Courant alternatif no 149 mai 2005 |
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SOMMAIRE |
Edito p. 3 ELECTIONS Constitution européenne: LEtablissement aux abois p.4 SOCIAL Le Printemps des précaires p.6 Ca branle dans le manche p.8 LIVRES RECUS p.9 BREVES PLANETE Crevettes et Touristes, responsables des conséquences du Tsunami p.10 DERRIERE LES MOTS Arrêtons la recherche! p.12 Terrorisme et médias: les deux mâchoires dun même piège à cons p.14 POINT DE VUE Les gigantesques désinformations des médias p.16 SYNDICALISME Pourquoi nous quittons la Confédération Paysanne p.18 INTERNATIONAL Guantanamo, le bagne au bout du monde p.21 Le cône sud au printemps 2004 p.22 FLICS ET MILITAIRES p.23 ANTINUCLEAIRE Projet de plate-forme du collectif contre la société nucléaire p.24 |
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EDITO |
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De Bolkestein à Chirac, en passant par Hollande, Bayrou et Cohn-Bendit, tout ce beau monde intelligent, lucide, qui va dans le sens de lHistoire, uvre sans sen apercevoir pour une victoire du NON. Ce beau monde qui a aujourdhui la trouille, nhésite pas à faire un parallèle entre ce référendum et un certain 21 avril 2002 où une partie de la bourgeoisie éclairée sest fait éliminer. Ces politiciens géniaux ont quelque part raison car la non-adhésion massive à lEurope capitaliste a une signification de classe au même titre que les abstentionnistes de ce premier tour du 21 avril. Oui, aujourdhui en France, une majorité dexploités, citoyens ou non, refuse, dune manière ou dune autre, LEUR société. Ce nest pas un séisme mais un espoir que cela sexprime un jour sur dautres terrains que dans le cirque électoral. Mais, comme nous lavons dit dans notre précédent numéro, léchec du OUI ne serait pas la catastrophe annoncée par les partisans de la future constitution. Il sétablirait un statu quo basé sur le texte en vigueur actuellement : celui du traité de Nice. Et dans quelques mois, voire un peu plus, nous serions invités (tout du moins pour ceux et celles qui sont inscrits sur les listes électorales) à retourner aux urnes, pour un second tour, où un certain nombre de propagandistes actuels du NON retourneront leurs vestes en cédant, encore une fois, aux sirènes de « lantifascisme », du « réalisme » Du déjà vu Un certain 5 mai 2002 ! Bien sûr, en cas déchec du OUI, « le rôle et la superbe » de la bourgeoisie française en sera affectée quelques mois. Sen suivront des recompositions politiciennes où lavenir de Chirac et de son clan sera sérieusement compromis par un Sarkozy qui na pas mis tous ses ufs dans le panier du OUI. Quant au PS, ce sera soit des scissions soit lavènement dun Fabius requinqué. Rien de bien folichon, cest le moins que lon puisse dire ! En fait, la seule satisfaction de la victoire du NON serait de voir la « tronche de cake » des nantis et de ceux qui y aspirent, le soir et le lendemain du scrutin. Nous pouvons nous faire plaisir mais ce ne sera jamais un bulletin de vote qui remettra quoique ce soit de fondamental. Pour lutter contre le capitalisme, il ny a rien dautres que la lutte des classes quelle sexprime directement sur les lieux dexploitation ou quelle donne un contenu à des luttes contre cette société patriarcale, capitaliste qui détruit et asservit tous les fondements de la vie. Au niveau des luttes dans les entreprises, un changement est en train de sopérer. Progressivement, les grèves dans le secteur public et surtout dans le secteur privé passent dun niveau défensif à loffensive. Bien sûr, des travailleurs et travailleuses se battent toujours contre les fermetures dentreprise, les délocalisations en essayant, en dernier ressort, dobtenir le moins mauvais « plan social ». Quant au secteur public, il a toujours autant de mal à dépasser les échecs concernant la conservation des avantages acquis (statuts, retraite, ). Mais, en épluchant les conflits sociaux de ces derniers mois on constate une remontée des luttes pour des augmentations de salaires et pour de moins mauvaises conditions de travail. Ces luttes dans lautomobile, les chaînes de distribution (habillement, hypermarchés) et plus globalement dans les services peuvent mettre de plus en plus en cause la course au profit dans la concurrence des entreprises. Les exploité-e-s reprennent loffensive contre des salaires bloqués depuis des années et contre lintensification du travail quavait induit les RTT, impliquant un stress et lapparition de nouvelles maladies neurologiques et autres. Le patronat refuse systématiquement toute augmentation salariale globale. La « conscience de classe » refait surface encouragée par la publication des revenus et indemnités des PDG. A Carrefour, théâtre récent dune série de grèves pour les salaires, un PDG viré après 12 ans dancienneté vaut 2514 ans de SMIC ! LEtat, aux caisses soi-disant vides, se sent obligé de lâcher quelques miettes à ses fonctionnaires et en pompier va très certainement légiférer afin que les salaires et indemnités des PDG ne soit plus source de scandale. Au niveau des luttes des précaires, là aussi des choses bougent comme vous pourrez le constater en lisant larticle de ce numéro : « le printemps des précaires ». « La norme du travail a pris le visage de lemploi précaire, dautre part, les contrats atypiques se multiplient et enfin, lemploi ne protège pas de la pauvreté ». Ces constats impliquent de nouvelles revendications, le contenu change et nous ne sommes plus en présence de revendications du type « retour au plein emploi » ! Ces nouveaux contenus impliquent de nouvelles solidarités, lémergence de la nécessité dune convergence des luttes entre ceux qui travaillent pour rien ou pas grand chose, les sans-papiers, les chômeurs pas assez subventionnés par lASSEDIC, les rm-istes, Nous sommes encore loin dun mouvement de classe et de masse. Mais dores et déjà la nécessité de lunité et de la coordination à la base ainsi que lautonomie des initiatives se posent encore une fois. OCL Reims, le 27/4/05 |
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Constitution européenne: LEtablissement aux abois |
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Manifestement lenjeu de ce referendum nest pas la constitution européenne. Pour les tenants du oui il sagit maintenant de recrédibiliser la classe politique qui constate avec effroi que le fossé qui existe entre elle et le peuple est encore plus grand que ce quils pensaient. Chacun de leurs arguments en faveur du oui se retournait contre eux à tel point que lon avait limpression dassister à un exercice de Commedia del arte dans lequel Arlequin rossait le coquin... pour le plaisir. Et ce plaisir-là nen déplaise aux coincés de la politique politicienne est autrement plus révélateur que tel ou tel argument en faveur du oui ou du non.
Une chose est certaine, le résultat du référendum relatif à la constitution européenne, naura aucune incidence sur les projets capitalistes mis en place dans la zone Europe en rapport direct avec les redéploiements économiques qui sopèrent à léchelle de la planète. En France, 15 familles à elles seules contrôlent plus du tiers du capital de la Bourse de Paris : Peugeot, Bouygues, Bettancourt, Dassault, Arnault, Michelin, Pinault, Bellon, Ricard... Dans le monde ils sont 700 à posséder un milliard de dollars ou plus. Et leur fortune, de 2 200 milliards augmente en moyenne de 15 % par an ! Cest cette réalité-là que les capitalistes se doivent dorganiser et de rationnaliser à seule fin de la pérenniser. A défaut de dissoudre le peuple... Par conséquent, même si le bon peuple votait non, à défaut de le dissoudre, on pourra toujours lui organiser une nouvelle consultation, comme ce fut déjà le cas il ny a pas si longtemps, à propos dautres questions européennes, au Danemark et aux Pays-Bas. Et, sil le faut, pourquoi pas, un troisième référendum ! Il sagit avant tout doindre dun ongent démocratique ce qui a déjà été décidé et organisé dans les sphères dirigeantes du capitalisme mondial. Car, à ce niveau, la vraie grande bataille, la guerre économique, a déjà commencé et seuls les plus forts existeront encore dans 20 ans. Tout est bon pour accumuler des forces en vue des futures batailles pour la conquête des marchés et laccumulation du capital, de concentrations en concentrations. Au prix, bien sûr, de la dégradation irréversible de la planète et de la misère accrue de milliards dêtres humains. Dans les pays occidentaux le niveau de vie va considérablement baisser. On expliquera alors aux classes moyennes occidentales encore dotées dun semblant didéologie humaniste que cette baisse nest pas un mal puisque, en contrepartie, le niveau moyen des pays émergeants sélève. Les bas salaires, les précaires, les chômeurs seront, eux, paralysés par la peur de tomber encore plus bas et de perdre encore un peu plus de ce quon leur dit être des privilèges. Dans les pays émergeant un début daccès, pour les plus chanceux, aux scintillements de la consommation taieront les réactions à la prolétarisation accélérée... Cest du moins le scénario dont rêvent les capitalistes. Mais si tout ne roule pas aussi bien il y aura toujours la guerre, avec tous les ingrédients qui la composent, pour remettre les choses en place. On le voit lenjeu est de taille. A tel point que si, par un malheureux concours de circonstances le bon peuple persistait à mal voter, on se passerait du verni démocratique. Rappelez-vous le référendum sur le maintien de lEspagne dans lOTAN ; ou celui sur lEurope de Maastricht aux Pays-Bas. Dans les deux cas la couleur était annoncée : en cas de victoire du non on ne tiendrait pas compte de ce vote et lEspagne resterait dans lOTAN comme les Bataves dans lUnion européenne. Cest cette réalité-là que les tenants des campagnes pour le non tentent de masquer en faisant croire quen cas de victoire nous assisterions à un recul réel de cette offensive libérale et anti-sociale (je ne parle évidemment pas là de lextrême droite, tout aussi libérale et antisociale que les tenants du oui, et dont le non nest quune tentative pour se refaire une santé, plutôt fragile ces derniers temps, en agitant les chiffons nationalitaires dune supposée identité française menacée). Car, soyons clairs, pour faire reculer, ne serait-ce que dun iota, les patrons et leurs alliés il faudrait un mouvement social dune ampleur inégalée au cours de ces trente dernières années. Et nous nen prenons pas le chemin, ne serait-ce que parce que les bataillons du non ont un autre souci en tête, celui précisément déviter lémergence dun mouvement social qui, sil devait naître, ne pourrait vivre quen les balayant tous, vite fait, bien fait. Dautres, certes, appellent de leurs vux un mouvement social. Mais en ne limaginant que dans les strictes limites dun syndicalisme revenant, aux mieux, aux illusions véhiculées par les oppositions internes à la CFDT des années 70-80, ils en sont réduit à navoir quune seule perspective, celle de recomposer une gauche de la gauche. En somme nêtre quà la gauche de la droite ! Cest passionnant ! La nique aux partis Et pourtant à combien de choses passionnantes il nous a été donné dassister dans le mois où le non a été donné vainqueur ! Limportant, le passionnant, létonnant, ce nest pas cette supposée majorité de non. Ce qui est porteur despoir cest que ce non ait résisté aussi longtemps à une ampleur propagandiste et anti-démocratique la plus éhonté qui soit. Pensez ! Lensemble des partis de gouvernement de droite comme de gauche (hormis quelques électrons libre), la quasi totalité des médias, des intellectuels, des artistes, des sociologues, des économistes et des observateurs , lensemble de celles et ceux qui sont grassement payés pour remplir lespace médiatique de leurs conseils avisés, mènent une bataille hargneuse, en rangs serrés, pour le oui, reprenant en chur ce qui se dit dans les salon du prêt-à-penser européen. Au fur et à mesure que le non résistait dans les sondages, leur hargne balayait ce quil leur restait de vernis démocratique. Des débats étaient organisés entre un partisant du oui et... un partisan du oui. On expliquait à lenfant-électeur, un peu partout, la constitution européenne, en prenant pour exemple tel ou telle question et, à chaque fois cétait pour montrer que les craintes des partisans du non nétaient pas fondées. Et à ce jeu, les radios et les TV nationales, Le Monde et Libération, on été les maîtres de la propagande. Aux orties lobjectivité ! Si le non lemporte ce sera le chaos, le fascisme, pourquoi pas le retour à la bougie et à lâge des cavernes ! Au début, ils expliquaient que cétait parce que lélecteur était mal informé et quil ne connaissait pas les textes. Mais chaque personne nayant pas un petit pois à la place du cerveau sest vite aperçu que tous ceux et toutes celles qui parlaient ainsi ne lavaient pas lu non plus, que leurs arguments nétaient que de conformité à une pensée qui se voulait dominante et que tout leur était bon pour balayer dun revers de main les oripeaux démocratiques chantés la veille. Bref, on assistait en direct au franchissement du fragile Rubicon qui sépare le démocratique du totalitaire . Et lorsquils éructaient que les arguments des tenants du non navait rien à voir avec la Constitution, ils avaient en partie raison : cest contre eux, comme classe sociale, comme intelligentsia, comme manipulateurs, comme menteurs professionnels, que le non progressait... et non parce les sondésavaient bien ou mal lu la Constitution. Les mensonges énoncés depuis ces derniers mois et ces dernières années par les politiques, comme par exemple que leuro navait pas renchéri le coût de la vie, étaient trop gros, trop lisibles. La pensée honnête se payait le petit luxe de cracher à la figure de ces messieurs-dames et en premier lieu des leaders de ce parti fondé par un ancien Vichyssois, le père de Mazarine. Un parti qui, une fois de plus, agitait lépouventail le Pen, ressortant des oubliettes une formation en pleine décomposition, comme son fondateur lavait fait, au début des années 80 à seule fin de conserver le pouvoir face à une droite en pleine ascension. Un parti qui sest voulu, après Epinay, le continuateur modernisé de celui issu du congrès de Tours et qui sillustra jadis par le refus de laide directe à lEspagne antifranquiste en 36-37, par les pleins pouvoirs votés à Pétain, puis par le soutien à toutes les répressions contre les mouvements anticolonialistes dans les années 45-50. On le voit, un parti tout à fait qualifié pour donner des leçons dantifascisme ! La bolchevisation du PS et des Verts Ce parti, comme celui des Verts, sétait fait une spécialité historique de dénoncer le communisme à travers lorganisation interne du parti stalinien. Pas démocratique ! Pas de liberté de parole ! pas dopposition officielle ! Lenfer bolchevique à nos portes clamèrent-t-il pendant 60 ans pour lun, 20 ans pour lautre. Et voilà que dun coup le petit lénine de Tulle et le jeune piou-piou alsacien amateur doiseaux, montent sur leurs ergots, éructant que le parti avait voté à plus de 50 % (de justesse !) pour le oui et quil convenait de ne plus voir quune seule tête dans le rang. Menaces de sanctions et dexclusions au PS. Chez les Verts, interdiction à droite faite à Cohn-Bendit de faire des meeting avec Bayrou pour le oui (il faut maintenir la fiction dun oui de gauche) et à gauche aux tenant du non de faire estrade commune avec la gauche de la gauche et les communistes. Nos démocrates redécouvraient ainsi les bienfaits du centralisme démocratique prouvant par là-même que cet antinomie navait rien à voir avec une théorie politique mais était bel et bien une justification après coup de ce qui se passe dans tout parti dès quil y a péril en la demeure. Malgré toutes ces manipulations il est tout à fait possible et même probable que le non finisse par lemporter. Il restera tout de même que cet épisode sans précédent de méfiance et de rejet de la classe politique laissera des traces profondes qui ne pourront être assimilées à un néo-poujadisme comme ils tentent à chaque fois de le caractériser pour nous culpabiliser. Non ! le tous pourris nest pas un slogan dextrême droite, cest une réalité que de plus de gens vivent. Et cette leçon sera sans doute retenue lors des prochains mouvements sociaux qui, comme nous lavons dit, ne pourront vivre que par le rejet des bureaucrates de tout poil. JPD |
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Le Printemps des précaires |
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Le Premier avril dernier, la Marche des chemineux de la colère est partie de Montluçon pour rallier Paris, à pieds, par des chemins de traverse, en un peu plus de trois semaines. Le lendemain, la Marche du printemps des précaires du Sud-ouest est partie de Bayonne pour parcourir l'Aquitaine, puis rallier Paris, en transports gratuits depuis Bordeaux afin de rejoindre celle de Montluçon. L'objectif de ces deux marches étant aussi de rejoindre l'Euro May Day, le Premier Mai des précaires européens. Ces deux marches, soutenus par le réseau AC!, ont voulu garder leur entière autonomie, dans leurs objectifs et dans leur fonctionnement.
Le 19 avril, est partie la Marche contre la précarisation de nos vies, dans le Pas de Calais. Son objectif est de parcourir la Région Nord Pas de Calais et de rejoindre la manifestation syndicale du premier mai à Lille. Non loin de là, dans le département de la Somme, il s'est constituée une autre marche qui répond au même appel que celle du Nord. En Ile de France, il n'y a pas eu de marches à proprement parlé mais des initiatives, des actions régulières, tout au long du mois d'avril, sur les terrains du logement, de l'insertion, du travail obligatoire, du transport
Il est difficile de parler d'une initiative "Marche contre la précarisation de nos vies", du fait que toutes ces initiatives ne se reconnaissent pas dans cet appel mais par contre on peut bien parler d'un printemps des précaires, dans le sens d'un frémissement des luttes sur le terrain de la précarité, dans un espace saturé par le référendum sur la constitution européenne, les appétits de recomposition d'une partie de la gauche et la répression que subissent les précaires, notamment les radiations de RMI et l'instauration de différentes mesures de travail obligatoire. |
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Crevettes et Touristes, responsables des conséquences du Tsunami (1) |
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Les conséquences de ce Tsunami, auraient-elles été aussi importantes si les écosystèmes littoraux avaient été préservés depuis 1 siècle ? Que sont devenus ces écosystèmes de locéan Indien qui constituaient une double barrière de protection à légard des grandes vagues ? (2) La région dAsie du Sud Est déjà touchée dans son histoire par des Tsunamis, navait pas connu autant de victimes parce que les côtes étaient protégées par un système de défense naturel, composé par les récifs coralliens et les mangroves. Les Palétuviers Rouges au port arbustif constituent la première bande de défense. Leurs longues branches flexibles sérigent telles des échasses à même le sol et sous la surface de la mer, absorbent les premières ondes de choc des lames des Tsunamis. Un deuxième zonage et occupé par les forêts de Palétuviers Blancs et Noirs aux ports arborés typique des forêts pluviales. Ces derniers contribuent à absorber lintensité des vagues. Cest au sein de cette Mangrove que traditionnellement se sont installées les populations locales indigènes trouvant protection et subsistance dans un écosystème riche et nourricier. Des dizaines de milliers de kms de Mangrove couvraient le littoral. Elle protégeait la côte de lérosion, offrait un milieu exceptionnel Les populations de crustacés et de poissons dont dépendaient les peuples indigènes pour leur subsistance-autonomie (protéines ; matériaux de construction; plantes médicinales et alimentaires). Dans locéan indien, le Sri Lanka et le Sud de lInde, la plupart des forêts pluviales de type mangrove ont disparu. Cette situation touche aussi la zone Caraïbe ( Haïti ; République- Dominicaine; Jamaïque, le Madagascar comme la côte Est de lAfrique. Larchipel des Philippines a perdu 4/5 de la mangrove initiale depuis les années 1960. En Asie du Sud Est, 70% des mangroves ont disparu au profit de lindustrie de la crevette et du tourisme de masse. En 1960, un Tsunami qui a frappé la côte du Bengladesh, à un endroit où la mangrove était intacte, na pas fait de victimes. Mais depuis leurs destructions, et leurs substitutions par les industries de la crevette, les Tsunamis dintensité identique produisent des effets dévastateurs. Ainsi en 1991, des milliers de personnes sont disparues sous les flots dans la même région. Le 26 décembre 2004, plusieurs villages au Sud de lInde et même lIle de Nias proche de Sumatra en Indonésie ( épicentre du Tsunami ) ont connu beaucoup moins de victimes car leur territoire ont conservé les mangroves. Disparition des mangroves effets cumulatifs et réactions en chaîne sur les massifs coralliens. Dans ces régions du monde à très forte diversité biologique, les trois quarts des espèces de poissons passent une partie de leur vie dans la mangrove. La perte de ces milieux naturels a eu pour conséquence de réduire les espèces disponibles pour les populations locales et a contribué à leurs déplacements vers les métropoles dans les bas fonds des économies nationales. Par ailleurs, durant les décennies de déforestations lérosion des sols littoraux et forestiers, les flux dacides humiques et les substances chimiques liées à la décomposition des bois ( tannins et terpènes) se sont répandus dans locéan. La dégradation des barrières de corail était ainsi amorcée et le voile de sédiments et deffluents forestiers déposés sur les coraux a perturbé le fonctionnement de la photosynthèse de ces écosystèmes. De plus, lindustrie de la crevette qui utilise de façon massive pesticides, fertilisants et antibiotiques, contribue avec ces flux polluants à une forte dégradation des massifs coralliens. La dégradation des milieux de vie auxquels étaient intégrés les populations locales se répercute sur les pratiques de pêche qui sapparentent à des exactions irréversibles pour les populations de poissons (halieutiques). Le pillage pour la pêche, sopère à la dynamite, à lexplosif ou au cyanure employé par des centaines denfants esclaves qui écument les récifs. Ces derniers sont souvent victimes despèces venimeuses ou blessés par des espèces carnivores. Dégradations irréversibles ! ? Avec les forêts pluviales, les mangroves, les récifs coralliens constituent les écosystèmes où la diversité biologique est la plus importante de la terre. On dit quils constituent le « Creuset » de lémergence de la vie terrestre il y a 3 Milliards dannées, ils sont aussi qualifiés de Forêt Tropicales Pluviales des océans.(2) Pour les 109 pays concernés par les barrières de corail qui sélèvent à plus de 100 000 Km, ils constituent des éléments majeurs de leur patrimoine. Pourtant ni les états, ni les industriels ne les respectent à leur mesure, pas plus quils ne respectent leurs populations. Seul les populations autochtones, indigènes sont en mesure dhabiter et de respecter ces milieux. Partout où les récifs ont régressé, les conditions de vie des populations ont régressé parallèlement. Ainsi, en Afrique de lOuest, la Tanzanie connaît une érosion du littoral de 5 mètres par an. Les conditions de vie des populations de pêcheurs se sont du même coup profondément altérées. Diversité biologique, ethnique et linguistique ressources en sursis ! Les populations traditionnelles des côtes et des îles du pacifique de lAsie du Sud Est de lAfrique Orientale tirent plus de 90% de leurs protéines animales des poissons des récifs coralliens. Un récif en pleine santé renferme de 10 à 100 fois plus de poissons par unité de surface quen pleine mer. Le récif est vivant et mouvant. Il résulte de lassociation dun Polype quon pourrait rapprocher de la méduse sédentaire et dune algue nommée Zooxanthelles. Les différentes colonies de coraux ressemblent à des têtes, des branches, ou encore à des feuilles. Une seule colonie va atteindre la taille dune balle de golfe, et après des siècles de croissance une taille de 5 à 10 mètres. Les coraux édifient des structures apparentées à un squelette constitué du calcaire quils sécrètent. La clé de leur existence est liée à la lumière solaire qui permet aux millions dalgues microscopiques (zooxanthelles) de vivre. En échange dun abri protecteur, elles offrent la nourriture et loxygène nécessaires aux coraux. Les populations halieutiques (poissons) vivent en étroite dépendance de ces vastes milieux. On estime à 4 à 8 millions de tonnes par ans les prises de pêche annuelles. Les petits pêcheurs, qui ne travaillent pas en pleine mer et pratiquent une pêche de subsistance sélèvent à près de 4 millions , soit 8 fois plus que les pêcheurs de lindustrie. Alors que mille mètres carrés de récif en pleine santé peuvent nourrir 800 personnes, la même superficie, une fois dégradée ne pourra en nourrir à peine le quart. Cest dans lArchipel des Philippines quon trouve la plus grande diversité biologique avec par exemple plus de 1500 espèces de poissons dont 3 400 espèces coralliennes. Pour comparaison, en Tanzanie on descend à 192 espèces dont 52 coralliennes et au Koweit 85 et 23 espèces coralliennes ( depuis le stationnement de larmada US dans le golfe, les barrières ne risquent pas de saméliorer.) Selon lAtlas mondial des récifs coralliens, 1/3 des massifs dans le monde sont situés en Asie du sud est, 70% des récifs mondiaux ont été détruits, et 80% des récifs indonésiens sont en danger. Dans cette région du monde, 70% de la population vit sur les côtes. Diversité biologique rime la plupart du temps avec une prodigieuse diversité culturelle ethnique et linguistique. Géodisio Castillo, indien Kuna du Panama : « Là où il y a des forêts, on trouve des peuples indigènes, et là où il y a des peuples indigènes, on trouve des forêts ». Les habitats les plus diversifiés de la terre abritent généralement les cultures en péril. Les massifs forestiers qui subsistent sont très largement ceux qui sont protégés par les populations tribales. Diversités culturelles et linguistiques sont également patentes à létude des statistiques mondiales ! Ainsi, neuf pays comptent à eux seuls 60% des langues parlées dans le monde, classés sur la liste des pays à méga diversité biologique, cest à dire où on trouve un nombre exceptionnel despèces végétales et animales, se sont les pays où sont parlées plus de 100 langes. En Papouasie Nouvelle Guinée, en 1990, on estimait à 850 langues parlées, 650 en Indonésie, 410 au Nigéria, 380 en Inde, 250 en Australie. LIndustrie de lélevage de la crevette. Après la dégradation décosystèmes majeurs, le déplacement des populations, la fin de lautosubsistance pour beaucoup dans ces régions du monde, lindustrie mondiale de la crevette survient comme un pillage colonial de plus, au même titre que les différentes vagues du sucre de Canne, de lEvéa, des bois tropicaux et du pétrole. Après avoir anéanti les possibilités dautonomie des peuples autochtones il sagit de pressuriser un peu plus les ultimes ressources. Les multinationales basées en occident se sont implantées en Asie du Sud Est et produisent près de 99% des crevettes délevage. Mais la plupart sont expédiées aux Etats-Unis, en Europe de lOuest et au Japon où leur consommation a augmenté de 300% dans les dix dernières années. Aujourdhui, la production mondiale pèse 9 milliards et représente 800 000 tonnes et 72% des crevettes délevage viennent dAsie. Des centaines dorganisations, dassociations sopposent aux niveaux local, national et international à ces industries destructrices. Les élevages industriels ont eu pour conséquences de déplacer des communautés entières, dexacerber des conflits, de réduire la qualité et la quantité deau potable et ont décimé les poissons sur lesquels les populations comptaient pour vivre. Les populations ont fini par vivre sur la côte sans la protection des mangroves. Si laquaculture industrielle et le tourisme ont eu la possibilité de détruire ainsi les vastes milieux en Asie du sud est, cest que les Etats et le système capitaliste ont favorisé les multinationales et le marché, sacrifiant les populations comme les écosystèmes. Cette situation a été renforcée par lOMC car les multinationales se sont appuyées sur ces directives pour infléchir les politiques locales qui parfois pouvaient sopposer à leurs implantations. Le désastre du Tsunami de décembre 2004 sest engouffré dans une vaste zone consacrée aux rizières et à lélevage industriel de crevette à Banda Aceh. Les images satellites démontrent cette absence de barrières naturelles tout comme sur le site du complexe touristique de Phuket. Tant que le système économique prédateur perdurera, les désastres de cette intensité se reproduiront. Certes il nest pas concevable dagir sur la tectonique des plaques ni leur mobilité, mais il est nécessaire de prendre en compte à la fois ce que les écosystèmes ont mis en uvre sur des temps géologiques de même que ladaptation des populations humaines à ces derniers. Lidéologie du marché, du progrès, de la vitesse, du pillage des ressources et de lesclavage marque le pas face aux humeurs de la terre et à la facture climatique. Sur la Radio Primitive à lEgrégore, en avril Trame et décryptage, Denis. Réa, pistage, recherches doc Jean Noël . 1) De Mohammed Mesbahi et Dr Angela Paine 26 février 2000. 2) Létat de la planète lester Brown 1993, revivifier les récifs coralliens par Peter Weber. Des communautés villageoises forestières ont fait le pari de vivre à la fois dans les écosystèmes forestiers de mangrove et de créer de micro élevages intégrés dans cette forêt. Les surfaces nont aucune commune mesure avec la table rase des élevages industriels, ils sinspirent à la fois de techniques et de connaissances ancestrales mais aussi de connaissances et découvertes récentes. |
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