Courant alternatif no 156 février 2006 |
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SOMMAIRE |
Edito p. 3 SOCIAL La politique sociale á la bretonne p. 4 A propos de la "véritable scission dans AC!" p. 5 EDUCATION La demolition du principe et de l'objectif d'une école pour tous p. 7 IMMIGRATION Histoire du Comité Anti-Expulsion Ile-de-France p.10 REPRESSION La biométrie, entre répression et propagande p.14 RUBRIQUE BIG BROTHER p.17 MEMOIRE Colonialisme: un bilan trés positif pour l'impérialisme français p. 17 SANS-FRONTIERE Australie: retour sur une révolte p. 19 Palestine: Napoléon made in Israel p. 22 QUI SOMMES-NOUS ? |
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EDITO |
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ÉVITER LE RECUL DE LA COMBATIVITÉ COLLECTIVE
Les Agences Nationales Pour lEmploi flambent aujourdhui comme les paillotes corses sous le préfet Bonnet, ou les voitures des cités à lAutomne (ou les centres de rétention en Australie en 2002 : Retour sur une révolte p.20) . Tout le monde ou presque sy attendait. Et le feu sera utilisé pour dautres causes prisons, usines, administrations - nen doutons pas, vu le blocage total imposé par le pouvoir à la société (cf le social à la bretonne p.4)... Les flics interdisent toute occupation collective des ANPE, ASSEDIC et autres lieux publics représentant la gestion concrète du chômage en cognant et inculpant tout protestataire. « Il faut donc passer à dautres moyens que la manifestation traîne-savates ou limmolation par le feu », geste tenté par un chômeur bordelais le mois dernier. Ce message adressé par le gouvernement Villepin aux déconstructeurs énervés (appelons-les ainsi pour le moment !) est manifestement reçu cinq sur cinq : cinq ANPE et une ASSEDIC incendiées et six tentatives reconnues. Voici un bel exemple de communication politique, et nous remercions Galouzeau de Villepin pour sa franchise ! Mais malheur aux imprudents qui sexpriment sur ce thème dans un espace de « liberté » comme Internet ; lagent CGT de lANPE Saint-Nazaire qui appelait à brûler son agence par dérision, se retrouve en garde à vue ! Nous encourageons bien sûr les internautes citoyen-ne-s à appeler à lincendie généralisé, histoire de rééditer sur le Net les opérations « Faucheurs dOGM » dauto dénonciation : au vu de lactivité policière actuelle, les fichiers préfectoraux vont ressembler à des listes électorales!!! La répression actuelle est sans faille pour les isolé-e-s et les désarmé-e-s. À limage de Sarkozy doux avec les forts et dur avec les faibles, le pouvoir piétine allègrement les individus (cf la mobilisation pour les prisonniers dAction Directe p. ???). Mais il se retient quand il y a du répondant : les dockers européens, qui ont allumé soixante-trois flics à la manifestation de Strasbourg le 16 janvier dernier ont obtenu finalement le recul du parlement européen sur la déréglementation du travail portuaire même si les témoignages des manifestant-e-s indiquent que les dockers arrêtés lont été avant les affrontements, à la descente des bus ou sur le parcours, comme par intimidation -. Autre exemple, le détournement du Pascal Paoli lors du conflit de la SNCM fut un remarquable exemple de ladaptation de la répression : au début, il sagissait dun « acte de piraterie passible de dix ans de prison » ; face au blocus des ports corses, les derniers emprisonnés du STC sont finalement ressortis, inculpés mais libres ! Comme dans le monde économique, il ny a plus de position acquise définitivement Le pouvoir veut soupeser la force de frappe effective qui se dresse devant lui, puis relâche momentanément son intransigeance selon les cas. Quitte à se déjuger (comme sur le colonialisme p.17) et passer pour une ganache ridicule. Cette répression entretient la peur et linsécurité, mettant sous pression celles et ceux qui luttent. LEtat exhibe sa présence et sa force, fait des exemples sur des individus isolés avec des sanctions financières et pénales, pour imposer la norme capitaliste dans les esprits et développer des logiques individualistes (la réforme de lapprentissage à 14 ans est éclairante de cette idéologie omni-présente p.7). Les médias donnent à ce jeu étatique une visibilité essentielle, doublée dune grande souplesse dexécution (voir la canonisation de Sharon, homme de paix ! p.22). Certaines luttes aux aspects spectaculaires sont mises sous le feu des flashs, caméras et micros. Dautres aussi importantes et très longues sont ignorées (comme dans lusine Nestlé Saint-Menet prés de Marseille, où les salarié-e-s ont obtenu un accord substantiel au bout de deux ans face à une multinationale impitoyable). Ces mêmes médias coupent le robinet de linformation quand les risques dextension se précisent : les émeutes des banlieues de novembre 2005 sont devenues invisibles au bout de trois semaines, tout comme en janvier 1998 les actions des collectifs de chômeurs, généralisées un peu partout mais nayant plus aucun écho. Cette dépendance des luttes envers les médias officiels pousse les actrices et acteurs à les « mettre en scène » pour leur donner du sens et être reconnus ; aujourdhui, cet aspect des luttes marche de moins en moins sil ny a pas de coût économique ou de conséquence politique directs pour les pouvoirs confrontés aux revendications. Le charisme et la popularité de Bové ne lont pas empêché daller en prison et le citoyennisme altermondialiste façon ATTAC - Greenpeace se retrouve nu face à la brutalité réactualisée du pouvoir (voir notre rubrique mensuelle Big Brother p.15). La répression sur les luttes amène des réponses multiples, sinon opposées. Il y a un repli majoritaire, une absence de luttes (voir un bilan du Comité Anti Expulsions parisien p.11), ou du moins une grande frilosité avec le choix de formes daction étroitement légalistes. Mais aussi lémergence de luttes en petits commandos, à visage découvert, avec quelques militants qui se sacrifient pour la cause (actions de désobéissance civile ou de sabotage au Pays Basque, comme le fameux barrage dItoïz), ou bien carrément à couvert type guérilla urbaine. Le recul de la combativité collective et son inefficacité peuvent être évités, et la tendance inversée, en sorganisant ; Limportance vitale de lorganisation, pour améliorer le rapport de forces et la solidarité, revient au premier plan, pour disposer de réseaux autonomes des pouvoirs, pour analyser et réfléchir collectivement sans état-majors auto désignés (ou martyrs exemplaires allant au casse-pipe avec leçons de morale à la clé). Lautonomie de la diffusion de linformation est aussi une donnée déterminante pour reconstruire cette résistance et loffensive nécessaire que le pouvoir nous impose de façon plus pressante de jour en jour. Nantes le 31 /01/06 |
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COURRIER: Á PROPOS DE "LA VÉRITABLE SCISSION DANS AC!" (cf précédent CA en ligne) |
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salut, ayant quitté l'engagement concret à AC (collectif du Rhône) pour des raisons de divergences personnelles (un peu) et des raison politiques (beaucoup), ceci un peu avant la "scission" je n'avais plus pris la peine de me renseigner sur le fond des difficultés que j'ai toujours connues à AC (je participais aux assises). La vision que donne l'article est peu lénifiante de mon point de vue, pour avoir passé quelque temps à Paris et vu le mode de fonctionnement des deux camps "scissionnistes", je ne conclurais pas de la même façon. Quant aux questions de vote, il est intéressant de constater qu'à propos de la prise de position par rapport à la constitution, il manque quelques éléments un peu plus réels, les voici. Lors de ces assises, après un (trop) long moment pour savoir si AC ! devait faire campagne ou non, appeler à voter quelque chose, le consensus ne pouvant pas se faire, il y eut autant de membres du courant "centralisme démocratique" (je reprends ce terme à volonté stigmatisante de l'article) que le "vrai rézo" qui demandèrent un vote, tant le consensus avait du mal à arriver ; or, il avait été proposé que chaque individu de chaque collectif prenne sur lui de faire ce qu'il entendait en fonction de ses opinions, propositions étant peu entendues de quelque camp que ce soit... Je ne suis pas sûr que tirer des conclusions sur les "collusions" que semble vouloir faire apparaître l'article entre des membres d'AC et les "Copernic" ou autres soient vraiment l'élément essentiel à retenir. Mais effectivement si le but du jeu est de laisser sous-entendre que tout ce qui peut sembler un peu plus académique (j'en conviens tout à fait) pourrit toute action, c'est réussi - mais il n'est pas certain que cela soit forcément la réalité. Quand à l'action réelle de ceux qui auraient été expulsés sur le terrain, rien n'empêche de vérifier sur le terrain ; si réussir à faire réintégrer 2 chômeurs radiés par des gesticulations intempestives est toujours bien pour ces 2 chômeurs, il reste que sur le territoire nationale il y a en moyenne plus de 150 000 radiations (donc un goutte d'eau dans l'océan : 2 sur 150 000) ; croire que c'est bien et une réussite reste tout de même un peu de l'autosatisfaction, voire de l'autisme, les radiations massives s'arrêteront peut-être massivement quand les règles seront changées... il semble peu probable de changer les règles à partir du local et surtout pas d'un quelconque camps scissionniste... Quant à "derrière cet antagonisme il y a deux conceptions radicalement différentes de l'organisation" me paraît plutôt, au mieux une affirmation gratuite, au pire une prise de position pour l'un des 2 camps, ou enfin entre les deux un avis mal renseigné par absence de participation à AC ! ou sur le terrain. Nul ne sait quoi inventer pour remplacer l'obligation de travailler dans une économie qui progresse en détruisant les emplois et du même coup la société. François Menduni ************************************* Réponse : Mise au point François Menduni pointe des désaccords qu'il a avec mon article paru dans le dernier CA. D'abord à travers l'emploi de guillemets, il semble contester le terme de scission pour rendre compte de ce qui vient de se passer dans AC! Pourtant en s'appuyant sur la définition qu'en donne le Robert, "action, fait de se scinder, division, partage", l'emploi de ce terme me semble pertinent pour décrire la situation. Il y a à présent au moins deux entités qui ne communiquent plus, ne font plus rien ensemble. Ce qui m'amène à réaffirmer qu'il y a bien d'un côté, un réseau de collectifs, peut-être pas très nombreux (une dizaine) mais réellement existant, c'est à dire ayant chacun des pratiques identifiées, produisant des analyses et réalisant un journal en commun dont le deuxième numéro vient de sortir . Ce réseau a certainement sa fragilité, ses faiblesses, mais il existe malgré tout. De l'autre j'aurais envie d'écrire qu'on a une poignée de bureaucrates mais pour être plus soft, disons qu'on a un certain nombre de militants qui ont fait d'autres choix stratégiques dont peut-être celui de la clandestinité puisque plus personne ne les voit, à part les médias où ils peuvent intervenir occasionnellement, allant même jusqu'à récupérer ce que font des collectifs du réseau précédemment cité. Sinon l'opacité reste leur règle de fonctionnement. La scission les arrange bien puisque leur secrétariat n'a plus de compte à rendre. Ils peuvent enfin participer librement à toutes les réunions unitaires qu'ils veulent et signer tous les appels qui vont avec. Ils peuvent se donner l'illusion d'exister en vivant intensément cette situation idéale de gouvernance qui est de gouverner sans avoir personne à gouverner, situation plus proche d'un jeu de rôle que du mouvement réel. Ce qui n'est pas sans rappeler cette fiction du printemps dernier, autoproclamée "Forum des luttes sociales" qui prétendait réaliser "la convergence des luttes" et qui réunissait en fait un cartel de représentants autoproclamés du "mouvement social", dont le permanent d'AC!, par ailleurs membre de la Fondation Copernic. J'appuie cette affirmation sur l'expérience des marcheurs de Montluçon qui ont marché pendant trois semaines de Montluçon à Paris, qui ont souvent été accueillis par des militants d'associations ou de syndicats, soit-disant participants au FLS, et qui en ignoraient l'existence. Illusion de puissance ? Tentative de donner un contenu à une recomposition politique possible, sur fond de référendum ? Mais sans doute et surtout, une puissance de l'illusion. Cette scission d'AC! n'est pas binaire. Entre les deux pôles que je mentionne, il y a des collectifs qui ne se sont pas positionnés et qui continuent leur activité locale. C'est sans doute le pôle le plus important, mais il n'est ni visible, ni homogène. Ajoutons aussi que seul le réseau des collectifs ayant signé le texte "Ensemble" entretient le site Internet et rend public ses activités contrairement aux deux autres pôles. Derrière cette scission, il y a bien deux conceptions de l'organisation. L'une est horizontale et s'apparente à la figure du rhizome. Le secrétariat y a une fonction purement technique. L'autre a une conception plutôt verticale. Elle fonctionne à la représentation. Elle s'apparente à la figure de l'arbre avec un sommet et une base. Au nom de l'efficacité et de l'urgence, les décisions doivent être prises rapidement. D'où un secrétariat jouant un rôle politique important. C'est cette idée qui émerge de ce pitoyable texte qui a servi de base au putsch et intitulé "L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt". Car il y a bien eu un putsch prémédité. J'appuie mon hypothèse sur le fait que le trésorier des Amis d'AC!, par ailleurs membre du Parti des Alternatifs (ex-Alternative Rouge et Verte, scorie du PSU et des Comités Juquin) avait bloqué l'accès au compte en banque au président, à son insu, AVANT les assises du Mont Dore qui ont renversé le dit président par un simulacre de démocratie .. On peut aussi ajouter qu'avant les Assises, des textes pertinents ont été proposés au débat mais n'ont pas été débattus. Sinon je suis d'accord avec ce qu'écrit François Menduni sur le fait que l'autonomie avait été laissée à chaque collectif par rapport à une position pour le référendum du 29 mai, devant l'impossibilité d'arrêter une position commune. Ce qui n'a pas empêché le permanent de revenir à la charge lors d'une coordination et vouloir faire valider la signature d'un texte émanant de l'APEIS et appelant à voter Non. Et comme le dit permanent est aussi membre de la Fondation Copernic, bien mouillée dans la campagne pour le vote Non, on peut poser l'hypothèse d'une relation de cause à effet. Copernic uvre à une recomposition de la gauche de la gauche. Son fondateur Jacques Kergoat avait été militant du PSU avant d'être à la LCR. Il était certainement dans un rêve de recomposition politique. Il poursuivait aussi le même objectif au niveau syndical dans le RESSY. Le président actuel, Yves Salesse est conseiller d'Etat. Il a été membre du cabinet de Gayssot, le ministre communiste des transports du gouvernement Jospin qui s'est illustré avec le vote de la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ) qui permet d'envoyer en prison ceux qui prennent le train sans payer. Dans la Fondation Copernic, on retrouve des Verts, des membres du PCF, de la LCR et du PS qui travaillent ensemble sur de grands sujets de société. On est vraiment dans un style d'architecture politique propice à une recomposition. C'est leur droit. C'est leur choix. C'est leur problème. Il n'y a aucun jugement dans mon propos. Le problème, c'est que ce genre de regroupement en amène certains à vouloir instrumentaliser des luttes pour les faire entrer dans leur cadre. C'est toute la question du débat sur d'une part l'autonomie du mouvement social, l'action directe et d'autre part la question du débouché politique, de la représentation, de faire entrer le multiple dans le Un. Là aussi, on peut émettre l'hypothèse que c'est bien un des ressorts de la scission d'AC! en particulier et sans doute d'autres mouvements, en général. Christophe |
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Mesures scolaires contre les jeunes en difficultés: LA DEMOLITION DU PRINCIPE ET DE L'OBJECTIF D'UNE ECOLE POUR TOUS. |
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Des émeutes de novembre 2005 qui ont secoué les zones urbaines les plus pauvres, le gouvernement a tiré des leçons quon pourrait juger paradoxales. Prenant prétexte de la révolte des jeunes des banlieues-ghettos, il applique à léducation une forme détat durgence. Par « la fenêtre de tir » qua ouverte la crise des banlieues, le gouvernement mitraille les scolarisés en difficulté dune pluie de mesures et deffets dannonces qui semblent au premier abord proclamés à la hâte. En apparence, cela ressemble à une série de diversions démagogiques pour ne pas traiter des vrais problèmes de la formation. En réalité, toutes les circulaires et tous les projets ministériels (et les ministres ont fondu en nombre sur lécole : Villepin, de Robien, Dutreil, Larcher, Sarkozy, Borloo) ont des caractéristiques communes et font système: ils sont fondamentalement idéologiques (politiques), et sinscrivent dans le droit fil des mesures Ferry-Sarkozy-Fillon précédentes, contribuant à démolir le principe et lobjectif dune école pour tous. Une politique de discrimination et de renforcement des inégalités Bien loin de chercher à remédier aux injustices dun système scolaire de classe, il sagit pour les gouvernants et les patrons de faire accepter comme légitimes, naturelles et inévitables les inégalités sociales provoquées par ce système économique et confortées, reproduites et aggravées par lécole. Une fois ce principe posé, il suffit, à moyens toujours moindres et à choix budgétaires de plus en plus à la baisse - diminution de 30% en moyenne des postes ouverts aux concours denseignement cette année (- 6050), poursuite de la suppression massive de postes dans lenseignement secondaire (- 2083 postes à la rentrée 2006) -, de trier ce qui est jugé comme « le bon grain » de ce qui est présenté comme « livraie ». Se mettent ainsi en place une politique sécuritaire et une logique dindividualisation des parcours qui entérine une vision des inégalités comme provenant de la responsabilité individuelle ou familiale. Ainsi, à ladresse des plus défavorisés, on agite le bâton et la menace. On enfonce le clou des inégalités. Plutôt que dinterroger lincapacité du collège à diversifier ses approches pédagogiques et déviter que des jeunes « décrochent », on projette dévincer de léducation commune des enfants en difficultés, par la généralisation dun apprentissage précoce, pour les externaliser aux patrons et pour les occuper à des tâches dexécution (cf. ci-dessous). Sous prétexte de plus grande efficacité, on revoit à la baisse le champ des zones déducation prioritaire (ZEP) : on décide de sortir plusieurs centaines détablissements de ce dispositif pour concentrer les moyens (chaque année en forte baisse, 600 postes denseignants ayant été supprimés, par exemple, en 2004) sur un nombre réduit dentre eux, qui seront étiquetés « ambition réussite ». Ce qui, en guise de « réorganisation et de relance » de léducation prioritaire, est en réalité un véritable plan de dynamitage de la politique ZEP. Dautant que les moyens supplémentaires auxquels les établissements de ces zones défavorisées peuvent prétendre sont déjà très modestes : un collégien de ZEP coûte à lEtat moins cher quun lycéen et deux fois moins quun élève de classe préparatoire aux grandes écoles. On continue de sen prendre aux familles les plus en difficultés, stigmatisées comme incapables et indignes. Complétant la loi de 2004 qui sanctionne les parents « défaillants » (passibles dune amende de 750 euros), on leur fera signer un « contrat de responsabilité parentale » (concernant labsentéisme, le travail scolaire et le comportement de lenfant), qui, sil nest pas respecté, peut déboucher sur la suspension provisoire du versement des prestations familiales, conservées sur un compte bloqué géré par le Conseil général. On remet ainsi en cause le fait que les allocations sont un droit, quelles sont versées pour compenser la charge que représente un enfant, et non pour jouer un rôle de sanction. Et on désigne à la collectivité les familles les plus pauvres, dont beaucoup dont dorigine immigrée, comme boucs émissaires possibles. En guise de réponse aux dysfonctionnements et à lindiscipline dans les établissements scolaires, on poursuit les obsessions répressives et sécuritaires émises par Sarkozy en 1998 et 2004. On encourage lutilisation de portillons électroniques utilisant la biométrie et de caméras de surveillance. On pense à substituer aux personnels de léducation, dont les effectifs fondent dannée en année dans les établissements, des permanences de policiers ou de juges. On incite les enseignants à porter plainte contre les élèves (pas contre lEducation nationale !), et on leur distribue pour cela une circulaire-mode demploi. Pour en finir avec « une période trop longue de laxisme, de laisser-faire, en oubliant les valeurs de la République », on annonce que la mise en place, prévue par la loi Fillon, dune « note de vie scolaire », sanctionnant lassiduité et le comportement de lélève au brevet des collèges (session 2007), deviendra trimestrielle et sétendra tout au long de la scolarité du collégien. Le gouvernement met aussi sa patte idéologique dans les programmes scolaires. Bientôt, paraîtra le socle commun des connaissances, nouveau programme des classes de collège. En attendant, on a rendu (à nouveau) obligatoire lapprentissage de la Marseillaise à lécole primaire. On falsifie lhistoire de la France colonialiste : un article de loi impose aux programmes scolaires de reconnaître « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » . On diabolise démagogiquement des méthodes pédagogiques : une circulaire interdit lutilisation de la méthode globale de lecture, présentée comme une monstruosité coupable de tous les maux ; ceci alors même quelle nest plus utilisée seule Ce qui compte, cest de faire croire aux familles que lapprentissage de la lecture ne se fait quau CP (cours préparatoire), quil se réduit à une affaire de méthodes et de codes, et quapprendre à lire est indépendant de tout contexte social et culturel. Cela permet déviter de proposer une véritable politique contre léchec scolaire. A ladresse de ceux qui réussissent à entrer docilement dans le moule scolaire, on agite la carotte, en organisant la concurrence systématique entre les individus et en prônant la méritocratie. Ainsi, on promet de filtrer et décrémer les lycéens les plus prometteurs des ZEP pour les promouvoir dans des sections d « élite », en organisant le coup très médiatisé de la classe dexcellence parisienne à Henri-IV (qui accueillera 30 lycéens de ZEP en classe pré-préparatoire), après les quotas de la discrimination positive expérimentés par Sciences Po. De cette stratégie sélective ressort que le seul modèle dexcellence qui vaille est celui des classes préparatoires, que cest lunique instrument de réussite ; une manière encore de conforter un peu plus le système qui hiérarchise bonnes et mauvaises filières. De plus, on offre aux meilleurs de ces classes, la possibilité de déroger à la carte scolaire pour sinscrire dans le lycée de leur choix, comme le font les enfants des bourgeois. On affiche ainsi une absence totale dattention et dambition pour les établissements qui concentrent déjà aujourdhui, et concentreront encore plus demain, les élèves les plus défavorisés, et en particulier les lycées de banlieue. Non seulement on se garde bien de remettre en cause la ghettoïsation des pauvres, les processus de ségrégation sociale, urbaine, territoriale et scolaire, mais encore on accroît les fractures et les inégalités. On perpétue la mesure qui consiste à récompenser par des bourses les élèves les plus besogneux, les plus « méritants » (création de 100 000 bourses au mérite à la rentrée 2006, contre 30 000 actuellement), remettant là encore en cause le fait que les bourses sont un droit, et non une récompense. On senferme ainsi clairement dans une idéologie de la méritocratie et de lélitisme , avec une approche exclusivement individuelle de la réussite et de léchec scolaire. On affiche tout aussi clairement un renoncement à la transformation nécessaire de lécole et de lutte contre toutes les formes dinégalités sociales. Au nom de « légalité des chances » Toutes ces mesures et annonces discriminantes et coercitives sont prises, comble du cynisme, au nom de « légalité des chances », déclarée cette année grande cause nationale. Cette vieille lune de légalité des chances, reprise dun pseudo concept cher aux partis de gauche dans les années précédentes, fait depuis janvier lobjet dun projet de loi ainsi que de la création dune Agence du même nom. Légalité des chances, en gommant toute analyse de classe de la société, permet de nier légalité des droits, denterrer toute velléité de politique sociale et scolaire en faveur de cette égalité, et de justifier tous les dommages collatéraux que sont la désertion du sens de lécole et lexclusion sociale. On est tous égaux, mais certains sont plus égaux que dautres, parce que plus chanceux ; et seuls les chanceux de légalité des chances tireront des bénéfices, ce qui sera présenté comme tout à fait légitime. Là où il y a égalité, par définition il ny a pas chance ; et inversement, là où il y a chance, il ny a pas égalité. Les chances, ce sont des aléas, liés à un monde où on joue, où lon mise en dehors de toute condition et de tout déterminisme sociaux. Les heureux ou mauvais sorts ne concernent que les individus et relèvent dune problématique obscurantiste et irrationnelle de la voyance et de la prédestination. Les chances sont fluctuantes ; alors que les droits, eux, doivent être les mêmes pour tous, imprescriptibles. On feint dignorer les raisons pour lesquelles on est (naît) riche ou pauvre et on voudrait faire croire que cest la chance qui décide et détermine le sort de chacun, ses réussites ou ses échecs. On nie que la pauvreté sociale peut avoir un rapport avec léchec scolaire. Légalité des chances na jamais eu pour objectif dassurer légalité mais, au contraire, de légitimer les inégalités inexistantes, leur consolidation et leur accroissement, ainsi que les pouvoirs qui les rendent possibles, au nom des dons, du talent et du mérite, supposés libérés et mesurés par lécole. Cela en pleine adéquation avec lidéologie de la réussite individuelle, et de la logique qui laccompagne, celle de la compétition et de la concurrence du chacun contre tous. Ainsi, les victimes des inégalités sont transformés en coupables, coupables de nêtre pas du côté des vainqueurs, des chanceux Cest une morale du « quand on veut, on peut » qui sous-tend cette vision de léducation, comme si aucun paramètre extérieur naffectait le rapport au monde des individus, comme si les conditions dans lesquelles les enfants se présentent aux portes de lécole étaient suffisamment homogènes pour que tous soient également prêts à accéder aux « beautés » du savoir et à goûter aux vertus du travail et de leffort « émancipateurs ». Cette morale de la « chance » se double dune logique utilitariste, qui réduit lécole à un instrument de production de main duvre plus ou moins qualifiée, puisque cette morale, pour les élèves « qui sennuient » (dixit Villepin), sappliquera à lapprentissage dun métier manuel, non à lacquisition de connaissances et de savoirs. Cest avec ce support idéologique que se met en place une logique marchande de transformation de lécole qui cherche à ruiner un principe et un objectif de léducation publique : lappropriation pour tous des formes symboliques et des connaissances nécessaires au jugement et au raisonnement. A la place, il sagit de promouvoir des apprentissages au rabais, soumis aux intérêts des entreprises et tournés vers la satisfaction de lintérêt privé. Lobjectif voulu donc nest pas de travailler à une plus grande efficacité de lécole ni à lintérêt des enfants, mais de faciliter la mise en uvre dun programme politique de refondation de léducation sopposant aux valeurs dégalité, de solidarité, déducabilité et de démocratisation du savoir. Lapprentissage précoce ou léviction précipitée des jeunes les plus défavorisés Malgré la fronde des syndicats denseignants, lopposition du Conseil supérieur de léducation et celle des Régions (qui sont contrôlées par la gauche et qui financent les CFA), face au projet de préapprentissage dès lâge de 14 ans, et malgré les réserves de certaines organisations dartisans (exceptés le Medef, la droitière fédération de parents Peep et lUnion des métiers et industries de lhôtellerie, - dont le président a déclaré que « cest une mesure de salut public » que de donner aux jeunes « des notions de vie en société, de discipline, de politesse » ), le gouvernement nen continue pas moins à vouloir jouer la carte dune orientation très précoce vers linsertion professionnelle. La crise des cités a ainsi servi de prétexte au gouvernement pour organiser le plus tôt possible le tri social. En effet cest en prétendant répondre à la crise des cités-ghettos quil ose proposer la solution miracle de l « apprentissage junior », jouant lamalgame de léquation entre « jeunes en rupture », éviction de lécole au plus tôt, et apprentissage comme seule offre de formation pour ces jeunes, ou plutôt comme seule occupation capable de les discipliner. Lapprentissage est ainsi réduit à un besoin social urgent pour occuper des jeunes issus de milieux socialement défavorisés, stigmatisés parce que nentrant pas dans le moule. Ainsi présenté, lapprentissage est apparenté à une forme de sanction et à une mise à lindex ; cest dune manière expéditive et brutale que léducation nationale est invitée à abandonner très tôt les jeunes en échec scolaire, au motif quils ne correspondent pas à sa façon denseigner. Sans évidemment que soient reconnues les propres incapacités et les propres échecs de lécole à sadapter à ces jeunes. Sans donc que soient remises en cause le moins du monde ses méthodes, ses contenus élitistes, ses parcours hiérarchisés et sélectifs, son double rôle de chambre denregistrement et de productrice de la division du travail et des inégalités sociales. Cette mesure de lapprentissage précoce institutionnalise le refus du système à raisonner autrement quen termes hiérarchiques et en alternatives binaires : la « réussite » se définit en fonction dun modèle uniforme (les grandes écoles) qui impose, dès le collège voire le primaire, ce quil appelle « lexcellence » dans les matières générales et abstraites, les autres « choix » se faisant par défaut. Depuis 20 ans, les gouvernements cherchent à développer lapprentissage et les formules de formation en alternance. Le mouvement saccélère. Le plan de cohésion sociale (Borloo) fixe ainsi déjà lobjectif de passer de 360 000 apprentis aujourdhui à 500 000 dici 2009. Ce leitmotiv de lapprentissage comme solution miraculeuse repose sur les mêmes arguties : le constat dun chômage élevé chez les jeunes actifs (22% en 2004) ; la conviction que cette situation, doublée dun manque de main duvre dans quelques secteurs aux conditions de travail et horaires insupportables et aux salaires ridiculement bas (bâtiment, restauration), résulte dune inadéquation entre lenseignement professionnel, qui serait trop éloigné du monde de lentreprise, et les besoins des patrons. Ce raisonnement fait son chemin dans les mentalités, bien quil soit totalement faux. En termes dinsertion, une étude du Cereq (Centre détudes et de recherches sur les qualifications) montre quil ny a pas systématiquement avantage à être passé par lapprentissage, surtout dans un contexte où le taux de qualification général monte ; lapprentissage est aspiré vers le haut, les demandes des entreprises concernant des niveaux de plus en plus élevés (apprentis ayant bac +2). En fait, loffensive pour lapprentissage et lalternance est avant tout idéologique : il sagit de répandre un esprit dentreprise contraire à toute culture émancipatrice. Il sagit aussi de proposer aux patrons une nouvelle cohorte de main duvre malléable et à bon marché. Deux phases sont prévues pour le projet dapprentissage version Villepin-de Robien : lune dite initiale, avec, à partir de 14 ans, un parcours dinitiation aux métiers, sous contrat scolaire, dans un lycée professionnel ou un CFA, qui alternera enseignements généraux (13 semaines de cours par an seulement), techniques, pratiques et stages en entreprises. Puis, à partir de 15 ans, une deuxième phase, où le jeune « apprenti junior confirmé » basculera sous un statut dapprenti (donc hors cadre scolaire), « pouvant déboucher sur la signature dun contrat dapprentissage » (un contrat de travail, avec toutes ses contraintes). Même baptisé « apprenti junior » jusquà lâge de 15 ans, le jeune de 14 ans sera ainsi bel et bien de facto éjecté du parcours scolaire commun des élèves. Ce projet dapprentissage précoce répand toute une série de mensonges et de leurres. Comment en effet peut-on prétendre que les jeunes seront « volontaires », et quils auront « le choix » ? Dès à présent, les élèves en difficultés sont fortement incités, sinon conduits autoritairement, à saiguiller vers les nouvelles « options » « découverte de lentreprise » (3 à 6h/semaine), dans les classes de 3° de 60 collèges de lacadémie de Bordeaux. Ces options, issues de la réforme Fillon, y ont été mises en place pour « expérimentation » et elles doivent se généraliser à partir de la classe de 4°. Est-ce pour tenter dappâter les futurs apprentis juniors que le projet de loi prévoit de leur verser une gratification denviron 50 euros/semaine ? Comment laisser croire quun jeune de 14 ou 15 ans, quel que soit le milieu dont il est issu, a les aptitudes physiques et comportementales ainsi que la maturité psychologique pour endosser la responsabilité dun contrat de travail ? Même des artisans en doutent fortement et jugent que donner une orientation quasi définitive à 16 ans, cest beaucoup trop tôt. Plonger dans le monde du travail sans en dominer les codes, qui ne sont pas moins stricts que ceux du collège, condamne à un échec annoncé, dautant plus douloureux quil est présenté comme une dernière chance. Comment laisser croire quil sera facile, pour ces apprentis précoces des quartiers les plus paupérisés, et stigmatisés à cause de cela, de trouver une entreprise daccueil, alors que les lycéens de lenseignement professionnel, plus âgés, sont déjà les premières victimes de la discrimination à lembauche ou pour décrocher un stage ? Comment faire croire que ces adolescents bénéficieront dune formation professionnelle de qualité, alors quune formation centrée sur les besoins dune entreprise prépare évidemment mal aux changements économiques et professionnels ? Comment laisser croire que ces jeunes auront un contrat assuré, en fin de formation ? Ou quils auront plus facilement un emploi, alors que les apprentis les moins qualifiés sont les premiers à se retrouver au chômage, faute de formation initiale nécessaire à lacquisition de savoirs plus complexes, et à un moment où globalement le chômage fait rage chez les moins diplômés ? Comment faire croire que les jeunes recouvreront « lestime de soi » et « sépanouiront » dans des tâches de pure exécution quand, à lheure actuelle, 25% des jeunes de la filière apprentissage ne vont pas au bout de leur contrat, soit parce quils ont été orientés vers des secteurs non choisis, soit à cause des conditions de travail et de la surexploitation quon leur impose, soit encore à cause de difficultés matérielles ? Comment oser prétendre quils pourront réintégrer à tout moment le cursus commun ordinaire, et y réussir ? Cest un mensonge aussi de la part du gouvernement de parler de mesure nouvelle. En effet, si lapprentissage reste dans le giron de lEducation nationale, il existe déjà depuis plusieurs années, pour les jeunes de 14 à 15 ans, une filière de préapprentissage. Ce préapprentissage est pratiqué de deux façons : dans les classes préparatoires à lapprentissage (CPA) ou dans celles dinitiation préprofessionnelle en alternance (Clipa), sous statut scolaire (sans rémunération), et mêlant formation générale et travail en entreprise. Les limites de ces filières sont dailleurs bien connues, le bilan étant quelles consacrent léchec plutôt quelles ne le combattent ; beaucoup de ces classes ont été fermées, stagnant à un effectif denviron 10 000 jeunes depuis plusieurs années. De même, lalternance sous statut scolaire existe depuis 20 ans. Mais si la mesure de Villepin na rien de très innovant, elle a le danger dinstitutionnaliser très clairement le tournant qui sest opéré depuis plusieurs années et qui dessine une conception nouvelle de lécole et de son rôle. En effet, lapprentissage à 14 ans signe de facto la remise en cause de la scolarité obligatoire jusquà 16 ans (depuis 1959) et la fin du collège pour tous. En déscolarisant brutalement et précocement des élèves issus de milieux défavorisés, en les externalisant à des patrons, en les privant dune formation initiale, cette mesure met en pratique lidée quune formation succincte et au rabais suffit bien assez pour certains élèves. De même quon a pu parler d « inemployabilité », on risque bientôt dutiliser la notion d « inéducabilité ». Lapprentissage précoce remet en cause légalité des droits, plaide à visage découvert pour une école de la ségrégation et de la sélection, « valeurs » brandies et mises en pratique non seulement sans aucun scrupule mais encore avec assurance. En effet, cette mesure saffiche avec cynisme comme étant en faveur des plus démunis, « ceux qui ont le plus de difficultés scolaires » et en faisant retomber la responsabilité de léchec sur le jeune qui « naura pas voulu ». Le plus grave est que cette mesure et la foule des autres annonces ne rencontrent aujourdhui pour seule réponse que le silence des personnels. Seraient-ils devenus perméables à lengouement très libéral pour lentreprise ? Ou bien découragés au point de renoncer à tenter de changer lécole et dy éduquer tous les jeunes ? Resteront-ils muets, comme ils lont été quand la prise en charge des élèves en échec a été externalisée en direction des associations (via les ateliers-relais) ou des collectivités (via le plan Borloo), mesures récentes qui font système avec celle de renvoyer aux entreprises la formation des jeunes dès 14 ans ? La révolte des moins favorisés a provoqué une réforme à lencontre de leurs intérêts. Le système se désintéresse de ses moutons noirs, ce qui entraînera plus dinégalités encore quun système qui, même imparfaitement, prétendait offrir à tous une chance daccéder au savoir. « Sil y avait une faillite (du système éducatif), ce serait celle de ne pas préparer les gens à travailler. Ce serait en forçant un peu le trait, de les préparer à réfléchir. La réflexion, cest bien, mais ça prend parfois beaucoup de temps et entre le moment où elle commence et le moment où elle aboutit, il serait opportun damener sa contribution à la création de valeur ». Cette déclaration de Georges Plassat, président de Vivarte, édicte les constantes de lidéologie capitaliste que sont léloge de la soumission, de la productivité et de lutilitarisme ; le gouvernement et les patrons cherchent bel et bien aujourdhui à plier le système scolaire à ces constantes, aussi bien ses principes, que son fonctionnement et ses objectifs. Cela rend certes de plus en plus difficiles, mais pas pour autant impossibles, laffirmation et la mise en pratique de valeurs résolument inverses, au sein même de lécole: coopération, temps et maturation, entraide, travail collectif, esprit critique. Kristine - OCL Pays Basque |
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Lutter auprès des sans-papiers: HISTOIRE DU CAE PARIS |
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Fin octobre, un très bref communiqué du Collectif Anti-Expulsions d'Ile de France (CAE) annonçait qu'il cessait ses activités. Il est normal de s'interroger sur les raisons de cette disparition. Il est exceptionnel qu'un groupe politique soit en état de produire un bilan lors de sa disparition. Le CAE n'est pas une exception et ceci est une contribution personnelle. Je ne prétends pas présenter une analyse qui supposerait de s'appuyer sur des prises de position au sujet de problèmes généraux, qui devraient d'ailleurs être plus discutés, comme le fonctionnement d'un groupe qui, sans être une organisation politique, ne se limite pas à une lutte ponctuelle . Elle demanderait aussi beaucoup plus de développements sur le mouvement des sans-papiers.
Les débuts |
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