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DOSSIER SPECIAL CPE PRINTEMPS 2006

SOMMAIRE ( textes sans titre retitrés par le ouebmasseteur)
EVA, Martine, François et les autres.......par Pierre Placo

GENERATION "NO STAGE".......par Fred. Lebaron

QUELQUES SITES INTERESSANTS

L'EFFERVESCENCE DES SITUATIONS RADICALES.......par le Bureau of public secrets

LES NOUVEAUX MISERABLES.......par Patrick Drevet

POUR EN FINIR AVEC LE TRAVAIL SALARIE.......tract 10/04/06 par CGA-OCL-OLS Région parisienne

APPEL DE RASPAIL.......par le Comité Pour la Désindustrialisation du Monde - 21/03/06

LE BLOCUS SUR AVIGNON.......par un participant local


EVA, Martine, François et les autres par Pierre Placo



Le PS et bien des syndicats tentent de se refaire une virginité grâce au mouvement contre le CPE. Pourtant leurs projets sont loin d’être aussi éloignés du CPE qu’ils voudraient nous le faire croire. Ce qu’ils proposent pour l’horizon 2007 y ressemble bigrement.
Nous vous livrons cette réflexion concernant le projet EVA écrite par un membre du collectif première embûche de Nanterre.



EVA : LE PROJET DE MARTINE AUBRY POUR 2007
Par Pierre Placo - Collectif Première Embûche Nanterre

Quand certain-e-s veulent nous cantonner à la lutte contre le CPE (et la loi sur l'égalité des chances) sous prétexte de "massifier le mouvement" et de préserver une pseudo-unité… Quand certain-e-s ne jurent que par le CDI sans penser une seconde à ce qu'est le travail salarié… Quand certain-e-s bureaucraties syndicales ou politiques souhaitent se racheter une légitimité en se la jouant "rebelles" et demandent "un emploi stable pour tous". Nous avons envie de rire ou de pleurer. Mais quand Martine Aubry présente son projet "Eva" pour la présidentielle de 2007, nous voyons poindre les fausses alternatives qui risquent de se multiplier dans les prochaines semaines. Eva ne vient pas d'une officine managériale, Eva signifie "Entrée dans la vie active" et est censée tou-te-s nous faire rêver. Martine Aubry l'a présenté le 3 mars 2006 à Lille. Paul Quinio en a exposé la trame dans Libération (1). Un nouveau combat se profile. Issu d'un véritable "brainstorming entre éléphants socialistes" selon Libé, Eva est une belle saloperie. Le MJS et l'Unef jubilent : l' "Allocation d'autonomie" c'était leur idée, une idée qu'elle est bien. Eva propose un "droit" : une allocation versée aux 18-25 ans qu'ils-elles soient chômeur-se-s, étudiant-e-s ou précaire-s…Pour tou-te-s ceux-celles qui souhaitaient une extension du RMI aux moins de 25 ans, cela peut apparaître pas mal. Premier bémol : la thune versée "pourrait varier en fonction de l'âge, du revenu des parents ou de la situation du jeune concerné (en cours de formation, au chômage, employé à temps partiel, emploi à temps plein mais peu rémunéré...)". "Universelle" en principe mais sélective en réalité, cette allocation remplacerait celles qui existent (bourses, APL…).

"Autonomie financière" contre intégration forcée

"Autonomie". Quand ce mot est prononcé par un membre du PS, on peut être sûr qu'il s'agit de l'autonomie financière, pas celle qui nous intéresse : la possibilité de décider de nos vies individuellement et collectivement, possibilité qui passe par un refus du monde qu'on nous propose et des évidences qu'il porte en lui. Parmi celles-ci : l'intégration à tout prix et l'insertion par le travail salarié. "Qui dit droits dit devoirs", cette maxime que l'on aime rappeler tant à gauche qu'à droite pour mieux multiplier les seconds, Martine Aubry la reprend dans son projet. Dans Libération on peut ainsi lire que le "jeune indemnisé" aura l'" obligation de suivre une formation" et devra montrer qu'il est en "recherche d'insertion". Ensuite elle appelle, comme la droite, l'instauration d'un "service civil obligatoire".
Tout d'abord nous devons nous demander quelles "formations" seront proposées, pour quels types de boulot et quel est le but de ces formations. Aujourd'hui, aux dires mêmes des agents de l'ANPE, les formations proposées à ceux qui sont peu ou pas diplômés ne sont pas contrôlées (celles et ceux qui sont "formé-e-s" se retrouvent ainsi généralement à effectuer le sale boulot pour des patrons peu scrupuleux) ; quand il y a réelle formation, celle-ci ne s'applique souvent qu'à un poste donné et ne peut être "valorisée" ailleurs. Enfin et surtout, ces formations ne visent qu'à occuper le jeune : elles ne débouchent sur rien, elles permettent seulement d'afficher des "chiffres positifs" en matière de chômage.

Occuper les jeunes, les occuper à tout prix

L'inactivité est prise en chasse, elle pousse au vice… n'est-ce pas ce que sous-entend l'obligation de "recherche d'insertion" du projet Eva ? Déjà les chômeur-se-s sont traqué-e-s : au bout de trois mois de chômage, ils-elles doivent pointer tous les mois et prouver qu'ils sont dans une démarche de " recherche active d'emplois". S'ils-elles ne le font, ils-elles ont toutes les chances d'être radié-e-s des listes et ne plus avoir droit à leurs allocations chômage. Tout est fait pour culpabiliser les chômeur-se-s, coupables de ne pas savoir s'adapter, de ne pas bien présenter, de ne pas être mobile, de ne pas être dynamique… Coupables finalement d'être chômeur-se-s dans un monde où tout est censé passer par le travail. Les "jeunes de banlieues" brûlent des voitures… au boulot ! Et peu importe lequel, ça leur apprendra la vie. A droite comme à gauche, le travail (salarié) est la solution (2). Comme si les boulots de merde et l'exploitation la plus brutale pouvaient être désirable. Comme si "s'insérer" signifiait se libérer ou, tout du moins, vivre décemment. Prouver que l'on est en "démarche d'insertion" reviendra à montrer que l'on accepte de se soumettre aux règles de ce monde. L'Etat jouera le rôle du garant de cet assujettissement : avec l' "allocation d'autonomie" d'Eva, il détiendra les clefs de notre survie.

"Flexécuriformation"

Eva est, selon Martine Aubry "le premier étage de la fusée" de la future "réforme du statut de l'actif" que proposera le PS en 2007. Dans un meilleur des mondes du travail, le PS souhaite éradiquer le chômage et créer un "parcours professionnel sécurisée" qui combinera travail flexible, allocations entre les contrats et formation.
Le PS, comme la CGT, ne jurent plus que par la flexecurité : "Tu as fini ton contrat ! Pas de problèmes… Tu fais une formation obligatoire et tu reviens plus compétitif sur le marché du travail… Finis de faire la gueule parce que t'es au chômage… Un boulot t'attend si tu en veux un peu !". Les têtes de la CGT et du PS s'accordent sur la nécessité pour chacun de se calibrer, se re-calibrer sans cesse pour pouvoir continuer à se vendre sur le marché du travail. Comme s'ils-elles ne savaient pas ou ne voulaient pas savoir ce qu'était le travail ou l'exploitation. Comme si la sécurité faisait tout. Comme si la précarité était le seul problème.

Dépasser la précarité, attaquer l'insertion forcée et le salariat

Martine Aubry, pour vanter son projet, affirme que "c'est l'inverse absolu du CPE" qui précarise et "insécurise". Que le CPE facilite les licenciements, tout le monde est d'accord ; mais s'en tenir au problème de la précarité c'est oublier la réalité du travail, les prix physique et psychique d'une productivité accrue, c'est oublier ce qu'est le salariat, ce don de soi contre salaire, cette aliénation fondamentale et c'est, finalement, risquer de laisser le champ libre - une fois le CPE retiré, si toutefois cela arrive - à des projets comme EVA qui "sécurise" pour que chacun puisse s'intégrer à la machine capitaliste. A lire les forums anti-cpe des MJS, seule la "réalité" de l'économie compte, pas le vécu, ni les aspirations. Ils clament "Nous ne sommes pas des esclaves" tout en pensant que le CDI ou la flexecurité représentent la panacée. Les chaînes du travail moderne sont-elles si finement intégrées qu'elles ne se voient plus ?
Notes: (1) Erreur ! Source du renvoi introuvable.
(2) Voir les textes du Collectif Première Embuche "Mise au travail" et "Le CPE dans son contexte".
Pierre Placo
Etudiant en sociologie - Paris X Nanterre


[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

Génération "no stage" par Fred. Lebaron

CEP : il y a 9 ans "nous sommes tous des stagiaires"
Nous sommes tous des stagiaires
QUI sont ces jeunes qui pouvaient exulter à la victoire de Chirac et/ou qui sont appelés aujourd'hui à la rescousse de ce que la "gauche" française a de plus superficiel ? Boys bands et Spice girls, jeunesse stylisée, policée, fabriquée par le marketing, qu'a-t-elle de commun avec celle qui essaie de survivre, parfois au jour le jour, dans le monde réel ?

En fait, ces images et ces appels font écran aux conditions déprimantes ou tragiques que notre société vieillissante et gérontocratique fait aux "nouveaux entrants". Désormais, en effet, le stage est devenu l'horizon indépassable d'une fraction grandissante de chaque génération. Pour les moins diplômés prévalent le chômage, la précarité du contrat de travail, la déqualification des postes. Du lycée professionnel et technologique jusqu'aux stages d'insertion de la mission locale, ils sont soumis à un apprentissage continu qui entend avant tout les socialiser aux rythmes et aux exigences de "l'entreprise", leur faire acquérir une sorte d'aptitude durable à la soumission.

Les plus démunis d'entre eux, abonnés à la mission locale, se voient maintenus dans la situation de stagiaires à vie, jusqu'à devenir parfois de véritables professionnels de la recherche d'emploi, jeunes à tout faire que l'on incite à former des "projets professionnels" et surtout à "y croire" (nul ne se risque à préciser à quoi). Mais la condition de stagiaire tend aujourd'hui à se généraliser aux autres franges de la jeunesse, des intermittents du spectacle aux pigistes des métiers de la communication, de l'information, de la culture, en passant par les vacataires et les docteurs sans postes de l'enseignement supérieur, etc. Le "stage pour tous" est à la fois le moyen de faire de "l'école" une succursale de "l'entreprise diplômante", de former des intérimaires souples et des apprentis flexibles préajustés à ses exigences et de constituer ainsi, au fur et à mesure que s'étendent les règles du jeu "libérales", une immense armée de réserve, de plus en plus soumise au bon vouloir de ses maîtres, tuteurs, patrons et mandarins.

Bien sûr, un monde sépare encore ceux qui font directement les frais des "ajustements" sur le marché du travail de ceux qui peuvent encore apparaître comme des "privilégiés" relatifs, aussi éloignés soient-ils de la jeunesse dorée Mais le mouvement profond qui les rapproche, dans la commune condition de stagiaire et, de plus en plus, dans la conscience déprimée et/ou révoltée qui en est solidaire, n'a pas cessé de se renforcer depuis le mouvement de 1994 contre le contrat d'insertion professionnelle (CIP).

La jeunesse telle que la fantasment nos responsables, clip méprisant et démagogique à l'exact opposé des réalités quotidiennes, ne sert sans doute qu'à conjurer l'inquiétude d'une génération vieillissante et cynique, face à des concurrents potentiels qu'il lui faut tenir le plus longtemps possible à distance, dans l'équivoque et l'inaction collective des situations instables. Peur diffuse d'être un jour prochain confrontée à ses responsabilités, comme dans ces convulsions brutales où le monopole de la parole longtemps refoulée se défait.

Peur, finalement, que se répète, chez les enfants, sans la phraséologie des parents, dans une simple colère déterminée et froide où se rejoindraient toutes les victimes du néo-libéralisme, un mai 68 qui solde à nouveau les comptes
PAR FREDERIC LEBARON.
Frédéric Lebaron est sociologue, ainsi que les membres du groupe de travail de Raisons d'agir (Julien Duval, Christophe Gaubert, Malika Gouirir et Dominique Marchetti) qui ont participé à la rédaction de ce texte.
[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

QUELQUES SITES INTERESSANTS

Site anti-répression détaillant par ville:
http://www.coordnat.info
Sur samizdat =============

La listes des infos publiées sur l’Infoblog http://infoblog.samizdat.net/?s=cpe

Sélection vidéos sur l’Infoblog http://infoblog.samizdat.net/rubriques/medias/vcast/

Sélection photos sur l’Infoblog http://infos.samizdat.net/article404.html

Retrouver un avenir commun Par Jean Zin >http://infos.samizdat.net/article406.html


Le mouvement sur le Web ========================

Collectif Stop CPE (national) http: //www.stopcpe.net/cpe/


Stop CPE… en direct des régions http://www.stopcpe.net/regions/

Stop CPE 92 http://stopcpe92.blogspot.com

Collectif Stop CPE Jura http://grenobleanticpe.superforum.fr

Stop CPE 71(Saône-et-Loire) http://www.stopcpe71.wb.st

CPE-Lannion: Le combat continue http://www.cpe22.blogspot.com

La grève à Tolbiac, au jour le jour… http: //anticpe.blogspot.com

Saint-Charles en lutte (Paris I) http://u-blog.net/touscontrelecpe

Mobilisation sur Nice contre le CPE http://anticpenice.canalblog.com

Université Toulouse Le Mirail en lutte http://mirailenlutte.hopto.org

Comité de grève de Censier http://comitedegrevecensier.ifrance.com

Sciences-Po Paris contre le CPE http://sciences-pocontrelecpe.over-blog.org

Collectif Première Embuche Nanterre http://premiereembuche.blogspot.com

L’iUT de Paris 5 contre le CPE http://iutp5contrelecpe.blogspot.com

Comité IUTiens en lutte anti-CPE (Bordeaux) http://iutienscontrecpe.canalblog.com

IUT Rennes contre le CPE http://www.iut35contrelecpe.sup.fr

Le blog des manifestations lycéennes et étudiantes de Limoges http://manifestation87.skyblog. com

Forum de Coordination de la jeunesse Belleysanne contre le CPE ! http://www.stopcpebelley.new.fr

Le CLAC (Collectif Lycéen de l’Agglomération Chambérienne) http://www.clac.c.la

Le Collectif lycéen de Grenoble http://ronan.m.free.fr/lyceens/

Le Collectif lycéen Lyonnais http://contestationlyon.free.fr

Le forum de coordination des étudiants de Grenoble http: //grenobleanticpe.superforum.fr

Forum du Comité d’Action Lycéen – Rennes http://www.cal-rennes.supersite.fr

LP en grève (Marseille) http://lpengreve.free.fr


Le mouvement en images =======================

Le blog 1d-photo

Sélection thématique d’images de la coopérative de photographes indépendants 1d-photo http://1dblog.wordpress.com/wp-inst/index.php?s=CPE

Niahaaa !! Le cri de guerre des étudiant-e-s de Nanterre contre le CNE et le CPE ! http://niahaaa.blogspot.com

Sous la matraque, la jeunesse http://thibautcho.free.fr/2bgal/dispalbum.php?idalbum=86&stat=ok

Les Coteaux en grève (Nice) http://lescoteauxengreve.free.fr

Gallerie libcom.org http://www.libcom.org/gallery/v/news/france-cpe/

Perspikace sur Flickr http://www.flickr. com/photos/perspikace/archives/date-posted/2006/03/

Gunthert sur Flickr http://www.flickr.com/photos/gunthert/tags/occupation/


Le mouvement en vcast ======================

Videobase (vidéos) http://videobaseproject.net

Samizdat | infoblog (sélection vidéos) http://infoblog.samizdat.net/rubriques/medias/vcast/

Vcast du mouvement sur Daily Motion (vidéos) Un service commercial (gratuit) de partage de vidéos utilisé par le mouvement http://www.dailymotion.com/tag/cpe

Télé Sorbonne Une télévision étudiante… http://www.telesorbonne.com/index.php?option=com_zoom…

Des stagiaires répondent à Dominique de Villepin http://maytheforcebewithyou.free.fr/droitdereponse_ddv.avi

Stop CPE rubrique vidéos http://www.stopcpe.net/cpe/Videos

TV Bruits http://www.tv- bruits.abri.org/SPIP/

Début du mouvement contre le CPE/CNE (site perso) http://thibautcho.free.fr/videocpe.html

Indymedia Paris http://paris.indymedia.org/article.php3?idarticle=54484 http://paris.indymedia.org/article.php3?idarticle=53220 http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=53178


Médias alternatifs et indépendants ===================================

Grenoble Indymedia (Actualités locales sur la lutte anti CPE en page d’accueil) http://grenoble.indymedia.org

Nantes Indymedia (page actualisée en permanence sur la lutte anti CPE) http://nantes.indymedia.org/article.php3?id_article=7669

Nice Indymedia >(page actualisée en permanence sur la lutte anti CPE) http://nice.indymedia.org/article.php3?id_article=11724

Paris Indymedia >(thème sur la lutte anti CPE) http: //paris.indymedia.org/sommaire.php3?id_mot=70

Toulouse Indymedia >(page actualisée en permanence sur la lutte anti CPE) http://toulouse.indymedia.org/article.php3?id_article=4039

Marseille Indymedia (dossier sur le mouvement dans le sud-est : Marseille, Aix, Avignon, etc.) http://marseille.indymedia.org/features/CPE_CNE/

L’En dehors http://endehors.org

Salade niçoise http://www.salade- nicoise.net

Rebellyon http://rebellyon.info

Mille babords http://www.millebabords.org

libcom.org/blog – unrest in france (en anglais) >http://libcom.org/blog/

Justice pour Cyril http://justicepourcyril.zeblog.com


Les organisations… ==================

Sud Etudiant http://www.sud-etudiant.org

Confédération étudiante http://www. confederation-etudiante.org

Fédération syndicale étudiante http://www.luttes-etudiantes.com

Source : http://infoblog.samizdat.net > > . > . > . > >I N F O Z O N E > . > . > .

[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

L'EFFERVESCENCE DES SITUATIONS RADICALES par le Bureau of public secrets

"Bureau of Public Secrets" <knabb@bopsecrets.org>
Objet : La situation radicale

L'EFFERVESCENCE DES SITUATIONS RADICALES

Une situation radicale est un réveil collectif. Cela peut aller de la simple réunion de quelques dizaines de personnes dans un quartier ou un atelier à
une situation véritablement révolutionnaire qui en entraîne des millions.
L'important n'est pas le nombre, mais le débat public et la participation de tous, tendant à dépasser toute limite. L'incident qui se situe à l'origine du Free Speech Movement (FSM, Mouvement pour la liberté de parole) en 1964 en est un exemple classique et particulièrement admirable. Des policiers étaient sur le point d'emmener un activiste pour les droits civiques qu'ils avaient arrêté sur le campus de l'Université à Berkeley. Quelques étudiants se sont assis devant la voiture de police. En quelques minutes des centaines d'autres ont suivi leur exemple, de sorte que la voiture fût encerclée et immobilisée. Pendant 32 heures, on a transformé le toit de la voiture en tribune pour un débat général. L'occupation de la Sorbonne en Mai 1968 a créé une situation encore plus radicale en attirant une grande partie de la population parisienne non-étudiante. Puis l'occupation des usines par les ouvriers dans tout le pays a créé une situation révolutionnaire.

Dans de telles situations, les gens s'ouvrent à de nouvelles perspectives, remettent en question leurs opinions, et commencent à y voir clair dans les escroqueries habituelles. Il arrive tous les jours que quelques personnes vivent des expériences qui les amènent à mettre en question le sens de leurvie. Mais dans une situation radicale, presque tout le monde le fait au même moment. Quand la machine s'immobilise, mêmes les rouages commencent à songer à s'interroger sur leur fonction.

Les patrons sont ridiculisés. Les ordres ne sont pas respectés. Les séparations s'effondrent. Des problèmes individuels se transforment en questions publiques, tandis que des questions publiques qui semblaient lointaines et abstraites deviennent des questions pratiques et immédiates.
L'ordre ancien est analysé, critiqué, moqué. Les gens apprennent plus de choses sur la société en une semaine que pendant des années passées à étudier les "sciences sociales" à l'université ou à se faire endoctriner par des campagnes à répétition de "sensibilisation" progressiste. Des expériences qui ont été longtemps refoulées refont surface.(3) Tout semble possible, et beaucoup de choses le deviennent effectivement. Les gens n'arrivent pas à croire qu'ils ont tant supporté auparavant, "en ce temps-là". Même si l'issue finale est incertaine, ils considèrent souvent que l'expérience à elle seule vaut déjà la peine d'être vécue. "Pourvu qu'ils nous laissent le temps..." a dit un des graffitistes de Mai 1968, auquel deux autres ont répondu: "En tout cas pas de remords!" et "Déjà 10 jours de bonheur."

Comme le travail s'arrête, la navette frénétique est remplacée par des promenades sans but, et la consommation passive par la communication active. Des étrangers entrent en conversation animée dans la rue. Les débats ne s'arrêtent jamais, des nouveaux venus remplaçant continuellement ceux qui partent pour se livrer à d'autres activités ou pour essayer de prendre un peu de sommeil, bien qu'ils soient généralement trop excités pour dormir longtemps. Tandis que certains succombent aux démagogues, d'autres commencent à faire leurs propres propositions ou à prendre leurs propres initiatives. Des spectateurs sont attirés dans le tourbillon et connaissent des transformations d'une rapidité étonnante. Un bel exemple observé en Mai 1968: lors de l'occupation de l'Odéon par des foules radicales, le directeur administratif, consterné, se retira au fond de la scène. Mais après quelques minutes de réflexion, il fit quelques pas en avant et s'écria: "Maintenant que vous l'avez pris, gardez-le, ne le rendez jamais, brûlez-le plutôt!"

Certes, tout le monde n'est pas gagné tout de suite. Certains se cachent dans l'attente du reflux du mouvement, pour reprendre leurs possessions ou leurs positions, et se venger. D'autres hésitent, tiraillés entre l'envie etla peur du changement. Une brèche de quelques jours ne suffira peut-être pas pour rompre le conditionnement hiérarchique de toute une vie. L'interruption des habitudes et des routines peut être libératrice, mais elle peut aussi désorienter. Tout se passe si vite qu'il est facile de paniquer. Même si vous avez réussi à garder votre calme, et même si ça peut paraître évident après coup, il n'est pas facile sur le moment de saisir tous les facteurs essentiels, et de les saisir assez vite pour prendre les bonnes décisions. Une des principales ambitions de ce texte est d'indiquer certains scénarios courants, pour que les gens soient prêts à reconnaître les occasions qui se présentent et à en profiter quand il en est encore temps.

Les situations radicales sont ces moments rares où le changement qualitatif devient vraiment possible. Bien loin d'être anormales, elles laissent voir à quel point nous sommes, la plupart du temps, anormalement refoulés. À la lumière de celles-ci, notre vie "normale" ressemble au somnambulisme.
Pourtant, parmi les nombreux livres qui ont été écrits sur les révolutions, il y en a peu qui ont vraiment quelque chose à dire sur de tels moments.
Ceux qui traitent des révoltes modernes les plus radicales se limitent généralement à la seule description. S'ils évoquent parfois ce qu'on ressent
à l'occasion de telles expériences, ils n'apportent rien quant aux tactiques à adopter. La plupart des études sur les révolutions bourgeoises ou
bureaucratiques ont encore moins de pertinence. Dans ces révolutions, où les "masses" n'ont joué qu'un rôle secondaire en tant que forces d'appui pour une direction ou pour une autre, on peut, dans une large mesure, analyser leur mouvements comme ceux de masses physiques, en utilisant les métaphores familières du flux et du reflux de la marée, de l'oscillation du pendule entre la radicalité et la réaction, etc. Mais une révolution antihiérarchique exige que les gens cessent d'être des masses homogènes et manipulables, qu'ils dépassent la servilité et l'inconscience qui les rendent objets de telles prévisions mécanistes.


L'AUTO-ORGANISATION POPULAIRE

Dans les années 60, on pensait généralement que la meilleure façon de favoriser une telle démassification était de former des "groupes d'affinité", c'est-à-dire des petites associations d'amis qui partagent des perspectives et un style de vie commun. Certes, de tels groupes présentent beaucoup d'avantages.
Ils peuvent former un projet et le réaliser sans délai; il est difficile de les infiltrer; et ils peuvent se mettre en relation avec d'autres groupes du même genre quand c'est nécessaire. Mais même en laissant de côté les pièges divers dans lesquels la plupart des groupes affinitaires des années 60 sont vite tombés, il faut reconnaître qu'il y a des matières qui exigent des organisations de grande envergure. Et à moins qu'ils ne réussissent à s'organiser d'une manière qui rende les chefs superflus, les grands rassemblements vont vite revenir à une forme ou une autre d'acceptation de la hiérarchie.

Une des façons les plus simples pour commencer à organiser une grande assemblée, c'est de faire la liste de tous ceux qui veulent dire quelque chose, chacun étant libre de parler de ce qu'il veut pendant une durée précise (l'assemblée de la Sorbonne et le rassemblement autour de la voiture de police à Berkeley ont établi une limitation de trois minutes, et de temps en temps on accordait une prolongation par acclamation). Certains des orateurs proposeront des projets précis qui mèneront à la constitution de groupes plus petits et plus opérationnels ("Nous comptons, moi et quelques autres, faire telle chose. Si vous voulez y participer, vous pouvez nous rejoindre à tel endroit à telle heure"). D'autres soulèveront des questions qui se rapportent aux objectifs de l'assemblée, ou à son fonctionnement (Qui va y participer? Avec quelle fréquence va-t-elle se réunir? Comment va-t-on s'y prendre en cas de nouveaux développements urgents dans l'intervalle? Qui sera chargé des tâches concrètes? Avec quel degré de responsabilité?). Dans ce processus, les participants reconnaîtront vite ce qui marche et ce qui ne marche pas, dans quelle mesure il faut rendre obligatoires et contrôler les mandats des délégués, si on a besoin d'un président pour faciliter le débat et pour que tout le monde ne parle pas en même temps, etc. Bien des modes d'organisation sont possibles. L'essentiel, c'est que toutes les questions restent ouvertes et soient traitées de manière démocratique et participative, que toute tendance hiérarchique ou manipulatrice soit immédiatement mise à jour et rejetée.

Malgré sa naïveté, ses confusions et l'absence de contrôle rigoureux sur ses délégués, le FSM est un bon exemple des tendances spontanées vers l'auto-organisation pratique qui apparaissent dans une situation radicale. Une vingtaine de comités se sont formées pour coordonner l'impression, les communiqués de presse, l'assistance judiciaire, pour trouver de la nourriture, des haut-parleurs et d'autres choses utiles, ou pour réunir les volontaires qui avaient signalé leurs compétences et leur disponibilité. Au moyen de réseaux téléphoniques (chacun appelle dix autres, dont chacun doit appeler à son tour dix autres...), il était possible de contacter à bref délai plus de vingt mille étudiants.

Mais au-delà des questions d'efficacité pratique, les révoltés enfonçaient toute la façade spectaculaire et goûtaient un peu de la vie réelle, de la communauté réelle. Un des participants a estimé qu'en l'espace de quelques mois il est parvenu à connaître, ne fût-ce que vaguement, deux ou trois mille personnes; et cela dans une université qui était connue pour avoir "transformé les gens en numéros". Un autre participant a écrit d'une manière
émouvante: "Affrontant une institution apparemment destinée à nous frustrer en dépersonnalisant et en bloquant la communication, une institution qui manquait d'humanité, de grâce et de sensibilité, nous avons trouvé, s'épanouissant en nous-mêmes, la présence dont nous déplorions au fond l'absence."(4)

Une situation radicale doit prendre de l'ampleur, ou s'effondrer. Dans certains cas exceptionnels, un lieu particulier peut servir de base permanente, de foyer pour la coordination, ou de refuge contre la répression. Sanrizuka, zone rurale près de Tokyo qui fut occupée par les agriculteurs dans les années 70 pour bloquer la construction d'un nouvel aéroport, a été défendue avec tant d'acharnement et tant de succès pendant des années qu'elle est devenue le quartier général de nombreuses luttes en cours dans tout le pays. Mais un lieu fixe favorise la manipulation, la surveillance et la répression, et le fait d'y être cloué pour le défendre interdit la liberté de mouvement. Les situations radicales se caractérisent toujours par une circulation intense. Alors qu'un certain nombre de gens convergent sur les endroits clé à l'affut des événements, d'autres se déploient de là dans toutes les directions pour étendre la contestation à d'autres régions.

Une mesure simple mais essentielle dans n'importe quelle action radicale, c'est que les participants communiquent ce qu'ils font réellement, et disent pourquoi ils le font. Même s'ils n'ont pas fait grand-chose, une telle communication est exemplaire en elle-même: elle relance le jeu sur une plus large échelle, incite à élargir la participation, et permet en outre de réduire les méfaits des rumeurs et des informations médiatiques, ainsi que l'influence des porte-parole auto-proclamés.

Cette communication représente également un pas essentiel vers l'auto-clarification.La proposition d'envoyer un communiqué commun entraîne des choix concrets: Avec qui voulons-nous communiquer? Dans quel but? Qui s'intéresse à ce projet? Qui est d'accord avec cette déclaration? Qui n'est pas d'accord? Sur quels points? Tout cela peut mener à une polarisation, dans la mesure où les gens envisagent les développements possibles de la situation, se mettent au clair, et se regroupent avec ceux qui pensent comme eux pour poursuivre divers projets.

Une telle polarisation clarifie la situation pour tout le monde. Chaque tendance reste libre de s'exprimer et de mettre ses idées en pratique, et les résultats peuvent se distinguer plus clairement que si des stratégies contradictoires étaient confondues dans des compromis où tout est réduit au plus petit dénominateur commun. Quand les gens prendront conscience de la nécessité de se coordonner, ils le feront. En attendant, la prolifération d'individus autonomes est bien plus fructueuse que cette "unité" superficielle et ordonnée d'en haut à laquelle nous appellent sans relâche les bureaucrates.

Le nombre rend parfois possible des actions qui seraient imprudentes pour des individus isolés. Et certaines actions collectives (des grèves ou des boycotts, par exemple) exigent que les gens agissent à l'unisson, ou au moins qu'ils n'aillent pas à l'encontre d'une décision majoritaire. Mais des individus ou des petits groupes peuvent se charger directement de beaucoup de choses. Mieux vaut battre le fer pendant qu'il est chaud que perdre son temps à essayer de réfuter les objections de masses de spectateurs qui restent encore sous l'emprise des manipulateurs.

[Extraits de "La Joie de la Révolution". Le texte intégral se trouve sur http://www.bopsecrets.org/French/joyrev.htm .]



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BUREAU OF PUBLIC SECRETS
P.O. Box 1044, Berkeley CA 94701, USA
http://www.bopsecrets.org

"
Faire danser les conditions pétrifiées en leur chantant leur propre mélodie."
[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

LES NOUVEAUX MISERABLES par Patrick Drevet

"Venez(...); laissons le roi dément,
Et ne parlementons qu'avec nos épées nues."

Edouard II - Marlowe

L'escroquerie gouvernementale étant un lieu commun, je passe sur cette évidence; elle rassemble ceux qui manifestent contre le Contrat Première Embauche, et masque une réalité sociale plus importante.

Cette réalité relève de la division des dépossédés, élaborée et accusée par les dirigeants de la société. Division factice entre les secteurs menacés de précarisation et les secteurs déjà au rebut, éliminés par l'économie moderne et que l'on trouve principalement dans les banlieues. Le mouvement contre le CPE a le mérite de rapprocher les deux, grâce à de Villepin, cet ambitieux maladroit, qui jette une lumière crue sur les projets des Etats modernes au service des spéculateurs. Mais ce regroupement est malheureusement fragile car dans les quartiers, beaucoup sont au moins lucides sur ce point: ils ont été abandonnés par l'Etat à pourrir sur place, et les consolations médiatiques ne les rassurent pas. Au surplus, chacun sait qu'aussitôt le CPE retiré, la plupart des étudiants et autres manifestants reprendraient le collier, soulagés. Mais soulagés par quoi? Par la conviction illusoire d'être encore quelque chose dans le monde, et de ne ressembler en rien à ceux qui n'ont plus rien.

Un des principaux ressorts de la politique actuelle des pays riches consiste à exploiter ce désir-là, qui est en même temps une peur: l'angoisse d'une génération de consommateurs transis qui voudrait tant être cajolée, justifiée, et que la publicité tienne ses promesses ; une génération qui a été élevée dans les réseaux serrés de la communication permanente mais virtuelle (portables, ordinateurs...) et qui ne supporte pas le silence - parce qu'elle ne supporte pas cette vérité féroce, qui crève les yeux : la République démocratique, progressiste et souriante (de moins en moins) a pour projet réel, déjà à l'oeuvre, de la traiter comme un déchet latent, comme elle traite n'importe quelle marchandise. Cette réalité est déjà celle des habitants des banlieues (dont les réactions logiques étonnent les bons citoyens!), et l'un d'eux l'a trés bien dit:"(...)ça veut dire que notre vie, elle a aucun prix, qu'on est...des tâches qu'on peut éliminer comme ça (...)". L'épouvante de ne plus exister socialement a saisi cette jeunesse candide, à juste titre.

Toutes les structures intégrantes ont disparu: racines familiales, Eglises, école jadis incontestée, métiers stables et qualifiés. C'est ce qu'a imposée la démocratie marchande qui veut aller plus loin et rompre toute continuité humaine pour établir une fluidité économique sans obstacle, servie par des politiciens narcissiques, de droite comme de gauche. Le "nomade", autrement dit l'homme atomisé, jeté au gré des besoins de l'économie et d'elle seule, devient un modèle publicitaire de comportement ; et l'homme quelconque, bourré de prothèses dans les pays riches, malade de son absence au monde et à lui-même, est à tout instant menacé de devenir un paria. Son pauvre destin est ainsi programmé par la croissance économique, si elle fonctionne "bien". On comprend qu'un tel bien nécessite de fausses oppositions pour apparaître crédible, et pour monter les uns contre les autres.

C'est pour cela que depuis le 23 mars, la puissance publique met le paquet contre les "casseurs" au nom des "bons manifestants", en particulier contre ceux qui viennent des banlieues, désignés comme des monstres et des émules de celui que l'on a popularisé sous le nom de "barbare de Bagneux", il y a un mois de cela. Il est vrai que quelques jeunes gens, sans doute venus des banlieues, attaquent des manifestants pour leur faucher leurs portables. Il est surtout vrai que cete réalité représente une opportunité pour les défenseurs de l'économie, qui manipulent cette force aveugle contre les plus démunis, à l'occasion qualifiés d'ennemis absolus, seulement fascinés par l'argent et la brutalité. Le 8 mars 2005, une manifestation lycéenne (et du même coup le mouvement lycéen d'alors) avait été brisée de la sorte. La même chose est aujourd'hui tentée par l'autorité ; elle devient un mode de régulation des oppositions ; et elle facilite la jonction officielle des services d'ordre syndicaux et policiers pour "protéger les bons manifestants". Collusion mafieuse assurant aux deux protecteurs un partage équitable des dividendes, négociés sous la table aux dépens des véritables intérêts du mouvement social. N'oublions pas que ces syndicalistes "représentatifs" ont capturé des jeunes gens et les ont livré aux policiers, ces mêmes policiers qui, le 18 mars, ont massacré et laissé pour mort l'ouvrier Cyril Ferez. Tout le monde semble l'avoir oublié.

Comment s'opposer à ces offensives de la puissance publique? Rien ne se fera sans la mise en oeuvre d'une extrême violence sociale, à la mesure de chacun, qui dénuderait les fils des marionnettes et autres manipulés. Décelant les ambitions des uns, la crédulité des autres, et commençant à révéler ce pourquoi les hommes sont sur la terre: pourquoi ils vivent, jouent, travaillent puis disparaissent. Quel sens donner à l'activité humaine? Pour commencer, au moins refuser de courber l'échine, et détruire, détruire tout ce qui fait d'un homme le maître d'un autre homme. Le CPE n'est qu'un moment, et trés infime, de ce combat. Il y a du travail, et pour longtemps.

Nantes, le 4 avril 2006

pour correspondance: Patrick Drevet - 2, rue du Trépied - 44000 Nantes

Tract repris et mis en ligne par le ouebmasseteur

[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

POUR EN FINIR AVEC LE TRAVAIL SALARIE - tract du 10 avril 2006 - par CGA 93 -OCL Paris-OLS
Coordination Groupes Anarchistes - Organisation Communiste Libertaire - Offensive Libertaire et Sociale

Le CPE a fait déborder la colère et l'inquiétude des étudiants et des salariés. Ce n'est en fait qu'un CNE version jeunes,généralisé à l'ensemble des entreprises. Les déjà précaires seront les premiers touchés par cette "concurrence".Beaucoup prennent conscience que de mesures spécifiques en contrats spécifiques,au nom de l'aide à des populations en difficulté,c'est tout le code du travail qui est progressivement démantelé. C’est un processus que rien ne peut arrêter,sinon une riposte massive des salariés ou futurs salariés. C’est pourquoi au-delà du CPE, il nous faut continuer à lutter pour en finir avec cette logique du profit et de la croissance. Cette lutte historique que nous vivons soulève ce qu ’on appelle la question sociale. Ces lignes abordent deux points qui nous paraissent impor- tants pour imaginer une lutte porteuse d’un changement réel de la société.

Le CPE est le petit dernier d ’une longue lignée
Il fait partie de tout un arsenal de contrats précaires lancés depuis au moins vingt ans par les gouvernements successifs. Face à cette nouvelle offensive patronale,beaucoup clament "non au CPE, oui au CDI". Le CPE est un contrat qui rend tout le monde précaire, qui s'attaque à l'ensemble du droit du travail, qui empêche les gens de gueuler contre leurs conditions de travail... Toutefois, il est important d'élargir la lutte. Le CDI n'est pas non plus la panacée, un rêve qui nous sauverait définitivement de la précarité. Même si personne n'est stupide au point de ne pas comprendre qu'un CDI, c'est toujours mieux qu'un CPE !

Mais, dans un moment de fortes mobilisations comme celui que nous vivons, il est utile de rappeler que toute l'année des gens luttent contre leurs conditions de travail, dépriment d'aller chaque jour au chagrin, stressent et sont anxieux face à leur machine, se tuent au travail …

Il y a des choses à ne pas oublier. Lorsqu'un-e patron-ne vous embauche,c'est pour réaliser du profit sur le travail que vous effectuez. Nous savons tous que ce n'est pas pour que nous nous offrions des vacances qu’il nous donne un salaire. C'est le principe de l'exploitation : essayer de payer un minimum ses salarié-e-s, pour réaliser des profits. Le CPE et toutes les lois qui sont passées auparavant s'inscrivent dans cette dynamique. Mais ce n'est pas parce que nos conditions de travail sont de pire en pire, qu'il faut se satisfaire de ce qu'on avait avant. Le travail reste la subordination à un patron, à une hiérarchie qui sous prétexte de compétences supérieures vous donne des ordres à longueur de journée.

Il faut en finir avec le mythe du plein emploi : du boulot, il n'y en aura pas pour tout le monde même en interdisant les boites, qui réalisent des profits, de licencier ! Le chômage est le propre du fonctionnement capitaliste. Ca s'appelle l'armée de réserve du capital. Plus il y a des chômeurs, plus la pression à la baisse sur les salaires est forte.

Enfin, critiquer le travail salarié, c'est un truc pour se demander à quoi sert le boulot qu'on fait. Est-il toujours vraiment utile ? Il y a un tas de tafs qui ne servent à rien ou qui sont même nuisibles à une vie en société qu'on voudrait plus sympathique : du genre construire des mines antipersonnelles, inventer des systèmes pour mieux contrôler les populations comme la biométrie, produire de l'électricité nucléaire et enfouir les déchets qui vont avec, acheter des actions à la bourse … Une pléiade de boulots inventés par le capitalisme mais dont on ne voudra jamais dans une société respectueuse de son environnement et des conditions sociales de chacun. Il faut continuer à nous battre pour arriver à construire une société où l’on produise en fonction de nos besoins et non pour alimenter les profits de ceux qui nous exploitent.

Bref,on est d'accord,"Non au CPE,Oui au CDI pour Combat à Durée Indéterminée".

Si la dictature c'est "Ferme ta gueule", la parodie de démocratie dans laquelle nous vivons, c'est "Cause toujours ". Trois millions de personnes dans la rue,une grande majorité de la population qui exige le retrait du CPE et du CNE, et l'attitude du pouvoir reste la même : on cogne, on désinforme et on passe en force.

Pourquoi ? Tout simplement parce que contrairement à ce qu'on nous bassine depuis des années, l'Etat n'a jamais eu pour fonction de défendre l'intérêt général. Il est le bras armé défendant les privilèges d'une minorité, sous le vernis démocratique, en essayant de nous convaincre que les intérêts de cette minorité de patrons, d'actionnaires et de politiciens, sont les nôtres. Pour y arriver, le pouvoir utilise des puissants relais : matraquage médiatique, rabâchages "civiques". On tente de nous faire croire que l'Etat est le garant de la démocratie, alors qu'au contraire, il est l'ennemi mortel de la démocratie réelle, celle qui s'exprime dans la rue, dans les entreprises et les quartiers.

La démocratie, au contraire, c'est le pouvoir du peuple. C'est à dire la capacité collective à gérer et organiser la société. Celles et ceux qui veulent présenter l'Etat comme un instrument neutre passent à côté de cette réalité fondamentale : tant qu'il existera des dominant-e-s et des dominé-e-s, il n'y aura pas de démocratie réelle mais juste une minorité de politicien-ne-s qui s'arrogent le droit de décider pour les autres. Tant que la "démocratie" consistera à faire un chèque en blanc tous les cinq ans, elle ne sera qu'un beau slogan sans réalité. Tant que la "démocratie"consistera à ce qu'une minorité gère les modalités de l'exploitation de la majorité, du vol des richesses que nous produisons par les actionnaires et les patrons, le "pouvoir du peuple" restera une illusion tragique sans réalité.

A l'opposé de cette conception, la démocratie directe fédéraliste repose sur quelques principes fondamentaux :
*l'élaboration collective des décisions, à la base, dans les assemblées de quartiers et de lieu de travail ou d'étude, par les travailleuses, les travailleurs et les usager-e-s.

*le mandatement, le contrôle et la révocabilité des mandats, ainsi que leur rotation : plutôt que des élus qui décident à notre place, la décision est prise dans les assemblées de base, portée par des mandatés, sous le contrôle permanent de ces assemblées qui peuvent les révoquer s'ils outrepassent leurs mandats.

*la libre association.La propriété collective des moyens de production et d'échange, pour remettre l'économie au service de toutes et tous avec pour seul objectif la satisfaction des besoins et non le profit, car l'égalité et la démocratie réelles, loin de l'illusion actuelle, ne sont pas compatibles avec l'existence de classes sociales et la domination d'une minorité de profiteurs sur la majorité.

Organisons-nous démocratiquement dans les luttes, dans les assemblées de grèves avec mandaté-e-s révocables.Les facs où les étudiants poussent à ce que leur mouvement soit le plus démocratique possible laissent présager d ’une société où l ’autorité de la hiérarchie serait absente. Finalement, ce que nous expérimentons est une autre manière de décider, sans dirigé-e-s ni dirigeant-e-s. Et nous voyons bien que cela est possible, comme l'ont vu les Argentin-e-s qui se sont organisés en assemblées de quartier et qui ont exproprié les patrons dans plusieurs dizaines d'usines,en 2001.

Cessons de croire aux hommes ou femmes providentiel-le-s, et à un changement par les urnes qui ne pourra être rien d'autre qu'un changement de dirigeant-e-s et une mascarade pseudo-démocratique. Prenons conscience de notre force, nous pouvons de rupture en rupture changer radicalement la société. Leur démocratie n'est pas la nôtre !

Coordination des Groupes Anarchistes 93 c/o Secrétariat fédéral 20 rue Terral .34000 Montpellier |liaison93@c-g-a.org |www.c-g-a.org
Offensive Libertaire et Sociale 21 ter rue Voltaire .75011 Paris |ols.paris@no-log.org |http://offensive.samizdat.net
Organisation Communiste Libertaire c/o "L'insurgé"B.P.70118 .95316 Saint Ouen L'Aumône |oclibertaire@hotmail.com |http://oclibertaire.free.fr
[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

APPEL DE RASPAIL

aux étudiants, chômeurs, salariés plus ou moins précaires, de France et de Navarre, à tous ceux qui sont ces jours-ci en lutte contre le Contrat Première Embauche, et peut-être contre bien plus que ça...
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Puisque nous parvenons de plus en plus précisément à envisager le moment où la Terre sera entièrement consumée par notre mode de vie,

Puisque les scientifiques en sont réduit à nous promettre la colonisation d’autres planètes à consommer,

Nous, salariés et étudiants, stabilisés ou occasionnels, de la région parisienne et d’ailleurs, occupants du Centre d’Étude des Modes d’Industrialisation au 4è étage de l’EHESS en ce premier jour du printemps, voulons réfléchir à ce que pourrait être une vie pérenne et souhaitable dans un autre monde fini.

Il nous semble impossible de poser la question de la précarité des emplois et des revenus monétaires sans poser aussi celle de la précarité de la survie humaine globale. En ces temps de désastre écologique très avancé, nous pensons qu’aucune position politique et aucune revendication qui n’intègre pas le caractère d’impasse du développement économique, de la croissance, ne peuvent avoir la moindre valeur.

Nous sommes donc à la fois fantastiquement utopistes et radicalement pragmatiques, bien plus pragmatiques au fond que tous les gestionnaires « crédibles » du capitalisme et des mouvements sociaux (quand UNEF rime avec MEDEF...).

Nous voulons briser le culte dont sont l’objet les créateurs d’emplois et de richesse, réhabilités avec le concours de la gauche dans les années 1980. Aucun discours sur l’exploitation et la précarité n’a de sens et d’efficacité s’il s’interdit de malmener comme ils le méritent ces « bienfaiteurs de la collectivité ».

Nous voulons aussi lever le tabou de ce mouvement anti-CPE : la perspective du plein-emploi, qui sous-tend la plupart des mots d’ordre et des revendications, n’est ni réaliste ni désirable.

Le travail humain, en Occident, est supprimé massivement par les machines et les ordinateurs depuis plusieurs dizaines d’années. Il n’a certes jamais été autre chose qu’une marchandise pour le capital, mais ce qui a changé au stade actuel du « progrès » technologique c’est que l’accumulation d’argent exige moins d’humains à exploiter qu’avant. Il faut se mettre dans la tête que le capitalisme ne peut plus créer assez d’emplois pour tous. Et reconnaître qu’en plus, ceux qu’il crée encore péniblement sont de plus en plus vides, déconnectés de nos besoins fondamentaux.

Dans ce système, la production matérielle est délocalisée vers les pays « en voie de développement », où se concentre ainsi le désastre écologique (même si nous ne sommes pas en reste...). Et chez nous, dans notre économie de services prétendument immatérielle, fleurissent les emplois de serviteurs : esclaves des cadences robotiques, domestiques des « services à la personne » (voir les récents plans Borloo), petits soldats du management.

Ce mouvement ne sera fort et porteur d’avenir que s’il fait entendre une critique lucide du travail moderne. Et s’il permet d’établir définitivement qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Loin de nous laisser abattre, nous voulons faire de ce constat une chance. Nous pensons qu’un mouvement social conséquent doit se donner pour but d’aider l’économie à s’effondrer. Le monde actuel ne connaît pas d’en-dehors, on ne peut pas espérer le fuir. Il faut donc patiemment y constituer des milieux de vie où l’on puisse produire ses moyens de subsistance sans le concours de la machinerie industrielle, et où émergent de nouveaux rapports humains, dégagés d’elle. Il faut dans le même temps entreprendre le démantèlement de pans entiers de l’appareil de production existant, inutiles ou nuisibles. Bien sûr, tout cela exige, dans nos discours comme dans nos pratiques, un rejet résolu de l’Etat et de ses repr ésentants, qui seront presque toujours des obstacles à nos projets d’autonomie.
Cessons de réclamer un emploi stable pour chacun !
(même s’il arrive à tout le monde de chercher du boulot ou de l’argent)
Que la crise s’aggrave !

Que la vie l’emporte !

Les occupants du Centre d’Etude des Modes d’Industrialisation (à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, bd Raspail à Paris), constitués en Comité Pour la Désindustrialisation du Monde, entre l’aube du 21 mars 2006 et le milieu de la nuit suivante.

http://www.infokiosques.net/imprimersans2.php3?id_article=332

[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]

AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE (un récit du 14 mars au 6 avril par un acteur du mouvement)

Depuis mardi soir (14 mars) les étudiants d’Avignon occupent l’un des deux grands amphis du site dit de Sainte-Marthe. Les AG regroupent dorénavant plus de 600 personnes (contre 200 au départ, sur près de 8000 étudiants), seule une quinzaine d’étudiants hostiles au mouvement étaient présents (mais la presse locale en a largement fait écho). A été décidé en AG le droit de vote pour les non-étudiants, ainsi qu’une motion demandant l’amnistie des émeutiers de novembre. L’AG a également décidé le blocage de l’université jeudi afin de permettre la mobilisation.

La manifestation du 16 a rassemblé environ 3000 lycéens et étudiants (et 200 salariés). Un tract intitulé « CPE ou CDI c’est toujours le STO ! » y a été largement distribué. On a pu entendre une partie des manifestants crier le slogan « Amine démago ! » (c’est le prénom du très médiatique et très incontournable leader de l’UNEF d’Avignon). Lors de la prise de parole sur la place du Palais des papes, un intervenant a tenu à préciser au micro que l’occupation et le blocage de la fac avait été décidés par l’AG et non pas par l’UNEF (qui s’en était vanté dans la presse locale).

Dans l’après-midi, une nouvelle AG (où seuls les possesseurs de cartes d’étudiants ont pu participer) a voté la reconduite du blocage pour le vendredi. Aujourd’hui la fac est donc bloquée (grilles cadenassées et obstruées par des palettes, bancs, poubelles etc.). Une AG doit se tenir aujourd’hui à 13 h.

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AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE (VOTE A BULLETINS SECRETS)

JEUDI 16 MARS.

A la suite de la manifestation des lycéens et étudiants contre le CPE, une AG s’est tenue à la fac (dans un premier temps il avait été annoncé qu’aucune AG n’aurait lieu). Suite à la décision de certains occupants, seuls les personnes en possession d’une carte d’étudiants de l’université d’Avignon sont autorisées à pénétrer dans la fac et à participer à l’AG (et en contradiction avec la décision de l’AG du 13 qui avait décidé d’autoriser les non-étudiants à participer aux débats et aux votes). Le reconduite du blocage pour le lendemain est décidée.

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VENDREDI 17 MARS.

Blocage de la fac et AG à 13 h. Les associations étudiantes d’Avignon et leurs élus (totalement absents jusqu’à présent) se sont mobilisés toute la matinée pour que la participation des opposants au blocage soit maximum. Les non-étudiant y sont systématiquement refoulés à l’entrée de l’université par les occupants-vigiles (certains étudiants sont surpris et choqués de cette « décision »). Des étudiants UNI-UMP d’Aix-en-Provence ont eux l’autorisation d’entrer. A 13 H, plus d’un millier d’étudiants participent à l’AG sur le parvis de la fac, les opposants au blocage sont majoritaires et très nerveux (excités par les jeunes UMP). L’AG est difficilement gérable. Il est décidé de continuer l’occupation durant le week-end (ce qui ne gêne personne) et dès lundi de mettre en place, en collaboration avec l’administration universitaire, un vote à bulletin.secret sur la possibilité d’un blocage partiel de l’université (uniquement le blocage des cours, pas celui de la BU ni du RU).

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SAMEDI 18 MARS.

Manifestation de près de 10 000 personnes à Avignon (majoritairement des salariés avec un gros cortège étudiants mais assez peu de lycéens) ce qui est un peu plus que lors de la journée du 7 mars (environ 8000 manifestants). Le leader de l’UNEF et des MJS d’Avignon, le très médiatique Amine, est la cible d’un autocollant placardé le long du parcours de la manif (sur un photo montage on y voit notamment Marie-José Roig, maire UMP, le féliciter de sa « crapulerie politichienne ») ; cela amuse beaucoup les manifestants (mise à part le cortège du PS). Un cortège étudiants/lycéens quitte ensuite la place du Palais occupe le pont de l’Europe bloquant la circulation (les flics et RG sont dégoûtés).

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LUNDI 20 MARS

Organisation à l’université d’Avignon d’un vote à bulletins secrets « pour » ou « contre » le blocage partiel de la fac (c’est-à-dire en laissant libre d’accès la BU, le RU et la cafet). L’administration apporte son soutien aux étudiants pour organiser le vote (urnes, listing des étudiants inscrits, surveillance…). Près de 3000 étudiants participent au scrutin (sur environ 7000 étudiants). Contre toute attente et à la surprise générale le « oui » au blocage l’emporte (1325 pour, 1219 contre) !

Le soir, une émission de RAJE (radio étudiante ») organise un débat entre une des occupantes de la fac et Florian Guingrich un jeune étudiant en école de commerce (?) qui lui est favorable au CPE… il ne sera pas précisé que ce Florian a été choisi pour ce débat, ni que jusqu’à l’année dernière il était responsable de l’UNI et des Jeunes UMP de Vaucluse.
Le président de l’université d’Avignon, Volle, qui avait appuyé de son mieux l’organisation du scrutin en espérant mettre un terme au mouvement anti-cpe local, déclarait à la presse après l’annonce des résultats du vote : « Il est très important d’avoir l’avis des étudiants, mais cette consultation est informelle et n’a rien de réglementaire ». Aurait-il tenu un tel discours si le « non » l’avait emporté ?

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MARDI 21 MARS

Depuis 7 h du matin, la fac d’Avignon est bloquée, aucun cours ou partiel ne s’y tient, le campus, la BU et le RU sont LIBRES D’ACCES POUR TOUS. A 13 h doit avoir lieu une AG.

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LUNDI 27 MARS : BLOCAGE CONTRE LE VOTE !

Alors qu’un vote à bulletin secret (avec l’appuie de l’administration) devait avoir lieu à l’Université d’Avignon « pour » ou « contre » le blocage, les occupants ont dans la nuit bloqué les entrées de la fac avec des chaînes, des parpaings et des amoncellements de palettes… pas de vote, pas de cours, pas de partiels, administration bloquée… durant la journée, plusieurs poignées d’opposants au blocages remontés à bloc par des militants de l’UNI (certains venus d’Aix) ont stagné devant le portail d’entrée.
A 14 h, alors que les opposants au blocage attendaient (parait-il) le renfort de militants UNI et FNJ, ses sont une centaine de lycéens jusque-là réunis en AG devant le Palais des papes, qui sont venus soutenir les occupants de la fac.
Dans la nuit, deux « micro-attaques » de fachos ont été repoussées par les occupants de la fac.

Une équipe de télévision de France 5, en contact avec l’UNEF, venue de Paris pour filmer la soirée et l’AG nocturne des occupants de la fac, a été obligée de quitter les lieux bredouille après une décision de l’AG (pas de journaliste, pas d’exception).

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MARDI 28 MARS : MANIFESTATION SAUVAGE

30 000 manifestants autour des remparts d’Avignon (on notera la forte présence de travailleurs du privé). L’Intersyndicale qui avait minimisé l’ampleur de la mobilisation et préparé un parcours bien inadéquat (rue Carreterie, rue Carnot, Place du Palais) doit finalement suivre le cortège étudiants/lycéen autour des remparts (le collectif étudiant avait annoncé ne pas vouloir respecter le trajet prévu par les syndicats).

Après les prises de paroles et le début de la dispersion s’est tenue place du Palais une AG interprofessionnelle à l’appel des occupants de la fac. Seules quelques centaines de personnes étaient présentes, majoritairement des étudiants et des lycéens. Sur proposition des étudiants, l’AG a décidé de la tenue d’AG interprofessionnelles quotidiennes dans l’université occupée (tous les jours à 19 H, la première devant avoir lieu mercredi).

L’AG a ensuite décidé de ne pas se disperser mais de partir en « manifestation sauvage » à travers la ville. Environ 300 personnes (étudiants, lycéens, chômeurs, salariés) ont pendant plusieurs heures déambulé dans le centre-ville cherchant (sans succès) à pénétrer dans l’ANPE puis dans la mairie, contournant avec succès le dispositif de barrières protégeant la préfecture pour gueuler sous les fenêtres du Préfet, puis occupant le Pont Daladier (sur le Rhône) un quart d’heure, repartant en sens inverse cinq minutes, puis revenant occuper le pont où la circulation venait d’être rétablie… Parmi les slogans gueulés par les manifestants : « grève générale sauvage illimitée ! », « la retraite au berceau ! », « CPE on s’en fout, on veut pas bosser du tout ! », « police nationale, milice du capital ! », « grève générale jus qu’à la mort du capital ! »… si les manifestants étaient crevés, les flics n’en pouvaient plus d’être ainsi baladés en tous sens…

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MERCREDI 29 MARS : LA DROITE A L’ASSAUT DE LA FAC

Les occupants et bloqueurs de la fac d’Avignon laissent pénétrer et se réunir dans les bâtiments les membres du CA de l’Université qui doivent prendre une décision sur le report des examens. Une contre manifestation d’environ 150 personnes hostiles au blocage fait face aux grilles ; il s’agit en fait d’étudiants inquiets pour leurs partiels très bien encadrés par des militants de l’UMP et de l’UNI (certains venus d’Aix) et soutenus par des militants du FNJ extérieurs à la fac. Dans la matinée, avec la complicité de membres de l’administration et d’un élu étudiant (« de gauche »), une centaine de ces manifestants pénètrent par surprise dans la fac et s’attaquent, pinces monseigneur en mains, aux chaînes et barricades qui bloquent les entrées ; les occupants, pris de cours, préfèrent ne pas faire usage de violence pour les repousser. Un long face à face débute alors (les menac es et insultes à caractère raciste à l’encontre du président de l’UNEF local fusent. Nombre d’opposants au blocage dégoûtés par la manipulation dont ils sont l’objet préfèrent quitter les lieux.
L’administration, qui vient de décider du report des examens en juin et de trois journées banalisées reprend, via ses vigiles, le contrôle des portes et interdit toute entrée.

Le soir, l’AG interpro décidée la veille se tient autour des grilles de l’université : les occupants bloqués à l’intérieur et des lycéens, étudiants et quelques salariés dans la rue.

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JEUDI 30 MARS : BLOCAGE DE ROUTES

La coordination nationale étudiante avait décidé d’organiser des blocages de routes, autoroutes, gares etc. dans toutes le pays ce jour là.

A 7 H du matin une équipe de personnes masquées et encagoulées bloque le principal carrefour d’Avignon (Route de Marseille et Rocade) par plusieurs barrages de pneus enflammés.

Dans la matinée, les occupants de la Fac d’Avignon ont barricadé le Pont Daladier (sur le Rhône) puis filtré la circulation en distribuant des tracts appelant à l’élargissement du mouvement aux salariés.

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VENDREDI 31 MARS

Dans la matinée, blocage du pont de l’Europe par des lycéens.

BLOCAGE DE LA GARE : A 12 h barbecue sur la place de l’Horloge et rendez-vous au même endroit à 13 h 30 pour les lycéens et étudiants. A la grande surprise des flics presque personnes n’est au rendez-vous… en fait un nouveau rdv circule en douce : par petits groupes discrets, tous à la gare à 14 h ! Les voies sont aussitôt occupées et le restent pendant une heure. Les flics dégagent les rails « gentiment », mais cherchent à interpeller quelques étudiants (qu’ils prennent pour des leaders) mais ceux-ci se carapatent à travers les voies.

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LUNDI 3 AVRIL : BLOCAGES DIVERS

L’UNIVERSITE a été occupée tout le week-end.

BLOCAGES DE PLUSIEURS LYCEES du département au petit matin : Aubanel (avec le soutien des occupants de la fac toute proche) et Mistral, Robert Shuman, Philippe de Girard (à 14 h), lycée agricole Pétrarque à Avignon, Alexandre Dumas à Cavaillon, LEP à Vedène, Benoit à L’Isle-sur-Sorgue.. plusieurs autres lycées ont vu leurs cours perturbés.

BLOCAGE DU COLLEGE ARAUSIO à Orange : Avec chaînes et barricades les collégiens ont bloqué leur établissement puis caillassé les flics qui voulaient intervenir (deux policiers blessés) avant de partir en manif vers le centre-ville. La police a procédé à 11 interpellations de collégiens (entre 13 et 16 ans).

BLOCAGE vers 11 h 30 du rond-point Ste-Anne par les lycéens du LEP de Vedène puis blocage du péage d’Avignon-Nord.

AG A LA FAC à 13H (étudiants, lycéens ainsi que des chômeurs et quelques salariés, 600 personnes).

BLOCAGES. Au départ de la fac, 400 personnes partent en manifestation, bloquent le carrefour de la route de Montfavet, puis le carrefour de la route de Marseille et la Porte Limbert. La manif repart et c’est la gare SNCF qui est envahie et les voies occupées. Les lycéens de Shuman qui viennent de bloquer la route de Tarascon rejoignent la manif.

TENTATIVE D’OCCUPATION D’UNE RADIO. Vers 18 h un groupe d’étudiants a tenté (sans succès) de pénétrer dans les locaux d’Avignon de RAJE (soi-disant « radio étudiante ») afin de prendre l’antenne. Comme lors des grèves de 2003, le traitement qu’ils font du mouvement actuel montre que les dirigeants de RAJE ont très clairement choisi leurs camp : celui du pouvoir.

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MARDI 4 AVRIL :

MANIFESTATION de 25 à 30 000 personnes à Avignon (départ de la fac, passage devant la gare SNCF, dispersion sur l’esplanade du Pont St. Benezet).

DEBORDEMENT DE LA MANIF. Arrivés au niveau de la porte St-Dominique (lycée Mistral) les occupants de la fac, qui sont en tête, tentent de dévier la manif vers le centre-ville. Environ un millier de manifestants (surtout des lycéens qui étaient majoritaires à cette endroit là, mais aussi pas mal de groupes de salariés, cheminots, postiers, enseignants, retraités…) quittent le parcours officiel. Rapidement, les services-d’ordre syndicaux et la police remettent de l’ordre dans tout çà et colmatent l’hémorragie.
Pendant une heure cet second cortège arpente les rues du centre-ville puis rejoint le gros des manifestants au Pont St-Bénézet.

AG INTERPRO. A l’issue de la manif, vers 13 h 30, a lieu à la fac une AG interprofessionnelle (à l’appel des occupants de la fac). 4 à 500 personnes présentes (beaucoup d’étudiants et de lycéens mais bien plus de salariés que lors de la première tentative d’AG interpro du 28 mars). Le déroulement est assez fastidieux et certains spécialistes citoyennistes de gauche profitent de l’occas pour ressortir leurs discours lénifiants.
L’AG vote ensuite (à la quasi-unanimité) l’expulsion des policiers des RG qui se trouvent dans l’amphie (ils sortent sous les hués et les rires).
L’AG procède alors a l’élaboration d’une plate-forme de revendications un peut longue et fourre-tout (tout le monde pouvant proposer des revendications au vote) : Retrait de la loi sur l’égalité des chances (CPE, apprentissage à 14 ans, travail de nuit à 15 ans…) du CNE, des Réformes Fillon sur l’Université, du protocole qui régit l’indemnisation des intermittents du spectacle… mais aussi démission du gouvernement, de Chirac, dissolution de l’assemblée nationale et de la Vème République… (il n’y a semble-t-il que la « légalisation du cannabis » qui ait été rejetée par l’AG).
L’AG décide ensuite de la poursuite du mouvement et d’un appel à la grève générale.
Il a également été décidé que tous les soirs à 19 h aurait lieu une AG interpro à la fac d’Avignon (toujours occupée).

ACTION BIDON. A la suite de l’AG, une vingtaine d’étudiants et lycéens menées par Amine (dirigeant de l’UNEF et des MJS d’Avignon) ont bombardé d’œufs la permanence du député-maire UMP Marie-Josée Roig.

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MERCREDI 5 AVRIL : LE MEDEF D’AVIGNON DEMENAGE !

Les locaux du MEDEF de Vaucluse (situés à l’extérieur d’Avignon) ont été déménagés en moins de 15 mn par 150 étudiants et lycéens.
La police est arrivée sur les lieux alors que les manifestants repartaient en direction de l’IUP tout proche et a procédé à 11 arrestations (10 lycéens et un étudiants). Les lycéens ont attendu que leurs parents viennent les chercher au commissariat et l’étudiant a été rapidement libéré. Sept d’entre eux devraient être convoqués la semaine prochaine.
Une manifestation a eu lieu devant le commissariat pour soutenir les interpellés.

On pouvait noter la présence surprenante de représentants de la CGT, de conseillers généraux et d’un gros contingent d’encravatés du PS… cela s’explique en fait par la présence, parmi les lycéens interpellés, du jeune Quentin Rodriguez qui n’est autre que le dirigeant départemental de l’UNL et l’un des secrétaires nationaux de cette organisation (mardi 28 mars, dans l’émission « C’est dans l’air » de France 5, on a pu le voir en train de cracher sur les occupants de la fac d’Avignon).

A noter aussi que les élèves du CFA, voisin des locaux du MEDEF, sont venus aider au rangement du mobilier patronal…

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JEUDI 6 AVRIL : blocages et tension.

Les grosses opérations de blocage de voies de communication prévues à Avignon ce matin ont été annulées car la situation était très tendue devant les lycées du centre-ville Mistral et Aubanel ; étudiants et lycéens ont préféré venir soutenir leurs camarades pour empêcher les cours. Déjà, la veille, à Aubanel, un « commando restreint d’adultes a provoqué des incidents pour tenter de faire entrer de force des élèves » (communiqué de la FCPE).
Dans la matinée une centaine de lycéen d’Avignon à tout de même bloqué la circulation sur les bords du Rhône tandis qu’à Carpentras, ceux de Fabre et Victor Hugo faisaient de même.

Après l’AG interpro du soir, 150 étudiants lycéens et salariés ont quitté la fac d’Avignon pour une manif sauvage dans le centre-ville. Les voies de la gare SNCF ont a nouveau (pour la troisième fois) été occupées pendant près d’une heure. La police a du déloger de manière assez musclée les manifestants (un étudiant a par exemple pris deux coups de rangers dans la tête) qui ont refusé malgré les sommations de quitter les rails et les quais. Le tout au cri de « police partout justice nulle part », « police nationale, milice du capital », « grève générale jusqu’au retrait total »… mais aussi de l’original « Vive le vent, vive le vent, vive le vandalisme ! Des coups d’pieds au MEDEF et des baffes aux p’tits chefs ! ». La manif sauvage, après avoir entonné l’Internationale, a repris vers le centre, les manifestants foutant des obstacles sur la route pour retarder les voitures de flics qui les suivaient. Après un passage devant la mairie ils sont allé demander des repas gratuits (ou aux frais de Chirac) dans deux hôtels restaurants de luxe proches du Palais des papes (la Mirande et Christian Etienne)… sans succès. Flics et RG n’en pouvaient plus. AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE

Depuis mardi soir (14 mars) les étudiants d’Avignon occupent l’un des deux grands amphis du site dit de Sainte-Marthe. Les AG regroupent dorénavant plus de 600 personnes (contre 200 au départ, sur près de 8000 étudiants), seule une quinzaine d’étudiants hostiles au mouvement étaient présents (mais la presse locale en a largement fait écho). A été décidé en AG le droit de vote pour les non-étudiants, ainsi qu’une motion demandant l’amnistie des émeutiers de novembre. L’AG a également décidé le blocage de l’université jeudi afin de permettre la mobilisation.

La manifestation du 16 a rassemblé environ 3000 lycéens et étudiants (et 200 salariés). Un tract intitulé « CPE ou CDI c’est toujours le STO ! » y a été largement distribué. On a pu entendre une partie des manifestants crier le slogan « Amine démago ! » (c’est le prénom du très médiatique et très incontournable leader de l’UNEF d’Avignon). Lors de la prise de parole sur la place du Palais des papes, un intervenant a tenu à préciser au micro que l’occupation et le blocage de la fac avait été décidés par l’AG et non pas par l’UNEF (qui s’en était vanté dans la presse locale).

Dans l’après-midi, une nouvelle AG (où seuls les possesseurs de cartes d’étudiants ont pu participer) a voté la reconduite du blocage pour le vendredi. Aujourd’hui la fac est donc bloquée (grilles cadenassées et obstruées par des palettes, bancs, poubelles etc.). Une AG doit se tenir aujourd’hui à 13 h.

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AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE (VOTE A BULLETINS SECRETS)

JEUDI 16 MARS.

A la suite de la manifestation des lycéens et étudiants contre le CPE, une AG s’est tenue à la fac (dans un premier temps il avait été annoncé qu’aucune AG n’aurait lieu). Suite à la décision de certains occupants, seuls les personnes en possession d’une carte d’étudiants de l’université d’Avignon sont autorisées à pénétrer dans la fac et à participer à l’AG (et en contradiction avec la décision de l’AG du 13 qui avait décidé d’autoriser les non-étudiants à participer aux débats et aux votes). Le reconduite du blocage pour le lendemain est décidée.

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VENDREDI 17 MARS.

Blocage de la fac et AG à 13 h. Les associations étudiantes d’Avignon et leurs élus (totalement absents jusqu’à présent) se sont mobilisés toute la matinée pour que la participation des opposants au blocage soit maximum. Les non-étudiant y sont systématiquement refoulés à l’entrée de l’université par les occupants-vigiles (certains étudiants sont surpris et choqués de cette « décision »). Des étudiants UNI-UMP d’Aix-en-Provence ont eux l’autorisation d’entrer. A 13 H, plus d’un millier d’étudiants participent à l’AG sur le parvis de la fac, les opposants au blocage sont majoritaires et très nerveux (excités par les jeunes UMP). L’AG est difficilement gérable. Il est décidé de continuer l’occupation durant le week-end (ce qui ne gêne personne) et dès lundi de mettre en place, en collaboration avec l’administration universitaire, un vote à bulletin.secret sur la possibilité d’un blocage partiel de l’université (uniquement le blocage des cours, pas celui de la BU ni du RU).

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SAMEDI 18 MARS.

Manifestation de près de 10 000 personnes à Avignon (majoritairement des salariés avec un gros cortège étudiants mais assez peu de lycéens) ce qui est un peu plus que lors de la journée du 7 mars (environ 8000 manifestants). Le leader de l’UNEF et des MJS d’Avignon, le très médiatique Amine, est la cible d’un autocollant placardé le long du parcours de la manif (sur un photo montage on y voit notamment Marie-José Roig, maire UMP, le féliciter de sa « crapulerie politichienne ») ; cela amuse beaucoup les manifestants (mise à part le cortège du PS). Un cortège étudiants/lycéens quitte ensuite la place du Palais occupe le pont de l’Europe bloquant la circulation (les flics et RG sont dégoûtés).

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LUNDI 20 MARS

Organisation à l’université d’Avignon d’un vote à bulletins secrets « pour » ou « contre » le blocage partiel de la fac (c’est-à-dire en laissant libre d’accès la BU, le RU et la cafet). L’administration apporte son soutien aux étudiants pour organiser le vote (urnes, listing des étudiants inscrits, surveillance…). Près de 3000 étudiants participent au scrutin (sur environ 7000 étudiants). Contre toute attente et à la surprise générale le « oui » au blocage l’emporte (1325 pour, 1219 contre) !

Le soir, une émission de RAJE (radio étudiante ») organise un débat entre une des occupantes de la fac et Florian Guingrich un jeune étudiant en école de commerce (?) qui lui est favorable au CPE… il ne sera pas précisé que ce Florian a été choisi pour ce débat, ni que jusqu’à l’année dernière il était responsable de l’UNI et des Jeunes UMP de Vaucluse.

Le président de l’université d’Avignon, Volle, qui avait appuyé de son mieux l’organisation du scrutin en espérant mettre un terme au mouvement anti-cpe local, déclarait à la presse après l’annonce des résultats du vote : « Il est très important d’avoir l’avis des étudiants, mais cette consultation est informelle et n’a rien de réglementaire ». Aurait-il tenu un tel discours si le « non » l’avait emporté ?

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MARDI 21 MARS

Depuis 7 h du matin, la fac d’Avignon est bloquée, aucun cours ou partiel ne s’y tient, le campus, la BU et le RU sont LIBRES D’ACCES POUR TOUS. A 13 h doit avoir lieu une AG.

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LUNDI 27 MARS : BLOCAGE CONTRE LE VOTE !

Alors qu’un vote à bulletin secret (avec l’appuie de l’administration) devait avoir lieu à l’Université d’Avignon « pour » ou « contre » le blocage, les occupants ont dans la nuit bloqué les entrées de la fac avec des chaînes, des parpaings et des amoncellements de palettes… pas de vote, pas de cours, pas de partiels, administration bloquée… durant la journée, plusieurs poignées d’opposants au blocages remontés à bloc par des militants de l’UNI (certains venus d’Aix) ont stagné devant le portail d’entrée.
A 14 h, alors que les opposants au blocage attendaient (parait-il) le renfort de militants UNI et FNJ, ses sont une centaine de lycéens jusque-là réunis en AG devant le Palais des papes, qui sont venus soutenir les occupants de la fac.
Dans la nuit, deux « micro-attaques » de fachos ont été repoussées par les occupants de la fac.
Une équipe de télévision de France 5, en contact avec l’UNEF, venue de Paris pour filmer la soirée et l’AG nocturne des occupants de la fac, a été obligée de quitter les lieux bredouille après une décision de l’AG (pas de journaliste, pas d’exception).

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MARDI 28 MARS : MANIFESTATION SAUVAGE

30 000 manifestants autour des remparts d’Avignon (on notera la forte présence de travailleurs du privé). L’Intersyndicale qui avait minimisé l’ampleur de la mobilisation et préparé un parcours bien inadéquat (rue Carreterie, rue Carnot, Place du Palais) doit finalement suivre le cortège étudiants/lycéen autour des remparts (le collectif étudiant avait annoncé ne pas vouloir respecter le trajet prévu par les syndicats).

Après les prises de paroles et le début de la dispersion s’est tenue place du Palais une AG interprofessionnelle à l’appel des occupants de la fac. Seules quelques centaines de personnes étaient présentes, majoritairement des étudiants et des lycéens. Sur proposition des étudiants, l’AG a décidé de la tenue d’AG interprofessionnelles quotidiennes dans l’université occupée (tous les jours à 19 H, la première devant avoir lieu mercredi).

L’AG a ensuite décidé de ne pas se disperser mais de partir en « manifestation sauvage » à travers la ville. Environ 300 personnes (étudiants, lycéens, chômeurs, salariés) ont pendant plusieurs heures déambulé dans le centre-ville cherchant (sans succès) à pénétrer dans l’ANPE puis dans la mairie, contournant avec succès le dispositif de barrières protégeant la préfecture pour gueuler sous les fenêtres du Préfet, puis occupant le Pont Daladier (sur le Rhône) un quart d’heure, repartant en sens inverse cinq minutes, puis revenant occuper le pont où la circulation venait d’être rétablie… Parmi les slogans gueulés par les manifestants : « grève générale sauvage illimitée ! », « la retraite au berceau ! », « CPE on s’en fout, on veut pas bosser du tout ! », « police nationale, milice du capital ! », « grève générale jus qu’à la mort du capital ! »… si les manifestants étaient crevés, les flics n’en pouvaient plus d’être ainsi baladés en tous sens…

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MERCREDI 29 MARS : LA DROITE A L’ASSAUT DE LA FAC

Les occupants et bloqueurs de la fac d’Avignon laissent pénétrer et se réunir dans les bâtiments les membres du CA de l’Université qui doivent prendre une décision sur le report des examens. Une contre manifestation d’environ 150 personnes hostiles au blocage fait face aux grilles ; il s’agit en fait d’étudiants inquiets pour leurs partiels très bien encadrés par des militants de l’UMP et de l’UNI (certains venus d’Aix) et soutenus par des militants du FNJ extérieurs à la fac. Dans la matinée, avec la complicité de membres de l’administration et d’un élu étudiant (« de gauche »), une centaine de ces manifestants pénètrent par surprise dans la fac et s’attaquent, pinces monseigneur en mains, aux chaînes et barricades qui bloquent les entrées ; les occupants, pris de cours, préfèrent ne pas faire usage de violence pour les repousser. Un long face à face débute alors (les menac es et insultes à caractère raciste à l’encontre du président de l’UNEF local fusent. Nombre d’opposants au blocage dégoûtés par la manipulation dont ils sont l’objet préfèrent quitter les lieux.
L’administration, qui vient de décider du report des examens en juin et de trois journées banalisées reprend, via ses vigiles, le contrôle des portes et interdit toute entrée.

Le soir, l’AG interpro décidée la veille se tient autour des grilles de l’université : les occupants bloqués à l’intérieur et des lycéens, étudiants et quelques salariés dans la rue.

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JEUDI 30 MARS : BLOCAGE DE ROUTES

La coordination nationale étudiante avait décidé d’organiser des blocages de routes, autoroutes, gares etc. dans toutes le pays ce jour là.

A 7 H du matin une équipe de personnes masquées et encagoulées bloque le principal carrefour d’Avignon (Route de Marseille et Rocade) par plusieurs barrages de pneus enflammés.

Dans la matinée, les occupants de la Fac d’Avignon ont barricadé le Pont Daladier (sur le Rhône) puis filtré la circulation en distribuant des tracts appelant à l’élargissement du mouvement aux salariés.

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VENDREDI 31 MARS

Dans la matinée, blocage du pont de l’Europe par des lycéens.

BLOCAGE DE LA GARE : A 12 h barbecue sur la place de l’Horloge et rendez-vous au même endroit à 13 h 30 pour les lycéens et étudiants. A la grande surprise des flics presque personnes n’est au rendez-vous… en fait un nouveau rdv circule en douce : par petits groupes discrets, tous à la gare à 14 h ! Les voies sont aussitôt occupées et le restent pendant une heure. Les flics dégagent les rails « gentiment », mais cherchent à interpeller quelques étudiants (qu’ils prennent pour des leaders) mais ceux-ci se carapatent à travers les voies.

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LUNDI 3 AVRIL : BLOCAGES DIVERS

L’UNIVERSITE a été occupée tout le week-end.

BLOCAGES DE PLUSIEURS LYCEES du département au petit matin : Aubanel (avec le soutien des occupants de la fac toute proche) et Mistral, Robert Shuman, Philippe de Girard (à 14 h), lycée agricole Pétrarque à Avignon, Alexandre Dumas à Cavaillon, LEP à Vedène, Benoit à L’Isle-sur-Sorgue.. plusieurs autres lycées ont vu leurs cours perturbés.

BLOCAGE DU COLLEGE ARAUSIO à Orange : Avec chaînes et barricades les collégiens ont bloqué leur établissement puis caillassé les flics qui voulaient intervenir (deux policiers blessés) avant de partir en manif vers le centre-ville. La police a procédé à 11 interpellations de collégiens (entre 13 et 16 ans).

BLOCAGE vers 11 h 30 du rond-point Ste-Anne par les lycéens du LEP de Vedène puis blocage du péage d’Avignon-Nord.

AG A LA FAC à 13H (étudiants, lycéens ainsi que des chômeurs et quelques salariés, 600 personnes).

BLOCAGES. Au départ de la fac, 400 personnes partent en manifestation, bloquent le carrefour de la route de Montfavet, puis le carrefour de la route de Marseille et la Porte Limbert. La manif repart et c’est la gare SNCF qui est envahie et les voies occupées. Les lycéens de Shuman qui viennent de bloquer la route de Tarascon rejoignent la manif.

TENTATIVE D’OCCUPATION D’UNE RADIO. Vers 18 h un groupe d’étudiants a tenté (sans succès) de pénétrer dans les locaux d’Avignon de RAJE (soi-disant « radio étudiante ») afin de prendre l’antenne. Comme lors des grèves de 2003, le traitement qu’ils font du mouvement actuel montre que les dirigeants de RAJE ont très clairement choisi leurs camp : celui du pouvoir.

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MARDI 4 AVRIL :

MANIFESTATION de 25 à 30 000 personnes à Avignon (départ de la fac, passage devant la gare SNCF, dispersion sur l’esplanade du Pont St. Benezet).

DEBORDEMENT DE LA MANIF. Arrivés au niveau de la porte St-Dominique (lycée Mistral) les occupants de la fac, qui sont en tête, tentent de dévier la manif vers le centre-ville. Environ un millier de manifestants (surtout des lycéens qui étaient majoritaires à cette endroit là, mais aussi pas mal de groupes de salariés, cheminots, postiers, enseignants, retraités…) quittent le parcours officiel. Rapidement, les services-d’ordre syndicaux et la police remettent de l’ordre dans tout çà et colmatent l’hémorragie.
Pendant une heure cet second cortège arpente les rues du centre-ville puis rejoint le gros des manifestants au Pont St-Bénézet.

AG INTERPRO. A l’issue de la manif, vers 13 h 30, a lieu à la fac une AG interprofessionnelle (à l’appel des occupants de la fac). 4 à 500 personnes présentes (beaucoup d’étudiants et de lycéens mais bien plus de salariés que lors de la première tentative d’AG interpro du 28 mars). Le déroulement est assez fastidieux et certains spécialistes citoyennistes de gauche profitent de l’occas pour ressortir leurs discours lénifiants.
L’AG vote ensuite (à la quasi-unanimité) l’expulsion des policiers des RG qui se trouvent dans l’amphie (ils sortent sous les hués et les rires).
L’AG procède alors a l’élaboration d’une plate-forme de revendications un peut longue et fourre-tout (tout le monde pouvant proposer des revendications au vote) : Retrait de la loi sur l’égalité des chances (CPE, apprentissage à 14 ans, travail de nuit à 15 ans…) du CNE, des Réformes Fillon sur l’Université, du protocole qui régit l’indemnisation des intermittents du spectacle… mais aussi démission du gouvernement, de Chirac, dissolution de l’assemblée nationale et de la Vème République… (il n’y a semble-t-il que la « légalisation du cannabis » qui ait été rejetée par l’AG).
L’AG décide ensuite de la poursuite du mouvement et d’un appel à la grève générale.
Il a également été décidé que tous les soirs à 19 h aurait lieu une AG interpro à la fac d’Avignon (toujours occupée).

ACTION BIDON. A la suite de l’AG, une vingtaine d’étudiants et lycéens menées par Amine (dirigeant de l’UNEF et des MJS d’Avignon) ont bombardé d’œufs la permanence du député-maire UMP Marie-Josée Roig.

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MERCREDI 5 AVRIL : LE MEDEF D’AVIGNON DEMENAGE !

Les locaux du MEDEF de Vaucluse (situés à l’extérieur d’Avignon) ont été déménagés en moins de 15 mn par 150 étudiants et lycéens.
La police est arrivée sur les lieux alors que les manifestants repartaient en direction de l’IUP tout proche et a procédé à 11 arrestations (10 lycéens et un étudiants). Les lycéens ont attendu que leurs parents viennent les chercher au commissariat et l’étudiant a été rapidement libéré. Sept d’entre eux devraient être convoqués la semaine prochaine.
Une manifestation a eu lieu devant le commissariat pour soutenir les interpellés.
On pouvait noter la présence surprenante de représentants de la CGT, de conseillers généraux et d’un gros contingent d’encravatés du PS… cela s’explique en fait par la présence, parmi les lycéens interpellés, du jeune Quentin Rodriguez qui n’est autre que le dirigeant départemental de l’UNL et l’un des secrétaires nationaux de cette organisation (mardi 28 mars, dans l’émission « C’est dans l’air » de France 5, on a pu le voir en train de cracher sur les occupants de la fac d’Avignon).

A noter aussi que les élèves du CFA, voisin des locaux du MEDEF, sont venus aider au rangement du mobilier patronal…

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JEUDI 6 AVRIL : blocages et tension.

Les grosses opérations de blocage de voies de communication prévues à Avignon ce matin ont été annulées car la situation était très tendue devant les lycées du centre-ville Mistral et Aubanel ; étudiants et lycéens ont préféré venir soutenir leurs camarades pour empêcher les cours. Déjà, la veille, à Aubanel, un « commando restreint d’adultes a provoqué des incidents pour tenter de faire entrer de force des élèves » (communiqué de la FCPE).
Dans la matinée une centaine de lycéen d’Avignon à tout de même bloqué la circulation sur les bords du Rhône tandis qu’à Carpentras, ceux de Fabre et Victor Hugo faisaient de même.

Après l’AG interpro du soir, 150 étudiants lycéens et salariés ont quitté la fac d’Avignon pour une manif sauvage dans le centre-ville. Les voies de la gare SNCF ont a nouveau (pour la troisième fois) été occupées pendant près d’une heure. La police a du déloger de manière assez musclée les manifestants (un étudiant a par exemple pris deux coups de rangers dans la tête) qui ont refusé malgré les sommations de quitter les rails et les quais. Le tout au cri de « police partout justice nulle part », « police nationale, milice du capital », « grève générale jusqu’au retrait total »… mais aussi de l’original « Vive le vent, vive le vent, vive le vandalisme ! Des coups d’pieds au MEDEF et des baffes aux p’tits chefs ! ». La manif sauvage, après avoir entonné l’Internationale, a repris vers le centre, les manifestants foutant des obstacles sur la route pour retarder les voitures de flics qui les suivaient. Après un passage devant la mairie ils sont allé demander des repas gratuits (ou aux frais de Chirac) dans deux hôtels restaurants de luxe proches du Palais des papes (la Mirande et Christian Etienne)… sans succès. Flics et RG n’en pouvaient plus. AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE

Depuis mardi soir (14 mars) les étudiants d’Avignon occupent l’un des deux grands amphis du site dit de Sainte-Marthe. Les AG regroupent dorénavant plus de 600 personnes (contre 200 au départ, sur près de 8000 étudiants), seule une quinzaine d’étudiants hostiles au mouvement étaient présents (mais la presse locale en a largement fait écho). A été décidé en AG le droit de vote pour les non-étudiants, ainsi qu’une motion demandant l’amnistie des émeutiers de novembre. L’AG a également décidé le blocage de l’université jeudi afin de permettre la mobilisation.

La manifestation du 16 a rassemblé environ 3000 lycéens et étudiants (et 200 salariés). Un tract intitulé « CPE ou CDI c’est toujours le STO ! » y a été largement distribué. On a pu entendre une partie des manifestants crier le slogan « Amine démago ! » (c’est le prénom du très médiatique et très incontournable leader de l’UNEF d’Avignon). Lors de la prise de parole sur la place du Palais des papes, un intervenant a tenu à préciser au micro que l’occupation et le blocage de la fac avait été décidés par l’AG et non pas par l’UNEF (qui s’en était vanté dans la presse locale).

Dans l’après-midi, une nouvelle AG (où seuls les possesseurs de cartes d’étudiants ont pu participer) a voté la reconduite du blocage pour le vendredi. Aujourd’hui la fac est donc bloquée (grilles cadenassées et obstruées par des palettes, bancs, poubelles etc.). Une AG doit se tenir aujourd’hui à 13 h.

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AVIGNON : BLOCAGE DE L’UNIVERSITE (VOTE A BULLETINS SECRETS)

JEUDI 16 MARS.

A la suite de la manifestation des lycéens et étudiants contre le CPE, une AG s’est tenue à la fac (dans un premier temps il avait été annoncé qu’aucune AG n’aurait lieu). Suite à la décision de certains occupants, seuls les personnes en possession d’une carte d’étudiants de l’université d’Avignon sont autorisées à pénétrer dans la fac et à participer à l’AG (et en contradiction avec la décision de l’AG du 13 qui avait décidé d’autoriser les non-étudiants à participer aux débats et aux votes). Le reconduite du blocage pour le lendemain est décidée.

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VENDREDI 17 MARS.

Blocage de la fac et AG à 13 h. Les associations étudiantes d’Avignon et leurs élus (totalement absents jusqu’à présent) se sont mobilisés toute la matinée pour que la participation des opposants au blocage soit maximum. Les non-étudiant y sont systématiquement refoulés à l’entrée de l’université par les occupants-vigiles (certains étudiants sont surpris et choqués de cette « décision »). Des étudiants UNI-UMP d’Aix-en-Provence ont eux l’autorisation d’entrer. A 13 H, plus d’un millier d’étudiants participent à l’AG sur le parvis de la fac, les opposants au blocage sont majoritaires et très nerveux (excités par les jeunes UMP). L’AG est difficilement gérable. Il est décidé de continuer l’occupation durant le week-end (ce qui ne gêne personne) et dès lundi de mettre en place, en collaboration avec l’administration universitaire, un vote à bulletin.secret sur la possibilité d’un blocage partiel de l’université (uniquement le blocage des cours, pas celui de la BU ni du RU).

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SAMEDI 18 MARS.

Manifestation de près de 10 000 personnes à Avignon (majoritairement des salariés avec un gros cortège étudiants mais assez peu de lycéens) ce qui est un peu plus que lors de la journée du 7 mars (environ 8000 manifestants). Le leader de l’UNEF et des MJS d’Avignon, le très médiatique Amine, est la cible d’un autocollant placardé le long du parcours de la manif (sur un photo montage on y voit notamment Marie-José Roig, maire UMP, le féliciter de sa « crapulerie politichienne ») ; cela amuse beaucoup les manifestants (mise à part le cortège du PS). Un cortège étudiants/lycéens quitte ensuite la place du Palais occupe le pont de l’Europe bloquant la circulation (les flics et RG sont dégoûtés).

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LUNDI 20 MARS

Organisation à l’université d’Avignon d’un vote à bulletins secrets « pour » ou « contre » le blocage partiel de la fac (c’est-à-dire en laissant libre d’accès la BU, le RU et la cafet). L’administration apporte son soutien aux étudiants pour organiser le vote (urnes, listing des étudiants inscrits, surveillance…). Près de 3000 étudiants participent au scrutin (sur environ 7000 étudiants). Contre toute attente et à la surprise générale le « oui » au blocage l’emporte (1325 pour, 1219 contre) !

Le soir, une émission de RAJE (radio étudiante ») organise un débat entre une des occupantes de la fac et Florian Guingrich un jeune étudiant en école de commerce (?) qui lui est favorable au CPE… il ne sera pas précisé que ce Florian a été choisi pour ce débat, ni que jusqu’à l’année dernière il était responsable de l’UNI et des Jeunes UMP de Vaucluse.

Le président de l’université d’Avignon, Volle, qui avait appuyé de son mieux l’organisation du scrutin en espérant mettre un terme au mouvement anti-cpe local, déclarait à la presse après l’annonce des résultats du vote : « Il est très important d’avoir l’avis des étudiants, mais cette consultation est informelle et n’a rien de réglementaire ». Aurait-il tenu un tel discours si le « non » l’avait emporté ?

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MARDI 21 MARS

Depuis 7 h du matin, la fac d’Avignon est bloquée, aucun cours ou partiel ne s’y tient, le campus, la BU et le RU sont LIBRES D’ACCES POUR TOUS. A 13 h doit avoir lieu une AG.

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LUNDI 27 MARS : BLOCAGE CONTRE LE VOTE !

Alors qu’un vote à bulletin secret (avec l’appuie de l’administration) devait avoir lieu à l’Université d’Avignon « pour » ou « contre » le blocage, les occupants ont dans la nuit bloqué les entrées de la fac avec des chaînes, des parpaings et des amoncellements de palettes… pas de vote, pas de cours, pas de partiels, administration bloquée… durant la journée, plusieurs poignées d’opposants au blocages remontés à bloc par des militants de l’UNI (certains venus d’Aix) ont stagné devant le portail d’entrée.
A 14 h, alors que les opposants au blocage attendaient (parait-il) le renfort de militants UNI et FNJ, ses sont une centaine de lycéens jusque-là réunis en AG devant le Palais des papes, qui sont venus soutenir les occupants de la fac.
Dans la nuit, deux « micro-attaques » de fachos ont été repoussées par les occupants de la fac.
Une équipe de télévision de France 5, en contact avec l’UNEF, venue de Paris pour filmer la soirée et l’AG nocturne des occupants de la fac, a été obligée de quitter les lieux bredouille après une décision de l’AG (pas de journaliste, pas d’exception).

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MARDI 28 MARS : MANIFESTATION SAUVAGE

30 000 manifestants autour des remparts d’Avignon (on notera la forte présence de travailleurs du privé). L’Intersyndicale qui avait minimisé l’ampleur de la mobilisation et préparé un parcours bien inadéquat (rue Carreterie, rue Carnot, Place du Palais) doit finalement suivre le cortège étudiants/lycéen autour des remparts (le collectif étudiant avait annoncé ne pas vouloir respecter le trajet prévu par les syndicats).

Après les prises de paroles et le début de la dispersion s’est tenue place du Palais une AG interprofessionnelle à l’appel des occupants de la fac. Seules quelques centaines de personnes étaient présentes, majoritairement des étudiants et des lycéens. Sur proposition des étudiants, l’AG a décidé de la tenue d’AG interprofessionnelles quotidiennes dans l’université occupée (tous les jours à 19 H, la première devant avoir lieu mercredi).

L’AG a ensuite décidé de ne pas se disperser mais de partir en « manifestation sauvage » à travers la ville. Environ 300 personnes (étudiants, lycéens, chômeurs, salariés) ont pendant plusieurs heures déambulé dans le centre-ville cherchant (sans succès) à pénétrer dans l’ANPE puis dans la mairie, contournant avec succès le dispositif de barrières protégeant la préfecture pour gueuler sous les fenêtres du Préfet, puis occupant le Pont Daladier (sur le Rhône) un quart d’heure, repartant en sens inverse cinq minutes, puis revenant occuper le pont où la circulation venait d’être rétablie… Parmi les slogans gueulés par les manifestants : « grève générale sauvage illimitée ! », « la retraite au berceau ! », « CPE on s’en fout, on veut pas bosser du tout ! », « police nationale, milice du capital ! », « grève générale jus qu’à la mort du capital ! »… si les manifestants étaient crevés, les flics n’en pouvaient plus d’être ainsi baladés en tous sens…

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MERCREDI 29 MARS : LA DROITE A L’ASSAUT DE LA FAC

Les occupants et bloqueurs de la fac d’Avignon laissent pénétrer et se réunir dans les bâtiments les membres du CA de l’Université qui doivent prendre une décision sur le report des examens. Une contre manifestation d’environ 150 personnes hostiles au blocage fait face aux grilles ; il s’agit en fait d’étudiants inquiets pour leurs partiels très bien encadrés par des militants de l’UMP et de l’UNI (certains venus d’Aix) et soutenus par des militants du FNJ extérieurs à la fac. Dans la matinée, avec la complicité de membres de l’administration et d’un élu étudiant (« de gauche »), une centaine de ces manifestants pénètrent par surprise dans la fac et s’attaquent, pinces monseigneur en mains, aux chaînes et barricades qui bloquent les entrées ; les occupants, pris de cours, préfèrent ne pas faire usage de violence pour les repousser. Un long face à face débute alors (les menac es et insultes à caractère raciste à l’encontre du président de l’UNEF local fusent. Nombre d’opposants au blocage dégoûtés par la manipulation dont ils sont l’objet préfèrent quitter les lieux.
L’administration, qui vient de décider du report des examens en juin et de trois journées banalisées reprend, via ses vigiles, le contrôle des portes et interdit toute entrée.

Le soir, l’AG interpro décidée la veille se tient autour des grilles de l’université : les occupants bloqués à l’intérieur et des lycéens, étudiants et quelques salariés dans la rue.

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JEUDI 30 MARS : BLOCAGE DE ROUTES

La coordination nationale étudiante avait décidé d’organiser des blocages de routes, autoroutes, gares etc. dans toutes le pays ce jour là.

A 7 H du matin une équipe de personnes masquées et encagoulées bloque le principal carrefour d’Avignon (Route de Marseille et Rocade) par plusieurs barrages de pneus enflammés.

Dans la matinée, les occupants de la Fac d’Avignon ont barricadé le Pont Daladier (sur le Rhône) puis filtré la circulation en distribuant des tracts appelant à l’élargissement du mouvement aux salariés.

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VENDREDI 31 MARS

Dans la matinée, blocage du pont de l’Europe par des lycéens.

BLOCAGE DE LA GARE : A 12 h barbecue sur la place de l’Horloge et rendez-vous au même endroit à 13 h 30 pour les lycéens et étudiants. A la grande surprise des flics presque personnes n’est au rendez-vous… en fait un nouveau rdv circule en douce : par petits groupes discrets, tous à la gare à 14 h ! Les voies sont aussitôt occupées et le restent pendant une heure. Les flics dégagent les rails « gentiment », mais cherchent à interpeller quelques étudiants (qu’ils prennent pour des leaders) mais ceux-ci se carapatent à travers les voies.

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LUNDI 3 AVRIL : BLOCAGES DIVERS

L’UNIVERSITE a été occupée tout le week-end.

BLOCAGES DE PLUSIEURS LYCEES du département au petit matin : Aubanel (avec le soutien des occupants de la fac toute proche) et Mistral, Robert Shuman, Philippe de Girard (à 14 h), lycée agricole Pétrarque à Avignon, Alexandre Dumas à Cavaillon, LEP à Vedène, Benoit à L’Isle-sur-Sorgue.. plusieurs autres lycées ont vu leurs cours perturbés.

BLOCAGE DU COLLEGE ARAUSIO à Orange : Avec chaînes et barricades les collégiens ont bloqué leur établissement puis caillassé les flics qui voulaient intervenir (deux policiers blessés) avant de partir en manif vers le centre-ville. La police a procédé à 11 interpellations de collégiens (entre 13 et 16 ans).

BLOCAGE vers 11 h 30 du rond-point Ste-Anne par les lycéens du LEP de Vedène puis blocage du péage d’Avignon-Nord.

AG A LA FAC à 13H (étudiants, lycéens ainsi que des chômeurs et quelques salariés, 600 personnes).

BLOCAGES. Au départ de la fac, 400 personnes partent en manifestation, bloquent le carrefour de la route de Montfavet, puis le carrefour de la route de Marseille et la Porte Limbert. La manif repart et c’est la gare SNCF qui est envahie et les voies occupées. Les lycéens de Shuman qui viennent de bloquer la route de Tarascon rejoignent la manif.

TENTATIVE D’OCCUPATION D’UNE RADIO. Vers 18 h un groupe d’étudiants a tenté (sans succès) de pénétrer dans les locaux d’Avignon de RAJE (soi-disant « radio étudiante ») afin de prendre l’antenne. Comme lors des grèves de 2003, le traitement qu’ils font du mouvement actuel montre que les dirigeants de RAJE ont très clairement choisi leurs camp : celui du pouvoir.

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MARDI 4 AVRIL :

MANIFESTATION de 25 à 30 000 personnes à Avignon (départ de la fac, passage devant la gare SNCF, dispersion sur l’esplanade du Pont St. Benezet).

DEBORDEMENT DE LA MANIF. Arrivés au niveau de la porte St-Dominique (lycée Mistral) les occupants de la fac, qui sont en tête, tentent de dévier la manif vers le centre-ville. Environ un millier de manifestants (surtout des lycéens qui étaient majoritaires à cette endroit là, mais aussi pas mal de groupes de salariés, cheminots, postiers, enseignants, retraités…) quittent le parcours officiel. Rapidement, les services-d’ordre syndicaux et la police remettent de l’ordre dans tout çà et colmatent l’hémorragie.
Pendant une heure cet second cortège arpente les rues du centre-ville puis rejoint le gros des manifestants au Pont St-Bénézet.

AG INTERPRO. A l’issue de la manif, vers 13 h 30, a lieu à la fac une AG interprofessionnelle (à l’appel des occupants de la fac). 4 à 500 personnes présentes (beaucoup d’étudiants et de lycéens mais bien plus de salariés que lors de la première tentative d’AG interpro du 28 mars). Le déroulement est assez fastidieux et certains spécialistes citoyennistes de gauche profitent de l’occas pour ressortir leurs discours lénifiants.
L’AG vote ensuite (à la quasi-unanimité) l’expulsion des policiers des RG qui se trouvent dans l’amphie (ils sortent sous les hués et les rires).
L’AG procède alors a l’élaboration d’une plate-forme de revendications un peut longue et fourre-tout (tout le monde pouvant proposer des revendications au vote) : Retrait de la loi sur l’égalité des chances (CPE, apprentissage à 14 ans, travail de nuit à 15 ans…) du CNE, des Réformes Fillon sur l’Université, du protocole qui régit l’indemnisation des intermittents du spectacle… mais aussi démission du gouvernement, de Chirac, dissolution de l’assemblée nationale et de la Vème République… (il n’y a semble-t-il que la « légalisation du cannabis » qui ait été rejetée par l’AG).
L’AG décide ensuite de la poursuite du mouvement et d’un appel à la grève générale.
Il a également été décidé que tous les soirs à 19 h aurait lieu une AG
interpro à la fac d’Avignon (toujours occupée).

ACTION BIDON. A la suite de l’AG, une vingtaine d’étudiants et lycéens menées par Amine (dirigeant de l’UNEF et des MJS d’Avignon) ont bombardé d’œufs la permanence du député-maire UMP Marie-Josée Roig.

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MERCREDI 5 AVRIL : LE MEDEF D’AVIGNON DEMENAGE !

Les locaux du MEDEF de Vaucluse (situés à l’extérieur d’Avignon) ont été déménagés en moins de 15 mn par 150 étudiants et lycéens.
La police est arrivée sur les lieux alors que les manifestants repartaient en direction de l’IUP tout proche et a procédé à 11 arrestations (10 lycéens et un étudiants). Les lycéens ont attendu que leurs parents viennent les chercher au commissariat et l’étudiant a été rapidement libéré. Sept d’entre eux devraient être convoqués la semaine prochaine.
Une manifestation a eu lieu devant le commissariat pour soutenir les interpellés.
On pouvait noter la présence surprenante de représentants de la CGT, de conseillers généraux et d’un gros contingent d’encravatés du PS… cela s’explique en fait par la présence, parmi les lycéens interpellés, du jeune Quentin Rodriguez qui n’est autre que le dirigeant départemental de l’UNL et l’un des secrétaires nationaux de cette organisation (mardi 28 mars, dans l’émission « C’est dans l’air » de France 5, on a pu le voir en train de cracher sur les occupants de la fac d’Avignon).

A noter aussi que les élèves du CFA, voisin des locaux du MEDEF, sont venus aider au rangement du mobilier patronal…

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JEUDI 6 AVRIL : blocages et tension.

Les grosses opérations de blocage de voies de communication prévues à Avignon ce matin ont été annulées car la situation était très tendue devant les lycées du centre-ville Mistral et Aubanel ; étudiants et lycéens ont préféré venir soutenir leurs camarades pour empêcher les cours. Déjà, la veille, à Aubanel, un « commando restreint d’adultes a provoqué des incidents pour tenter de faire entrer de force des élèves » (communiqué de la FCPE).
Dans la matinée une centaine de lycéen d’Avignon à tout de même bloqué la circulation sur les bords du Rhône tandis qu’à Carpentras, ceux de Fabre et Victor Hugo faisaient de même.

Après l’AG interpro du soir, 150 étudiants lycéens et salariés ont quitté la fac d’Avignon pour une manif sauvage dans le centre-ville. Les voies de la gare SNCF ont a nouveau (pour la troisième fois) été occupées pendant près d’une heure. La police a du déloger de manière assez musclée les manifestants (un étudiant a par exemple pris deux coups de rangers dans la tête) qui ont refusé malgré les sommations de quitter les rails et les quais. Le tout au cri de « police partout justice nulle part », « police nationale, milice du capital », « grève générale jusqu’au retrait total »… mais aussi de l’original « Vive le vent, vive le vent, vive le vandalisme ! Des coups d’pieds au MEDEF et des baffes aux p’tits chefs ! ». La manif sauvage, après avoir entonné l’Internationale, a repris vers le centre, les manifestants foutant des obstacles sur la route pour retarder les voitures de flics qui les suivaient. Après un passage devant la mairie ils sont allé demander des repas gratuits (ou aux frais de Chirac) dans deux hôtels restaurants de luxe proches du Palais des papes (la Mirande et Christian Etienne)… sans succès. Flics et RG n’en pouvaient plus.

[Sommaire du dossier SPECIAL CPE]