Courant alternatif hors-série n°3 - 1e trimestre 2000

SOMMAIRE
Le contrôle social p. 3 et 4
L’Etat nous fiche, fichons-nous de l’Etat p. 5 à 8
SIS et autres fichiers européens p. 9
La ville carcérale et l’urbanisme répressif : l’exemple de Los Angeles p. 10 et 11
Vidéosurveillance : la société panoptique p. 12 à 14
Contrôle social dans l’action sociale p. 14 et 15
Des emplois au service du contrôle social d’une classe dangereuse p. 16 et 17
Quelques luttes de précaires à Pari p. 18 à 20
Suisse : des milices privées à «la surveillance mutuelle des habitants» p. 20 à 22
Du contrôle des étrangers à celui de toutes et tous l’exemple de l’Allemagne p. 23 à 25
Classe laborieuse, classe dangereuse : la criminalisation de l’immigré(e) p. 26 et 27
Du lycée-caserne à l’école néo-libérale p. 28 et 29
Contrôle social et management scolaire p. 29 à 31
L’école à l’heure du parquage sécuritaire p. 31 à 33
Publicité et normalisation des individu(e)s p. 34 à 35
Édito p. 36

ÉDITO
Le contrôle social a de tout temps existé. Il prend toute son importance lorsque l’organisation de la société comporte tellement d’injustices et de contradictions que l’adhésion de ses membres devient aléatoire. Aujourd’hui avec le développement de la technologie et la restructuration de l’Etat providence, il prend une dimension nouvelle.

Il est le plus visible dans ces aspects policiers. Le développement de l’informatique engendre ainsi une explosion des fichiers dont l’interconnexion rend les possibilités de surveillance de la population quasi illimités. L’urbanisme et l’ar- chitecture prennent aussi en compte la nécessité du contrôle social en édifiant des villes cloisonnées, des ghettos pour riches, ou des infrastructures publiques sans angles morts pour permettre d’y installer des caméras vidéos.

L’action sociale intervient également dans ce processus de surveillance en assumant une double fonction : maintenir les plus pauvres dans une situation de subsistance minimum pour éviter leur révolte, tout en les rendant dépendant de cette aide. C’est cette dépendance qui permet ensuite de contrôler ces nouvelles « classes dangereuses » par le biais des administrations chargées de distribuer l’aide sociale (ANPE, Bureaux d’Aide Sociale - BAS, Caisses d’Allocations familiales - CAF, etc.) ou même à travers un certain tissu associatif (MJC, associations caritatives). L’action sociale agit également dans le sens de l’individualisation et de la psychologisation des problèmes sociaux en tendant à rendre les intéressés personnellement responsables de leur situation de misère.

Mais le contrôle social comporte aussi des aspects moins visi-bles dans son rôle de normalisation des comportements et dans l’intériorisation par cha-que individu des principes de fonctionnement de la société. La publicité et les médias sont chargés de nous faire adhérer à un certain mode de vie : famille, travail, consommation. L’école, quant à elle, poursuit son rôle dans l’apprentissage des comportements individualistes et de la compétitivité qui seront plus tard nécessaire pour intégrer la société.

Au moment où les inégalités sociales apparaissent de plus en plus importantes et où les raisons de se révolter sont toujours de plus en plus évidentes, ils nous semblaient donc indispensable de tenter ce petit décorticage du contrôle social afin de comprendre les mécanismes de perduration du consensus.

[Sommaire de ce numéro] [Liste des hors-séries disponibles] [S'abonner : mensuels+hors-séries]