Courant alternatif no 158 avril 2006 |
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SOMMAIRE |
Edito p. 3 SOCIAL CPE Pourvu que cela dure ! p. 4 Paris brûle-t-il ? p. 5 A Strasbourg... p.7 AuPays Basque... p.8 A Reims ... p.8 Violence ? Vous avez dit violence ? p.9 Communiqué/Tract commun CGA-OLS-OCL p.10 SOCIAL Lapprentissage à 14 ans p.11 Suivi mensuel ANPE p.12 BIG BROTHER p.13 SOCIÉTÉ p.14 Regard sur la pute pride parisienne p.15 EDUCATION De la violence en milieu scolaire (suite) p.16 SANS-FRONTIERE Suisse : une grève étonnante ! p.19 Non au TGV Lyon-Turin p.21 30 ans doccupation marocaine au Sahara occidental p.22 A LIRE p.24 |
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EDITO |
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Les mouvements sociaux de résistance à la destruction de près dun siècle dacquis des luttes ouvrières se succèdent et saccélèrent depuis plusieurs années. La précarité dans le salariat qui implique nécessairement la précarité dans tous les aspects de la vie touche aujourdhui, en France, plusieurs millions de personnes. Cette précarité est encore plus massive dans certains pays européens comme lEspagne et la Grande Bretagne. Cest lobjectif majeur du capital, de son serviteur lEtat et ses gestionnaires élus démocratiquement par de moins en moins de citoyens . Ce nest pas une nouveauté, cest même un retour aux sources de lexploitation de lhomme par lhomme. La précarité nest pas liée à la seule politique du gouvernement actuel. La gauche a en son temps généralisé lusage de contrats précaires : CES, CEC, emploi jeunes, vacataires du public, etc.. En Allemagne, laccord de grande coalition scellé le 11 novembre entre la droite (CDU) et la gauche (SPD) prévoit le passage de la période dessai de six mois à deux ans. Galouzeau na donc rien inventé, si ce nest de découper les entreprises en taille (le CNE réservé aux entreprises de moins de 20 salariés), les prolétaires en âge (le CPE) avant de tenter daller vers un contrat de travail unique où le patronat aurait (entre autres), comme au Royaume-Uni, la possibilité de licencier sans devoir le justifier durant les deux premières années de travail. La mobilisation sest faite très lentement dans un contexte social global jalonné depuis des années de défaites (retraites, privatisations, délocalisations, etc.). Il ne nous restait plus quà nous satisfaire du rejet du traité constitutionnel de lEurope et du pourcentage croissant des électeurs sabstenant lors des tournées du cirque électoral. Mais la mayonnaise a monté progressivement pendant des semaines sans que le pouvoir ait eu lintelligence de trouver des appuis réels dans la société. Même la direction de la CFDT et autres CGC, le MEDEF ont été négligé ! Cest ainsi que nous assistons à la naissance dun véritable mouvement social qui englobe non seulement les étudiants, des lycéens, mais aussi une partie des précaires atomisés, des travailleurs, des intermittents, des chômeurs
Des jonctions intergénérationnelles ont lieu y compris, mais pas seulement, avec le bon peuple de gauche (au sens large) qui cache de plus en plus mal sa mauvaise conscience davoir voté Chirac contre Le Pen en 2002 (sans illusion car si cétait à refaire,... il le referait !). Dès le départ, ce mouvement chez les étudiants ne sest pas majoritairement restreint à la lutte contre le CPE. Il a englobé le CNE qui est passé voici quelques mois comme une lettre à la Poste , lapprentissage à 14 ans et toute la loi sur légalité des chances , lamnistie pour les lycéens condamnés lan passé et pour les émeutiers de novembre. Puis, dans beaucoup dAG, fut abordées toutes les lois liberticides et les projets comme celui concernant la prévention de la délinquance, limmigration choisie,
Ce refus de la précarité par les étudiants et les lycéens fait écho aux émeutes de novembre dernier. Aujourdhui, plus aucun jeune ne croit à cette société. Bien sûr, le bac + x sen sortira forcément mieux, en moyenne, que le jeune sortant de lécole sans diplôme. Mais on voit des ponts sétablir de-ci de-là entre sans papiers, intermittents, précaires, jeunes des villes
et jeunes des banlieues. |
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PARIS BRÛLE-T-IL ? |
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De lagitation militante à la grève universitaire Les universités parisiennes ne se sont pas mobilisées tout de suite dans le mouvement social actuel, amorcé par la contestation du CPE. Depuis fin janvier, il sest mis en place un boulot dinformation face à la loi dégalité des chances sur la plupart des facs. Les Assemblées Générales ne rassemblaient pas énormément de monde. A Jussieu, il fallut plusieurs semaines avant de réunir quelques centaines de personnes afin de voter le blocage. Les premières manifs, début février, étaient encore essentiellement composées de militants et parsemées dembrouilles entre orgas ou syndicats. Les débrayages ne fonctionnaient que très peu. Les AG inter-facs après les manif ne rassemblaient guère plus de cent personnes. Beaucoup détudiants étaient en partiels ou en vacances. Tout le monde nétait donc pas réuni sur les facs. Le mouvement parisien a donc réellement commencé fin février, alors que la manif du 7 de ce mois avait déjà réuni beaucoup de monde dans dautres villes. Les blocages des facs de Toulouse et Rennes furent un argument majeur pour convaincre les étudiants de se bouger (prendre le relais des facs qui partaient en vacances). La venue dun camarade de Rennes à la fac de Censier, par exemple, fut déclencheur de la mobilisation sur ce site. Les premiers blocages ont commencé à Tolbiac et Nanterre. Puis, il y a eu un effet boule de neige sur Paris, soit une généralisation du mouvement. Malgré tout, certaines annexes de facs (souvent en Droit) restent en marge du mouvement. Des cours sy tiennent. Peu à peu, les occupations de nuit ont débuté, ce qui ne fut pas sans poser de problèmes, vis à vis de ladministration, mais aussi entre étudiants, et même entre grévistes. Une coordination parisienne sest montée pour faire le lien entre les facs, surtout pour les manifs. Les actions communes sont plus à linitiative de personnes qui se connaissaient ou ont tissé des liens. Les lycées ont rejoint le mouvement après le discours de Villepin à la télévision, le 12 mars. Les manifs ont encore gonflé. Les lycées du 93 sont en général assez actifs (manifs sauvages, actions, ) mais se heurtent plus à la répression. Bien que les grévistes aient tendance à senfoncer dans des AG longues, ennuyantes et peu productives, occupations, actions ou manifs sauvages font vivre le mouvement. De la bureaucratie à lautonomie. Une des particularités de Paris est de rassembler tous les pouvoirs (on se fade la plupart des chefs des orgas !) Ainsi, les sections UNEF des grosses facs se sont tout de suite montrées offensives pour mener la danse dans la bataille contre ce gouvernement (qui nest pas celui à qui elle aimerait obéir !) Nous avons pu voir à Jussieu de magnifiques batailles pour le contrôle des tribunes dAG entre tendances de lUNEF (trotskos et soc-dém) : batailles qui font fuir les gens, stérilisent les débats et reproduisent des schémas de domination pour les uns et de passivité pour les autres. A Tolbiac, lUNEF na pas hésité à casser la gueule à ceux qui avaient fait une banderole unitaire sur la fac. LAG est souvent utilisée comme un lieu pour faire avaliser leurs décisions (à la recherche de légitimité et de démocratie). Les cas doublis dinscription sur les listes, de monopolisation de la parole, etc. sont très fréquents. Cependant, ils peinent parfois à contrôler les tribunes dAG ; les cas sont variables suivant les facs et moments, et souvent dus à la capacité de la résistance à se coordonner. La majorité des étudiants du mouvement ne sont pas encartés. Il existe une certaine méfiance vis à vis des orgas, politiques ou syndicales, ce qui semble positif. Pour autant, de nombreuses initiatives offrent des perspectives plus réjouissantes quant à lauto-organisation du mouvement. En règle générale, les syndicats sont débordés, narrivent que très peu à envoyer leurs délégués aux coords nationales A Tolbiac, lUNEF se fait régulièrement huer lors de leurs prises de parole. Avant les blocages, il y a eu différentes initiatives pour des interventions (dans les TD et amphis) sous forme de discussions, plutôt que de discours syndicaux unilatéraux. Dans loptique de favoriser la réappropriation de la parole par les personnes en luttes, des étudiants et chercheurs de Jussieu se sont réunis autour dun canard au ton critique : vis à vis du travail, de la recherche, des orgas A Censier, heureusement que des étudiants pas dupes aidés par des acharnés troskystes et des éclairés libertaires (!) se sont investis pour tenter de déborder les bureaucraties aux visés électorales. Les AG qui abordent le fond du problème savèrent plus productives. Aussi, tout un tas de gens tente douvrir un lieu de rassemblement, de débat, pour coordonner des actions plus offensives sur la ville. Loccupation de LEHESS, qui a duré quatre jours, a été réalisée dans cette optique, bien que perturbée par lindividualisme de quelques casseurs/voleurs ! Lidée était aussi de créer un espace de croisement entre étudiants, salariés, chômeurs Tous précaires, tous solidaires Des blocages aux débats. Les soc-dem souhaitaient renforcer la mobilisation avant de bloquer les facs. Or, les blocages ont justement permis à la mobilisation de samplifier puisquil ne se pose plus le problème des cours pour participer aux actions, manif, AG, En général, sur les sites de petites tailles (souvent les annexes), cela permet de créer de lanimation. A Censier, il y a beaucoup daffiches, de concerts. A Javelot (une annexe de Jussieu), à été voté la réappropriation des lieux plutôt que le blocage, ce qui a débouché sur lorganisation de discussions, des projections de films, Des étudiants de Tolbiac organisent même une fête pour lanniversaire dès un mois de grève ! Le problème est que parfois cela (le blocage) pourrit un peu les choses, surtout dans les grosses facs : il ny a plus despace de rencontre en dehors des AG stériles et interminables (digne des nuits de lassemblée nationale !). Les étudiants ne viennent plus, comme à Nanterre, quand les cours ont été banalisés par la présidence et remplacés par des débats et projections par les étudiants. Les décisions de fermeture de site, prise par les administrations, cassent les dynamiques de lutte. A la Sorbonne (avec plein de flics) ou à Nanterre, cela a débouché sur des affrontements violents avec les vigiles. En tout cas, les blocages lancent de nombreux débats, notamment avec les anti blocages qui sorganisent plus ou moins, en tentant parfois de sécarter de la récupération politicienne des pro-CPE comme lUNI. En tout cas cela fait venir en AG, encourage de nombreuses discutions sur les questions de la violence, de la démocratie, de la légitimité de ce que font les étudiants, dêtre syndiqué ou non, des diplômes (sur le fait du passage des examens), Cependant le débat autour de la question du travail est difficile à impulser. Cest pourtant un enjeu important de cette grève que de dépasser la question du CPE, pour réfléchir sur le salariat. Toute fois, des discussions ont lieu, beaucoup de textes circulent. On a aussi vu apparaître de magnifiques banderoles : travail, précaire ou garanti, non merci !, CPE, CDI, cest toujours le STO ! et des graffitis sur la question lors de diverses occupations. De la Sorbonne aux barricades. Il semble nécessaire de revenir sur les événements de la Sorbonne pour contrer léternel discours pourrissant des médias - qui vise toujours à falsifier les événements et stigmatiser sur des casseurs - toujours au service du pouvoir. La fac de la Sorbonne ne sest réellement mobilisée que très tardivement, cest une fac élitiste. Cependant, beaucoup détudiants extérieurs relayés de lintérieur par des sorbonnards - se sont rendus compte quil sagissait là dun enjeu de taille que de bouger cette fac. Plusieurs manifs sauvages qui y finissaient furent arrêter par les keufs, qui filtraient lentrée (hé oui) et abondaient dans le quartier (alors quils étaient peu présents ailleurs). Aussi lorsquun rendez-vous fut donné pour bloquer les cours (sur décision de lAG), la direction nhésitât pas à fermer les portes, coupant ainsi cour à toute possibilité de mobilisation. Pourtant la décision doccuper fut prise, puis effectué (une première depuis 68 !), ce qui entraîna tout de suite un soutien extérieur face au dispositif policier empêchant louverture de loccupation. Dès le deuxième soir doccupation, larrogance de la présence policière a tourné en affrontement. Des barricades, plutôt symboliques certes, ont concrétisé laugmentation de la tension depuis laprès midi (avec notamment des premiers affrontements Place de létoile, par ailleurs très bien maîtrisés par les syndicats). Le lendemain après-midi, une autre manif sauvage finit dans le quartier. Après avoir fait sauter un barrage de flics, les manifestants ont pu pénétrer par une fenêtre, à la surprise générale ! Loccupation sest relativement bien passée malgré les excès de quelques citoyennistes qui voulaient imposer leur SO et qui ont tenté de sopposer à lexpulsion de Melanchon (sénateur PS venu tenter de récupérer le mouvement), Des occupants ont tout de même tenté de faire fuir la police, qui empêchait louverture de la Sorbonne, en leur balançant des chaises sur la gueule. Dans cette même soirée, vers 4h, la fac fut évacuée, sans trop de débordements (3 flics par personne !). De la, ont débuté les affrontements au mot dordre de libérons la Sorbonne. Au-delà du CPE, on entendait beaucoup de manifestants (et pas que les anars) chanter à bas létat, les flics et les patrons. La Sorbonne a largement focalisé lattention des médias et du pouvoir. Pourtant, il faut bien voir que la majeure partie de la mobilisation se déroule sur les facs. Des casseurs à laction directe. Les affrontements de la Sorbonne, mais aussi les fins de manifs ont regroupé ceux quon appelle les casseurs. Ils réunissent largement au-delà des franges autonomes ou anarchistes. On peut être étudiant ou lycéen et jeter des pavés ! Les gens qui saffrontaient aux forces de lordre ne sont pas des professionnels de la casse mais des gens qui en ont ras-le-bol : chômeurs, étudiants, lycéens, précaires La casse est souvent ciblée : grosses bagnoles, banques, grands magasins, mac-do. La peur de la bavure qui pourrait coûter chère à Sarko a au départ permis aux manifestants den mettre plein la gueule aux flics. Toutefois, la machine répressive sest quand même bien lancée au bout dune semaine. Plusieurs centaines darrestations ont eu lieu, les procès risquent de se multiplier les prochains mois. Toutefois, on a vu apparaître de plus en plus des groupes de jeunes qui sen prenaient, certes aux CRS, mais aussi aux manifestants : vol de portable, lynchage Ces bandes de potes pourraient contribuer malheureusement à écurer les manifestants de se rendre aux mobilisations. En ce qui concerne laction directe, elle reste limitée dans la multiplication, malgré un potentiel énorme. Certains opposent la mobilisation de masse à laction directe, qui ferait fuir les étudiants ! Souvent les actions se limitent au blocage de carrefours, alors que les objectifs et les personnes intéressées pourraient se multiplier. De larrogance de Villepin à la grève générale ? Du point de vue des orientations politiques de la mobilisation, celles-ci restent largement corporatistes. Il y a peu de relation inter pro. Le mouvement étudiant narrivera pas à aller plus loin que le seul retrait du CPE sil nest pas relayé par les travailleurs. Cétait dailleurs lun des enjeux du début du mouvement que de faire le lien avec le CNE, ce qui ne fut pas facile sur Paris. On a vu au fur et à mesure apparaître une multiplicité de revendications sur les facs : augmentation des postes aux concours, amnistie des émeutiers de Novembre, non à la fermeture de la fac de Censier, On a du mal à dépasser la seule question du retrait du CPE pour poser des enjeux plus larges - le travail, la précarité ou carrément imaginer une autre société. Les actions gratuité au restaurant universitaire de Jussieu visaient à montrer que le retrait du CPE nétait pas une fin en soi. Il y a eu aussi des diffs de tracts à lANPE à Tolbiac, une action à la FNAC pour mobiliser les travailleurs du site. A Nanterre, les étudiants se sont rendus à La Poste. Bref, des actions sporadiques ont lieu mais manquent dampleur. A noter, que dans le 13e arrondissement, des réunions interpro se sont tenues, prolongement des réseaux tissés lors des grèves de 2003. Le prolongement de la mobilisation contribue à ouvrir le mouvement vers dautres horizons, à renforcer lengagement politique des étudiants et lycéens. Espérons que les étudiants parisiens arriveront à traverser le périphérique pour se joindre aux travailleurs de la banlieue Jean-Eude, Nadia, Seba, Louise, Grizelda, Gildas, Caro et compagnie |
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CE N'EST QU'UN DÉBUT...POURVU QUE CELA DURE !!! |
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Largement plus de 2 millions de manifestants sont descendu le 28 mars 2006 dans la rue. Cela constitue un record en France pour la période contemporaine. Ce nombre de manifestants dépasse même les manifs du 12 décembre 1995 contre le plan Juppé. Dans les manifs, une immense majorité de jeunes scolarisés sest dégagée, ce qui est en soi un espoir car ils et elles se sont mobilisés contre une loi qui les concerne directement, sans oublier tous ceux et toutes celles, de plus en plus nombreux et nombreuses, pour qui le combat contre le CPE nest devenu quun combat parmi tant dautres (CNE, loi sur légalité des chances , futures lois sur limmigration choisie et la prévention de la délinquance, les lois sécuritaires, lamnistie des personnes condamnées lors du mouvement des lycéens du printemps 2005 et des révoltes des banlieues pendant lautomne 2005, ). Noublions pas que plus ce mouvement dure, plus les gens en mouvement, en particulier des jeunes, sinforment, débattent, prennent conscience des méfaits du système capitaliste, se prennent la tête sans oublier de faire la fête, se solidarisent, souvrent à tous les aspects de la vie. Rien ne peut remplacer un mouvement à caractère social ! A ce jour, la comparaison avec 1995 sarrête là car même si beaucoup duniversités sont bloquées depuis des semaines, même si de nombreuses manifs ont vu défiler des cortèges imposant de travailleurs des secteurs public et privé, même si le lendemain de ces manifs a vu un nombre croissant de lycées bloqués (plusieurs centaines) ; aucun secteur économique nest touché par une grève reconductible de travailleurs mettant en danger la reproduction du capital. Mais, nous ne devons pas oublier quen 1995, la SNCF fut le seul secteur à être paralysé plusieurs semaines par une grève massive. La grève générale interprofessionnelle, seule capable, aux yeux de beaucoup de militants, de contraindre le pouvoir à abandonner ses réformes au service du capitalisme, sera t-elle encore une fois absente à ce grand rendez-vous, comme en 2003 contre les retraites ? Il est inutile, encore une fois, de pleurer sur labsence de mot dordre clair de grève générale reconductible des centrales syndicales, elles qui sont les meilleurs défenseurs de lordre économique existant. Dans lhistoire du mouvement ouvrier, les rares fois où le syndicalisme reconnu par lEtat et le Capital a appelé à la grève générale, cest parce quil y était contraint afin de ne pas perdre sa fonction de contrôle du mouvement social et le faire rentrer, le moment venu, dans les clous de lordre existant. Les syndicats ne trahissent jamais puisque leur fonction nest pas de détruire lexploitation dans toutes ses facettes mais de laccompagner dans des limites contractuelles négociées. Alors, si demain les centrales syndicales appellent à une grève générale, il ne faudra pas sen réjouir mais sen méfier ! Dautant plus que les salariés encadrés par les appareils syndicaux prendront alors très certainement la tête du mouvement. Le mouvement actuel de la jeunesse risquerait alors de perdre toute son autonomie, toute sa spontanéité, tous ses débordements. Ce mouvement na pas à se mettre à la remorque des syndicats et nous espérons quil va continuer, par lui-même, à se généraliser à dautres secteurs dactivité, à dautres lieux de vie, à dautres personnes. Lauto organisation de ceux et celles qui luttent est plus que jamais dactualité. Cela fait déjà des années, quun nombre croissant de personnes, de familles, est exclu dans tous les domaines, que ce soit économique, social, politique, culturel. Dans de multiples lieux de survie, il ny a plus aucun repère dappartenance au prolétariat, plus aucun repère de classe. Il ny a plus dactivité et de présence militante dans nombre de cités plus ou moins délabrées qui vous font raccrocher à une réelle collectivité solidaire. Le phénomène de bandes sattaquant aux manifestants en est une des conséquences. Ce phénomène a toujours plus ou moins existé, manipulé là par lextrême droite, ici par les flics. Ce sont des bandits du bitume, des purs produits de lévolution du système capitaliste dans nos pays dits développés manipulables à merci. Ce mouvement social et encore plus les suivants (car ce phénomène ne peut que samplifier) doit impérativement prendre en compte collectivement ce problème sans la protection des papa et autres responsables syndicaux en liaison permanente avec la police qui, naturellement, dune autre main manipule ces bandits. Là aussi, cest lauto organisation des collectivités en lutte qui peut apporter des réponses. Un service dordre doit avoir pour seule fonction de protéger les manifestants des agressions extérieures venant de fachos, de bandits et de flics (cest à dire des mêmes !), sans oublier, nen déplaise à certains, quun degré de violence ciblé, assumé en actions ou en pensées, par tous et toutes, suivant ses capacités physiques contre ce système de merde est une nécessité incontournable et inévitable de tout mouvement social denvergure. |
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"VIOLENCE", VOUS AVEZ DIT VIOLENCE ? |
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Au fur et à mesure que le mouvement s'étend, et que les actions directes se font plus présentes, la question de la "violence" refait inévitablement surface. Si certaines interventions, catégoriques et ignorantes ("la violence, c'est mal !") ne valent guère la peine que l'on s'y arrête, nombre d'autres s'interrogent avec honnêteté sur la violence et son utilité. Question pertinente, la violence n'allant pas de soi, et, comme forme d'expression pour le moins dure, devant être pensée. Voici donc quelques pistes pour contribuer à la réflexion et l'action Qu'aurait été l'évacuation de la Sorbonne sans la résistance active et spectaculaire d'une partie des occupant·e·s ? Ce n'est pas tous les jours que les flics se prennent des tables sur la tronche, et ce moment est vite devenu un mythe, qui anime les solidarités en France comme à l'étranger, profitant directement à ceux qui sont pourtant les plus prompts à critiquer ces actions, les "pacifistes". D'une manière générale, les actions "dures", quand elles accompagnent un large mouvement de contestation, sont autant d'outils permettant à celui-ci de s'imposer, d'empêcher les tentatives d'étouffement d'un gouvernement, de se faire entendre ! L'État ne craint pas les marches pantouflardes qui jalonnent les mouvements sociaux depuis des années pour demander une petite part de gâteau. Elles constituent la routine du théâtre démocratique, et n'obtiennent jamais rien de "significatif" (l'histoire des mouvements ouvriers montre beaucoup moins de frilosité de leur côté). L'État craint, au contraire, le dérapage, la perte de contrôle, le potentiel de colère d'un mouvement inflexible, à plus forte raison s'il est capable d'agréger d'autres révolté·e·s (ce que Sarkozy semble, à raison, particulièrement redouter !). Demandons-nous ce qui fonde notre appréciation d'une action: le seul regard filtré des caméras, aux ordres du gouvernement, comme l'ont montré les expériences pratiques de luttes depuis des années, comme la sociologie critique ? S'il est important de penser à l'intelligibilité des actions, en donnant de la visibilité à des idées, à des revendications, via banderoles, slogans, graffitis ("cassons le CPE !") et choix de cibles claires, il serait bon de ne pas oublier la dimension libératrice et révolutionnaire, à une échelle personnelle et collective, de ces moments. L'expérience pratique de la résistance permet non seulement de sortir des violences quotidiennes accumulées face à l'autorité, mais aussi et surtout de vivre un moment d'intensité ensemble-, lors duquel le temps est suspendu, lors duquel le jeu change de règles. C'est assurément un moment galvanisant que de briser l'isolement habituel, pour se sentir fort·e·s ensemble, légitimes dans la colère, et refuser le confinement imposé par la flicaille, bras armé de l'État, qui, on le sait, n'est là que pour décourager, démobiliser, semer la terreur, fracasser des gueules, bref, casser (les gens, le mouvement) ; et non pour nous protéger ( ! ! !), comme certain·e·s osent encore le bêler ! On dit souvent que la violence, si elle est légitime, est difficilement compréhensible, audible pour le citoyen. À vrai dire, c'est évident quoique comme modes d'action, l'insoumission (refuser le confinement policier et l'enfoncer), la résistance active (caillasser, entre autres choses) et le sabotage (briser des vitres pénibles à regarder) sont aussi des expressions qui parlent à des catégories de la population, "qui ont délaissé la politique, parce que la politique les a délaissés". Quoi qu'il en soit, si bien des gens refusent la "violence" (bien que celle des manifestant·e·s demeure en tout point inférieure à celle du gouvernement), ne peuvent s'y identifier ; si bien des gens s'en vont la rejeter en bloc, fustigeant les casseurs (pure invention policière et médiatique, visant à décrédibiliser ceux et celles qui expriment de manière radicale et déterminée leur opposition, en les faisant passer pour des opportunistes sans rapport avec les manifestations, ce qui est mensonge éhonté), faut-il se demander pourquoi, ou, plutôt, comment remédier à cela ? Que l'on soit clair : Il ne s'agit pas nécessairement que tout le monde se transforme en émeutier·e ; à chacun sa manière d'agir, selon son confort personnel et ses envies, dans le respect des autres tactiques ; mais ce dont il s'agit, à l'évidence, c'est de refuser la stratégie de division du gouvernement, qui va sans hésiter distribuer des bons points aux gentil·le·s manifestant·e·s, inoffensifs, pour durcir la matraque contre les autres. Le fait même qu'un gouvernement hostile flatte les étudiant·e·s les plus dociles, opposés à sa politique, devrait mettre la puce à l'oreille à quiconque se méfie. Cessons donc de jouer le jeu de Sarkozy, et de vouloir être premiers de la classe ! Désertons son monde et ses logiques autoritaires, et nourrissons une opposition plurielle, insolente, qu'elle soit ou non violente ! Nous avons tou·te·s à y gagner, sauf le gouvernement S'opposer radicalement au CPE et faire en sorte qu'il ne ressurgisse pas sous un autre nom, c'est forcément poser la question du monde qui l'a généré, et lutter pour en construire un autre, fruit de nos envies, des pratiques collectives que l'occupation des facs permet d'ores et déjà d'explorer, sans oublier l'inspiration que peuvent nous procurer les expériences et projets autogestionnaires qui existent depuis des années, mettant en relation recherche d'égalité dans le vivre-ensemble et pratiques d'autonomie vis à vis des systèmes étatique et marchand. |
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CPE, CNE, PRECARITE...L'offensive patronale vaut bien une grève gènèrale |
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Le Contrat Première Embauche (CPE) est un nouveau pas dans la démolition des conquêtes sociales fruits de 150 ans de luttes collectives. Comme le Contrat Nouvel Embauche (CNE) pour les entreprises de moins de vingt salarié-e-s, il permet, notamment, aux patron-ne-s de licencier sans motif leurs salarié-e-s pendant les deux premières années suivant l'embauche. La conséquence directe : explosion de la précarité, licenciement prévisible de toutes celles et ceux qui ouvriront leur gueule contre les conditions de travail, les heures sup' non payées, augmentation de la répression antisyndicale, des discriminations racistes et sexistes. La porte sera grande ouverte : toute tentative de lutte dans l'entreprise se soldera par des licenciements "sans motifs". a même logique va être étendue aux immigrés avec le projet de Loi Sarkozy. Le séjour des travailleur-se-s sera conditionné à l'existence et à la durée du contrat de travail : "Tu n'as plus de travail, tu rentres dans ton pays". Des travailleur-se-s qu'on peut jeter comme des citrons après les avoir bien pressés, voilà le rêve du patronat. L'esclavage moderne avec la bénédiction de l'Etat. Le CPE est loin de ne concerner que les jeunes L'ensemble de la société est visé par ce nouveau contrat. Après les moins de 26 ans, les immigré-e-s, qu'est ce qui pourra empêcher le patronat de géné-raliser cette logique pour liquider le code du travail ? La lutte des classes reste une réalité, à l'inverse de ce que nous rabachent des médias aux mains d'une poignée de marchand d'armes (Lagardère, Dassault ). Et aujourd'hui c'est bien le patronat qui mène l'offensive. L'objectif : toujours plus de profit. Cela passe par le flicage des chô-meurs, la remise au travail obligatoire des RMIstes Car le monde du travail est loin d'être un lieu idyllique. Les boulots de merde succèdent souvent aux contrats précaires. Le salariat n'est rien d'autres que le vol organisé de ce que nous produisons. Et la soumission et la dépendance qu'il entraîne empêche les gens de se révolter face à ce vol. Mais, ce n'est pas la crise pour tout le monde ! Les dividendes des actionnaires n'ont jamais été aussi importants, quand plus de 7 millions de personnes survivent en France sous le seuil de pauvreté. La misère des uns fait la richesse des autres. L'Etat, dans tout ça, n'est pas un instrument neutre. Il sert d'un côté, à assurer par ses interventions écono-miques et sociales, le profit des entreprises, et de l'autre, à réprimer toutes les révoltes liées à la précarité. Les émeutes de novembre sont en lien direct avec l'explosion de la misère. Gauche et Droite même combat, au service du capital La précarité n'est pas liée à la seule politique d'un gouvernement plutôt qu'un autre. La Gauche a en son temps généralisé l'usage de contrats précaires : CES, CEC, emploi jeunes, vacataires du publics, etc. Les politicien-e-s de Gauche ont beau jeu de dénoncer ce qui n'est que la continuité de la casse sociale, qu'ils et elles ont aussi mené. C'est par la lutte que nous combattrons le CPE et la précarité, pas en se laissant séduire par les faux espoirs d'une élection présidentielle de 2007. Si on regarde l'Histoire, le patronat na jamais lâché un peu de ce qu'il vole aux salariée-s par les lois, mais par le rapport de force dans les luttes : grèves, occupations... Les lois, le patronat n'a jamais eu de problème pour les piétiner, quand nous cessons de nous organiser par nous-mêmes et que nous remettons notre sort entre les mains de politicien-ne-s. S'il faut se battre pour le CPE et le CNE, nous devons, si nous voulons en finir avec la précarité, en finir avec l'Etat et le capitalisme. Sans patrons ni Etat, décidons nous-mêmes La société, nous pouvons et devons la gérer par nous-mêmes, pour nous-mêmes, au moyen d'assemblées de quartier, sur nos lieux de travail, etc. Reprenons le contrôle de nos vies, personne ne le fera à notre place ! Les politicien-ne-s ne peuvent que gérer le partage des miettes à coups de bâtons. Commen-çons par reprendre le contrôle de nos luttes : refusons les chef-fe-s et la hiérarchie, favorisons les décisions collectives, fédérons les assemblées de lutte... De rupture en rupture, nous pourrons construire les bases d'une société égalitaire et libertaire. Si loffensive patronale vaut bien une grève générale... A nous de la construire ! Coordination des Groupes Anarchistes 93 c/o Secrétariat fédéral 20 rue Terral . 34000 Montpellier |
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