Courant alternatif hors-série n°7 - 2e trimestre 2002 |
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SOMMAIRE |
Édito p.3 Lagro-industrie, politique du pire p. 4 à 9 La lutte anti-OGM à un tournant ? p. 10 à 12 Le monde agricole dans la société moderne p. 13 à 16 Le remembrement p. 17 Campagnes à vendre : le miroir aux illusions p. 18 à 21 La Confédération paysanne, une CFDT rurale ? p. 23 à 24 Luttes pour la terre au Pays Basque p. 25 à 27 Occupation de terres périurbaines p. 28 à 31 Qui sommes-nous ? p. 32 |
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ÉDITO |
Enjeu majeur de notre temps ? Cela est indéniable si on se rappelle quelques données de base. Il y a sur notre planète presque 1,4 milliard dactifs agricoles cest-à-dire dhommes et de femmes qui ont comme activité principale lagriculture, que ce soit pour se nourrir directement ou pour commercialiser une partie plus ou moins importante de leurs productions. Cest donc, et de très loin, le métier ou létat le plus répandu. Quils soient tout ou en partie intégrés dans les circuits de distribution, quils vivent en autarcie plus ou moins complète, ils subissent à des degrés divers le mode de production dominant sur la planète, le capitalisme. Par le biais du marché, par les systèmes coloniaux, néo-coloniaux, par la domination la plus brutale de propriétaires fonciers, de dictateurs en tous genres, mais aussi par les répercussions que ce mode de production a sur lenvironnement et sur les systèmes politiques. Mais, nous répond-on souvent, lorsquon avance ces données, agriculteurs et paysans, paysannes et agricultrices sont en diminution constante. Certes lactivité salariale, industrielle, de service, augmente au détriment de lagriculture. Mais plus lentement quon ne le pense souvent. De plus, en valeur absolue, la population mondiale croissant sans cesse, le nombre de paysans augmente, en fait ! On entend souvent également dire que le terme paysan ou agriculteur recoupe des réalités qui nont rien à voir ensemble. Cest vrai, mais dans quelle proportion ? 1,3 milliard de paysannes et de paysans pratiquent la culture manuelle et attelée, 28 millions seulement sont mécanisés et armés ainsi pour lexportation. Là est bien le premier clivage. Ensuite, et seulement ensuite, on peut affiner les analyses et voir les différences dans chaque catégorie. Ainsi, et pour revenir à la France, on pourra dénoncer le fait que, par exemple, sur les 75 000 exploitations françaises céréalières 13 000 les plus grosses on reçu en moyenne et chaque année entre 1992 et 1999, 215 856 francs daides directes par actif. Cela décrit parfaitement les énormes disparités qui font quen France il ny a pas UNE paysannerie mais DES paysanneries aux intérêts antagonistes. Mais il faut aussi savoir que ces 215 856 francs représentent 100 fois le revenu annuel dun paysan somalien ! (chiffres fournis par la Confédération paysanne). En France, 80 % de la subvention publique accordée par la PAC aux agriculteurs (72 milliards en 2000) est reçue par 20 % des plus gros et gras ! Enjeu majeur de notre temps car autant le capitalisme sest construit grâce au réservoir humain que constituait la paysannerie, autant tout projet de société communiste libertaire ne pourra se développer et exister que par une reconquête de lespace, par une activité agricole nourricière et de proximité. Éradiquer la famine dans le monde ne passe pas par un développement de lagroalimentaire, par une industrialisation et une mécanisation sans retenue de lagriculture, par la recherche génétique ou autres monstruosités. Ce qui passe par là cest la loi du profit pour les uns et de lesclavage pour les autres. Léradication de la famine passe avant tout par une agriculture de proximité, non industrielle. Dans les pays du Sud comme dans ceux du Nord, les petites exploitations sont les plus « rentables » dès lors quelles ne sont pas pillées, cest-à-dire quune plus-value ne soit plus extraite de leur travail que leur environnement nest pas détruit et quon ne les condamne pas à la monoculture. Dans les pays dits « développés », le vieux mot dordre « la terre à ceux qui la travaillent » est en grande partie dépassée, du moins si on sattache à la propriété juridique de la terre. Car posséder la terre nest une richesse que si on la vend, cest-à-dire quon se débarrasse de son outil de travail pour en faire un objet de spéculation. Le revenu de lagriculteur français nest pas lié à la possession de la terre : les grands céréaliers en louent une grande partie et sont pourtant parmi les plus riches ! Un jeune qui sinstalle actuellement aurait plus davantages à louer les terres quà sendetter pour en devenir propriétaire... à condition, bien entendu, davoir un bail de carrière cest-à-dire davoir la garantie de pouvoir y rester jusquà la retraite. Mais pour les pouvoirs publics, pour les banques, pour les techniciens agricoles, une installation na de sens que si elle permet den extraire un maximum de plus-value pour eux-mêmes (par pour les jeunes qui sinstallent) : prêts pour payer les terres, les semences, les engrais, les machines... Sinon cela na pas de sens pour eux ! La question agricole se doit donc dêtre au centre des débats pour qui veut transformer le monde et abattre le capitalisme. Une question qui nappartient pas quaux agriculteurs et aux agricultrices dans la mesure ou, de manière absolument centrale, leur activité est la plus représentative dune production socialement utile (ou du moins devrait lêtre). À moins de rêver à un monde dans lequel la nourriture serait assurée par lindustrie chimique et où une partie du territoire serait réservée à des fonctions récréatives pour les élites et où le reste serait plus ou moins désertifié et réservé à faire « vivre » les plus pauvres, les « exclus ». |
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