Courant alternatif no 165 JANVIER 2007

SOMMAIRE
Edito p. 3
SOCIAL
Grève de solidarité avec les travailleurs sans papiers à Modelux p.4
DOSSIER SECURITAIRE
Vers une résistance à BIG BROTHER p.6
De solon à Nicolas Sarkozy : les mécanismes de la délation p.9
De l'idéologie sécuritaire p.11
SANS FRONTIERE
Carnet de voyage en Kabylie p.13
CONTROLE DE LA PENSEE
Une Histoire officielle : une constante étatique p.15
SOCIAL
Grande vitesse : mais où veulent-ils donc aller si vite? p.17
La CSI : Une nouvelle internationale syndicale p.19
POINT DE VUE
Trois raisons d'éviter le misérabilisme p.22
Brèves p.23

EDITO

La lucha sigue sigue sigue! *

Une fois n'étant pas coutume, le C.A. pourrait commencer l'année 2007 par un anniversaire : Le premier janvier 1994 l'armée zapatiste de libération nationale (EZLN) bottait le cul du gouvernement, corrompu comme il se doit, d'un pays que d'aucun(e)s décrivaient comme " le bon élève du FMI ". Le Mexique, tout juste remis des commémorations de 500 ans de massacres, spoliations et autres réjouissances, préparait alors son adhésion à l'accord de libre échange nord américain (ALENA). 502 années de sabres et de goupillons, couronnées par quelques décennies d'impérialisme étazunien n'avaient donc pas eu raison des velléités de justice, de dignité et de paix des racailles locales, latino-américaines et amérindiennes ? Lendemain de réveillon douloureux donc pour le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel, ça ne s'invente pas) qui découvrait, après 70 ans de pouvoir autoritaire, que les opprimé(e)s finissent toujours par relever la tête…mais l'avaient-ils(elles) seulement baissée ?
Hélas en ce début 2007 la gueule de bois est pour nous, celles et ceux qui s'enthousiasmaient pour la commune de Oaxaca. Ecrasée comme celle de Paris, elle avait eu le tort de s'attaquer aux pouvoirs des caciques, de proposer d'autres modèles de sociétés… crimes de lèse-majesté dans ce pays féodal comme ailleurs. Se sentant en mauvaise posture les frères ennemis PRI et PAN (parti détenant le pouvoir fédéral) ont réalisé l'union sacrée contre les insurgé(e)s. Fidèle à ses méthodes maintes fois éprouvées contre toutes formes de contestations, le gouvernement mexicain a lâché ses hordes guerrières (armées par les EU, la France et la Suisse, formées à l'école des Amériques de sinistre mémoire) sur la population désarmée. Si certain(e)s ont eu les moyens et l'envie de s'empiffrer comme il semble d'usage en fin d'année, nous, nous sommes gavés de l'immuabilité de la répression s'abattant sur celles et ceux qui se battent pour faire valoir leurs droits. Il faut dire que ces dernier(e)s ont la mauvaise habitude de se manifester au moment le plus inopportun : S'inviter à la grand'messe du vingt heures relève de la faute de goût, surtout si l'on doit y aborder les thèmes fondamentaux traditionnels que sont les achats de dernière minute, le prix de la truffe au kilo ou le nouveau sondage ségo/sarko… On ne peut certes pas dire que Les chien(ne)s de garde du pouvoir n'abordent jamais les sujets de classes, mais la façon de le faire est généralement, et suivant l'humeur, complaisante, lénifiante, larmoyante ou proche de l'ethnologie (de notre envoyé spécial chez les prolos…). Les annonces d'entreprises qui ferment pour cause de délocalisation font recettes mais des ouvrier(e)s qui se battent pour la régularisation de leurs collègues, c'est pas vendeur. Faire pleurer dans les chaumières sur les logements des familles africaines, surtout quand ils brûlent, banco mais quid des véritables causes et des expulsions consécutives à ces coups de projecteurs. Comble du bon sentiment, ces gros plans sur les familles " bien françaises " se mobilisant contre l'expulsion des camarades d'école de leurs chères têtes blondes mais " nos " femmes et compagnes de ministres ainsi que leurs homologues masculins ont occulté la répression qui s'abat sur les militant(e)s et proches du réseau éducation sans frontières (RESF). Dans les oubliettes du vingt heures on compte encore bien des victimes : Les trimardeurs du nucléaire ? Tabou, Hulot la nouvelle coqueluche de tout le monde (y compris de Voynet), le chantre mou de l'écologie, est parrainé par EDF. La situation des taular(de)s en général et celle des prisonnier(e)s révolutionnaires en particulier ? on parle déjà beaucoup des repris de justice : Pasqua, Tibéri, Balkany, Juppé, Doc.gynéco, Tapie, Crozmarie,… Les Roms logeant dans des bidonvilles aux confins de la ville lumière ? Pas très glamour la méthode Delanöe consistant à mettre la poussière sous le tapis du voisin. Allez hop ! Africain(e)s, Roms, SDF, junkies et autres pauvres : En banlieue ! Qui a parlé cet été de la noyade dans le canal d'un jeune Rom sous les yeux des flics qui le pourchassaient à Aubervilliers. A deux pas de là, la plaque en mémoire des victimes de la répression d'octobre 1961 a peut-être donné des idées aux représentants de la loi... Quand on nous annonce, des trémolos dans la voix et le regard embrumé, " la mort tragique d'un SDF", c'est peut-être pour nous rappeler ce qui nous attend si l'on n'est pas des citoyen(ne)s modèles avec tout ce que cela comporte…Alors quand la plèbe déferle sournoisement au cœur du quartier neo-bourgeois (bobo) de Paris ou dans le centre-ville de Pau qui lui est toujours interdit par un maire sosdèm', impossible de ne pas en parler. La presse, comme ses maître(sse)s aime les prolos quand ils(elles) s'écrasent ou calanchent mais pas quand ils(elles) luttent. Ainsi les sans-abri se sont installé(e)s dans le débat public et si la situation n'était pas si tragique, nous pourrions nous réjouir de la confusion dans laquelle cette mobilisation aussi subite qu'impressionnante met les classes dirigeantes et leurs valets. La période pré-électorale aidant, la société du spectacle s'est mise en branle et tous ces ronds de cuir se trémoussant, minaudant, cherchant la phrase magique, la solution miracle nous offre un spectacle aussi grotesque que consternant… Voir Sarkozy faire des promesses à la Jospin laisse augurer un premier semestre 2007 assez trépidant. Quand on connaît ses méthodes encore utilisées contre les " campeurs " du quai d'Austerlitz le matin même de sa déclaration, on ne peut que s'inquiéter pour celles et ceux qui dorment sur les trottoirs et qu'il veut voir disparaître dans deux ans…
Alors on oubliera de se joindre à la liesse générale imposée comme chaque début d'année. On se passera de prendre de bonnes résolutions citoyennes. N'en déplaise à S. Royale, " la France qui se bat et qui se lève ", elle n'est pas au PS, elle ne descend pas dans la rue en troupeau bien ordonné avec ses petits drapeaux roses et ses ballons a l'appel du parti, elle y vit, même si ce n'est pas par choix. Cela fait longtemps que nous avons " hiérarchisé nos priorités " et lorsque l'on voit ce que des gens pour lesquels vous n'accordez un regard qu'en période électorale développent sur leurs lieux de vie, sur leurs lieux de luttes et pourquoi, nous savons que nos combats sont justes.

OCL Paris * " Zapata vive vive vive, la lucha sigue sigue sigue " (Zapata vit, la lutte continue) célèbre et inévitable slogan des insurgé(e)s Mexicain(e)s.


VERS UNE RESISTANCE A BIG BROTHER



A la veille du vote de la loi sur la prévention de la délinquance, la mobilisation semble prendre un peu d'ampleur. Sera-t-elle suffisante pour faire reculer le pouvoir ? Mais cette loi ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt du contrôle social. Déjà, quelques collectifs de résistance élargissent leur champ d'inves-tigation à d'autres formes de contrôle social. Le succès du collectif " Pas de zéro de conduite pour les enfants de 3 ans " doit nous redonner l'espoir.

Un délire sécuritaire de plus !

Nous ne comptons plus de nombre de numéro de C.A. (1) où nous avons abordé le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance qui " traîne " depuis 2004 !
Le 5 décembre, l'Assemblée nationale l'a adopté en première lecture, comme le Sénat l'avait fait le 21 septembre. Ce texte est reparti au Sénat où il devrait être débattu à partir du 9 janvier. Puis ce sera son retour à l'Assemblée avant d'être définitivement adopté. Il n'est pas sûr que ses décrets d'application sortent avant les élections.
Cette loi répressive est la 10e en quatre ans et demi (2), la 11e si on y ajoute la loi de Sécurité quotidienne de la gauche plurielle en novembre 2001 qui avait ouvert le bal ! Toutes ces lois ont consacré un véritable glissement où tout fait de société est isolé de son contexte social ( !), où la responsabilité individuelle devient le principal facteur des " troubles à l'ordre public ", où les causes sociales ne sont plus l'essentiel pour expliquer des délits mais des " excuses sociologiques " (3). Tout fait divers dramatique, toute révolte violente, toute " gène " à la " tranquillité publique " mise en exergue par tous les pouvoirs (politique, juridique, médiatique, …) qui n'ont aucune réponse à apporter aux méfaits du capitalisme en dehors du bâton, débouchent dorénavant sur un nouvel article de loi !
Cette dixième loi, en cours d'élaboration, devrait consacrer la fin du secret professionnel des travailleurs sociaux où le Maire et le Président du Conseil Général feront office de shérif et de " Big Brother ". De plus, en cas de violences conjugales le médecin pourra, sans en informer sa patiente, y compris contre son gré, avertir les autorités policières et judiciaires. Les femmes battues deviennent donc juridiquement des mineures. Les dispositions initialement prévues visant à gommer certaines spécificités du droit des mineurs risquent, elles aussi, d'être votées.
Mais cette loi va, très certainement, se retrouver durcie (4) avec :
- la création de nouveaux délits : " l'incitation à la rébellion ", " le délit d'embuscade " et tout ce que les faits divers de ces prochaines semaines pourront engendrer...
- L'expulsion des gens du voyage pourra être décidée par le préfet sans attendre une décision juridique.
- Le délit d'entrave à la circulation dans les halls d'immeubles est élargi aux toits et aux espaces communs et la sanction encourue alourdie.

La résistance

Cette loi répressive, vient, comme d'habitude, officialiser des pratiques qui ont cours sur le terrain depuis des années. Pour ne prendre qu'un exemple, cela fait belle lurette que, dans certaines villes, des travailleurs sociaux se retrouvent à la même table de discussion que des responsables de la police nationale sous l'égide du maire. On échange des infos, … on se concerte … entre gens du même monde !
Cette loi aura été précédée par tout un tas d'expérimentations sous l'égide de certains maires, de Présidents de Conseils Généraux ou d'Inspections Académiques (5). Certaines, mais pas toutes, ont suscité des résistances qui ont fait reculer le pouvoir. La première mobilisation d'ampleur nationale fut celle de Chambéry où 500 salarié(e)s de la Prévention Spécialisée (le sixième de cette profession) ont manifesté le 16 janvier 2004 contre un protocole " de concertation " signé en novembre 2003 entre l'association de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence du département et la Police Nationale sous couvert du Conseil Général de Savoie. D'autres ont suivi comme celle contre le fichage de la population en difficulté sociale d'une ville de 17 000 habitants, Vitry-le-François, dans la Marne (6).
Début 2004, un collectif national unitaire (CNU pour les intimes) regroupant des syndicats et des associations s'est créé contre ce qui était à cette époque qu'un avant-projet de loi. Actuellement une soixantaine de collectifs anti-délation, le plus souvent départementaux, se sont constitués. A ce jour, il semblerait qu'une semaine de mobilisation soit prévue fin janvier avec une journée de grève et de manifestations. Renseignez-vous (4) !
Certains travailleurs sociaux abordent le problème des outils de la résistance, une minorité évoquent même la " désobéissance civique " sur leurs lieux de travail. Mais, attention, les pouvoirs locaux n'hésiteront pas à réprimer ; et pas seulement ceux à la botte de Sarkozy comme en témoigne la mise à pied d'une soixantaine de travailleurs sociaux du Puy de Dôme (7), département géré par le P.S.
En fait, si nous voulons résister efficacement et faire reculer le pouvoir, nous n'avons pas d'autres choix que d'élargir la mobilisation contre toute forme de contrôle social, toute forme de fichage, toute forme de délation dont la loi de la prévention de la délinquance n'est malheureusement qu'un aspect. Certains collectifs l'ont déjà mis en pratique en abordant, par exemple, les dangers du fichier " bases-élèves " dans les écoles primaires.
Il faut donc œuvrer pour que se constituent partout des collectifs de résistance aux dérives sécuritaires, à la délation, où se retrouvent des travailleurs sociaux, des enseignants, des jeunes, des parents d'élèves, des travailleurs, des précaires, des chômeurs, …

Une victoire qui peut en amener d'autres

Fin 2005, l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) publiait une expertise sur le trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent. Des scientifiques établissaient une corrélation entre des difficultés psychiques de l'enfant et une évolution vers la délinquance. Cette étude préconisait le dépistage de ce qui était appelé " trouble des conduites " chez l'enfant dès son plus jeune âge (3 ans). Evidemment, cette étude venait à point nommé pour le projet de loi de Sarkozy sur la prévention de la délinquance. En effet, cet avant-projet prônait une détection très précoce des " troubles comportementaux " chez l'enfant, censés annoncé une évolution vers la délinquance.
En janvier 2006, un appel " Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans " était lancé. " Il s'élevait contre les risques de dérives des pratiques de soins, notamment psychiques, vers des fins normatives et de contrôle social. Il refusait la médicalisation ou la psychiatrisation de toute manifestation de mal-être social. Il engageait à préserver, dans les pratiques professionnelles et sociales, la pluralité des approches dans les domaines médicaux, psychologiques, sociaux, éducatifs vis-à-vis des difficultés des enfants en prenant en compte la singularité de chacun au sein de son environnement… " (8).
Refusant de croire qu'à 3 ans tout est joué, refusant de voir le sinistre de l'Intérieur s'emparer dans ses projets des domaines qui relèvent de la politique de la santé, près de 200 000 personnes vont signer cet appel. C'est ainsi qu'en juin 2006, le gouvernement annoncera le retrait de l'article sur le dépistage précoce dans son projet de loi.
Restait à remettre en cause la validité scientifique de l'expertise de l'INSERM. Face à l'ampleur de la contestation, le ministre de la santé, Xavier Bertrand, chargea l'INSERM d'organiser un colloque. Lors de celui-ci, le 14 novembre, des signataires et initiateurs de l'appel (pédopsychiatre, pédiatres, psychologues, sociologues, épidémiologistes, …) se sont livrés à une véritable contre-expertise collective sur la question du dépistage des troubles des conduites de l'enfant où la pertinence même de la notion de " trouble des conduites " fut remise en cause. Devant l'ampleur et l'argumentation de la contestation, l'INSERM vient d'annoncer une refonte de ses méthodes d'expertises dans le domaine de la santé psychique.
Le collectif " Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans " a décidé de rester vigilant car d'autres rapports, d'autres lois concernant les enfants (fichage d'enfants en difficulté) sont en cours d'élaboration …

Ne pas se tromper de cible

Ce débat au sein de l'INSERM doit nous rappeler qu'un certain Tony Blair, premier ministre britannique, a dit son intention de mettre en œuvre des mesures contraignantes de lutte contre les comportements antisociaux chez les enfants avant leur naissance ! C'est ainsi que sur la base d'une évaluation prenant appui sur certaines caractéristiques (consommation de stupéfiants, alcoolisme, troubles mentaux, mère adolescente,…) les parents pourraient être contraints à un suivi par les services sociaux dès le stade de la grossesse.
En fait, le contrôle social sous toutes ses formes, le fichage, la vidéosurveillance, la délation ne sont pas que des pratiques des régimes totalitaires ou des dictatures militaires. La délation est institutionnalisée en Grande-Bretagne, la vidéosurveillance à grande échelle nous vient de ce pays démocratique géré alternativement par la droite et la social-démocratie, les modèles de repérage de toutes formes de déviance futures ou actuelles (la biologie, par exemple, peut mener à tous les excès, les égarements) sont aujourd'hui bel et bien produit par des chercheurs anglo-saxons !
Alors, Sarkozy est le méchant ?
Ce n'est point un hasard si la gauche institutionnelle française s'est laissée influencer par ces théories que ce soit Jospin en son temps (colloque de Villepinte en 97) et S. Royal aujourd'hui avec, entre autres, sa proposition d'intervention de l'armée dans le " redressement " des délinquants. Evidemment, que voulez-vous qu'ils/elles fassent concrètement contre les conséquences sociales, écologistes du capitalisme alors qu'ils sont là pour le gérer ! Ils/elles ne peuvent que détourner les attentes des " citoyen/nes " (pour reprendre leur langue de bois), dans l'impasse des boucs émissaires (immigration illégale, délinquance) afin de tenter de surfer sur la vague d'insécurité montée en épingle, détournée elle-aussi, par tous les pouvoirs.
Nous ne devons pas nous tromper de cible car c'est bien le système capitaliste qu'il nous faut attaquer et non seulement ses gestionnaires du moment.

Denis/Reims le 20/12/06

(1) Voir en particulier l'article : " Nous sommes tous et toutes des délinquant(e)s " paru dans le n°161 de l'été dernier.
(2) Juillet 2002 : loi de programmation sur la sécurité intérieure qui prévoit 13500 créations d'emplois dans la police et la gendarmerie et une enveloppe de 5,6 milliards d'euros de 2003 à 2007.
- Juillet 2002 : Loi " Perben 1 " qui instaure entre autres les centres fermés
- Décembre 03 : Création des juges de proximité.
- Janvier 03 : Loi sur la sécurité intérieure ou de nouveaux délits sont créés (" racolage passif ", mendicité, …)
- Mars 04 : loi dite " Perben II "
- Août 04 : Loi facilitant la création de fichiers
- Juillet 05 : Un texte précise les conditions de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.
- Décembre 05 : Loi sur la récidive (bracelet électronique, …)
- Janvier 06 : Loi sur le terrorisme qui étend, entre autres, l'utilisation de la vidéosurveillance.
(3) Cette expression n'est pas de Sarkozy … mais de Chevènement (repris par Jospin lui-même) au colloque de Villepinte en 1997.
(4) Pour suivre l'évolution de ce projet de loi et la lutte contre celui-ci :
www.abri.org/antidelation
(5) Notre rubrique mensuelle " Big Brother " en est truffée.
(6) Voir CA 140 et 141 où nous avions publié cette fiche.
(7) Plus d'infos sous la rubrique " Big Brother " de ce numéro.
(8) Extrait du communiqué de presse du 11 décembre 2006 de " pas de 0 de conduite "



De l'idéologie sécuritaire

La loi dite " sur la prévention de la délinquance ", qui devrait être votée courant janvier, est l'aboutissement de dix ans de propagande sécuritaire qui a aboutit à la formation d'une idéologie dans le sens où elle est un système possédant sa logique propre de représentation (images, mythes, idées ou concepts) et qu'elle joue un rôle spécifique dans la société.

Après avoir préparé les esprits par un investissement total de l'espace public, le discours sécuritaire peut imposer la vision unilatérale d'une société menacée de l'intérieur. Cependant un rapide examen de celui ci laisse apparaître sa véritable fonction: la conservation et la justification de l'ordre social dominant. Or dans les différents débats que nous avons pu avoir à l'intérieur des comités anti-délation la dimension politique de cette loi semble ne pas faire recette et les revendications semblent restées parfois corporatistes. En effet, de notre point de vue, cette gestion pénale de la pauvreté accompagne les mutations du capitalisme. Celui-ci, avec le passage à la " nouvelle économie de service " caractérisé par la précarité et la flexibilité de son salariat, a de plus en plus besoins de petites mains. Les classes populaires fournissent cette armée de travailleurs pauvres, encore faut-il les forcer à accepter ces emplois. L'idéologie sécuritaire par son discours et ses pratiques se donnent les moyens d'y parvenir. Décryptage...

la sécurité devient " une valeur de gauche "

L'idéologie sécuritaire c'est d'abord un discours psalmodié et orchestré par différents acteurs du pouvoir, médias, pseudo experts qui ont souvent des intérêts privés dans l'histoire(1), scientifiques et politiciens. La circulation permanente de cette parole entre ces différents agents transforme celle ci en une vérité incontestable dont les preuves chiffrées, rapports, études scientifiques noient leur auditoire et marginalisent la critique, lui reprochant de ne pas tenir compte de la réalité.
Il faut noter le rôle primordial de la " gauche " gouvernementale dans le matraquage sécuritaire, ayant abandonné depuis longtemps toute transformation de la société (si elle en avait déjà eu l'ambition). Elle défend désormais farouchement les exploiteurs et elle opte maintenant pour une gestion pénale de la pauvreté. Ainsi dès 1995 Gérard Le Gall, chargé au parti socialiste des études sur l'état de l'opinion, publie plusieurs documents appelant à durcir son discours sur " l'immigration et l'insécurité ", en juin 1997 dans son discours d'orientation générale Jospin affirme que la sécurité sera la seconde priorité de son gouvernement après l'emploi, le colloque de Villepinte en octobre 1997 voit la confirmation de cette dynamique, la sécurité devient " une valeur de gauche " enfin en avril 1998 les députés socialistes Christine Lazerges et Jean Pierre Balduyck publient un rapport parlementaire sur les mineurs délinquants ; ils proposent entre autres d'instaurer un couvre feu pour les mineurs délinquants et la responsabilisation des parents de délinquants par la suppression des allocations familiales. On citera encore la création par Pierre Joxe en 1989 de l'IHESI (Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure véritable think tank de l'idéologie sécuritaire (2)). On le voit tous les éléments de la loi Sarkozy sont déjà présents.
Mais cette conversion de la social-démocratie à l'idéologie sécuritaire ne suffit pas à fournir un réel effort de persuasion. Il faut élaborer des techniques, récurrentes et solidaires les unes des autres, qui assurent l'imposition de cette pensée unique.

le cancer social de la délinquance

La première de ces techniques s'appuie, on l'a déjà dit sur une définition non conflictuelle de la société, qui exclue toute évocation de la violence des rapports sociaux. On voit bien ici le recyclage de la conception organiciste de la société. Toute la criminologie de la fin du XIXe siècle est ici utilisée (3). Le corps social est pensé comme un corps biologique où les problèmes sociaux sont définis par références au pathologique : le cancer social de la délinquance des jeunes. Il ne s'agit donc plus qu'à appliquer des traitements curatifs à ce qui est considéré comme des déséquilibres et des dysfonctionnements. La deuxième technique consiste en une réduction à l'individualité dans l'appréhension des phénomènes de délinquance, l'individu n'est plus socialement situé mais devient un sujet unique et seul responsable de ses actes. Toute analyse autre se voit taxée d'angélisme et on peut ainsi éclipser habilement les dominations de classes. L'intellectuel se voit remplacer par l'expert dans un esprit populiste. L'anti-intellectualisme permet d'évacuer toute démarche critique c'est " comprendre c'est déjà excuser " (Sarkozy) et " l'excuse sociologique " (Jospin).
Troisième moment du discours sécuritaire: la création et l'entretien de stéréotypes du délinquant et des modes de cette délinquance. Le jeune baggy-sweat à capuche-casquette remplace le blouson noir qui lui-même succédait à l'apache (4). La litanie de l'évocation télévisuelle et radiophonique des faits divers (jeunes issus de l'immigration, individus encagoulés...) provoque la transformation de groupes sociaux entiers en parias vecteurs de l'insécurité dont la simple vision provoque le malaise et la méfiance chez l'honnête citoyen. La création du concept d'incivilité, notion inexistante en terme de droit, renforce ce sentiment. Tout individu ne s'exprimant pas ou ne correspondant aux normes sociales devient un criminel en herbe. Cette définition de la délinquance trahit immédiatement sa finalité idéologique : la concentration de la répression sur la délinquance juvénile et sur les attaques contre les biens, les personnes et les forces de l'ordre, démontre que la délinquance est une production de la société présentée en référence à un ordre social pour lequel il est censé représenté une menace.

la société capitaliste choisit de braquer ses projecteurs sur certains types d'illégalisme

C'est donc a une définition idéologique de la délinquance à laquelle nous avons affaire. La délinquance est donc bien une production sociale qui possède sa propre histoire. Toute société produit ses normes et ses déviants mais la société capitaliste choisit de braquer ses projecteurs sur certains types d'illégalisme et pas d'autres, aucune allusion dans cette loi sur la délinquance financière ou les innombrables entorses au code du travail. En effet les pratiques qui maximalisent les logiques financières ou spéculatives, fait des groupes socialement dominant trouvent bien évidemment grâce aux yeux des législateurs. Nous pouvons illustrer notre propos par un exemple simple, l'histoire de la répression du vagabondage. Conduite courante au Moyen Age en raison du caractère semi-nomade et de l'activité saisonnière de la société, le vagabondage a été réprimé de manière croissante à partir du XIVème siècle. Une telle réaction était liée à l'apparition des structures économique du salariat. Il s'agissait de " mettre les pauvres en besogne ". La délinquance est donc nécessaire au maintien et au renforcement de l'ordre social. La criminalisation des classes dominées est très utile aux classes dominantes pour pérenniser l'exploitation. Le message doit être clair : il existe un seul mode d'intégration pour les pauvres la précarité et un travail de merde payé des miettes ou l'élimination du champ social par la surveillance et la punition.
Toutes critiques du discours sécuritaire et donc de la loi Sarkozy ne peut faire l'économie des conditions dans laquelle elle est produite (5). Nul besoin d'avoir recours au fascisme ou encore à la période de Vichy pour saisir le sens de la politique sociale de la bourgeoisie. Après avoir détruit les derniers lambeaux du Welfare state (on aurait pu étudier les exemples du PARE et du RMA), la glorification de l'ordre sécuritaire tend vers un objectif, redonner aux classes dangereuses, une fois disciplinées, leur statut de classes productives. Mais comme le capitalisme n'a plus besoin aujourd'hui de tout le monde, les récalcitrants à ce nouveau contrôle social seront impitoyablement éliminés.

Jean-Mi./Reims le 18/12/06

(1) Un seul exemple Alain Bauer directeur de l'Observatoire national de la délinquance possède une société de conseil en sécurité AB associate, il a été aussi accessoirement grand maître du Grand Orient de France
(2) On pourrait multiplier les exemples, pour une chronologie édifiante se reporter à S. Tissot et P. Tévanian, Stop quelle violence ? L'Esprit frappeur, 2001
(3) Comme par exemple le fichage systématique anthropométrique du commissaire Bertillon théoricien de la criminologie qui devient le fichage génétique sous Sarkozy on peut lire à ce sujet : Louis Chevalier, Classes laborieuses et Classes dangereuses Hachette Pluriel
(4) A tel point que certains centres commerciaux outre manche interdise l'accès de leur magasin aux personnes habillés de cette sorte.
(5) Pour une analyse plus en profondeur on peut consulter le hors série spécial sécuritaire de Courant Alternatif.


Grande vitesse : Mais où veulent-ils donc aller si vite ?

Deux régions : le Nord-Pas-de-Calais et le Val de Suze. A priori rien à voir. D'un côté le plat pays, bétonné et surpeuplé, de l'autre les Alpes italiennes, belles et sauvages. Et pourtant un sacré point commun les relie. Quoi ? Des gens ! Des gens qui refusent qu'on pourrisse leur environnement au nom du développement économique.

Les ch'tis commencent doucement à râler contre un projet d'autoroute (l'A24 : Amiens-Lille-Belgique) que les savoyards voient ravager leur montagne (2300 camions par jour passent dans la vallée de la Maurienne) malgré des réticences de la population déjà à l'époque. Cependant, côté italien, ces derniers se sont aguerris sur le sujet et s'acharnent aujourd'hui à empêcher la construction du TAV (Treno ad Alta Velocita = TGV) qui doit rallier Lyon à Turin. Moyen de transport qui leur permettrait pourtant d'aller tellement plus vite : mais qu'ont-ils donc ces montagnards ? Voyons d'abord comment ça se passe tout au Nord.

L'A24, petit historique et arguments

Ce grand projet vient de loin ; il était déjà sur les documents d'urbanisme de 1971 : liaison Amiens-Belgique en passant par le bassin minier et la métropole lilloise. Nommée aussi A1-bis, les plans d'occupation des sols sont gelés sur le "tracé historique" depuis les années 70. Le projet est neutralisé lorsque Marie-Christine Blandin devient Présidente de Région. Il est ressorti du chapeau en 2004 par De Robien alors Ministre des Transports, mais aussi ancien Maire d'Amiens. Daniel Canepa, Préfet de Région, est d'un soutien sans faille au ministre actuel de l'équipement : Dominique Perben. Les élus UMP et UDF sont mitigés. Les élus Verts et PS sont outrageusement outrés devant un projet aussi irresponsable, même si nombre d'entre eux ont vu leur position tourner avec le vent et la protestation. Les Belges sont majoritairement contre : Wallons et Flamands main dans la main. Pour finir, le Président de la chambre régionale du Commerce et de l'Industrie, Bruno Bonduelle, l'a dit : "J'en suis ravi !". C'est toujours les mêmes qui sont contents.
Les arguments sont d'ailleurs toujours les mêmes : création d'emplois (Faut-il leur dire encore qu'on nous l'a déjà faite celle là !), développement économique, réduire le trafic autour de Lille, sécuriser les routes... Bref rien de très révolutionnaire ! Ils ont quand même un gros problème : la Région et les deux Conseils généraux refusent d'y mettre un centime dans cette autoroute. Seulement l'A24 (à péage bien sûr) ne se fera pas sans nos sous : à la recherche d'une entreprise privée, aucune n'acceptera sans engagement financier des collectivités (dixit De Robien). Pourtant le prévisionnel est d'environ un milliard d'euros, si peu...

Les affreux réfractaires

Les habitants du Nord-Pas-de-Calais, région sinistrée par le chômage au lourd passé industriel, commencent à être quelques uns à se dire "D'où qu'ils veulent la mettre ?", pour finir par décider "Et si on la mettait pas du tout, leur autoroute ?" La densité du réseau routier et autoroutier est deux fois supérieure à la moyenne nationale : la Région ne compte pas moins de neuf autoroutes. C'est aussi le coin le moins boisé de France, au sol hyper pollué par des boites qui ont foutu le camp, délocalisation oblige, en laissant derrière eux amiante plomb et RMIstes.
Cinq kilomètres d'autoroute, c'est encore une ferme qui disparaît : 50 exploitations seront touchées par l'A24. Le tracé passe aussi sur des champs captants et des ressources en eau. Sans compter les expropriations, la perturbation des écosystèmes, la pollution, le bruit : les maires des communes sont choqués de n'avoir pas été consultés. Beaucoup d'élus sont dans la lutte et plusieurs manifs ont déjà eu lieu en 2006. En mars à Givenchy-lès-la-Bassée (300 personnes, dont 19 élus), en mai à Radinghem en Weppes (1500 personnes), en septembre à Frelinghien (1000 à 1500 personnes) et en novembre à Lille (900 personnes). A Radinghem, une centaine de tracteurs accompagnaient les manifestants, escortés également par une trentaine de gendarmes. A Frelinghien, le plus acharné était le maire de droite de cette commune, et les discours se sont enchaînés au son de la philharmonie jouant la marseillaise, et entourés de deux drapeaux français.
Le collectif pour une alternative à l'A24 -les Verts, des associations de protection de l'environnement, CFDT transport...- réfute les arguments de l'enclavement d'Amiens (déjà entouré de 4 autoroutes) et du délestage de la A1 : ils proposent des solutions par ferroutage et par le Canal Seine-Nord, accompagnés de slogans "Non au tout routier, Non au tout pétrole". D'autres collectifs de toutes sortes ont vu le jour, avec des maires de droite, des syndiqués (FDSEA, confédération paysanne,...), des slogans de toutes sortes aussi : "Oui aux pissenlits"! Ils rappellent que le pétrole est la raison de nombre de conflits dans le monde.
En résumé, tout ça est plutôt léger et gentil : la manif à Lille qui était censé rassembler du monde n'a pas atteint les mille présents.
L'A24 est prévue d'être prête à l'emploi pour 2015-2020. Les enjeux dépassent largement les arguments locaux puisque l'A24 rentre dans un plan européen de ralliement de la façade Atlantique à l'Europe du Nord. D'ici 2020, les ch'tis ont le temps de développer leur radicalité : de "pas chez nous" à "pas du tout", en passant par d'autres solutions (transport par train ou par fleuve), on a déjà franchi un pas.
Voyons en quoi nos camarades écolos italiens pourraient éclairer nos lanternes...

SARA DURA (en occitan), en clair et en français : Vous allez en chier !

Le Val de Suze, région protestante anciennement très pauvre car enclavée, a une histoire riche en résistances. Bien longtemps après avoir repoussé les Romains, le Val de Suze a fourni de nombreux partisans pour virer les fascistes. Dans les années 70, les militants de Prima Linea y pratiquaient sauvagement la propagande armée (arrêt de trains, armes à la main, pour diffuser des tracts et parler aux gens)...
Enfin, il y a cette nouvelle lutte qui leur a pris il y a plus de dix ans déjà. La particularité assez impressionnante de ce combat écologique mais aussi anti-capitaliste (selon) est l'unanimité dans la population locale. Les vieux, les élus de gauche comme de droite, les pseudo-curés (bizarrement c'est plutôt une sorte de syncrétisme local qui baigne le spirituel des gens, autour d'une espèce de pacha mama -grand-mère de la montagne- qui remplace la vierge marie), les jeunes, les encartés, les anars, etc., le peuple quoi : tout le monde est dans la danse. D'où la multiplicité des actions contre le TAV : du "terrorisme" aux prières multireligieuses, en passant par les rallyes, les grandes marches et les balades en vélo.
Certains flics municipaux sont même en prison pour avoir participé à des manifs.
La lutte a explosé ces deux dernières années, mais revenons un peu sur la chronologie.

1996-1998 : un passé de sabotages

Tags, vols, explosions au cocktail Molotov, certaines actions ont pu causé des dégâts jusqu'à 50 000 euros, sur des préparatifs au grand chantier, des sondages des sols et autres. Les auteurs se sont vu taxés "d'éco-terroristes" (pour cause de défense de l'environnement) par des médias qui se sont déchaînés et par un gouvernement italien qui relança le feu brûlant de la répression sur les milieux squats et anarchistes. L'Etat accuse sans preuve. Trois personnes, soupçonnées d'appartenir aux fantomatiques "Loups Gris", sont enfermées. On leur impute treize attentats. C'est Sole, Baleno et Silvano. La tension monte à Turin. Devant cette criminalisation de la lutte, les gens s'indignent : manifs et récoltes d'argent pour les détenus s'organisent. Les squatters réoccupent les lieux expulsés, casse les vitrines de luxe, des chasses à l'homme ont lieu en centre ville. On occupe les sièges sociaux de la presse qui vomit sa haine de la populace qui grouille...
En mars 1998, Baleno se pend dans sa cellule. Sole est mise à l'isolement. 10 000 personnes manifestent en solidarité aux prisonniers à Turin. En avril, Sole est assignée à résidence mais elle se suicide au mois de juillet. La répression et les arrestations continuent... Les trois "terroristes" seront finalement acquittés (post-mortem).

Juin à décembre 2005 : Sept mois de blocages

Durant tout le mois de juin, à plusieurs endroits dans la vallée, la population bloque les sondeurs et manifeste à plus de 30 000 personnes. Les autorités du Piémont accordent un moratoire de trois mois. Fin octobre 2005, au dernier jour du moratoire, des dizaines de milliers de personnes bloquent les routes, autoroutes, voies ferrées, toutes les voies de communication. Le ravitaillement arrive depuis la montagne, les gens s'organisent, ils surveillent les terrains des travaux. Plusieurs milliers de flics débarquent dans la vallée, véritable occupation militaire et nombreux contrôles. 80 000 personnes défilent le 16 novembre 2005. Tous les salariés de la région sont en grève, malgré la désapprobation des syndicats officiels. Policiers et carabiniers attaquent les occupants le 6 décembre (une dizaine de blessés) et le 8 décembre, la population bloque totalement toute la région : 30 000 personnes affrontent les flics à Venaus, ils reculent ! Les montagnards réoccupent les chantiers.
A l'approche des JO de l'hiver 2006 (qui sont d'ailleurs l'occasion d'un grand nettoyage des squats de Turin), le gouvernement finit par négocier une trêve de six mois.

Les Presidio : Rassemblements permanents

Ce sont les lieux d'occupation et de surveillance construits par la population. Il y en a trois, dont le plus grand est à Venaus. C'est celui où je me suis rendu en mai 2006. Les presidio ont été plantés à chaque endroit des travaux qui nécessitait une présence continue pour perdurer le blocage et l'arrêt des travaux. Ce sont des baraques en bois, avec cuisine, dortoir et poêle. Un gros spot pointe le préfabriqué où deux carabiniers squattent en permanence (nuit et jour, relève en 4x4 toutes les huit heures) pour surveiller le chantier. Eux-mêmes ont un énorme spot braqué sur le presidio. Le presidio et le préfabriqué sont de part et d'autre de la route qui mène au village de Venaus. La montagne est vierge, l'endroit est paisible, l'ambiance est bon enfant. Le dimanche, des femmes viennent amener le gâteau, des vieux viennent boire un coup, d'autres conseillent sur la tenue du potager : énormément de monde passe aux nouvelles. D'après un ami, les presidio ont plus ou moins des couleurs politiques, celui de Venaus étant apparemment plus libertaire. Les assemblées générales ont lieu si besoin est, ce n'est pas systématique. D'ailleurs, j'en ai entendu un qui voulait provoquer la prochaine assemblée pour discuter du terrain de volley qui est en préparation : lui préférerait y planter des patates. A Venaus, on nous a servi en trois fois : pour les viandards, les végétariens, puis les végétaliens.
Ils ne se font pas virer, car en un coup de fil, ils peuvent compter sur 300 personnes dans les dix minutes...

Nous, on a le temps !

On leur a pourtant dit que le TAV allait sauver le Piémont du déclin économique. Sur la création d'emplois, le coût étant de 26 milliards d'euros, le "collectif de Savoie contre le Lyon-Turin" fait remarquer que c'est autant d'argent qui n'ira pas aux emplois des écoles et des hôpitaux. Ce collectif ne soulève pas les foules mais fait un gros travail d'information côté français. En outre, dans la vallée de la Maurienne, 95% des entreprises sélectionnées n'ont pas leur siège social dans la région. Des études indépendantes ont aussi démontré que les lignes ferroviaires actuelles sont exploitées à moitié de leur capacité et que 30% des camions roulent à vide. Bref le but n'est certainement pas de favoriser un mode de transport par rail qu'on opposerait à un transport par route, mais tout simplement de développer le transport de marchandises par tous les moyens, et de relier les grandes métropoles européennes. D'ailleurs la SNCF possède beaucoup de compagnies de transport routier !

Barrot (Président de la commission transport de l'Union Européenne) et Perben avaient bien sommé les italiens de "respecter les accords" et de "brusquer les choses", mais c'était sans compter sur les arguments implacables des gens du Val de Suze.
Gérard Leras (Président des Verts Rhône-Alpes) l'a aussi dit clairement : "C'est une chose d'être exigeant, c'en est une autre de dire non à un projet important comme la ligne Lyon-Turin". Les Verts étaient contre l'Autoroute à l'époque, mais soyons pragmatiques, les marchandises doivent bien circuler, on ne peut pas rejeter toutes les solutions. Pourtant, tout le monde le sait, les tunnels du TAV seraient creusés dans l'amiante et l'uranium. Bravo...

Donc les habitants contre le TAV opposent tout simplement qu'ils n'ont pas besoin de ce transport de marchandises, qui est source de profit, qui pollue leurs vies, qui augmente le prix des marchandises, qui favorise les délocalisations et ainsi les pertes d'emplois. A une logique de profit et de vitesse, ils imposent les intérêts des populations et du respect de l'environnement, et répondent qu'ils ont le temps.

Pour finir...

En tout cas, dans le Nord, on fait Lille-Paris en une heure. Ils veulent nous faire préférer le train ? Quand on n'a plus les moyens et que le TGV fait sauter les petites lignes qui desservaient nos villes et nos campagnes, ils nous font surtout préférer le stop ! Là où l'argent des collectivités fait défaut pour l'A24, le financement des travaux du TAV est prévu à 80% par l'argent public. Si la lutte contre l'A24 en est qu'à ces débuts, et qu'il est peu probable qu'elle se développe comme au Val de Suze, le parallèle est intéressant à plusieurs niveaux. Le gouvernement italien s'acharne sur des militants, sur des personnes visées, surveillées, suspectées, là où l'Etat français a plutôt tendance à réprimer des mouvements (récemment les lycéens, émeutes de novembre 2005, CPE). Les partis politiques et syndicats classiques n'ont pas réussi à récupérer le mouvement anti-TAV. Les anarchistes italiens fonctionnent pas mal en groupes fermés et certains avec qui j'ai discuté, disaient qu'avec le combat contre le TAV, ils avaient découvert la lutte collective avec les gens. D'ailleurs suite au fait que l'Etat avait accusé des anarchistes insurrectionnalistes de manipuler et durcir le mouvement : des vieilles étaient venus en manif avec des pancartes disant : "Nous sommes tous des anarchistes insurrectionnalistes !" A Pise, j'ai assisté à un rassemblement devant un procès d'écolos radicaux, les soutiens venaient de Milan, de Turin, de Florence, car la dizaine d'anarchistes de Pise étaient tous derrière les barreaux. Certains étaient enfermés depuis deux ans, en attente de procès pour "dévastation" (de terrasse de café). Il faut dire qu'en France l'écologie est un thème bien citoyen, terrain occupé par les réformistes. Comme à Frelinghien, avec drapeaux français et marseillaise ? Bon là c'est un peu extrême... Affaire à suivre !

S.L.


LA CSI UNE NOUVELLE INTERNATIONALE SYNDICALE

Début novembre 2006, portée par quelques 1500 délégué(e)s, la CSI, Confédération Syndicale Internationale, a vu le jour à Vienne en Autriche. Une naissance largement saluée dans les médias par la bourgeoisie.

Cette nouvelle internationale syndicale est le produit de regroupements de deux syndicats mondiaux aujourd'hui dissous, la CISL (dont FO est partie prenante dès les débuts, rejointe par la CFDT en 1989), et la CMT (dont la CFTC fait partie). Participent à l'avènement, d'autres organisations syndicales nationales non affiliées dont la CGT française.
La CSI revendique 190 millions de syndiqué(e)s, 360 syndicats, 150 pays représentés derrière une même bannière.

Une internationale de transformation sociale ?

La CISL (Confédération internationale des syndicats libres) était d'inspiration sociale- démocrate. Elle regroupait 150 millions d'adhérents.
La CMT (confédération mondiale du travail) était d'obédience chrétienne et revendiquait 30 millions de membres. Présents à leur côté pour porter cette naissance une quinzaine de syndicats nationaux indépendants dont la CGT française, la CTA argentine…Une naissance que commente le premier (et futur secrétaire ?) Guy RYDER : " Bien plus qu'une fusion d'appareils concurrents, la nouvelle confédération doit être le cadre où émergera un nouvel internationalisme syndical, face au capitalisme débridé de ces dernières décennies ". Gardons donc nos illusions, son objectif ne sera pas dirigé contre le capitalisme, l'exploitation des travailleurs et la barbarie qu'il engendre aux quatre coins de la planète. Cette internationale agira dans le cadre accepté du capital en luttant contre ses excès. Elle ne sera pas le fer de lance de la lutte de classe mais rejoindra la cohorte des organisations altermondialistes pour veiller à ce que l'exploitation capitaliste garde un visage humain et puisse être acceptée par tous les humiliés de la planète. Sont restés à l'écart de cet avènement les syndicats appartenant encore à la FSM (fédération syndicale mondiale). Syndicats soviétisés de l'ex- bloc de l'Est, ou ce qu'il en reste, depuis la chute de l'empire. N'y ont pas pris part, la Chine, la Corée du Nord ainsi que des fédérations nationales telles les COBAS en Italie, Solidaires en France…
Cette nouvelle internationale définit " le travail humain d'une valeur supérieure au capital ". Dans son programme une résolution : " Changer fondamentalement la mondialisation afin qu'elle fonctionne en faveur des travailleurs, des sans emplois et des pauvres " dans ce cadre une " gouvernance " de l'économie mondiale devra combiner les trois piliers du développement durable, économique et social. Générer du travail décent, mettre un terme à la pauvreté de masse et encourager une distribution équitable des revenus. Pure verbiage et langue de bois, car dans le cadre du capital, le travail humain est subordonné au capital et est un esclavage salarié. Quant au changement fondamental de la mondialisation elle a précisé : il faudra agir sur son côté débridé.

Par ailleurs, la CSI revendique la fourniture de services publics de qualité pour tous et leur exclusion des négociations commerciales et elle oeuvrera pour une réforme fondamentale des organisations internationales : FMI, OMC, Banque Mondiale…Elle réaffirme que les droits syndicaux constituent un élément clef des droits des travailleurs et mènera campagne pour mettre fin aux discriminations de toutes sortes : sexe, religion, couleur, identité de genre, opinion politique, handicap…L'internationale s'engage à œuvrer pour " établir un monde pacifique et sûr où les populations de tous les pays coexistent dans un climat de tolérance et de respect mutuel ".
D'ailleurs, contre les dubitatifs sur sa volonté d'engagement auprès des travailleurs contre le capital et contre les sarcastiques qui dénigrent sa langue de bois et le catalogue réformiste de ses objectifs, la CSI se donne l'objectif d'organiser : " une journée d'action mondiale sur l'emploi, afin de réclamer une action internationale immédiate pour formuler et mettre en œuvre l'agenda d'une nouvelle mondialisation. "

Un nouveau soutien pour la bourgeoisie

La Naissance de la CSI a été saluée par la bourgeoisie comme un événement de portée historique. Cela mettait fin à une division syndicale héritée de la guerre froide mais désuète depuis la chute du mur de Berlin. Il est vrai que celle-ci, réunit sous la même bannière les trois courants syndicaux : sociaux démocrates, chrétiens et staliniens relookés des pays de l'Est. C'est à dire, les forces d'embrigadement utilisées par le capital contre les travailleurs. Des forces idéologiques directement liées à l'état-parti dans l'ex empire soviétique ou d'opposition confortablement intégrées en partenaires sociaux des bourgeoisies occidentales, qui leur octroient de confortables rentes de situation telle la CES (confédération européenne des syndicats).
Personne ne sera surpris, si je dis, que cet événement historique est resté inconnu de nombreux salariés et s'est déroulé dans l'indifférence la plus totale et loin des préoccupations immédiates de nombre de syndiqués et de militants syndicaux. Il est fort probable que peu de ces derniers l'auront su ou pu y donner un avis lors des rares débats dans les syndicats.
Tel fut le cas à la CGT (française). Le principe d'adhésion à la CSI avait été adopté au congrès d'avril. Le principe en a été confirmé en septembre, par le comité confédéral national. Pourtant fin août, lors d'une réunion de l'union départementale Paris qui a regroupé plus de 90 participant(e)s, nombre d'entre eux ou elles se demandaient pourquoi ils n'avaient toujours pas reçu les textes sur la nouvelle internationale pour permettre un plus profond débat ? " J'ai l'impression que l'on fait par en haut un truc qui ressemble furieusement à la CES ", " Pourquoi nous demander notre avis si la décision est déjà prise " Comme le souligne ces paroles militantes, l'ambiance était plus qu'au scepticisme.
C'est au cours de cette même réunion, qu'un responsable confédéral (Europe et international) dévoilera : " si nous confirmons notre engagement lors du congrès d'ouverture en novembre, nous aurons une place dans les organismes de direction de cette nouvelle confédération ", mettant ainsi fin à la demande de débats réels et démocratiques.
Pour les heureux élus qui ont eu accès aux textes sacrés, les militants, notent, dans les statuts de la CSI à l'article XIII : " les organisations affiliées doivent soumettre au secrétaire ou à la secrétaire général(e), les noms de leur représentants au moins trois mois avant le congrès. " Soumettre et non transmettre ! Où est la souveraineté des organisations nationales affiliées ?
Article XIX : " Toutes les propositions ou projets de résolutions soumis par les organisations affiliées, après le temps limite fixé, sont soumis au conseil général. "
Article VII : " Si le, ou la présidente, décide qu'il n'y a pas de divergence d'opinion quant au fond, il lui sera loisible de prononcer la clôture des débats, et si la demande lui est faite, il ou elle procédera à un vote. "… " le ou la présidente pourra inviter un(e) oratrice à regagner sa place si ses observations ne rentrent pas dans le cadre du sujet discuté. " Ainsi C'est le conseil général, qui décide, seul, de soumettre une motion ou de ne pas prendre en compte un projet de résolution. De même que le ou la présidente décrète à tout moment qui reste bien dans le sujet ou non. Que reste-t-il alors de l'expression démocratique ?
L'article IV des projets des statuts stipule : " Le conseil général a le droit de suspendre et le congrès d'exclure, toute organisation affiliée qu'ils jugent coupable d'infraction aux présents statuts, ou d'action contraire aux intérêts de la Confédération, ou d'inaction. " Exclu pour inaction !!!
Dans l'article II (droits et obligations) il est dit : " Les organisations membres ont la responsabilité de prendre en compte la formulation de leurs politiques les décisions du congrès et des organes directeurs " prendre en compte (soulignent les militants en question) se traduit par : faire sien, endosser la responsabilité. Tel est le cadre démocratique, l'indépendance ou l'autonomie des organisations nationales affiliées à cette internationale de bureaucrates. Véritable maffia à la solde du capital. On comprend mieux au décryptage des statuts, la divulgation tardive et parcellaire de ceux-ci vers les militant(e)s qui tentent de se réapproprier un espace de démocratie contre leur confédération.
La CSI contre les travailleurs

Pour la bourgeoisie, la promotion médiatique de la CSI était indispensable. Il s'agissait d'illusionner les travailleurs du monde entier pour qu'ils se reconnaissent dans ce pseudo contre pouvoir auto proclamé. Comment faire croire aux travailleurs du monde entier qu'un contre pouvoir international de classe allait enfin se dresser pour terrasser l'hydre du capitalisme ? Il n'en sera rien, ces boutiquiers ne règnent que sur 10% de salariés syndiqués de par le monde.
La CSI se fixe pour mission " d'unir et mobiliser les forces démocratiques et indépendante du syndicalisme mondial " Que penser d'une telle déclaration lorsque l'on sait que figure dans ses affiliées parmi d'autres maffias, l'organisation syndicale vénézuélienne CTV issue de la CISL. Organisation corrompue devenue le quatrième groupe économique du pays, propriétaire d'une banque et qui a soutenu l'ex pouvoir en place durant ces quarante dernières années. Centrale syndicale dont le secrétaire s'affichait avec le patron des patrons vénézuéliens pour appeler à renverser Hugo Chavez " par tous les moyens ". Elle participera au coup d'état de 2002 et à la grève de décembre contre ce dernier.
La réalité se charge de démystifier la CSI au regard d'une autre transnationale syndicale à savoir la CES (confédération européenne des syndicats). Autre verrue syndicale dont les membres ont accompagné toutes les mesures anti- sociales contre les travailleurs. CES qui, a approuvé avec zèle le traité constitutionnel européen avec son lot de déréglementations et de directives anti-sociales dont la célèbre Bolkestein. Pas plus que la CES n'a été un moment porteuse des aspirations émancipatrices des travailleurs, la CSI ne le sera à son tour. En son sein, les mêmes bureaucraties y gagneront de nouvelles sources de financement et de nombreuses sinécures pour copains et coquins. Rappelons que la CES est financée à 75% par l'Union Européenne. Dans le cadre européen nous avons pu mesurer au cours de cette dernière décennie, le vide fédérateur des luttes de la part de la CES et sa complaisance lors de la mise en place des réformes anti-sociales dictées par l'Union Européenne avec ses traités successifs. Ainsi lors de la réunion des ministres de l'emploi de l'Union Européenne à Helsinki (6 juillet 2006) elle y déclarait " La CES fera valoir que les syndicats doivent pouvoir jouer un rôle plus actif dans l'anticipation et la gestion des restructurations à tous les niveaux. Il convient de permettre aux travailleurs d'anticiper et de préparer le changement " Il est vrai que ces pompiers des luttes sociales prennent de plus en plus de risques avec le nombre croissant, de conflits sans toujours être sûr d'être payer en retour par leurs maîtres.

Vers un lobby syndical international

Depuis deux décennies, le capital via ses institutions officielles bourgeoises (FMI, banque mondiale, OMC…) a mis au point sa nouvelle stratégie : la nouvelle gouvernance mondiale. Celle-ci vise à réorganiser l'ensemble de la société marchandisée sur de nouvelles bases permettant le règne du capital. Un des éléments de cette stratégie est l'appui de partenaires sociaux divers dont les organisations syndicales. La banque mondiale définit cette société civile. Elle intègre les ONG (organisations non gouvernementales), les groupements divers d'obédiences religieuses, les organisations syndicales, les groupes de population autochtones, les organisations caritatives, les fondations privées… Banque mondiale, ravie de voir sa stratégie s'appuyer sur " des partenariats entre la société civile, l'Etat et le secteur privé " Banque mondiale qui constate que les ONG (qu'elle subventionne grassement) sont passées de 6 000 en 1990 à 26 000 en 1999 et plus aujourd'hui. Elle se félicite de la promotion d'un consensus général avec un appui local aux réformes qu'elle orchestre. Dans ce cadre, l'objectif de la CSI est de reprendre une place partenariale de choix dans les instances internationales parmi ce fatras d'organismes ou d'associations de la société civile. Situation familière et rodée dans la CES où bureaucrates et technocrates syndicaux siégeaient dans les diverses instances et commissions de l'Union Européenne avec l'UNICE (syndicat du patronat européen) ; où ensemble, ils collaborent et élaborent les mesures anti-sociales qui aggravent l'exploitation des travailleurs au quotidien pour de plus grands profits patronaux. Une CSI, qui comme les organisations se réclamant de l'altermondialisme, se fixe pour objectif non le renversement de l'ordre capitaliste mais : " la tache de lutter pour la gouvernance démocratique de l'économie ".
L'avènement de ce lobby syndical mondial permettra au syndicalisme de redorer son blason bien terni par les corruptions des uns et les compromissions de tous. Le développement du mouvement altermondialiste et les puissantes manifestations qu'il a su entraîner, Seatle, Nice, Gènes, Bruxelles….ont grignoté l'espace syndical et fait une fois de plus la démonstration du degré de compromission des organisations syndicales avec les bourgeoisies au pouvoir. L'exemple du soutien de la CES au projet de constitution européenne a été un énième révélateur de l'intégration du syndicalisme au côté du capital. Souvenons-nous de la fracture opérée dans la CGT et des réactions de B. Thibault à la suite du NON adopté par le CCN lors traité européen soumis à référendum en 2005.

On comprend que la bourgeoisie ait saluée cette internationale qui lui est indispensable à un moment où partout dans le monde éclate des révoltes ouvrières. Celle ci lui est nécessaire comme force d'interposition dans les conflits de plus en plus nombreux d'une guerre de classe de plus en plus directe.
D'ailleurs, pour absoudre toute méfiance sur ses velléités anti- capitaliste et donner des gages aux maîtres qui la nourrissent, la CSI inscrit dans sa déclaration de principe " son soutien indéfectible aux principes et au rôle des Nations Unies, et à sa légitimité et son autorité uniques ". Un soutien indéfectible à la bourgeoisie pour enrôler les prolétaires dans les prochaines boucheries guerrières internationales valait bien une célébration et des faire-part de bienvenue dans les médias du capital.

15 12 2006 MZ. Caen

Lire " CES et Constitution Européenne. ", CA n°146, ; " Bruxelles, Bolkestein et la constitution européenne ", CA N°148


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