Courant alternatif hors-série n°8 - 1er trimestre 2003

SOMMAIRE
Édito p.3
Histoire de la Palestine en quelques dates p. 4 à 9
Abécédaire de la colonisation p. 10 à 12
Interview de Georges Habash p. 13 à 16
L'autre Israël p. 17
Les femmes en noir de Jérusalem p. 18 à 21
Soutenir le peuple palestinien p. 23 à 24
Israël -Palestine, un état pour tous p. 25 à 27
Pourquoi j'ai refusé de servir dans les territoires occupés p. 28 à 31
La dangereuse confusion des juifs de France p. 32
L'intifada n'est pas soluble dans la prospérité économique
Israël: faits et chiffres
Cartes

ÉDITO
Ce numéro hors série de Courant Alternatif va s’efforcer de faire le point sur plus de 26 mois d’intifada. Prés de 2700 morts dont plus de 2000 sont palestiniens. Les accords d’Oslo, aussi imparfaits soient-ils, sont maintenant morts et enterrés. Il n’existe pas de perspectives à moyen terme, provoquant ainsi un peu plus de désespérance préparant à de futurs attentats kamikazes, face à une opinion publique internationale complice objective de l’état d’Israël. La succession d’Arafat a déjà commencé. Le président de l’Autorité palestinienne n’existe plus politiquement. Les vraies décisions qui concernent pourtant le peuple palestinien se prennent ailleurs qu’en Palestine, au Caire, à Damas et à Washington, sûrement plus dans le tas de ruine qu’est la Mouquata’a où tente de survivre Arafat.
Si Courant Alternatif a choisi de s’intéresser à ce conflit, c’est parce qu’il nous paraît significatif, en tant que l’un des derniers lieux où existe une situation s’apparentant à une lutte de libération contre un colonialisme. Ce conflit illustre aussi la volonté de domination hégémonique étasunienne par Israël interposé d’un ordre mondial de plus en plus contesté. De plus la situation dans cette partie du monde apparaît comme le reflet d’un affrontement entre les riches et les pauvres que l’on enferme derrière des murs. Ceux ci sont la résurgence de ce qu’était le mur de Berlin il y a encore douze ans. Ils se construisent dans l’indifférence la plus totale, excluant et enfermant chez elle des populations entières, rendant celles ci étrangères sur leurs propres terres.
Ce conflit n’est ni un conflit inter ethnique, ni un conflit religieux. C’est d’abord et avant tout un conflit où s’affronte un peuple opprimé subissant un véritable apartheid au quotidien, où il sera d’abord question de sociocide plutôt que de génocide, où la liberté de circuler et au mieux réglementée, au pire supprimée, où la population est soumise à une politique s’apparentant à de l’épuration ethnique. Ce conflit n’est que la continuation de la guerre de conquête du sionisme commencée en 1948 et qui ne s’est jamais terminé, s’inscrivant dans une logique expansionniste par une colonisation effrénée qui ne s’est jamais interrompue.
Quelle solution à terme pour le peuple palestinien ? Sûrement pas les prochaines élections tant en Israël qu’en Palestine, comme d’aucun aimerait nous le faire croire. Une alternance où les travaillistes reviendraient aux affaires ( éventualité peu probable mais on ne sait jamais) ne permettra pas l’instauration d’une véritable autonomie pour le peuple palestinien, ni le total démantèlement des colonies, encore moins le retour de Tsahal sur les frontières du 4 juin 67. Amra Mitzna le nouveau leader travailliste, ira chercher son électorat au centre, mais ne pourra gouverner sans l’appui des partis religieux adeptes d’Eretz Israël, qui va du Nil jusqu’à Damas. Les palestiniens n’ont rien à attendre de ces élections. Quant à celles qui doivent permettre le renouvellement du parlement palestinien, il est peu probable qu’elles se tiennent un jour. Un blindé israélien devant un bureau de vote, cela ne fait pas très crédible pour les observateurs européens.
Reste la solidarité internationale. Celle ci commence à s’étoffer à travers l’envoi régulier de missions à raison de deux par mois rien qu’au départ de la France, sans compter les belges, les suisses, les italiens, etc.…Ces missions ne peuvent grand chose contre l’armée et surtout contre les colons, néanmoins elles sont utiles ne serait ce qu’à travers les témoignages qu’elles ramènent, de l’agitation qu’elles développent, par les mots d’ordre qu’elles diffusent en accord avec les organisations palestiniennes, en particulier l’appel au boycott des produits israéliens et la dénonciation de l’accord d’association Israël /Union Européenne. Une logique anticolonialiste, internationaliste semble véritablement émerger parmi les couches occidentales les plus radicalisées.
C’est peut-être par-là, à force de popularisation, qu’apparaîtra une véritable solution politique qui prendra vraiment en compte la dignité du peuple palestinien.

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