, quelles aptitudes des personnels, pour quels choix ? Des entreprises trouvent leur intérêt : elles vont envoyer des personnels en VAE pour fidéliser les salariés, développer leur employabilité, favoriser la mobilité professionnelle. Pour elles, la VAE est un outil de gestion des ressources humaines (pour rationaliser les coûts de formation, anticiper reclassements et licenciements, individualiser le salaire). Elles font des économies en temps et coût de formation, qui est à la charge de lindividu. Les îlots de formation technique individualisée, un type de formation flexible, adaptable et « sur mesure »pour les patrons Mis en place depuis quelques années, les IFTI sont une émanation de la très puissante UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Objectif : réussir, et en particulier avec laide des outils technologiques de linformatique (enseignement à distance et « autonome », sur le temps libre des salariés et à leurs frais, ce qui permet de réduire les coûts) à organiser de la formation « en juste à temps » (flux tendu), au plus près des besoins des entreprises, et ce de manière individualisée. Cela accompagne et renforce la perte des références collectives : il sagit de « rendre à lindividu la responsabilité de son parcours ». Le passeport formation ou le retour du livret ouvrier (2) Pour entrer dans une autre entreprise, il faudra un passeport sur lequel figureront les diplômes obtenus ou autres, les actions de formation suivies, les emplois tenus dans une même entreprise, les décisions en matière de formation, prises en entretien ou lors dun bilan de compétences. Il sagit de se former tout en étant contrôlé tout au long de sa vie. La présence de plus en plus envahissante de lentreprise capitaliste et de ses modèles idéologiques dans léducation est une des manifestations de sa marchandisation en cours. Celle-ci est multiforme et emprunte bien des chemins, y compris sous la tutelle de lEtat, celui-ci assurant le rôle de régulateur des flux de main duvre et mettant sa machine bureaucratique au service dune adaptation de lécole aux besoins du marché. Contre la main mise capitaliste sur léducation et la formation, qui fait de la formation une marchandise au service des intérêts patronaux, il faut réaffirmer que léducation doit être prise en considération comme un bien exemplaire, commun et destiné à tous-tes, irréductible à toute marchandisation. La lutte contre la marchandisation de léducation et de la formation passe donc par une réflexion sur le rôle de celles-ci dans la société ainsi que sur la société elle-même, et par des luttes contre linjustice sociale et ses causes. Notes : (1) : Les technologies de linformation occupent une place de plus en plus grande. Cest quil sagit de préparer les jeunes au télé-enseignement : « Il faudra que tous les individus qui apprennent séquipent doutils pédagogiques de base, tout comme ils ont acquis une télévision » (Table ronde européenne). Il faut aussi doter les futurs travailleurs des compétences requises par le nouvel environnement technologique, donc quils sachent manipuler une souris et répondre aux injonctions dun écran. Et puis, linformatique scolaire constitue un formidable moyen de stimuler le marché des technologies de linformation et des communications. (2) : Le livret ouvrier a sévi de 1803 à 1890 ; cétait un document obligatoire où étaient inscrits les noms des employeurs, les dates demploi du travailleur et les acomptes qui lui étaient versés ; il était visé » par la police ou le maire ; le patron devait en prendre connaissance au moment de lembauche. Christine-septembre 2004 |
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Mythes et réalités de la résistance irakienne |
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La résistance irakienne suscite de nombreuses interrogations. La prise en otages des deux journalistes Christian Chesnot et Gorges Malbrunot a suscité une certaine émotion dans l'opinion publique en France. Mais la complexité du conflit et des acteurs impliqués laisse le plus souvent une impression d'impuissance, qui joue pour beaucoup dans l'inaptitude du mouvement contre l'occupation à se développer. Dans les pays qui ont envoyé des armées, ce mouvement prend appui sur la revendication, simple et évidente, du retour des troupes. Ailleurs, il butte sur la difficulté à analyser le conflit et à trouver une approche adaptée. L'attitude de la résistance irakienne y joue un rôle important. Ce qu'on appelle « résistance » est composé de plus de quatre-vingt groupes ou appellations différentes, recouvrant des réalités matérielles et politiques variées. Il ne semble exister ni de commandement unifié, ni de véritable programme, en dehors du refus de l'occupation coalisée. A plusieurs reprises, des appels à l'unification ont été lancés, sans grand succès. Pour comprendre cet échec, il faut analyser les composantes de cette résistance et la façon dont elle s'est formée.
a) La persistance du Baasisme Il est évident que la rapidité avec laquelle la guérilla urbaine a débuté dans les grandes villes irakiennes, de même que l'importance des moyens militaires utilisés, n'est pas anodine. Quand on songe qu'Ernesto Che Guevarra suggère, dans ses écrits militaires , de commencer la lutte armée avec une vingtaine d'individus et à peu près autant d'armes de poing, tout en évoquant la longue période de préparation nécessaire, il est évident que dès l'entrée en Irak des troupes coalisées, la résistance était opérationnelle. On parle de 6 millions d'armes, mises en circulation par le régime baasiste de Saddam Hussein avant sa chute - pour une population de 25 400 000 personnes - pour mettre en place des « milices populaires ». Autrement dit, certain d'être incapable de vaincre l'armée américaine et ses alliés, le pouvoir a préparé le passage à la guérilla, seul terrain sur lequel il est en mesure de gagner. L'encadrement d'une partie des groupes résistants serait assuré par l'ancienne Garde républicaine, troupe d'élite de l'armée baasiste, officiellement démobilisée, soit 25 mille hommes et femmes - rappelons que la démobilisation de l'armée irakienne a mis 400 000 personnes au chômage. Ce sont les seuls régiments qui inquiétaient réellement l'armée américaine, qui tenait les milices populaires et l'armée régulière pour militairement négligeable. Une autre fraction de l'ancienne armée, les Feyadeen Saddam (« ceux qui sont prêt à mourir pour Saddam ») ont frappé l'imagination en raison de leurs costumes de ninjas . Estimés entre 20 000 et 60 000 avant l'occupation, ils ont été formés en 1994 sous l'impulsion de Uday, le fils aîné de Saddam, pour servir de contrepoids à son frère cadet Qusay, lequel contrôlait notamment la Garde républicaine. Entraînées à la dissimulation et au combat urbain, ces unités d'élite forment également un terrain favorable au développement de la guérilla. Les deux frères ont été tués par un assaut américain le 2 juillet 2003 à Mossoul. Même si leur mort a sans doute porté un coup dur à cette fraction de la résistance, elle ne l'a pas arrêtée. Il semble notamment qu'à Damas, l'autre capitale du Baasisme - quoique rivale de l'Irak, la Syrie est toujours dirigée par le « Parti de la renaissance socialiste arabe » ou Baas - s'activent de nombreux officiers démobilisés qui ont reconstitué leur réseau, tandis qu'en Irak même, l'ancien parti au pouvoir se reconstitue progressivement. Pour comprendre cette persistance du parti Baas, il faut partir de l'emprise qu'il a exercée sur la société irakienne pendant plus de quarante ans et de son insertion dans l'économie irakienne. Authentique organisation totalitaire, le Baas s'est développé à tous les niveaux de la société comme un appareil de contrôle idéologique et politique, un encadrement total de la société, flicage et mouchardage étant organisé par le Parti au pouvoir dans les quartiers comme dans les entreprises, tandis que l'ensemble de l'administration et de l'économie était sous contrôle des membres du Parti. Il a donc développé un appareil tentaculaire, présent à tous les niveaux de la société, avec environ un million de membres, soit un habitant sur vingt-cinq. Si l'adhésion contrainte au Parti, sous peine de vexations ou d'emprisonnement, était monnaie courante, c'est que celle-ci permettait de renforcer le contrôle social. Un tel système génère toute une couche sociale qui, à des degrés divers profite de la position de pouvoir que confère l'appartenance à l'appareil du Parti, à la fois protection et source de revenus complémentaire par la corruption . En outre, à cette organisation politique vient s'ajouter une fonction publique omniprésente - l'économie étant pour l'essentiel étatisée - et une armée dont l'importance allait croissante, avec l'un des budgets militaires les plus élevés du monde dès la guerre Iran-Irak. Celui-ci était alimenté par la rente pétrolière , manne supposée intarissable pour l'un des premiers producteurs du monde, qui lui permet de pourvoir à a survie de cette couche sociale bureaucratique et militaire, sans se soucier trop de son efficacité réelle. Autrement dit, l'effondrement du pouvoir Baas, c'est aussi celui de toute une couche sociale qui n'a pas d'autre choix que de rechercher à tout prix son retour au pouvoir, que ce soit par la lutte armée ou par l'intégration au nouveau régime. Or, l'administration américaine a opéré un curieux retournement à l'approche du retour à la « souveraineté » de l'Irak. Quelques mois auparavant, elle prônait la débaasisation. Déjà, la vague de grèves ouvrières de l'hiver 2003 avait pour objectif outre la hausse des salaires de s'opposer violemment au maintien des directeurs d'usine liés au parti Baas, soupçonnés de corruption et de prévarication. Mais la nécessité, pour les USA, de mettre rapidement sur pied l'économie et de reprendre contrôle de la société, les a poussés à remettre en selle de nombreux dignitaires baasistes, dont le nouveau Premier ministre Ilyad Alawi, dissident baasiste et affidé notoire de la CIA, en est le symbole même. L'arrestation de Saddam Hussein lâché par les baasistes eux-mêmes, qui semble n'avoir jamais réussi à jouer un rôle de rassembleur de la Résistance, l'absence de programme social clair, le ralliement d'une partie d'entre eux à l'administration américaine et les difficultés à financer les opérations militaires, ont favorisé l'émergence d'un pôle dominant dans la résistance, l'Islam politique. b) L'émergence de l'Islam politique Contrairement à l'idée reçue, l'Irak n'est pas une société plus religieuse qu'une autre. Se définir comme Sunnite, Chiite, Mazdéen, Chaldéen, ou l'une des nombreuses religions minoritaires qui y coexistent, n'a de sens que pour les pratiquant-es. En dehors de ceux-là, ce n'est pas une caractéristique essentielle dans une société fortement laïcisée - et cela même avant l'arrivée au pouvoir du baasisme. Au contraire, le pouvoir Baas a largement contribué à renforcer les « identités » religieuses, en persécutant les Chiites - relégué aux rang de Perses, c'est-à-dire d'Iraniens - et les juifs - l'antisémitisme d'état ayant contraint au départ vers Israël (opération « tapis volant ») l'une des plus anciennes communautés juives du monde. La vision communautariste du Baasisme, contrairement à son image relativement moderne, a beaucoup contribué à enfermer la population dans une identité ethnico-religieuse, en revitalisant des systèmes sociaux moribonds. Ainsi, il a attribué, dès 1992, un rôle aux tribus, dont l'évocation suscite le plus souvent l'hilarité de la majorité des irakien-nes, cette population à 70 % urbaine considérant les institutions tribales comme un archaïsme. « On a dit de l'Irak qu'il était un pays laïque en voie de modernisation accélérée. Et, tout à coup, on le décrit comme une société tribale, segmentée, incapable de former un État parlant au nom de tous les Irakiens dans leur diversité » s'étonne l'anthropologue d'origine irakienne Hosham Dawod, qui reconnaît que le chaos actuel favorise un processus de retribalisation sous une forme moderne . Les Américain-es vont se lancer eux aussi, avec de nombreux déboires et mystifications, dans l'exploitation des relations tribales et des cheikhs réels ou supposés . Avec la guerre de 1991, Saddam Hussein a tenté de s'imposer, au-delà de son image de leader arabe, comme un religieux fervent. A défaut de lui attirer la grâce divine, cela lui a permis d'accueillir de nombreuses organisations islamistes, qui ont pu bénéficier en Irak d'un vaste terrain d'entraînement, avant d'en faire un véritable champ de bataille. En effet, les mouvements islamistes, qui agissent à l'échelle internationale, ont besoin en permanence de théâtres d'opération. Les contrées d'origine des combattants de l'Islam sont le plus souvent trop heureux de voir ces tumultueux jeunes gens quitter le pays natal pour aller se battre en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie, en Somalie ou en Irak. Financer l'islamisme à l'extérieur, comme le fait l'Arabie Saoudite, est une bonne manière de le combattre à l'intérieur. « D'après certaines estimations, au cours des deux dernières décennies, les Saoudiens auraient dépensé 100 milliards de dollars pour promouvoir diverses formes d'islamisme à l'étranger. Une partie de ces fonds provenait des collectes d'argent dans les mosquées, les bazars, les écoles, les hôpitaux et d'autres lieux publics à travers le Royaume. Mais les plus gros financements furent directement assurés par l'Etat » explique le politologue Amir Taheri . C'est ainsi que de nombreux jeunes algériens, palestiniens, jordaniens, syriens, saoudiens, etc., sont venus combattre en Irak. Démobilisés en même temps que l'armée, ils n'ont pas beaucoups d'autres alternatives que de faire ce qu'ils savent faire le mieux : la lutte armée. Ces mercenaires ont amené dans leurs bagages de nouvelles formes d'Islam, comme le wahhabisme ou le salafisme, qui comptent parmi les plus intransigeantes et les plus réactionnaires. C'est ainsi que certains experts soulignent les convergences évidentes de style entre les communiqués de l'Armée islamique en Irak et ceux du Groupe islamique armé (GIA) en Algérie . Bien sûr, ces islamistes internationaux sont une minorité en Irak, mais leur entraînement, leur volontarisme et leurs réseaux logistiques leur donnent une capacité d'action importante. On trouve également des islamistes irakiens ayant opéré à l'étranger, tel Abou Rachid, du mouvement wahhabite Tawid wal Djihad (Unité et Guerre sainte), qui se vante d'avoir personnellement décapité l'américain Nick Berg. Ancien membre de la garde Saddam, expulsé pour son appartenance à un mouvement islamiste, il a tenté de rejoindre l'Afghanistan pour apporter son soutien aux Taliban . Arrivé trop tard, lors du débarquement coalisé en Afghanistan, il est aujourd'hui l'un des « émirs » de Falluja. La mouvance talibane est représentée en Irak par l'Armée des compagnons du Prophète, qui s'est notamment fait connaître par ses menaces de mort à l'encontre de la dirigeante féministe Yannar Mohammed, en raison de son opposition publique à la charia. On ne peut évidemment pas oublier l'organisation du Jordanien Abou Moussab Zarkaoui, considéré comme l'homme al-Qaeda (La Base) en Irak, et auteur de nombreux attentats visant notamment les chrétiens d'Irak. Ce mouvement, incontestablement le plus médiatique et le plus hi-tech à l'échelle internationale, se singularise par sa totale adaptation aux spécificités du capitalisme global et son discours transnational, hostile aux nationalismes arabes et favorable à la constitution d'une vaste umma (communauté) musulmane fondée à la fois sur la charia et le capitalisme le plus avancé. Al-Qaeda est un pur produit de la globalisation capitaliste . Contrairement aux baasistes, qui n'ont pour eux qu'un immense stock d'armes, mais apparemment de faibles ressources extérieures, les islamistes disposent d'une véritable manne, fournie par les réseaux financiers de l'Islamisme, alliant organisations non-gouvernementales et banques islamiques . Les états islamiques, que ce soit la pétromonarchie saoudienne - qui n'a pas la moindre intention de laisser revenir l'Irak sur la scène internationale du pétrole - ou l'Iran, qui contrairement à l'idée reçue ne finance pas que les mouvements chiites, font partie des généreux mécènes de la résistance. Certains mouvements disposent également de bases arrière en Iran, simple monnaie de la pièce puisque la quasi-totalité des organisations de l'opposition iranienne disposent de camps en Irak. C'est notamment le cas de l'une des plus importantes, le Suprême conseil de la révolution islamique en Irak, qui fait partie du gouvernement provisoire et vient d'intégrer sa milice de plusieurs milliers d'hommes à l'armée régulière de l'Irak. En effet, tout comme les baasistes, les islamistes n'ont pas mis tous leurs ufs dans le même panier. Certains partis ont choisi la voie gouvernementale, comme d'autres ont opté pour la résistance. Même Moqtada al-Sadr', qui est présenté comme le leader de la résistance chiite - il est l'héritier d'une longue lignée de religieux célèbres - se sert de son mouvement armé essentiellement comme d'un marchepied vers le pouvoir politique, puisqu'il a annoncé à plusieurs reprises la transformation de son Armée du Mahdi en parti politique et sa participation aux élections organisées en 2005. Cela ne doit pas suspendre, dans une région où les partis politiques disposent tous d'organisations militaires. Quelle que soit la méthode qu'ils ont choisie, les mouvements liés à l'Islam politique partagent un programme commun, à quelques nuances près : la mise de place d'un régime fondé sur l'Islam, régi par la charia et instituant l'apartheid sexuel. En outre, ils partagent la même aversion pour les athées et les laïques, les croyants d'autres religions, les féministes, les syndicalistes et les communistes, qu'ils vouent aux gémonies à longueur de colonnes dans leurs journaux. Au mois de juillet, le poète Mohammad Abdul Rahim, qui avait rejoint les rangs du Parti communiste-ouvrier et militait ouvertement contre l'islam politique dans ville de Kut, a été assassiné. Son corps a été retrouvé près de la frontière iranienne, sur la piste empruntée par les troupes du Suprême conseil de la révolution islamique. Ce parti gouvernemental, dont les militants avaient menacé de mort le poète, dénie toute implication. La meilleure façon d'évaluer la résistance irakienne étant sa pratique, il est intéressant de constater son action, notamment dans les zones passées sous son contrôle. A Cité Sadr, la ville qui porte le nom de famille de Moqtada al-Sadr', les habitants ont fait part des méthodes de terreur employées par les 1500 miliciens de l'armée du Mahdi à l'égard de la population locale . Il faut noter qu'à Nassiriyah, ce sont les ouvriers de l'usine d'aluminium qui ont chassé les troupes de Moqtada al-Sadr' qui tentaient d'occuper l'entreprise pour la transformer en bastion militaire, comme l'a signalé la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak . A Bassorah, les différents partis islamistes, qu'ils soient dans la résistance ou au gouvernement, ont instauré un « émirat » dans lequel on ne rencontre presque plus de femmes dans les rues, ou la vente d'alcool et les boîtes de nuits sont prohibées - ailleurs, ils ont été jusqu'à interdire les pique-nique. A Mossoul, ce sont les femmes travaillant dans le milieu médical ou universitaire, qui sont victimes d'assassinats par balles, éventuellement assorties de décapitations. La montée en puissance de la résistance s'est traduite immédiatement par l'instauration de fait d'un apartheid sexuel et a rendu la vie des femmes irakiennes plus dangereuse, plus insupportable encore. c) A gauche de la résistance ? On pourrait volontiers imaginer que la résistance irakienne ne soit pas composée exclusivement de baasistes et d'islamistes, et même y rechercher une fraction de gauche, progressiste et laïque. Il est possible que celle-ci existe, mais dans ce cas, elle ne brille pas par son sens de la communication. L'une des nombreuses singularités de la situation irakienne tient dans la participation du Parti communiste d'Irak au gouvernement, avec l'aval des forces occupantes et aux côtés des partis religieux. Il y incarne même, d'une certaine manière, la caution démocratique et joue un rôle non négligeable dans la réorganisation de l'industrie, puisqu'il contrôle une puissante centrale syndicale, la Fédération irakienne des syndicats (IFTU). La tutelle d'un parti gouvernemental n'est d'ailleurs pas toujours bien ressentie par la base syndicale. Cette collaboration a produit une scission nommée Parti communiste d'Irak (cadres), se positionnant fermement comme le flanc gauche de la résistance. S'il critique le rôle des dirigeants religieux, auxquels il reproche de chercher simplement le maintien de leur pouvoir, il n'en prône pas moins l'unité de la résistance, c'est-à-dire l'alliance avec les islamistes et les baasistes, sur fond commun de patriotisme . La question du programme social de la résistance est éludée au profit de la lutte contre l'impérialisme américain. Le Parti communiste lui-même, jadis le plus puissant du Moyen-Orient, a perdu une partie de ses membres au profit du Parti communiste-ouvrier, dont la double opposition à l'occupation et à l'islamisme, attire un nombre croissant de militant-es. Ce dernier ne participe pas, pour l'instant, à la résistance et dénonce son caractère nationaliste et religieux. Toutefois, il organise, dans les quartiers où il est implanté - principalement des camps de réfugiés et des immeubles squattés - des groupes armés chargés de protéger la population contre le gangstérisme et l'islamisme. L'un de ses dirigeants, Khasro Saya, déclare : « Notre conception de la résistance armée est totalement différente de celles des islamistes et des baasistes qui opèrent actuellement en Irak. Nous nous considérons d'ores et déjà comme un parti armé et, en même temps que d'autres formes de lutte, nous développons nos capacités militaires et nous essayons d'armer les masses et leurs organisations selon une stratégie militaire. Nous luttons de manière à inverser la balance du pouvoir militaire, afin d'expulser les troupes d'occupation, diminuer l'influence de l'Islam politique sur la vie des gens, développer le pouvoir des masses et leur permettre, avec leurs représentant-es, de contrôler leurs propres affaires, aussi bien au niveau des quartiers, des villes, des régions, que du pays entier » . Partisan de l'armement du prolétariat, ce parti refuse énergiquement le recours au terrorisme, dont il dénonce régulièrement le caractère barbare . Comment se fait-il que la résistance irakienne soit globalement située à l'extrême-droite, au point de satelliser certaines fractions de la gauche (et de fasciner une frange de l'extrême-gauche) ? On peut apporter de nombreuses réponses, non-exclusives, à cette question. Il faut tout d'abord remarquer que l'entrée en Irak des troupes coalisées a suscité une réaction mitigée de la part de la population irakienne, plutôt favorable au Kurdistan - autonome depuis 1991 sous la tutelle de partis nationalistes proaméricains - et méfiante dans le reste du pays, où l'horreur des années d'embargo entrait en balance avec le renversement du régime fasciste. Le déclenchement quasi-immédiat de la lutte armée est donc plus le fait d'un volontarisme que d'un véritable ancrage dans la société irakienne - même s'il est indéniable que les mouvements de résistance disposent d'une certaine assise sociale, y compris parmi les plus pauvres. C'est le comportement odieux de l'armée d'occupation, en même temps que la généralisation du chômage, qui a progressivement remplacé cette méfiance par de l'hostilité. Les contrôles systématiques, les violences et les vexations, les attaques injustifiées, les bombardements, sont évidemment ressenties comme des agressions. Les révélations sur les détentions arbitraires et les tortures dans la prison d'Abu-Ghraib ont joué un effet important. Mais leur médiatisation a passé sous silence le pire : certaines femmes violées en prison ont ensuite été assassinées par leurs proches pour « laver l'honneur de la famille », ainsi que l'a révélé l'Organisation pour la liberté des femmes en Irak, qui accueille dans des foyers semi-clandestins des femmes menacées de cette peine . Les islamistes, avec leurs réseaux internationaux, ont su prendre le leadership de la résistance. Le revirement religieux de Saddam Hussein depuis 1991, a favorisé leur implantation et surtout, le rapprochement avec les combattants d'élite issus du démantèlement de l'armée et du parti Baas. Cette position leur permet de satelliser progressivement tout mouvement qui s'engage dans la lutte armée sans véritable programme social. Leur programme ultraréactionnaire en matière sociale, leur ferme volonté d'instaurer l'apartheid sexuel et la charia, sont associées à une pratique libérale - exprimée par leurs réseaux financiers internationaux - qui leur tient lieu de seule pensée économique et qui révèle clairement leur nature sociale capitaliste, sous les apparences les plus archaïques - selon un modèle expérimenté en Iran. Le mouvement ouvrier, le mouvement des femmes, ne bénéficie pas des largesses d'établissements financiers et d'états, ni d'envois d'armes et de combattant-es. Il ne peut compter que sur lui-même, et sur la solidarité internationale, pour se développer, s'organiser à la base, sous la forme des conseils ouvriers et de conseils de quartier, contre l'occupation et contre la réaction. La résistance, dans l'état actuel des choses, ne lui propose rien d'autre qu'un régime islamique, éventuellement mâtiné de baasisme, dont les actuels « émirats », avec la pratique de la charia, les violences exercées contre les femmes, les exécutions sommaires et le racisme donnent déjà un aperçu de ce que pourrait devenir l'Irak demain. Après avoir massivement dit non à la guerre en Irak, nous ne pouvons laisser ce sinistre scénario s'installer sans chercher, par notre solidarité internationaliste, à soutenir les forces sociales et féministes qui s'y opposent sur le terrain. Nicolas DESSAUX |
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