Courant alternatif no 157 mars 2006 |
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SOMMAIRE |
Edito p. 3 SOCIAL C'est Pas Etonnant p. 4 EDUCATION De la violence en milieu scolaire p.6 Quelques chiffres sur la violence scolaire p.9 Contre toutes les prisons: occupation d'un chantier à Nantes p.10 TRAVAIL PORTUAIRE Un cas d'acharnement de la commission européenne p. 11 NUCLEAIRE Incidents à répétition à la centrale nucléaire de Nogent p.13 LIVRES: Georg K. Glaser p.14 IMMIGRATION Modification de la loi CESEDA: la précarisation comme mode de gestion p.15 Aubin en voie d'expulsion p.17 BIG BROTHER p.18 Libération des prisonniers politiques p.19 SANS FRONTIÈRES Elections palestiniennes: la fausse surprise p.20 POINT DE VUE Outreau: la pourriture de la justice française p.23 |
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EDITO |
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Revenons sur ce qui a été .l « affaire des caricatures de Mahomet », car elle nous semble être un symptôme révélateur de la violence, de lhypocrisie et des errements de la période actuelle.
Attachons-nous dabord à quelques réactions du monde politique occidental. Aux Etats-Unis, Bush a appelé au respect des religions, lui si prompt à invoquer le Dieu des chrétiens pour justifier ses guerres au Moyen-orient et ses actes de barbarie, et à maquiller en action morale ses agressions militaires contre « laxe du mal ». En France, la classe politique sest montrée très embarrassée. On relevait des contradictions entre ministres : Donnadieu (le bien nommé) de Vabre, ministre de la culture, déclarait quil était le « garant du respect de la liberté de la presse, pilier de notre démocratie », tandis que son collègue de la Justice, Clément (le mal nommé), disait quil fallait « faire attention à ne pas blesser les musulmans, moins habitués à la caricature que les pays de culture chrétienne » (sic !). Etait généralement affirmé le principe de la liberté dexpression, assortie dun « mais » quasi unanime pour que soit tu « tout ce qui blesse les individus ». Une liberté, donc, sous escorte, à géométrie variable, et tenue de ne pas toucher aux religions instituées. Lembarras sest lu aussi dans les rangs de la gauche, un peu dans les mêmes termes que lors des « émeutes de banlieue » : tous les communiqués dalors commençaient par « même si nous ne sommes pas daccord avec les incendies, les méthodes » et finissaient en abordant les causes. Dans le cas des caricatures, ils étaient introduits par « même sil faut faire attention à ne pas choquer », avant de parler de liberté dexpression. Cette affaire a aussi révélé à quel point les religions sont faussement solidaires. Des représentants des religions monothéistes, - qui se sont étripées, massacrées pendant des millénaires et le feront encore, cest leur raison dêtre, tant quelles auront sous la main des esprits sous influence -, ont constitué une union sacrée contre le blasphème. Dès que cest le principe de religiosité qui est attaqué, les gens déglise, de temple, de synagogue ou de mosquée font cause commune et oecuménique. Le rabbin Sitruck « partage la colère des musulmans », et le droit à la satire, selon lui, « sarrête dès quil est une provocation » (quest-ce quune provocation et qui décide que cen est une ?). Les catholiques intégristes ne disent pas autre chose, eux qui sont une énorme machine à procès, prompte à pourchasser des créations cinématographiques, à porter plainte contre des dessins ou des affiches qui mettent, par exemple, Jésus en « cène ». Le Pen surenchérit : « Si, à juste titre, on condamne de blessantes caricatures du prophète, à plus forte raison doit-on condamner les ignobles et permanentes caricatures du Dieu incarné des Chrétiens ». Tous ces religieux et leurs fervents relais et défenseurs nous insupportent. Mais nous insupportent tout autant ces petits Voltaire dopérette qui se sont emparés des vignettes du très réactionnaire journal danois, dans un grand élan de solidarité avec le directeur dun autre quotidien réactionnaire français (France Soir), pour les brandir comme les signes par excellence de la liberté dexpression : tel le directeur de Charlie Hebdo, grand pourfendeur des interdits, lui qui avait mené campagne pour linterdiction du Front National. On a aussi pu entendre Sarkozy, le pantin de la place Beauvau, se faire le grotesque héraut de la liberté dexpression, proférant : « Je préfère lexcès de caricature à lexcès de censure » ; les chanteurs poursuivis par lui pour des chansons hostiles aux flics, ou le passant emprisonné pour avoir lâché un juron à son passage apprécieront, ainsi que tous ceux qui sont pourchassés pour délit de faciès Laffaire des caricatures a servi ainsi de prétexte à certains pour faire léloge dune démocratie républicaine, exempte de tout délire xénophobe, berceau de la liberté dexpression, comme chacun sait, une fois quon en a maquillé toutes les entraves, toutes les limitations, toutes les censures. De quelle liberté dexpression peut-il sagir dans un système dexploitation et doppression, qui sapplique à renforcer sans cesse ses moyens de contrôle et de coercition ? Il nempêche. Laffaire des caricatures a pris la tournure dune mise en scène opposant un occident incarnant les libertés, et notamment la liberté dexpression, et un monde musulman, assimilé bien souvent au monde arabo-perse, incarnant lobscurantisme. Le premier exhibant avec arrogance sa prétendue supériorité sur lautre. Dans ce contexte, les caricatures sont apparues comme une agression raciste de plus aux yeux de gens qui se vivent humiliés, discriminés, stigmatisés et pour qui la religion sert parfois didentité de substitution. La religion a toujours eu ce rôle de dérivatif et de détournement, canalisant énergies et colères vers de fausses routes et vers de faux combats. Pour esquiver les vrais problèmes, les Etats et les religieux contribuent à organiser et alimenter une controverse incessante sur des bases fallacieuses : il sagit de faire perdre de vue que non seulement chaque partie nest pas sur le même pied dégalité mais encore que lune agresse lautre, de gommer un contexte international de guerres impérialistes, de nier les rapports de force en jeu, de refaire surgir le spectre du « choc des civilisations », et dattendre que ce mensonge prenne corps pour lui donner des airs de guerre de religion. Pour ce faire, on mélange tout, religion, ethnie, racisme. Or il est important de rappeler que critiquer, brocarder, dénoncer une religion ou une croyance quelle quelle soit ne saurait en aucun être assimilé à une attaque raciste. Aucun groupe ethnique, aucune race, aucun peuple, aucun individu ne peut se réduire à une religion. Les prétentions des religions et de leurs clergés à créer et à entretenir la confusion en effaçant ce qui sépare et distingue la religion du peuple sont profondément dangereuses, il faut les combattre pied à pied. Les sionistes sont pratiquement parvenus à faire croire que le peuple juif est équivalent au croyant juif. Les islamistes sengagent dans la même démarche qui consiste à faire fusionner une religion avec des peuples. Quant aux chrétiens, ils ne sont pas en reste, en ayant tenté récemment de faire inscrire la culture chrétienne dans la Constitution européenne, pour assimiler Européens et chrétiens ou, plus avant, avec la France « fille aînée de lEglise », menant croisades et guerres coloniales contre des impies. Les Etats démocratiques occidentaux sassoient sur la liberté et la dignité des peuples, mais ils se couvrent dun masque hypocrite, alors que les autres Etats en font tout autant, mais plus ouvertement. Les uns comme les autres sont habiles à manipuler les populations quils malmènent : dun côté, létendard fièrement brandi dune fallacieuse liberté dexpression, encadrée par la loi (qui décide de ce qui est tabou), à géométrie variable, à solidarités ou indignations sélectives et à affinités électives, qui subit des entorses incessantes; une liberté dexpression qui ne peut être que postiche dans une société inégalitaire, doppression et dexploitation ; de lautre côté, une révolte contre loccident, instrumentalisée par des Etats et des religieux fondamentalistes - à lémergence et à lentretien desquels ont activement collaboré les Etats démocratiques - qui la détournent des causes réelles et multiples (les guerres contre lIrak, loccupation et les bombardements en Afghanistan, les tortures et les scandaleuses détentions à Guantanamo et dans des prisons clandestines, le conflit en Palestine ; les discriminations, les exclusions, les politiques dimmigration, les répressions ) vers des objectifs fallacieux. Oui on peut caricaturer Mahomet, et tous les dieux, les imams, les rabbins, le pape et les curés, ainsi que tous ceux qui voudraient manipuler nos consciences. Oui on peut dénoncer tous les symboles des pouvoirs et de la dictature du fric. Oui on peut ridiculiser tous les Tartuffes et tous les Ubus rois. Laspiration des femmes et des hommes à vivre libres nest pas le credo des religions et ne le sera jamais. Mais ce nest pas non plus, absolument pas, lobjectif des Etats, fussent-ils démocratiques. Pays Basque, le 25 février |
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Cest Pas Etonnant ! |
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A en croire le discours ambiant, on a limpression que le contrat nouvelle embauche débarque tel un OVNI dans la galaxie du monde du travail
Ce nest pourtant pas de la seule crapulerie dun gouvernement quil résulte, mais bien de la continuité dune logique daccumulation toujours plus importante du capital pour quelques-uns, toujours aux dépens des travailleurs. Cest à cause du rapport de force entre exploiteurs et exploités, qui nest pas favorable à ces derniers, que le CPE est possible. Et cest en renversant ce rapport de force quil ne le sera plus. Pour autant, nous ne pouvons concevoir de défendre « le code du travail », car il légifère le salariat que nous entendons justement combattre. Cependant, il est nécessaire de répondre à cette nouvelle attaque, pour préparer loffensive ! Cest quoi donc ? Le contrat première embauche sinscrit dans la continuité du CNE, passé en douce dans les « ordonnances Villepin » de cet été. Le CPE étend la période dessai de 2 ans - qui était jusque- là réservée aux travailleurs des boîtes de moins de 20 salariés (CNE)-, à toutes les entreprises, mais seulement pour les moins de 26 ans. Evidemment, cela saccompagne dexonération de charges patronales pour ceux qui embauchent quelquun au chômage depuis plus de 6 mois. Dune pierre deux coups, on vole une partie du salaire du travailleur (ce quon appelle abusivement les cotisations patronales forme un salaire indirect), et on officialise encore plus une précarité qui est déjà bien présente. Les CPE/CNE remettent donc directement en cause le CDI, puisque lemployeur peut à sa guise virer un CPE, reprendre quelqu'un dautre en CNE, puis quelques mois plus tard reprendre le premier en CPE Cest aussi le CDD qui est attaqué, puisque celui-ci naurait alors plus dintérêt pour les employeurs (les CDD dépassant très rarement les 2 ans). Donc le CDD qui offrait une certaine « sécurité » de lemploi (on ne peut quasiment pas licencier un CDD), pendant une période limitée certes, na plus lieu dêtre avec les CPE/CNE. En guise daumône, lEtat (et pas la boîte qui a profité du travailleur) reverse pendant 2 mois 2 X 460euros (un peu plus que le RMI), mais seulement à celui qui a eu la chance de rester plus de 3 mois dans lentreprise. On imagine évidemment toutes les conséquences que cela a sur le fait de pouvoir se défendre : « Tu veux te syndiquer ? Bah, tiras voir ailleurs », « tu réclames le paiement de tes heures sup ? Bye bye, ya 10 autres chômeurs prêts à prendre ta place ». Quand on nous présente cela comme une avancée sociale, il y a vraiment de quoi se révolter. Aussi, on comprend bien les logiques pour remettre en cause le code du travail pas à pas dabord pour les petites boîtes (où la mobilisation est plus difficile), puis chez les jeunes (on divise toujours), pour finalement arriver « dici juin », au contrat unique, combiné des CNE et CPE, comme le réclame le MEDEF. Cest pas nouveau. Le capital na pas attendu ce contrat pour étendre la précarité ; cest une constante depuis un moment. Que cela passe par la destruction organisée des régimes de solidarité (sécu, chômage, retraites ), par la création dun arsenal de contrats précaires ou par la mise au travail forcé, les gouvernements (de droite et de gauche) et les institutions de lEtat sont toujours au service des capitalistes. Aujourdhui, avec la remise en cause des acquis sociaux arrachés après de longues luttes - et qui ont aussi permis dapaiser les élans révolutionnaires des travailleurs !-, on retourne vers des conditions de travail proches de celles du XIXème siècle. Avec en plus le fait que les populations sont de plus en plus noyées dans la société de consommation (donc attachées à leur mode de vie individualiste, qui nécessite toujours plus de fric, au delà des besoins vitaux) et que la lutte de classe est de moins en moins saisissable : fini le temps où les travailleurs, réunis nombreux sur un même lieu de travail, connaissaient leur exploiteur, le patron. Cest le temps des actionnaires inconnus, cachés derrière les multinationales de plus en plus puissantes, et des petits patrons qui réussissent presque à faire « pitié » à leurs employés qui nosent plus les combattre. Cest le chômage qui permet aux dirigeants de justifier de telles mesures. On nous fait croire que cest en nous enfonçant toujours plus dans la peur du lendemain, le stress du licenciement, lécrasement permanent des aspirations à une vie décente, quon pourrait combattre « les problèmes de la société ». Pourtant, le système fonctionne à merveille : les profits sont là et grandissent en permanence, presque plus personne nose remettre en cause lordre capitaliste et la marchandisation occupe de plus en plus toutes les sphères de la vie. Le chômage est alors largument parfait pour enfoncer les travailleurs, alors que cest lui qui permet de répandre la précarité (mise en concurrence) et quil est structurel et nécessaire à lordre capitaliste. Pourtant, le chômage va certainement diminuer. Dune part statistiquement, en nous présentant les chiffres de la création demplois qui nous masquent la réalité. Dautre part, au détriment de nos conditions de vie. On a alors le choix entre des CPE, un contrat davenir, un CES, un CAE, une vacation à léducation nationale, un stage dans le service public, un contrat de mission en intérim, le RMA, « Le plein emploi est mort, vive le plein emploi précaire ! » (titre dun tract dAC !) De toute façon, les chômeurs nauront bientôt plus dautre choix que daccepter un « boulot de merde payé des miettes » ! Avec le suivi mensuel qui sinstalle dans les ANPE, les ASSEDIC et la sécu qui font faillite, le « service public » qui disparaît et le coût de la vie qui augmente, cest presque la mise au travail forcé. Aussi, il faut absolument décrédibiliser la gauche qui na jamais combattu le développement de lintérim ni les licenciements abusifs ni le chômage, qui a préparé la privatisation de léducation nationale et dEDF, reculé lâge de la retraite Et les syndicats qui sont complices du maintien de nos conditions, puisque ce sont eux les « partenaires sociaux » qui négocient (avec les gouvernements et les patrons) les conditions de notre exploitation et participent à la gestion des miettes que lon accorde au peuple pour quil ferme sa gueule. LEtat au service du capital. Cest cela quil faut dénoncer, plutôt que denfermer la contestation (du CPE) dans une défense du code du travail et de reporter la faute sur un gouvernement ou un ministre, ce qui laisse penser quun autre gouvernement est possible. Car cest bien là le danger, provoqué par les organisation de jeunesse de gauche (même « révolutionnaire »), que de ne pas dépasser le cadre institutionnel. On ne peut pas, dans un combat révolutionnaire, se placer dans la défense de lEtat, ou des règles de lEtat. On sait pertinemment que, dans de telles conditions, le gouvernement naurait alors quà retirer le projet (et peut-être le faire autrement) et la situation restera toujours la même. Alors il nous faut dénoncer lEtat qui préserve notre exploitation. Car cest lui qui réprime les lycéen-nes du mouvement de 2005, cest lui qui envoie les flics à des étudiants occupant la fac de Tolbiac (Paris 1), cest lEtat encore qui avalise les contrats précaires, organise la répression et les prisons qui nous attendent à chaque instant, et de plus en plus. Cest lécole qui organise la société du travail, individualiste et élitiste, au service des entreprises qui ont besoin de travailleurs formés Quand on sait que la jurisprudence (arrêt de cassation) a autorisé des licenciements que lemployeur justifiait en évoquant la « prévision » de problème économique, comment invoquer la justice pour dire que le CPE est anticonstitutionnel ? Il est alors absurde de ne pas dépasser le cadre institutionnel pour favoriser la création et lémergence de situations réellement révolutionnaires, au delà du cadre politique. Les orgas de jeunesse, la gauche. Dans le mouvement étudiant contre le CPE (du point de vue parisien en tout cas), il faut remarquer deux attitudes à combattre. Il y a dun coté la gauche institutionnelle (plutôt incarnée par lUNEF) qui est dans une perspective claire de contrôle du mouvement et de ses ambitions. Ses militants orientent la contestation uniquement sur le seul CPE, en appelant uniquement la jeunesse, sattaquent uniquement à Villepin et prônent la défense du CDI. Ils sont clairement inscrits dans la perspective électorale de recomposition de la gauche. Un mouvement bien gentil et quelques journées de mobilisation les arrangent bien pour justifier leur rôle. De lautre coté, il y a des orgas de jeunesse un peu plus radicales (trotskistes ou même « libertaires ») qui contribuent à enfermer le mouvement dans le cadre institutionnel (manif/AG, droit du travail, critique du gouvernement). Ceux-là favorisent le rôle des réformistes en tentant de les combattre sur leur terrains et essaient dores et déjà de mettre un cadre à la mobilisation. Ce sont eux qui font (dirigent et animent) les AG, établissent les revendications, et coordonnent-nationalisent le mouvement avant même que les étudiants soient réellement mobilisés. Pour justifier leur légitimité, ils ont inventé la catégorie des « non syndiqués », cest à dire des gens qui marchent plus ou moins dans leur sens et qui semblent plus représentatifs des autres étudiants, pour prendre part aux décisions. En effet, les cadres de la mobilisation sont déjà posés (depuis longtemps) et ceux qui sont alors convaincus quil faut se bouger nont plus quà sinscrire dans ce cadre. Comment imaginer un mouvement des masses quand les étudiants « normaux » (!) sont isolés face à dautres « politisés » qui passent leur temps à se combattre entre eux et ont des discours pondus davance à faire accepter aux étudiants. Dans de telles conditions, on ne peut quimaginer un mouvement de « consommation de la contestation » dirigé par les assemblées générales où seules les orgas sont capables dinfluer sur les décisions. A moins que, par la création despaces de discussion et de réflexion, indépendants et spontanés, des espaces de résistance et de création, les étudiants sapproprient la lutte et dépassent le cadre purement politicien. Cest alors quil serait nécessaire de se coordonner, pour faire aboutir nos envies, quand les étudiants mobilisés seraient réellement en lutte. Pour cela, il faut contribuer à favoriser ces espaces, en dehors des AG, et à tous moments, lors doccupations, de débrayages ou autres. Il faut, non pas établir les revendications des étudiants, mais expliquer notre point de vue, ce pour quoi nous entendons combattre le CPE et surtout dépasser cela pour favoriser lémergence dune situation où chacun aurait sa place, prendrait en main sa vie, au delà du monde que lon nous impose, bref, une situation révolutionnaire porteuse despoirs pour notre avenir. SEBA, Paris - février 2006. |
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TRAVAIL PORTUAIRE : UN CAS DACHARNEMENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE |
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Dans lambiance idéologique de la dérèglementation et du « libre marché » (ambiance dailleurs nourrie du texte même des divers traités européens), il était inévitable que la Commission Européenne sen prît spécifiquement au travail portuaire et quelle lui accordât une attention particulière. En effet le travail portuaire, et plus précisément la manutention portuaire, est un secteur dactivité où, dans tous les pays dEurope (et même ailleurs), existent des traditions dorganisation et de lutte de la main-duvre qui ont abouti à faire du travail portuaire un travail réservé à une certaine catégorie de travailleurs : les dockers, spécialisés et embauchés, selon des modes contractuels divers (à la journée, au mois...), par des entreprises elles-mêmes spécialisées. Les attaques de la Commission européenne : la première bataille Cette notion même de travail « réservé » est, en elle-même, un concept insupportable pour les néo-libéraux qui nous gouvernement. Pourtant elle a pénétré, dune façon ou dune autre, dans les conventions collectives, les codes du travail et même dans une convention internationale de lOIT (Organisation Internationale du travail), signée en 1973 et ratifiée par de nombreux Etats de lUnion Européenne. Il sagissait donc, pour lUnion européenne, de sattaquer à une corporation (terme pour moi sans connotation péjorative, sagissant dune profession soudée, ayant de fortes traditions de lutte et dans laquelle on fait généralement toute sa carrière) et douvrir le travail portuaire au vaste marché libre de la main-duvre, ce qui aurait permis, concurrence entre ouvriers aidant, de faire baisser les salaires. Les arguments économiques généraux mis en avant par la Commission étaient assez faibles : il était question de favoriser le commerce extérieur de lUnion en faisant baisser les coûts portuaires, ces messieurs de Bruxelles feignant dignorer que le transport terrestre étant incommensurablement plus cher que le transport maritime - de 10 à 100 fois le coût de la tonne transportée à distance égale -, les entreprises qui importent ou exportent utilisent, autant que possible, le port le plus proche. Pour faire baisser les salaires, il fallait une mesure radicale : changer de salariés. Lidée est très vite venue aux compagnies maritimes qui font décharger leurs navires par les entreprises de manutention portuaire, employeurs des dockers, de les faire décharger par leur propre personnel : les marins. Ce qui était inimaginable avec des marins à statut national qui font leur temps de travail à la mer, devenait possible avec des marins sans protection, embauchés au plus bas prix sur un marché international sauvage par des compagnies sans visage et sous des pavillons tous plus « complaisants » les uns que les autres. Et cette idée commençait à être mise en pratique, ici et là, à titre expérimental dans les ports et dans les pays où nexistait soit pas de droit social du tout soit aucun moyen de le faire respecter. Les marins philippins ou pakistanais (ou dautres) pouvaient pour 200 $ par mois faire leur quart à la mer, charger le navire pendant les escales, voire passer un coup de peinture sur la coque sils avaient un petit temps mort. Le rêve: passer ainsi de lextraction de la plus-value relative (gratter sur la productivité et le rendement) à lextraction de la plus-value absolue (augmenter le temps de travail sans augmenter le salaire). Pour définir cet objectif, ces messieurs de Bruxelles avaient trouvé une jolie expression de langue de bois technocratique : ils appelaient ça lauto-assistance ! La compagnie maritime navait plus à payer un prestataire extérieur ; elle se débrouillait, jamais la formule navait été plus exacte, «avec les moyens du bord ». Bien entendu, les dockers, même sans se concerter au niveau européen, avaient très bien compris le but de la manoeuvre et avaient, ici ou là, déjoué les tentatives « dauto-assistance » en bloquant les navires des compagnies qui sy étaient risquées. Donc, lorsque pour la première fois en 2001 la Commission Européenne a mis en circulation son projet de directive portuaire, elle ne pouvait guère espérer prendre les travailleurs portuaires par surprise, et ce dautant moins que, pays par pays, ils avaient déjà subi, à partir des années 80, de fortes attaques contre leurs effectifs, leurs droits sociaux et leurs conditions de travail. La première bataille européenne sest donc engagée en 2001. Elle allait être longue puisque la procédure dapprobation dune directive, qui est léquivalent en droit communautaire dune loi en droit national, est une procédure lourde quil est possible de résumer très schématiquement : la Commission élabore un projet, le soumet au Parlement, dabord en commission, puis en séance plénière. Sil est approuvé et validé par le Conseil des Ministres (lequel en a eu connaissance dès lorigine), la directive doit être intégrée dans les législations nationales correspondantes dans un délai fixé. Sil ne lest pas, sinstaure un aller-retour complexe entre le Parlement et la Commission, car le traité dAmsterdam a établi un système de co-décision qui fait quaucun des deux protagonistes ne peut avoir le dernier mot : il faut un compromis. Les ripostes des dockers La bataille allait être longue. Pour la gagner il fallait : - maintenir la mobilisation des dockers sur une longue durée - organiser la coordination européenne des syndicats - assurer un suivi permanent des travaux parlementaires - organiser les pressions sur les parlementaires et les fonctionnaires de la Commission - organiser des actions de grève coordonnées dans tous les ports et des manifestations centrales dans les moments décisifs - assurer lexpression régulière des travailleurs dans les médias La coordination européenne des syndicats et de leurs actions nétait pas le moindre défi. Quelques éclairages sur une question qui mériterait un travail approfondi dhistoire sociale qui reste à faire. - En France, la CGT, à travers la Fédération nationale des Ports et Docks, organise la très grande majorité de la profession, mais des dissidences sont apparues au moment de la réforme portuaire de 1992 et se sont maintenues à Saint-Nazaire et à Dunkerque. - En Espagne, la très grande majorité des dockers est organisée dans une fédération indépendante des confédérations. - Au Royaume-Uni, le statut de docker a été brisé par Margaret Thatcher en 1989 et les travailleurs des ports il en existe toujours se réorganisent progressivement après cette attaque très brutale. - Dans les autres pays, les dockers ne sont pas représentés par une fédération professionnelle spécifique, mais intégrés dans une structure représentant tout ou partie des salariés du secteur des transports et dans laquelle leurs problèmes ne sont pas les seuls dans un secteur où la dérégulation frappe tout le monde ; routiers, cheminots..... - Dun pays à lautre, les niveaux de combativité sont divers et les directions syndicales ont des colorations politiques variées : démocrates chrétiennes, social-démocrates, communistes, co-gestionnaires comme en Allemagne, plutôt autogestionnaires (Espagne), bref, un véritable patchwork. - Sur le plan européen, existe une structure de rassemblement des confédérations syndicales : la CES (confédération européenne des syndicats), organisme lourd et très éloigné des préoccupations des syndiqués de base ; mais certaines confédérations nationales comme la CGT française ny sont entrées que très récemment, la fracture du syndicalisme international engendrée par la guerre froide ne se réduisant que progressivement. - Il existe une structure européenne rassemblant la grande majorité des fédérations professionnelles des transports : lETF (European Transport Federation), avec un secrétariat spécial pour le travail portuaire, qui devrait être le lieu de regroupement de toutes les fédérations représentant les travailleurs portuaires mais qui a été fondée par une structure mondiale lITF ( International Transport Federation), elle-même issue de la coupure de la guerre froide, et dont les fédérations de la CGT française, qui elle appartenait à la structure syndicale mondiale des régimes de lEst, la FSM (Fédération syndicale mondiale), ne veulent pas faire partie. Aussi la fédération nationale des ports et docks CGT a-t-elle entrepris de fonder, avec la fédération espagnole autonome et quelques autres, une fédération internationale de dockers alternative. Malgré tout, la brutalité de lattaque était telle que ces divisions multiples ont heureusement et au fil du temps été surmontées dans la pratique de la lutte contre le projet de directive. Mais elles demeurent dans les structures. Les divisions patronales Dans le camp adverse, et derrière la façade de la directive concoctée par ces messieurs de Bruxelles, lunité nétait pas assurée. Les intérêts et les revendications des compagnies maritimes étaient bien pris en compte (voir plus haut) mais le patronat des entreprises de manutention portuaire, celles qui emploient les dockers, était divisé. Sur le fond même du projet : les entreprises de manutention, issues pour la plupart dentreprises locales connaissant bien leur port, leur personnel, ne sont quexceptionnellement, même avec la concentration contemporaine du capital, propriété des compagnies maritimes. Un port est une frontière, un face à face entre deux mondes : celui de la mer et celui de la terre. Ils sont tenus de coopérer : les marchandises et les passagers doivent passer dun monde à lautre, mais la séparation entre les intérêts « nomades », ceux du transport maritime, transnational par nature et ceux du port, sédentaire et enraciné sur un petit morceau de territoire, ne sont pas identiques. Cette différence se traduit dans les structures patronales. Le patronat maritime a une vision unifiée, mondialisée et déterritorialisée de ses intérêts, le patronat portuaire, au contraire, doit saccrocher et gagner sa vie dans un lieu fixe. Pour résumer : un navire peut changer de port tous les jours et il na que lembarras du choix, un port ne peut pas. Cette fixité portuaire explique que, malgré les politiques de privatisation qui y sont à luvre comme ailleurs, le rôle des collectivités publiques, Etats, régions, communes, continue dy être important ne serait-ce quen raison du coût et de la longue durée de vie des installations. Conséquence : au niveau patronal européen, il existe non pas une mais deux représentations patronales : lESPO, qui représente les ports et la FEPORT, qui représente plus directement les entreprises de manutention. Les syndicats de dockers nignorent rien de ces diverses oppositions dintérêt et ils ont su en jouer dans la bataille contre la directive comme, en dautres occasions, ils en avaient joué dans des conflits locaux ou nationaux. La reprise du combat Mais la bataille de la directive portuaire est exemplaire car elle a eu lieu deux fois. Lorsque, en 2003, le Parlement européen qui sest prononcé contre le projet et la Commission Européenne constatent quils ne trouvent pas de terrain dentente pour un compromis, ils jettent léponge. Le projet est abandonné. Cétait compter sans lacharnement néolibéral. En 2004, un nouveau parlement européen est élu. La majorité bascule à droite, même si un « arrangement » maintient un socialiste à la Présidence. La Commission Européenne elle aussi change. Elle passe dun centre gauche rose très pâle, avec ROMANO PRODI à sa tête, à un centre droit atlantiste et néo-libéral musclé avec MANUEL BARROSO. Ce nouvel équipage politique va remettre sur le tapis, comme il en a le droit, le projet de directive dans létat où léquipe PRODI lavait laissé et les travailleurs portuaires et leurs organisations syndicales vont donc reprendre un combat dont ils connaissent désormais toutes les étapes et tous les pièges. Le 19 Janvier 2006, ils remportent une nouvelle victoire. Le Parlement européen, qui voit 6000 dockers en colère c'est-à-dire une fraction significative de la profession au niveau européen, ce qui arrive rarement dans dautres conflits sociaux en Europe - manifester bruyamment (1,2) devant ses portes, rejette à nouveau le projet de directive (3). Cette victoire vient dêtre confirmée à loccasion des débats sur la directive BOLKESTEIN, le Parlement européen, échaudé, ayant précisé que le travail portuaire était explicitement exclu du champ dapplication de la future directive, si directive il y a. Ce qui dépendra de la construction dun rapport de forces européen global, lexemple portuaire est sous nos yeux pour le confirmer, et il mérite dêtre connu comme un exemple du travail prolongé à faire et des difficultés à surmonter pour faire échec à la machine bruxelloise. Albert Duquet 21.02.2006 (1) A la suite des heurts avec la police à Strasbourg, plusieurs dockers ont été emprisonnés. Suites non connues de lauteur à la date de la rédaction de cet article, mais il faut redouter, dans le SARKOZYSME ambiant, une criminalisation de leurs actes à laquelle il faudra sopposer. |
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Elections Palestiniennes : la fausse surprise |
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Les dernières élections en Palestine ont semble-t-il fait leffet dun coup de tonnerre pour nombre dobservateurs dits avisés de cette région du monde. Ceux-ci prévoyaient bien une montée en influence significative pour le Hamas mais pas au point de remporter les élections. Plusieurs raisons expliquent cette nouvelle situation. Mais dabord pourquoi Hamas a-t-il gagné les élections ? Il y a à cela plusieurs causes :
Il y a dabord et avant tout l'occupation militaire israélienne. |
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