Courant alternatif no 150 juin 2005

SOMMAIRE
Edito p. 3
ELECTIONS
Libérale ou social-démocrate, une Europe au service du capital
SOCIAL
Un nouveau contrôle des chômeurs
Les chantiers de l'Atlanique, une nouvelle vision d'avenir du précariat
Superprécarité des femmes au travail
IMMIGRATION
Le PS en concurrence avec le FN
Idéologie sportive: Hors-jeux
Camping OCL/OLS
NUCLÉAIRE
Moronvilliers, essais secrets
INTERNATIONAL
Pays-Basque: Tactiques électorales et joutes politiciennes
POLYNÉSIE: un chercheur dénonce les effets des essais atomiques
Flics et militaires
Livres

Vite fait sur le zinc
Georg Elser, héros oublié de la classe ouvrière

EDITO

Au moment où nous terminons ce numéro de CA, le NON majoritaire caracole en tête des sondages. Ce scrutin sera “ l’autre expression sociale ” du mécontentement qui gronde à travers les luttes de ces derniers mois et dans le pays. Du moins, les rabatteurs électoraux nous le présente-t-il ainsi.

Contrairement à ce que prétendent les OUI, les politiques gouvernementales sont des applications directes de la nouvelle constitution proposée. Mais aussi, comme omettent de le rappeler les partisans du NON : cette constitution n’est que la suite des précédents traités ( Maastricht, Lisbonne 2000, Nice 2001…) qu’ils ont eux mêmes entériné lorsqu’ils étaient aux commandes de l’état. Dans le cadre de la mondialisation, le capital européen même avec ses rivalités, nécessite un espace géographique unique où les mouvements de capitaux seraient enfin libérés de toutes contraintes étatiques et où, le coût de la force de travail serait le plus faible possible. Cette Europe, ce sont les Chirac, les Jospin, les Hollande mais aussi les Fabius, les Melenchon, les Emmanuelli.. et tant d’autres en coulisse qui l’ont tracé et accompagné durant ces années passées. Si la protestation défoulée dans l’isoloir venait à donner la victoire au NON, cela n’entravera en rien l’avancée des politiques libérales mises en œuvre. Tout au plus, les princes qui nous gouvernent renouvelleront-ils le personnel politique dans un premier temps pour donner l’impression à l’électeur que son message à été entendu.. A charge pour ceux qui ont illusionné l’électeur citoyen sur le pseudo pouvoir de son bulletin de vote, de continuer à gérer les intérêts du capital de façon plus insidieuse, plus soft ou plus musclée selon la situation à venir.

Une victoire du NON n’aura pas de dynamique de classe. Sortie de l’isoloir, elle ne peut refléter que l’humeur ou le mécontentement isolé de l’électeur citoyen aussi disparate, hétéroclite et revanchard que la palette des NON proposée. Quand au NON de gauche, les consensus, les évitements et tabous affichés par les têtes d’affiches lors des meetings commun illustraient l’après 29 mai. Aucune force crédible porteuse de rupture avec le capital mais toutes prêtes à gérer à son profit le résultat s’il s’avérait triomphal. Nous assisterons à la construction d’appareils pour une énième gauche plurielle, 100% à gauche et, promis juré vraiment réformiste au service des intérêts travailleurs pour les uns, démocratique et citoyenne pour les autres. Les Fabius, Melenchon, Emmanuelli ne sont pas entrés en dissidence de parti par la grâce anti-capitaliste. Ils jouent leur partition espérant en tirer profit puis tous sauront se retrouver entre gens “ réalistes et responsables ” dans la perspectives des présidentielles de 2007. Que ne les avions nous pas entendu lorsque eux mêmes ou leurs camarades au pouvoir, privatisaient, licenciaient et plongeaient les salariés dans la misère. Idem pour le PCF ? reconverti au citoyennisme et au catastrophisme annonçant par la voix de MG Buffet “ qu’une victoire du OUI serait catastrophique car il serait alors pour la gauche plus difficile de mener une politique pleinement à gauche ”. Pourquoi avec “ ses camarades communistes ” n’a t-elle pas insufflé, lors de leurs passages gouvernementaux, cette politique de gauche tant souhaitée aujourd’hui.

La victoire du NON résultera d’un exutoire collectif, multiple et vengeur mais n’améliorera pas la situation des salariés ni ne les armera pour mieux défendre leurs intérêts de classe. Arrêter l’offensive de la bourgeoisie ne dépend pas des urnes, ou d’un vote, ou d’une sanction citoyenne fut-elle majoritaire et de gauche. Elle ne peut être stoppée que par une généralisation de nos luttes, dans un rapport de classe, avec une conscience et des objectifs autonomes de classe.

Si nous sommes amenés à dénoncer et combattre le projet de constitution, ce n’est pas parce qu’elle est d’inspiration libérale, voire ultra-libérale mais parce que nous sommes anti-capitalistes et portons un projet communiste et libertaire qui ne passe pas par l’isoloir.

OCL Caen
Mai 2005

Libérale ou social-démocrate, une Europe au service du capital

Chirac, sous l'impulsion de la droite libérale se serait-il prit les pieds dans le tapis référendaire au risque d'un fiasco ? Le clan Chirac a t-il surestimé l'appui socialiste ex rassembleur d'une gauche plurielle ? La mise en scène du débat “ interne ” qui s'est déroulé au sein du parti socialiste médiatisé à l'usage d'un pré-formatage de l'électeur lambda du 29 mai a échoué.


L'affaiblissement de
la bourgeoisie française.

Le contexte de mondialisation de l'économie, de l'émergence de la Chine en bloc économique, de la prédominance de l'impérialisme US sans complexe et arrogant… autant de causes de rivalités suscitées entre les différentes fractions des bourgeoisies nationales européennes.
Le conflit irakien avait mis à jour le danger de la faiblesse des impérialismes nationaux divergents. Dans le contexte d'élargissement à vingt cinq pays, une telle situation serait trop risquée pour les détenteurs du capital européen. Souvenons nous de la cassure provoquée alors entre la France et l'Allemagne d'un côté et l'Italie, l'Espagne, la Grande Bretagne , la Pologne…alliés des Etats Unis. La situation serait ingouvernable intérieurement et rendrait le bloc européen plus vulnérable dans les confrontations internationales contre l'empire économique et militaire des USA. Une Europe affaiblie aussi dans le cadre d'alliances stratégiques aux côtés de la Russie.

L'Allemagne et la France, puissances initiatrices et dynamiques de l'Europe, se devaient de protéger leur influence et hégémonie dans l'union. A vingt cinq ou plus, il leur est nécessaire de réadapter le cadre économique d'un marché unique dégagé des dernières barrières étatiques nationales et, refonder dans le même temps le cadre politique et militaire d'institutions communes. Ce n'est pas un hasard si la commande du projet constitutionnel à été passé à GISCARD, ancien président de la France très lié à la bourgeoisie financière. Dans ce nouveau cadre constitutionnel, la France qui n'a que 9% des voix au conseil européen en obtiendrait 13%. De même, les six états fondateurs couvriraient 49% des pouvoirs de décision. Le fonctionnement de l'Union se faisait par des décisions prises à l'unanimité par le passé, demain, cette application devient impossible avec vingt cinq membres. D'autant qu'elle implique que Malte comme la Grèce, l'Allemagne ou d'autres pays de l'union aient un même poids politique dans les décisions à prendre. Ce qui est difficilement acceptable pour notre bourgeoisie nationale. Le fonctionnement se fera donc à la majorité qualifiée évitant ainsi toute possibilité de blocage de décision par un des membres. D'ailleurs, à l'horizon 2010, tous les pays de l'Union ne seront plus représentés dans la commission européenne. Les droits des pays étant de fait proportionnels à leur population, on peut penser que les derniers entrants à l'exception de la Pologne n'auront qu'un faible poids économique car déjà sous contrôle de capitaux et d'investissements de grands groupes transnationaux (français, allemand, italien,..) et encore moins d'autonomie politique.
L'enjeu de ce référendum est central pour la bourgeoisie française. Un échec de sa part et : “ Notre crédit serait durablement atteint dans de nombreux états membres, à commencer par les cinq états fondateurs où le mal français commence à s'étendre ”.(?). “ un tremblement de terre ”. pour le président du parlement européen. “ C'est la vie de l'Europe qui est en jeu ”. selon J Fischer ministre allemand des affaires étrangères .
Interférences dramatisées pour un soutient au OUI ? Pas seulement.
Pour la bourgeoisie française , c'est sa place d'influence qui est l'enjeu dans une Europe qui se redessine vers l'Est. Dans le rapport franco-allemand, de sa fondation à nos jours et d'alliance en concurrence, elle ne peut se résoudre à un second rôle ce qui serait un handicap pour ce couple historique menacé dans son leader cheap par d'autres fractions rivales européennes. D'autant plus que sur le plan intérieur, leurs économies stagnent et le climat social s'alourdi. Il est primordial pour la bourgeoisie française gagnée au libéralisme de remporter cette bataille référendaire. Celle-ci étant mise en difficulté momentanément, il n'est donc pas étonnant qu'elle reçoive le soutient des autres fractions européennes.
Et, N Sarkozy d'en préciser l'importance : “ Voter OUI, c'est dire OUI à la grandeur de la France ”.

Chirac planté .

Pourquoi Chirac a-t-il choisi le risque démocratique du référendum ? Pourquoi, ce risque d'un désaveu plébiscitaire alors qu'un vote de congrès lui aurait donné satisfaction ? S'est il calé sur la bourgeoisie libérale du monde politique- syndical lui garantissant la victoire si lui même s'engageait à ne pas transformer ce scrutin en plébiscite personnel ?

Avec le référendum, l'UMP se retrouvait en ordre de bataille derrière son président. Ses différentes fractions aux intérêts différents, voire contradictoires ne pouvaient que suivre et avancer d'un bloc. Avec cette démarche, le clan Chirac à enfermé l'UMP dans le OUI. Des éternels pro européens de l'ex-UDF aux anciens RPR, qui avaient voté contre Maastricht en 1992 Pasqua, Seguin.. ou, ceux qui en 1998 avaient voté contre le passage à l'Euro à l'assemblée puis au sénat. Les chiraquiens subordonnait la dynamique Sarkozy à suivre. Sans doute, Chirac espérait-il renforcer son autorité en sortant vainqueur du référendum. Sans doute le clan Chirac espérait- il sortir renforcé par la victoire du OUI qui lui donnerait la légitimité de se repositionner en force contre Sarko dans la perspective des présidentielles de 2007. Visiblement, la succession de sondages en faveur du NON semble stopper cet espoir rêvé par les conseillers de l'Elysée.

Rififi chez les socialos.

Avec Chirac, le PS et les verts choisiront le OUI comme gage de leur respectabilité et de leur responsabilité en vu d'un éventuel retour aux commandes de l'état.
Le débat “ interne ” chez les socialistes avait mis le parti sur l'orbite du OUI avec les 52%. Imité par son appendice du parti Vert quelques mois plus tard., l'affaire du référendum semblait entendue. Le monde politico- syndical de gauche était serein, Chirac reprenait confiance et la bourgeoisie satisfaite. La ratification du traité par le peuple français n'était plus qu'une formalité.
Depuis sa réunification autour de Mitterrand, il y a toujours eu au PS une majorité de gouvernement, de responsabilité des affaires du pays et une minorité éparse, en courants oppositionnels dans la tradition du socialisme réformiste. Un parti consensuel, se retrouvant dans la sociale démocratie. La majorité ralliée aux thèses de l'économie libérale, a largement démontré ses capacités à accompagner le capital dans sa course folle aux profits. Quant à la minorité aux contours diffus encore ancrée dans les valeurs sociales démocrates, d'humanisme, d'égalité et de justice sociale, elle captait vers ce parti de notables bourgeois et de technocrates, les électeurs du monde du travail en illusionnant les salariés et autres sur le pouvoir réformateur du bulletin de vote comme arme pour lutter contre la misère de ce monde et changer la vie. A gauche du parti, cette minorité à pu illusionner les salariés tant que les contradictions entre le capital et le monde du travail n'étaient pas criantes et irrémédiables. L'offensive libérale de ces vingt dernières années, l'oblige à sortir de son “ loft ” douillet au sein du parti et à devoir se situer par rapport à cet électorat qui s'effiloche au fil des consultations. Electorat des classes moyennes aujourd'hui fragilisé, menacé par les attaques incessantes du capital contre les secteurs économiques de la fonction publique ou il se sentait protégé. Electorat qui porte le parti à la victoire ( le cas aux régionales) non sur son projet politique mais sur le rejet de la droite.
Le positionnement de cette minorité d'appareil pour le NON n'est nullement un renoncement au pouvoir ni une rupture avec le capital. C'est le sursaut des défenseurs d'un ordre capitaliste à visage humain, d'un état national régulateur, et bienfaiteur perpétuant la tradition du pouvoir républicain, laïc et, assurant l'indépendance de la Nation. Sur ce dernier point, ils n'excluent pas qu'elle se fasse dans le cadre de l'Europe mais hors des sphères de l'OTAN américanisée. Même Besancenot regrette ce fait dans les prises de position avancées par la LCR.
Les besoins du capital européen dans le cadre de son recentrage mondialisé n'a plus besoin de ces personnels et de leurs services après vente. Ils sont devenus un frein. Il s'agit aujourd'hui de dégager les profits potentiels lorgnés dans les secteurs étatiques protégés.
Les nouvelles dynamiques du capital nécessaires pour son ultime concentration mondialisé se trouve entravée par cette frange sociale démocrate recroquevillée sur l'état nation, voulant préserver le rôle de l'état garant d'un équilibre nécessaire au maintient d'une paix sociale.
Dans cette période historique, on comprend que cette minorité qui embrasse la cause du NON s'y implique bien plus pour sa survie politique que pour défendre les travailleurs et leurs intérêts dans une perspective d'émancipation sociale. Tel le cas Fabius, réhabilité par cette campagne des NON. Fabius qui a longtemps incarné “ le néo-libéralisme ” tant au PS que lors de son passage au gouvernement sous Mitterrand où il a assumé le sale boulot de la bourgeoisie contre les travailleurs (avec ou sans emplois).

Derrière le NON : les luttes.

Ce NON enraciné qui persiste malgré le rouleau compresseur médiatique d'état en faveur du OUI, qui s'accroche au désespoir des stratèges en communication aux ordres de la bourgeoisie, mais se nourrit encore des mécontentements sociaux toujours présents, toujours plus insupportables.
Ras le bol accumulé qui se manifeste au travers de nombreuses luttes tenaces par leurs durées mais éparses et isolées les unes des autres. Ainsi la grève de plus de trois semaine des salariés de radio France, des employés de Carrefour, des hôpitaux , une fois encore avec les urgentistes réclamant plus de moyens pour faire correctement leur travail, des marins etc. Ce NON qui réfute les articles de la constitution au regard de la réalité, du vécu, de l'exploitation quotidienne subit par chacun ou chacune. Refus des conditions de travail de plus en plus dégradées, suppression d'effectifs, fermetures de boites et le lot de licenciés etc, baisse du pouvoir d'achat et exclusion sociale, dégradation des conditions de vie, difficulté à se loger etc. Etat d'esprit et de résistance défensif voir passif.

Le retour de la question salariale si elle est assumée par les salariés eux mêmes est la première réponse offensive des travailleurs. De plus cette revendication peut avoir une dimension unificatrice permettant les solidarités entre salariés du public et du privé comme l'a illustré la journée du 10 mars, où l'on a vu plus de 800 000 personnes défilaient dans la rue. Ou encore celle du lundi de pentecôte qui a vu à Caen 5000 personnes, une fois encore public et privé au coude à coude manifester pour refuser l'allongement du temps de travail désiré par le MEDEF et imposé par le gouvernement. Mesure anti-sociale cautionnée avec, la passivité des confédérations syndicales débordées par leurs différentes structures de base et les salariés. La remise à l'ordre du jour de la question salariale semble renouer avec une dynamique offensive déculpabilisante. Sa réappropriation, resitue un état d'esprit offensif car dépassant le stade de la simple résistance. Revendication sans doute porteuse d'une dynamique offensive. Méga profits pour les patrons et maxi bénefs pour les actionnaires. La France d'en bas semble se réveiller. Elle s'exprime dans les luttes sociales de plus en plus nombreuses comme une réponse adaptée contre les licenciements et autres chantages de délocalisation mais détournée sur le terrain électoral, une partie traduira son mécontentement en allant voter NON le 29 mai. Un NON qui caracole à nouveau dans les sondages pour botter le cul à la droite mais aussi pour mettre une déculotté à l'ensemble des larbins: politico- syndicaux du capital . Un NON qui, même s'il ne parvient pas à triompher le soir du 29 ne manquera pas de laisser les traces et de la fracture sociale soulignée naguère par Chirac et celles plus profondes d'une fracture de classe redoutée par l'ensemble de la bourgeoisie et son petit personnel. Ces nombreuses luttes témoignent d'une combativité ouvrière engagée dans une lutte de classe que le battage électoral ne réussit pas à étouffer, tant par les partisans du OUI que par ceux du NON qui veulent l'instrumentaliser à leur profit.

La farce du NON

Tous tentent de rabattre sur le terrain électoral un maximum de travailleurs qui l'avaient déserté lors des dernières consultations. Ainsi on retrouve une gauche encore plus plurielle, hétéroclite autour du NON faisant campagne et meetings communs. Rien de surprenant à voir alors sur un même plateau PS et verts dissidents au côté d'un PC , ou d'altermondialistes et de la LCR. Chacun y allant de son couplet contre l'orientation libérale, voir ultra libérale de la constitution (selon le porte parole qui s'exprime) et contre les gouvernements de droite qui en seraient responsables. Ca tombe bien, en France il est de droite bien que ré-élu avec les voix de gauche collectées par ceux qui le pourfendent.. Le responsable est le gouvernement mais ils omettent de rappeler qu'il assure la continuité économique et politique de ses prédécesseurs depuis vingt cinq ans. Nos hérauts de dénoncer la constitution au service d'une politique ultra libérale en faveur du grand patronat mais passent (sans doute pour ne pas rompre leur consensus) qu'en Allemagne, en Grande Bretagne et en Espagne ce sont des gouvernements socialistes qui mènent la même politique. Opposants au Oui qui tentent de nous faire oublier qu'ils ont (pour certains d'entre eux), accompagné nombre d'attaques anti-ouvrières et anti-sociales durant leurs stages gouvernementaux. Ils tentent de gommer de nos mémoires toutes les mesures anti-sociales qu'ils ont approuvé et imposé lors de leur passage au pouvoir soit sous Mitterrand soit par intermittence sous Chirac. Leur entrée en dissidence référendaire repose sur des divergences de forme sur la gestion du capital. Le référendum révèle la confrontation entre les socio-libéraux gagnés à l'économie du tout marché et les sociaux démocrates ou réformistes en perte d'espace de pouvoir politique, perpétuant une économie de marché régulée par un état démocratique pour certains et sous contrôle citoyens pour d'autres. Peu de critiques ou d'auto critiques et des uns et des autres sur ou contre leur passage aux affaires..
En pointe le PCF devenu le porte drapeau du citoyennisme contre : “ La remise en cause des droits de chaque citoyens et chaque citoyenne à avoir accès à la poste, à l'énergie, et peut-être demain à la santé et à l'école. ”. M.G Buffet. Voilà nos ex staliniens en campagne. Après avoir avalé toutes les couleuvres du capital durant leurs cinq années de gouvernement Jospin avec la gauche plurielle, et avoir muselé les salariés durant de nombreuses années, dénoncent aujourd'hui avec cynisme et hypocrisie les dég&Mac226;ts du libéralisme dans le monde du travail et chez les citoyens. Il est vrai que les quelques espaces de survie politique que leur octroyait la bourgeoisie dans le cadre la gauche plurielle se sont réduits à peau de chagrin. Une Campagne référendaire d'évitement consensuel ou chacun dans la dynamique prise par le NON espère malgré tout être porteur du débouché politique institutionnel de ces luttes sociales que les résidus de bureaucraties syndicales ne maîtrisent plus qu'avec grandes difficultés. Ainsi, nos communistes pourront négocier avec plus de vigueur et d'ambition une place digne de leur nouvelle représentativité dans un prochain gouvernement.

Ainsi, la LCR qui propose un front anti-capitaliste lors de meetings qu'elle appelle seule , mais développe un réformisme 100% à gauche sur un argumentaire lui aussi 100% social démocrate. Sans doute espère ñt-elle ainsi pour la énième fois être reconnue et trouver une place politique qu'elle a bien gagnée dans une future nouvelle gauche plurielle.. La LCR mise sur le décrochage entre les néo-libéraux et les réformistes au sein du PS. Son ambition : la refondation d'une force 100% à gauche ancrée dans un réformisme radical.
“ Après le 29 mai nous aurons besoin de nous retrouver tous ensemble pour gagner en 2007 ” : par ces propos, Y Werhling rendait compte de la situation de son parti des verts mais traduisait la finalité de pensée de l'ensemble des personnels politiques engagés dans le NON. Le capital à besoin d'une gauche reconstituée et forte dans l'opposition. Elle pourra ainsi de nouveau encadrer le monde du travail en sécession électorale et partidaire qui recherche à travers les luttes une réponse sociale autonome.
Pour les partisans du NON, la critique est exclusivement centrée contre le libéralisme et les ultra-libéraux causent de tout nos maux.

La réalité met à nu le système capitaliste et démasque du même coup les mensonges entretenus dans les rangs du NON de gauche, sur l'état providence, régulateur et protecteur social. Les services publics, la protection sociale, etc, ont accompagné le développement du capital (français) géré par un état se garantissant l'ordre et la paix sociale au sortir de la guerre. Période de reconstruction du capital qui nécessitait une union nationale de la bourgeoisie et des travailleurs. Le tout pour l'honneur et la grandeur de la France entonnés des gaullistes aux communistes du PCF gardien du calme dans les rangs ouvriers. Même dans ces moments là, l'état protecteur cher à certains n'a rien donné. Il a été obligé de lâcher, d'entériner les mesures sociales résultat d'un rapport de force alors favorable aux salariés. Aujourd'hui moins que jamais, le capital national ne peut concéder de largesses sociales pour se maintenir en position de force impérialiste y compris dans le cadre européen en construction.
Ce sont ces réalités et l'ampleur des mécontentements sociaux qui fracturent la gauche et le PS et accentuent ses divisions. Partis de la bourgeoisie défendant le capital mais ne pouvant plus, contenir la défense des intérêts des travailleurs. Y compris la petite bourgeoisie qui l'avait accompagné dans son accession au pouvoir. Le tapage du OUI contre le NON un pari dangereux risqué par la bourgeoisie, un pari en passe d'être perdu par la farce des NON.

CAEN 18 05 2005. MZ.


Idéologie sportive: Hors-jeux


L'affaire a fait la une des journaux ces derniers mois. Le gardien de l'équipe de France de football a craché sur un arbitre. La question qui est posée est de savoir s'il faut condamné le joueur. Cette affaire témoigne de l'absence de véritable réflexion sur le sport dans notre société. Cracher sur un arbitre n’est-il pas finalement anodin ou logique dans un cadre sportif ?


Cet événement, comme les autres, ne changent rien, le sport garde toujours une image positive. On nous dit qu'il est symbole de respect, de sociabilité, de joie... Les évènements sportifs se succèdent où les valeurs qui sont mises en avant vont à l'encontre de toute vie en société : que ce soit les altercations de supporters ou les menaces de mort reçus par les arbitres, la tricherie caractérisée par le dopage ou les gestes vicieux car seule la victoire est belle ou encore les bagarres en plein matchs qu’il soit amateurs ou professionnels, tout nous laisserait à penser que le sport est plutôt vecteur de haine. D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement alors que l'objectif est de battre l'autre, de l'éliminer à tout prix ? Les gestes décrits ci-dessus - qu'on qualifie bizarrement d'antisportif - sont partis intégrantes du sport. N'importe quel enfant placé dans un club de sport va apprendre à gagner sa place, à ne pas respecter l'adversaire... bref, à être un gagnant quelqu'en soit le prix. Le but du sport est d’éliminer l’autre.

Cette critique du sport prend aujourd'hui une actualité plus particulière à Paris avec la candidature de la ville à l'organisation des Jeux Olympiques 2012. Or, justement, ces Jeux sont l'occasion pour la mairie, l'Etat et les entreprises privées de se servir de l'image positive du sport pour transformer la ville. Depuis le début de l’année, un Collectif Anti-Jeux Olympiques (CAJO) s’est monté à Paris. Son objectif est d’amener de la contestation là où l’idéologie sportive crée l’unanimité dans la population. Il s’agit aussi de dénoncer la désinformation faite autour de cette candidature et de mettre en avant les collusions entre multinationales et Etat dans ce projet.


Vive le sport !

Le sport est un phénomène social. Il fait la une des médias, des milliers de personnes se déplacent pour voir des évènements sportifs, les audiences télévisions atteignent des sommets, les entreprises y mettent des milliards d’euros chaque année. Le sport est une entité qui ne souffre d’aucune critique. La poignée de gens qui critique est bien ridicule face aux millions de personnes qui s’exaltent devant. Pour contrer la critique on nous dit que le sport n’a rien à voir avec la politique. Mais, depuis sa création au XIXe siècle, il a traversé les époques en accompagnant les régimes politiques. Loin d’être neutre, il est partie prenante des dictatures de l’entre deux-guerres. Hitler, dans Mein Kampf, avait écrit "que des millions de corps entraînés, au sport, imprégnés d'amour pour la patrie et remplis d'esprit offensif pourraient se transformer, en l'espace de deux ans, en une armée". Les régimes soviétiques et de l’Est s’en sont servi pour mener la guerre froide et d’asservir les masses. Le sport était bon pour les ouvriers et les sportifs un modèle pour tous. En Allemagne de l’Est, le dopage devenant finalement le véritable sport national des athlètes où on n’hésitait pas à mettre enceinte les sportives afin d’accroître leurs performances. L’être humain n’existe plus face à l’idéal sportif.

Bizarrement, si le sport est dénoncé comme outil dans les régimes dictatoriaux, dans les démocraties capitalistes, il n’aurait plus aucune de ses fonctions. Aujourd’hui, il n’est pas dur d’établir un parallèle entre les valeurs de l’entreprise et celles du sport. L’individualisme, la réussite personnelle sont le propre du modèle sportif comme libéral. L’éducation, l’apprentissage de ces comportements sont plus que nécessaire pour construire l’être humain capitaliste. Le sport est alors considéré comme une activité saine pour les enfants. Bien qu’enseigner le plus souvent dans des structures amatrices, on formate les enfants. On leurs apprend à être le meilleur, à détruire l’autre, détester l’adversaire… Même dans les sports collectifs, l’individualité sort toujours du lot. Ainsi, les entraîneurs sortent toujours une individualité du collectif, blâment les moins bons… Tout en mimant l’habillement des sportifs de haut niveau, on mime aussi les mêmes comportements et pratiques individualistes.

Il est clair que le sport n’est pas un divertissement en dehors de tout contexte social. Il est apparu au XIXe siècle en même temps que la société capitaliste. Il est défini comme " un système institutionnalisé de pratiques compétitives, à dominante physique, délimitées, codifiées, réglées conventionnellement, dont l'objectif avoué est sur une meilleur concurrent (le champion) ou d'enregistrer la meilleure performance (le record)." Comment ne pas relier l'idéologie capitaliste à celle du sport ?


Les sponsors en première place

Les Jeux Olympiques dans l’univers sportif représentent le summum, un idéal dans la vie d’un sportif d’ailleurs. Ils représentent les valeurs de paix, d’amour, de respect nous dit-on. Les dérives financières, le dopage, l’absence de fair-play ne seraient là que parce que les Jeux ont été dévoyés par l’argent. La réalité de l’histoire de Jeux est tout autre. Elle est celle de la bourgeoisie. Baron, comte et milliardaires ont dirigé le Comité International Olympique. On nous présente d’ailleurs le Baron de Coubertin, auteur de la phrase : “ l’essentiel est de participer ”, comme un homme représentant les valeurs olympiques. Et c’est lui aussi qui s’opposa à ce que les femmes participent aux Jeux : “ nous estimons que les jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes (…). Impratique, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter : incorrecte, telle serait à notre avis cette demi-Olympiade féminine ”. Le racisme était aussi une de ses valeurs : “ La théorie de l’égalité des droits pour toutes les races humaines conduit à une ligne politique contraire à tout progrès colonial (…). La race supérieure a parfaitement raison de refuser à la race inférieure certains privilèges de la vie civilisée. ” Et lorsque l’Allemagne nazie organisa les JO, il souligna “ la grandiose réussite des Jeux de Berlin a magnifiquement servi l’Idéal olympique ”. Ces propos nous rappellent que dès leur origine les JO ont été créé dans un but précis, avec une volonté politique de la bourgeoisie.


Le Paris des Jeux

La volonté du Collectif Anti-Jeux Olympiques est aussi de se servir des Jeux comme outil politique pour la mairie PS… ou plus précisément l’ensemble de la classe politique, car lorsqu’il s’agit d’imposer l’idéologie sportive, les dissensions politiques disparaissent, Droite et Gauche s’allient pour défendre ce qui ne peut qu’aller dans leur sens.

Au delà de l’idéologie sportive, l’utilisation et la création du consensus autour des JO doit servir à faire passer une politique qui pourrait être moins populaire. On imagine déjà qu’il faudra se plier en quatre pour faire en sorte que les Jeux se passent bien : accepter la destruction d’arbres pour un stade, fermer les yeux sur l’utilisation de sans-papiers – comme aux derniers Jo en Grèce - pour permettre d’accélérer les constructions… Au niveau du budget, le maire de Paris nous assure que les JO ne coûtera rien aux franciliens. A part un membre socialiste du Delanoe’s fan club, qui peut croire une telle affirmation. Chacun sait que depuis la création des Jeux, les populations doivent payer la fête, tandis que les multinationales récoltent les profits. A Albertville, les habitants payent encore les JO de 1992 dans leurs impôts locaux. Alors que les sponsors ont récupéré la mise depuis longtemps, les populations locales comblent les déficits. Les Jeux servent en réalité à sponsoriser les entreprises privés, et non l’inverse comme il voudrait nous faire croire. Le club des partenaires de la candidature de la ville de Paris réunit les plus grosses entreprises françaises qui sept ans avant d’éventuels Jeux ont déjà versé des millions. Aucune multinationale ne dépense dans la société capitaliste sans espérer un retour financier, par simple philanthropie. Aucun actionnaire ne l’accepterait. C’est d’ailleurs les théoriciens libéraux qui nous le disent.

Bien sûr, on nous dit tout ça va être bénéfique pour les parisiens. Des emplois vont être créés. En Grèce, pour les Jeux d’Athènes se sont surtout de la précarité qui a été mise en place. Nombre de personnes ont été tuées sur des chantiers réalisés à toute vitesse pour répondre aux exigences olympiques. Ici aussi, la ville de Paris a bien fait comprendre au comité qui décide de l’attribution des JO que la législation française serait malléable : “ notre législation riche et flexible est adaptée à l'organisation des Jeux. Cependant la France s'engage à prendre toute disposition législative ou réglementaire qui s'avérerait nécessaire au bon déroulement des Jeux Olympiques et paralympiques ” Or, on sait bien que c’est comme pour les lois temporaires du 11 septembre, une fois passées les dirigeants en profitent pour les conserver. Et ce n’est pas la Cfdt, et son président qui a déjà promis une paix sociale – qu’il réalise d’ailleurs depuis des années – qui diront le contraire. Et certains nous diront que se battre contre cette candidature n’a aucun intérêt. Ces biens un projet politique d’ampleur qui agite aujourd’hui la mairie de Paris.

Gildas
Offensive Libertaire et Sociale

International/Pays-Basque: Tactiques électorales et joutes politiciennes

La population de la Communauté autonome Basque a élu ses représentants au Parlement, le 17 avril dernier.
L’abstention a été très forte, de l’ordre de 34% sur l’ensemble des trois provinces (10% de plus qu’aux élections précédentes, il y a 4 ans), fait peu ordinaire lors d’élections autonomiques.
Ce qui semble avoir donné à réfléchir aux électeurs, c’est d’une part le manque de projet politique global pour le Pays Basque et d’autre part les manœuvres politiciennes annoncées avant même que les élections aient eu lieu.
Les résultats de ce vote auront le mérite d’avoir mis fin à des options de type uniquement partidaire et auront remis tout le monde dos à dos : personne n’aura de chèque en blanc pour gouverner.


Une majorité absolue improbable


Le parti populaire est le grand perdant (il a obtenu 15 sièges, avec 17,38% des voix, et en a perdu 4).
Perdants également les nationalistes modérés du PNV/EA, qui bien que terminant en tête des votes (38,6%, 29 sièges), affichent une perte de quatre sièges (et de plus de 140 000 voix). Avec ce score en baisse, le fameux plan du leader du PNV, Ibarretxe, à savoir la proposition d’un statut de “ libre association avec l’Espagne ” qui a servi de moteur à la campagne du PNV et sur lequel il comptait pour une franche victoire électorale, se retrouve avec du plomb dans l’aile. Apparemment beaucoup se sont rendus compte qu’il n’y a guère de différence entre ce plan et les futurs projets d’autonomie du gouvernement espagnol.
Les vainqueurs du scrutin sont le PSOE (22,6 % ; 18 sièges, soit 5 élus de plus), ainsi que EHAK (Parti communiste des terres basques). Cette formation politique, inconnue jusqu’alors, a été soutenue par les militants indépendantistes de Batasuna ; elle entre au Parlement avec 9 sièges (12,5% des voix), 2 sièges de plus que ce qu’avait obtenu la gauche abertzale en 2001. Ainsi les indépendantistes autour de Batasuna retrouvent leur socle d’électeurs entre 10 et 15% et confortent leur stratégie de présence au sein des institutions.
La coalition tripartite sortante PNV-EA-IU (ex-communistes-Verts) sort donc affaiblie de ce scrutin. Elle ne dispose que de 32 députés, soit un de moins que le PP et le PSOE réunis.
Les tentatives d’alliances ont donc aussitôt commencé, avec leur lot de rencontres tous azimuts et de conciliabules tactiques, tout le monde se disant prêt à discuter, même s’il y a peu de possibilités de majorité absolue (il faut 38 voix sur 75 pour l’obtenir).


Les indépendantistes en position d’arbitres


La formation politique EHAK, créée dans l’indifférence générale en 2002, dès la promulgation de la loi espagnole sur les partis devant aboutir à l’interdiction de Batasuna, était inconnue quinze jours avant le scrutin.
Ses candidats ont reçu l’aval de Batasuna qui ne pouvait se présenter, interdit en mars 2003 par le gouvernement d’Aznar et au nom du pacte antiterroriste conclu avec le PSOE. C’est le 8 avril, 9 jours seulement avant les élections, que Batasuna a appelé à reporter sur cette formation inconnue les voix qu’il espérait recevoir lui-même. Ainsi le résultat d’EHAK est celui, par procuration, de Batasuna. Auparavant, le 26 mars, une autre liste, Aukera Guztiak (= toutes les options), avait été illégalisée par la Cour suprême de Madrid, au prétexte de liens supposés avec des syndicalistes proches de Batasuna.
Zapatero et le PSOE sont restés sourds aux demandes pourtant insistantes du PP d’interdire EHAK avant les élections, un parti qu’il avait lui-même reconnu du temps d’Aznar. Ils ont autorisé les listes de ce parti, évidemment dans l’intention d’affaiblir le PNV/EA et de lui retirer la possibilité d’une majorité absolue ; et avec l’intention peut-être aussi de laisser la porte ouverte à ETA.
L’organisation de lutte armée n’a pas commis d’attentats meurtriers depuis deux ans, même si elle continue à agir en posant des bombes de faible puissance (dernière action en date : le 17 mai au Pays basque) contre des objectifs symboliques dans toute l’Espagne. On ne peut expliquer ce changement du mode opératoire de ETA par son seul affaiblissement, même si les arrestations de présumés militants se poursuivent en vagues continues et si la répression policière et judiciaire ne se relâche pas. Il faut plutôt replacer ce changement de la tactque d’ETA dans le contexte nouveau ouvert en janvier 2005, lorsque l’organisation de lutte armée et Batasuna ont chacun commencé à exprimer leur volonté de régler le conflit basque par le dialogue politique tout en en précisant des processus de réalisation concrète.

La période est-elle propice à l’ouverture d’une piste d’atterrissage pour ETA et à sa mutation politique ?

A ce propos, le 17 mai, Zapatero a obtenu le soutien d’une majorité du Congrès espagnol (Parlement) lors du vote d’une motion parlant d’ouvrir des discussions avec ETA, lorsqu’elle fera taire les armes. Seul le PP s’y est farouchement et violemment opposé, accusant le chef du gouvernement de “ trahir les morts ” et le Parlement de “ se rendre à ETA ”. En fait, si la démarche peut surprendre dans la mesure où c’est la première fois qu’un gouvernement demande l’aval de députés pour ouvrir le dialogue avec ETA, la motion votée est purement symbolique et Zapatero a pris soin d’en exclure toute reconnaissance du droit à l’autodétermination, revendication essentielle d’une large majorité des habitants du Pays Basque.

EHAK se trouve donc en position de faire et de défaire les majorités au Parlement basque. Le rôle d’arbitre que jouait déjà le groupe des 7 indépendantistes d’Abertzale Sozialistak (proches de Batasuna) lors de la précédente législature est aujourd’hui accru. EHAK a mis en pratique d’emblée ce rôle puisque, par ses votes blancs successifs au moment de l’élection du président du Parlement, aucune majorité n’a pu, les 16 et 17mai, départager les deux candidats en lice pour ce poste. En effet, d’une part l’ancien président Atutxa, présenté à nouveau par le PNV et ses alliés nationalistes modérés, d’autre part le socialiste Buen, présenté par le PS et soutenu par le PP, ont obtenu l’un et l’autre le même nombre de voix…Les membres d’EHAK se disent prêts à voter pour n’importe quel autre candidat nationaliste, excepté Atutxa, qui a sévi 8 ans comme ministre de l’Intérieur du gouvernement autonome et a été un acteur primordial de la répression.
Pour le moment, c’est donc le statu quo, en attentant un déblocage, peut-être à la mi-juin, lors d’un nouveau vote destiné à élire le président…


La priorité accordée à une table de négociation


Mais la constitution du gouvernement basque, même si la présidence du parlement et la composition du bureau de l’assemblée régionale ne sont pas de minces enjeux, n’est pas ce qui, aujourd’hui, apparaît comme la chose la plus importante pour les abertzale de gauche. Leur priorité est de mettre en place une table de négociation en Euskadi, multipartite et sans exclusion politique ni territoriale, afin de permettre un nouveau statut politique qui reconnaisse le droit à la société basque de décider de son avenir. Les indépendantistes se disent prêts pour cela à “ travailler avec beaucoup de flexibilité, tant dans les formes que sur le fond, afin que le processus de paix soit fiable ”.
Jusqu’à quels compromis les indépendantistes seront-ils prêts à aller ? Qu’est-ce que le gouvernement espagnol peut mettre dans la balance et pour quel résultat ? Un début de règlement politique de la question basque ? L’octroi d’un statut d’autonomie plus large, exigé aussi par la Catalogne, mais qui éviterait surtout qu’il aboutisse à l’exercice du droit à l’autodétermination ? Les questions restent posées et l’avenir demeure incertain.

Pays Basque, le 19 mai 2005

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