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Extrait de Courant alternatif n° 252 (été 2015)

La scission d’Areva, nouvelle péripétie dans l’histoire mouvementée du nucléaire français

samedi 15 août 2015, par ocl-lyon

Avec 4,8 milliards d’euros de pertes en 2014 et des provisions qui s’enchaînent, les comptes d’Areva n’en finissent pas de s’enfoncer dans le rouge. Cet accident industriel et financier (près de 8 milliards d’euros de pertes cumulées depuis quatre ans : -2,4 en 2011, -0,1 en 2012, -0,5 en 2013), ce “Crédit Lyonnais en puissance”, est devenu aujourd’hui un dossier politique. Le gouvernement, qui exige une « refonte de la filière nucléaire », envisage une recapitalisation de l’entreprise et somme Areva et EDF de s’entendre.

L’industrie nucléaire est intimement liée à l’Etat

Alors que l’atome représente 75% de la production électrique du pays avec 58 réacteurs en activité, et représente des dizaines de milliers d’emplois, le gouvernement ne pouvait pas ne pas sauver l’un des trois piliers de la filière française, avec EDF et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
Car l’industrie nucléaire est intimement liée à l’Etat, qui détient 87% d’Areva et 84,5% d’EDF.
En fait, il a toujours été à la manœuvre. Dès mars 1945, Raoul Dautry (alors ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme du gouvernement provisoire) informa le général de Gaulle (alors président du gouvernement provisoire) que le nucléaire bénéficierait à la reconstruction ainsi qu’à la Défense nationale. C’est ainsi que le général de Gaulle chargea Raoul Dautry et Frédéric Joliot de proposer une organisation de l’industrie française du nucléaire. De Gaulle crée le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) le 18 octobre 1945. Lors du Conseil de défense qui se tient le 17 juin 1958, il met un terme au projet de coopération nucléaire franco-germano-italienne initié en 1957 et accélère le programme nucléaire national en confirmant la date de la première expérience française.

Au début des années 1960 la commission pour la Production d’électricité d’origine nucléaire ou commission PEON, une commission consultative auprès du gouvernement français créée en 1955 afin d’évaluer les coûts liés à la construction de réacteurs nucléaires, préconise le développement de l’énergie nucléaire pour pallier le manque de sources énergétiques nationales. Deux positions vont alors s’affronter : celle du CEA qui préconise la filière UNGG et celle de EDF qui souhaite développer la filière américaine, uranium enrichi et eau sous pression des REP. Suite à la décision interministérielle du 13 novembre 1969, où la filière UNGG est abandonnée au profit des réacteurs à eau légère, EDF est autorisé à construire deux REP à Fessenheim, au lieu des deux UNGG prévus. Ils seront raccordés au réseau en 1977.
Même après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, la construction de réacteurs en série se poursuit et la France consolide son modèle électrique "tout nucléaire". Tout juste François Mitterrand stoppe-t-il en 1981 le chantier de la centrale de Plogoff dans le Finistère, cible d’une vive contestation populaire.
Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, la donne change. La critique de l’exception française du nucléaire monte en puissance. Les recherches ne s’arrêtent pas pour autant autour de la technologie dite de 3ème génération, qui aboutira à la mise au point par Areva de l’EPR, toujours avec le soutien de l’Etat.
En parallèle, l’opposition s’intensifie contre le réacteur Superphénix (Rhône), qui divise Verts et socialistes. Superphénix est définitivement arrêté en 1998 par le gouvernement Jospin, auquel participent les Verts.
La France croît au "renouveau" du nucléaire dans le monde mais EDF et Areva, duellistes de l’atome français, se tirent dans les pattes à l’international, sans que l’Etat ne fasse la police.

Mais la catastrophe de Fukushima en 2011 relance les interrogations sur la filière. Le marché du nucléaire s’effondre et peine depuis à se relever, pénalisant EDF et Areva dont les débouchés se tarissent. L’effondrement des cours de l’uranium accentue les difficultés d’Areva. François Hollande est élu président en 2012. Pour obtenir le soutien des écologistes, il a promis la fermeture d’ici 2017 de la centrale de Fessenheim. La loi sur la transition énergétique prévoit une réduction à 50% de la part du nucléaire dans le système électrique.

Du CEA industrie à Areva

En 1983, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) est autorisé par décret à faire apport de l’ensemble de ses parts de capital d’entreprises industrielles à la Société des participations du CEA, alors dénommée CEA Industrie. De 1983 à 2001, CEA Industrie pilote les activités industrielles et commerciales du CEA, et contrôle notamment la COGEMA, Framatome et Technicatome. En juin 2001 est créée l’entreprise Topco, réunissant Cogema, Framatome et CEA Industrie. En septembre 2001, la société abandonne le nom commercial "Topco" pour celui d’Areva.

La société AREVA est donc née quand la holding du CEA est passée du rôle de simple holding financière à celui de holding industrielle, avec directoire et conseil de surveillance. Anne Lauvergeon, PDG de la COGEMA devient présidente du directoire d’Areva. En 2006, le groupe Areva décide d’imposer une dénomination unique à toutes ses sociétés de premier rang : COGEMA est renommée Areva NC, Framatome ANP est renommée Areva NP et Technicatome est renommée Areva TA. Jusqu’en 2010, Areva est organisée autour de 4 pôles (le pôle Amont, le pôle Réacteurs et Services, le pôle Aval et le pôle T&D Transmission et Distribution). Le pôle de transmission et de distribution d’électricité (T&D) regroupait des activités de production, d’installation et de maintenance des équipements ainsi que les opérations de transmission et distribution d’électricité, en haute et moyenne tension. T&D a été vendu en juin 2010 aux groupes industriels Alstom et Schneider Electric.

En 2010, Areva adopte une nouvelle organisation divisée en cinq « Business Groups » (groupes d’affaires) : BG Mines, BG Amont, BG Réacteurs et Services, BG Aval, BG Énergies Renouvelables. Chacun de ces "Business Groups" sont eux-mêmes subdivisés en « business units » (unité d’affaires). Areva a par ailleurs créé une direction Ingénierie et Projets transverse aux activités nucléaires et renouvelables.

Les métiers d’Areva

Areva est un des premiers producteurs mondiaux d’uranium, matière première indispensable de la technologie nucléaire. Le groupe possède de nombreuses mines (notamment au Canada, Kazakhstan et en Afrique) qui lui ont permis de produire 9 470 tonnes d’uranium en 2014. La division chargée d’explorer de nouveaux gisements, d’extraire et traiter le minerai d’uranium a réalisé 16 % du chiffre d’affaires total du groupe et emploie 5 000 personnes.
Afin d’utiliser l’uranium comme combustible pour les réacteurs nucléaires, celui-ci doit d’abord être purifié puis enrichi avant d’être assemblé dans une structure en zirconium. Areva est l’un des leaders mondiaux dans toutes ces étapes qui se situent en amont du cycle nucléaire. Le groupe fournit environ 2 000 tonnes de combustibles par an, principalement à des centrales en Europe (France, Allemagne et Belgique) mais aussi aux États-Unis. Soit 27 % du chiffre d’affaires d’Areva en 2014, pour une part de marché mondial de 35%. Cette division emploie 8 000 salariés dans le monde.

Aspect méconnu d’Areva, le groupe public est le leader mondial des métiers de l’aval du cycle du combustible nucléaire. Spécialiste du recyclage, Areva est capable de fabriquer de nouveaux combustibles à partir de matières déjà utilisées. Le groupe propose aussi des solutions de gestion des déchets nucléaires, de logistique et de démantèlement des sites. Areva a notamment été appelé pour sécuriser la centrale de Fukushima. Ces activités ont représenté 18 % du chiffre d’affaires d’Areva en 2014 et comptent 12 000 salariés dans le monde.

En plus de ses activités nucléaires, Areva développe un portefeuille d’activités autour de quatre énergies renouvelables : l’éolien en mer, la bioénergie, le solaire thermique à concentration (CSP) et le stockage d’énergie. Le groupe construit et gère notamment des éoliennes installées en mer, des centrales solaires ou utilisant les bioénergies. Si elles sont en progression, ces activités représentent toutefois moins de 2% des ventes d’Areva, soit environ une centaine de millions d’euros.

Les concurrents d’Areva dans le monde

Fin 2011, Areva présentait le plan stratégique du groupe pour la période 2012-2016. Le Président du Directoire déclarait alors : « notre plan fonde sa dynamique sur notre confiance en l’avenir des énergies nucléaire et renouvelable. Il vise à conforter notre leadership sur ce marché, à faire de nous un acteur de référence dans les énergies renouvelables et à nous donner les moyens d’y parvenir ». Areva misait sur un doublement de la demande mondiale d’énergie à l’horizon 2050 entraîné par la croissance économique des pays émergents et le développement de nouveaux besoins en électricité (transports individuels et collectifs, technologies de l’information), la nécessité d’assurer l’indépendance énergétique des pays, la lutte contre le changement climatique avec la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Areva. Plus conservateur dans ses prévisions que l’Agence Internationale de l’Energie, le groupe anticipait une croissance de 2,2 % par an pour atteindre 583 GWe nucléaires installés à l’horizon 2030 contre 378 GWe en 2011.

Malgré la catastrophe de Fukushima, une trentaine de pays frappent à la porte du club des Etats nucléaires. Le cabinet Roland Berger Strategy Consultants estime que le nombre de réacteurs passera de 435 à 489 d’ici à 2030, soit une hausse de 26 % de la capacité installée (+ 100 gigawatts). Ce qui ne fait pas un « gâteau » énorme à se partager dans les quinze prochaines années sur un marché de plus en plus concurrentiel.

« Certains concurrents, comme Rosatom par exemple, sont beaucoup plus intégrés [qu’Areva] », soulignait mi-mars le ministre de l’économie dans Le Figaro. Si la Russie a fait de gros efforts depuis la catastrophe de Tchernobyl (1986) pour atteindre les standards de sûreté internationaux, ni sa gouvernance ni sa transparence financière (normes IFRS, etc.) ne permettent de considérer Rosatom comme une entreprise normale. Issue du ministère de l’énergie (Minatom) et dirigée par un ancien premier ministre de Boris Eltsine, cette agence fédérale, composée de nombreuses sociétés spécialisées, est une sorte d’Etat dans l’Etat. Elle contrôle toutes les activités civiles et militaires, assure une partie de la recherche comme le Commissariat à l’énergie atomique en France (CEA), fabrique tous les équipements et le combustible, assure les services nucléaires, produit de l’électricité et retraite les combustibles usés. Comme si, peu ou prou, EDF, le CEA et Areva formaient la même entreprise.

Aux Etats-Unis, l’intégration y est faible et les rôles très partagés. Les exploitants de centrales, nombreux et de taille moyenne (Exelon, Duke Energy…), ont confié la maîtrise d’ouvrage à des spécialistes comme Bechtel ou Shaw, et la fourniture des grands composants et du combustible à General Electric (GE) et Westinghouse (racheté par Toshiba en 2006), comme le faisait l’ex-Framatome en France. Quant à l’enrichissement, il est assuré par l’USEC (United States Enrichment Corporation), une société privée très suivie par le gouvernement fédéral pour des raisons de sûreté.

En Corée du Sud, la volonté de l’Etat de développer un ambitieux programme électronucléaire national, dès la fin des années 1950, a conduit à une forte intégration. Kepco (préféré au consortium français à Abou Dhabi en 2009) produit de l’électricité nucléaire à travers sa filiale KHNP (Korea Hydro & Nuclear Power), dispose de sa propre ingénierie (Kopec), fabrique aussi du combustible et assure la conception et la maintenance de ses centrales. Seule lui échappe la fabrication des grands composants (cuves, générateurs de vapeur…), confiée à la société privée Doosan. Contrôlé par l’Etat à 51 %, Kepco bénéficie aussi de facilités de financements publics.

Au Japon, il existe plusieurs exploitants (Tepco, Kansai, Shikoku…) de centrales nucléaires, comme en Allemagne (E.ON, RWE, EnBW…), mais chacun a choisi un grand fournisseur et un architecte-ensemblier capable de concevoir toute la centrale. Dans le sud de l’archipel, ils ont fait affaire avec Mitsubishi Heavy Industries avec des réacteurs sous licence Westinghouse, qui a fourni des centrales clés en main aux électriciens. Dans le nord, ces derniers ont fait appel à Hitachi et Toshiba avec des réacteurs GE, qui leur ont livré les centrales. Il y a un mouvement de concentration dans l’univers nucléaire civil chinois, notamment avec le rapprochement en cours des deux plus grands groupes d’électricité, la Compagnie nucléaire nationale chinoise (CNNC), et la China General Nuclear Power Corporation (CGN), qui développent en commun un réacteur de troisième génération concurrent de l’EPR français. Le premier assure le rôle de recherche dévolu au CEA en France, mais il a aussi lancé le réacteur civil (Qinshan 1) en 1991, première réalisation concrète de l’ambition électronucléaire affichée dès 1983 par Deng Xiaoping. L’autre grand acteur, CGN, est né d’une initiative de la province du Guangdong et s’est construit sur le modèle EDF (architecte-ensemblier et exploitant). Il est passé sous le contrôle de l’Etat central en 2012. Mais les composants des centrales chinoises sont fabriqués par des industriels comme Dongfang Electric.

Les raisons d’une déroute

L’une des causes de la déroute : « un manque d’adaptation à l’évolution des marchés après l’accident de Fukushima », affirme Philippe Varin, président d’Areva. Après la catastrophe de 2011 au Japon, le marché du nucléaire a ralenti. Plusieurs pays ont arrêté tout programme nucléaire, d’autres ont annoncé des moratoires. Areva perd alors ses clients allemands et japonais. En mars dernier, Philippe Knoche, le directeur général d’Areva, a reconnu « une stagnation durable des activités ».

Areva accumule les retards, voire même les échecs. La réglementation ESPN, "équipements sous pression nucléaire", est créée en 2005. Elle impose aux matériaux de pouvoir se déformer sans se rompre, et résister à la propagation d’une fissure. Problème : le fond de la cuve de l’EPR de Flamanville, construit par Areva et EDF, ne répond pas à ces normes. Une anomalie jugée "très sérieuse" par l’Autorité de sûreté du nucléaire. Le réacteur de troisième génération ne sera pas inauguré avant 2016, soit avec quatre ans de retard. La construction de l’EPR d’Olkiluoto 3 en Finlande est un fiasco. Sur ce chantier, Areva s’improvise constructeur de centrale alors qu’il est fournisseur d’équipements. Le chantier reste comme l’un des plus grands échecs industriels français, rappelle Les Echos. Montant de la perte : 4,6 milliards d’euros. Années de retard : neuf. Areva voulait vendre dix EPR avant 2016. Le compteur est bloqué à deux. EDF est en négociations avec Londres pour construire deux unités en Grande-Bretagne. Mais le groupe n’a pas été retenu dans aucun des autres appels d’offres en cours au début des années 2010.

L’investissement financier d’Areva tourne mal. En 2007, l’équipementier achète la société minière canadienne UraMin pour 1,8 milliard d’euros. Elle doit permettre de sécuriser l’approvisionnement en uranium, qui sert de combustible nucléaire. Mais UraMin est déprécié, et les investissements sur les gisements acquis le sont aussi. En cause : les difficultés d’exploitation des gisements et la baisse des cours, particulièrement après Fukushima.

Un plan de sauvetage

Le gouvernement doit répondre à plusieurs grands enjeux : assurer le bon fonctionnement et la coûteuse modernisation des 58 réacteurs du parc EDF (55 milliards d’euros d’ici à 2025), maintenir la France dans le peloton de tête des pays exportateurs d’équipements nucléaires et sauver les quelque 200 000 emplois directs et indirects d’une filière aussi stratégique que celle de l’aéronautique. « Le gouvernement souhaite une chose simple, c’est garantir la pérennité des entreprises dans cette filière nucléaire. »

« L’enjeu, c’est non pas de répondre à une difficulté financière que pourrait rencontrer Areva, mais de pouvoir restructurer l’ensemble de la filière pour la doter d’une nouvelle perspective », indique l’entourage du président François Hollande.
Lors du conseil d’administration du 2 mars 2015 qui a arrêté les comptes clos au 31 décembre 2014, Philippe Varin, Président du Conseil d’Administration déclarait : « Au nom du Conseil d’Administration, je salue le travail effectué par le groupe AREVA pour établir un diagnostic précis de la situation et élaborer un plan de transformation à la hauteur des enjeux. AREVA possède des savoir-faire reconnus dans le monde entier, et la France a besoin d’une filière nucléaire forte. Le groupe doit désormais suivre le cap du redressement en réalisant des efforts très importants (…) ».

Philippe Knoche, Directeur Général, ajoutait : « L’ampleur de la perte nette de l’exercice 2014 illustre le double défi auquel AREVA est confronté : stagnation durable des activités nucléaires, manque de compétitivité et difficile gestion des risques inhérents aux grands projets. Le groupe a pris la mesure de la gravité de la situation. Il a entrepris depuis novembre 2014 une revue stratégique complète de ses activités, et l’a fait sans concession. AREVA peut ainsi annoncer un plan de transformation cohérent qui fixe pour toutes les équipes, un cap exigeant mais réaliste sur le plan économique.
Tout d’abord, AREVA va se recentrer sur son coeur de métier, la maîtrise des procédés nucléaires clés pour le fonctionnement du parc mondial. Ce recentrage stratégique conduira à la révision de certaines ambitions, que ce soit dans la conduite des projets de nouveaux réacteurs ou dans les énergies renouvelables. L’objectif d’AREVA c’est d’atteindre l’excellence en tant que fournisseur de produits et services à très forte valeur ajoutée.
Ensuite, AREVA, dont les moyens avaient été dimensionnés pour accompagner une croissance à court terme du nucléaire, doit s’adapter aux nouvelles réalités du marché et redevenir compétitif. L’urgence pour le groupe est de sortir de la crise qu’il traverse et d’assurer son avenir avec le lancement immédiat d’un plan de compétitivité ambitieux, fondé sur la simplification des organisations, la qualité des opérations, et une toute nouvelle approche de la gestion des risques pour les grands projets. »

Première conséquence : une augmentation des provisions pour opérations de fin de cycle (6 985 millions d’euros contre 6 437 millions d’euros au 31 décembre 2013) consécutive aux « lettres de suite » reçues aux premier et second semestres 2014 de l’autorité administrative, pour renforcer la couverture des incertitudes relatives aux opérations de démantèlement et de reprise et reconditionnement des déchets du Business Group Aval. Le processus de consultation sur le chiffrage du devis CIGEO à la date d’arrêté des comptes au 31 décembre 2014 n’est pas achevé. Compte tenu des incertitudes sur le niveau des coûts qui en résultera, AREVA attend la publication du chiffrage définitif par les autorités de tutelle pour réviser sa provision.

Deuxième conséquence : des activités vont être cédées, en particulier celle Energie éolienne et Energie solaire (-555 millions de résultat net en 2014, dont 205 millions de provisions pour risques et pour garantie sur les contrats).

En outre, EDF va devenir l’actionnaire majoritaire d’Areva NP, dont Areva restera actionnaire et dont le capital pourrait être ouvert à d’autres partenaires industriels. Parallèlement, EDF et Areva NP créeront ensemble une société commune regroupant leurs activités d’ingénierie et de conception des réacteurs. « Dès à présent, les activités de conception, gestion de projets et commercialisation des réacteurs neufs d’EDF et d’Areva seront rapprochées dans une société dédiée. Ce rapprochement permettra une politique d’exportation ambitieuse et le renouvellement futur du parc nucléaire français », a expliqué l’Elysée. Dans un communiqué, Areva a affirmé que le groupe travaillera « dans un esprit de complète coopération » avec EDF sur la décision prise par l’Etat de faire passer sous le giron d’EDF la majorité de l’activité réacteurs du spécialiste du nucléaire. « Le groupe et ses instances de gouvernance vont travailler avec EDF dans un esprit de complète coopération (...) notamment sur les termes de l’accord de partenariat stratégique global et les conditions de la participation majoritaire d’EDF au capital d’Areva NP ».

A l’issue des arbitrages rendus par l’Etat début juillet, le groupe ne sera plus présent dans tous les métiers comme il l’était depuis sa création en 2001, où il assurait l’extraction et l’enrichissement de l’uranium, l’assemblage des combustibles, la conception et la fabrication des réacteurs, la maintenance, le traitement-recyclage des déchets et le démantèlement des centrales.

C’est une nouvelle forme d’intégration qui se profile autour d’EDF, qui reprendra la main sur la conception des réacteurs. Et probablement sur leur fabrication dans le cadre d’une filiale spécifique et ouverte à des partenaires français et étrangers (dont Bouygues, Vinci…). Le risque est désormais que cette activité industrielle diluée dans le mastodonte EDF continue d’être sous-performante. Quant au groupe Areva, amputé d’un de ses vecteurs de diversification, il va se retrouver encore plus dépendant de son principal client, un certain EDF.

La France aura ainsi son propre modèle dans un monde nucléaire où chaque grand pays a développé sa propre organisation, fruit de l’histoire et de la volonté plus ou moins affirmée des gouvernements de créer une filière électronucléaire pilotée par l’Etat.

Le nucléaire est malade. Qu’il crève !

Camille, OCL Reims, le 12 juin 2015

Sources : Communiqué de presse d’Areva en date du 3 mars 2015, L’OBS, Libération, Le Monde, France 3 Bourgogne, Les Échos, Valeurs actuelles,…


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