Courant alternatif hors-série n°9 - 2e trimestre 2003

SOMMAIRE
Édito p.3
Langue et citoyenneté p. 4 à 9
Historique critique du suffragisme en France p. 10 à 12
Quelques caractéristiques du suffragisme aux Etats-Unis p. 13 à 16
Emma Goldman, l'anarcha-féministe et le suffrage des femmes p. 17
Suffragisme...Citoyenneté et républicanisme p. 18 à 21
Comment le citoyennisme traverse le mouvement féministe ? p. 23 à 24
Les recherches d'une nouvelle citoyenneté p. 25 à 27
Citoyenneté: droits et devoirs...mais de quel droit!
L'école de la citoyenneté et vice versa!
Sans la revendication de l'abolition de l'Etat, l'anticapitalisme n'est que du pipeau!p. 28 à 31
Le citoyennisme comme rempart de l'ordre capitaliste

ÉDITO
Aujourd’hui on nous sert du citoyen à toutes les sauces, du tri des déchets aux merdes de chiens en passant par toutes les normes de comportement individuel. Il faut participer, dans des cadres bien précis, à la société telle qu’elle est afin que celle-ci ne dérive pas trop ! Fini les idées de Révolution, de société communiste. Place à la participation/gestion, à l’intégration/assimilation, au contrôle des excès... de toutes les formes de domination ! “ Les vaches sont bien gardées ” A l’origine être citoyen signifiait appartenir à une collectivité dont on était membre agissant en instituant la loi par des pratiques politiques : Le débat (les palabres) puis le vote. Dès le départ, il y a eu ceux qui étaient citoyens (une infime minorité) et toute une masse d’exclus. Comme ce sont les citoyens titulaires qui décident des critères d’accès à la citoyenneté, son extension fut l’occasion de longues et difficiles luttes. Sur le papier, cela apparaissait comme un projet émancipateur pour tous ceux et toutes celles qui étaient exclus de ces droits civiques qui déterminaient la vie d’une collectivité sous tous ses aspects. En France les hommes de nationalité française ont attendu 1848 pour avoir ces droits, les femmes de nationalité française attendront 1945, quant aux immigrés résidant en France ils et elles attendent toujours... Et alors ? Cela ne change rien au “ Schmilblic ” ! “ Les vaches sont bien gardées ” ! Le suffrage universel, basé sur une délégation de pouvoir totale a été dans l’Histoire une “ victoire ” démobilisatrice pour les mâles non possédants, puis pour les femmes. Il demeure l’instrument de la domination économique et sociale d’une petite minorité sur la grande majorité. Aucune réelle libération n’a pu s’obtenir par les urnes car cette libération implique en fait à la fois la destruction des structures économiques et de l’organisation sociale et politique leur correspondant. Le peuple dit “ souverain ” peut élire autant de prolétaires, autant de femmes qu’il veut, ces élus ne peuvent que gérer toutes les formes de domination existantes (économique, patriarcale, culturelle, ...) et si éventuellement ils et elles dérogeaient à leur fonction de reproduction de cette société en refusant leur intégration/assimilation, ce système a prévu légalement et en dernier ressort de les détruire (pouvoirs spéciaux militaires inscrits dans toutes les constitutions d’Etats démocratiques) car comme chacun et chacune devrait savoir “ l’armée est le dernier rempart de la démocratie ” ! Bien sûr on peut toujours rêver d'une démocratie participative dans le cadre d’une commune, d’un quartier et même prôner un “ municipalisme libertaire ”. A part l’aménagement des chemins communaux, le tri des déchets, l’organisation de fêtes et rencontres culturelles, les moyens matériels de l’école communale quand l’Etat n’a pas imposé sa fermeture... le “ Small is beautiful ” a ses limites définies par l’Etat qui contrôle, via les préfectures, toutes les décisions prises par n’importe quelle commune de France. C’est ainsi qu’un maire, qu’un conseil municipal peut être puni et même démis de ses fonctions et si par “ bonheur ” une collectivité locale quelconque entrave la bonne marche de l’Etat et du capital concernant par exemple l’aménagement du territoire. C’est en toute légalité républicaine que le Préfet peut passer outre en imposant par la force de ses flics et militaires les décisions du pouvoir central. Le renouveau actuel Le citoyennisme n’est pas une idée nouvelle car on la retrouve sur le devant de la scène dans toutes les périodes importantes de la société française depuis de révolution française de 1789. Aujourd’hui nous assistons à un renouveau du citoyennisme. Ce renouveau a correspondu avec l’arrivée et le maintien au pouvoir de la gauche et il a été en grande partie porté, revendiqué par des mouvements de contestation, d’identités particulières (liés à l’immigration, femmes, régionalistes, homo, ...) qui se sont constitués (de 1975 à 1995) doucement, insidieusement, progressivement en mettant de côté jusqu’à les combattre les analyses de classe de la société. Le bicentenaire de 89 a d’ailleurs été le temps fort de la réponse du pouvoir pour finir d’intégrer ces mouvements. Ce renouveau est lié aussi à l’abandon de l’idée de révolution dans l’extrême gauche et chez certains libertaires. La pratique actuelle est une démarche protestataire à l’intérieur du système qu’on veut finalement intégrer. De " citoyen " à " citoyen ", il y a d’ailleurs eu un glissement sémantique où on est passé du nom à l’adjectif jusqu’à des caricatures. On est passé, d’une appartenance collective à un corps politique et social pouvant agir dans des périodes données pour transformer fondamentalement la société, à un processus individuel de personnes isolées qui vont éventuellement exercer, par des mouvements d’opinion, un simili contrôle sous forme de protestation (qui peut avoir des formes radicales), pétition, pratiques de lobbying, sur les travers les plus choquants ou impossible à vivre. A aucun moment il ne s’agit de refaire le monde mais d’atténuer les effets d’une politique qui nous échappe. La société civile est devenue le substitut du prolétariat. Ses instances représentatives sont des associations, O.N.G. sur des thèmes divers qui reproduisent le fonctionnement des syndicats institutionnalisés et en perte de vitesse. Cette montée du citoyennisme correspond donc à un affaiblissement des corps intermédiaires (idéologiques, le syndicalisme classique, tout ce qui est des médiations entre le capital et le travail) et elle joue un rôle très précis dans le redéploiement capitaliste actuel marqué par une formidable offensive de la bourgeoisie. Le citoyennisme réhabilite l’Etat, des tas de mouvements se tournent vers lui comme on se tourne vers un arbitre neutre ; le plus caricatural étant la grande majorité du mouvement voulant aménager la globalisation actuelle du capital. Cela ne fonctionne pas si bien que cela car dans nos sociétés démocratiques un nombre croissant d’exclus ne se sent plus représenté dans ce système politique qui paradoxalement n’a jamais eu autant de prétendants à sa gestion. Il faut dire que la soupe citoyenne est bonne et nourrissante, mais il n'y en aura jamais pour tout le monde ! Mais au-delà des pertes de repère, au-delà de tout ce qui s’écroule, il faut quelque chose qui nous tienne pour nous faire vivre ensemble. Nécessairement de nouvelles collectivités d’appartenance vont naître qui n’émaneront pas forcément de politiciens machiavéliques. ALORS ? LA SEULE CHOSE QUE NOUS POUVONS FAIRE C’EST DE CONTRIBUER A LA RENAISSANCE DE L’IDEE DE REVOLUTION !

LE CITOYENNISME COMME REMPART DE L'ORDRE CAPITALISTE
Le retour de la citoyenneté dans le paysage politique français ne correspond ni à une simple mode ni à un retour vers une utopie révolutionnaire fondée sur une volonté égalitariste. Il est la manifestation idéologique de l'offensive des classes dominantes pour réunifier l'espace social en laissant indemnes les contradictions du mode de production capitaliste. Une réunification imaginaire basée sur l'unité nationale et représentée par l'Etat.
L'INTÉGRATION CONTRE LA RUPTURE
Il y a à peine plus de dix ans les mots citoyen ou citoyenne évoquaient les images chocs de films plus ou moins désuets sur la Révolution française ou l'épopée napoléonienne - comme ceux de Sacha Guitry ou d'Abel Gance -, ou sur Danton, que les cinéastes semblent avoir placé au hit parade des révolutionnaires les plus profitables au commerce de l'image (plus que Robespierre, Marat ou Babœuf en tout cas). De ces images nous retenions des tribuns haranguant les foules et ponctuant leurs discours de " citoyens ! ", ou de gens se saluant (ou s'étripant) en se donnant du " citoyen-citoyenne ! " à qui mieux mieux, à tel point que le terme semblait devenu, à l'époque, équivalent à " monsieur " ou " madame ". Des clichés souvent infantiles, mais colorés de cocardes et d'écharpes bleu-blanc-rouge, comme dans les images d'Epinal reproduites dans les livres d'Histoire qu'ingurgitèrent des générations d'enfants de la laïque. La geste franchouillarde reprenait ainsi des couleurs grâce aux toutes nouvelles techniques de spec-tacle/communication dont le cinématographe et la photo couleur étaient alors les fleurons. Parfois, le mot " citoyen " était utilisé, mais sans grande précision, pour signaler l'appartenance d'un " étranger " à la communauté nationale. Mais il s'agissait davantage d'une évocation juridique équivalente à " nationalité ", sans grande épaisseur symbolique. Il y eut bien, après la Seconde guerre mondiale, le mouvement des " citoyens du monde " de Gary Davis, qui enflamma, pour un temps, les grandes salles encore consacrées aux grands meetings populaires. Mais cela fit long feu. Et puis, sans qu'on y prenne vraiment garde, de manière insidieuse mais assez rapide quand même, le mot est revenu au galop, chargé de significations moins administratives et plus idéologiques, si bien qu'à présent, si on n'interpelle pas encore de cette manière son voisin ou une amie, on ne lui donne plus guère du " camarade ! ". En quelques années, la " citoyenneté " est devenue un des mots clés des lieux communs qu'accompagnent le " prêt-à-penser " et le " politiquement correct " inaugurés par la " génération Mitterrand " et dont la droite se régale à son tour. Jusqu'à la nausée ! Au nom de la modernité on revient ainsi plus de deux siècles en arrière. Pas pour le meilleur mais pour le pire ! Vidée de la dimension rupturiste (celle qui souligne les fractures dans la société) qu'elle avait pu avoir en partie à la fin du xviiie siècle, il ne reste plus de la citoyenneté que sa face intégratrice (celle qui veut réunifier le corps social en une unité de façade). C'est que Furet, Fukuyama, Ferry et d'autres encore sont passés par là et qu'il est maintenant admis par toute l'intelligentsia qu'une révolution ne peut être que totalitaire et que, par conséquent, la rupture est un non-sens à combattre et l'intégration la voie à suivre. Le terrain était, depuis quelques années déjà, d'autant plus propice à ces âneries que défunt Mai 68 ne présentait plus, lui non plus, que sa face intégratrice, via quelques ex-mao qui s'en étaient indûment emparés, accompagnant des revendications féministes, écologistes et culturelles du même acabit. Ce retour de la citoyenneté n'était pas une simple tocade linguistique. C'était un retour chargé d'une fonction politique et culturelle bien précise : combattre ce qui, dans la société française, infirmait les crétineries ci-dessus évoquées et risquait de laisser entrevoir que consensus et intégration étaient du pipeau. Ce furent les émigrés de la deuxième ou troisième génération dont le PS recycla l'ardeur dans SOS-racisme ; ce furent les chômeurs et les chômeuses qui trouvèrent dans AC ! une orientation leur laissant espérer une considération citoyenne ; ce fut enfin le secteur public qui, en 1995, mit dans la rue des pans entiers de la population salariée avides de respirer un peu d'air frais après plus de dix années d'asphyxie mitterrandienne. Tout cela faisait tache, il fallait trouver la pâte qui pouvait resouder ces potentielles dissidences afin de les éloigner de toute tentation anti-consensuelle. La citoyenneté est venue, et avec elle tous les dispositifs intégrateurs mis en place sous Mitterrand et devenus enfin opérationnels sous la droite. Une fois de plus la gauche avait rempli son rôle de chien de garde fournisseur et fourbisseur des armes de basse manœuvre.
UNE SEULE APPARTENANCE: LA NATION !
La République française s'est construite puis consolidée sur la destruction des anciennes appartenances : aux régions et aux pays, avec leurs langues et leurs cultures ; aux corporations et aux métiers ; au village et à la grande famille élargie. Mais l'être humain est ainsi fait qu'il ne peut survivre sans appartenances — en général multiples et variées — et certaines d'entre elles, à certaines époques, sont plus importantes que d'autres. Les mouvements de l'Histoire ont beau en détruire un grand nombre, d'autres se recréent immanquablement sur le terrain des précédentes, telle l'Hydre de Lerne (1) Il est un sentiment d'appartenance qui a toujours existé, mais qui a pris du volume pendant toute la période d'industrialisation et de développement du mouvement ouvrier et qui correspond à la place de l'individu dans le processus de production : l'appartenance de classe. Le citoyennisme, né avec l'Etat moderne, a précisément œuvré pour substituer aux anciennes appartenances dont nous parlions un sentiment de fusion avec la communauté étatique, plutôt qu'une appartenance de classe ; il a tenté de donner à l'identification à l'Etat une consistance et une réalité souvent très faibles sous l'ancien régime, puis mises à mal par la sauvagerie de l'industrialisation et l'acculturation brutale subie par des millions de prolétaires. Il est fils de la IIIe République et de ses hussards. Mais là où les instituteurs offraient, malgré tout, un contenu, des connaissances (certes souvent critiquables et propagandistes) et parfois des éléments de contestation, le citoyennisme moderne n'offre rien que la perpétuation de l'ordre existant dans un monde qui, par ailleurs, change et prend l'eau de toute part. Dès lors, l'individu-citoyen n'est plus défini par sa place dans la production et dans un espace géographique fini et connu de lui (le village, le "pays", la région), mais par sa position dans un champ plus vaste, plus abstrait, dans une communauté fictive qu'il ne côtoie pas, avec laquelle il n'a aucune activité collective, qui n'a d'existence que fantasmatique et virtuelle et ne s'extériorise que dans les hola pour soutenir les équipes de France, dans quelques pitreries télévisuelles qui meublent les conversations bistrotières ou, pire encore, en cas de guerre. Pour développer ce genre d'appartenance décérébrante, l'Etat a besoin de gommer celles, plus réelles et vivantes, qui développent le collectif et la solidarité, comme la place dans le processus de production, l'appartenance de classe. Car pour le citoyen, la nation passe avant tout. Lorsque, en 1789, l'abbé Sieyès dans son fameux Qu'est-ce que la propriété ?, résume le fondement du nouveau régime par cette phrase : " La nation existe avant tout, elle est l'origine de tout... elle est la loi elle-même... ", il indique clairement les limites exactes du changement opéré : un changement de pouvoir. Le roi disparaît, la nation naît. Pour tous les pouvoirs, le peuple, dans ses diversités, représente un danger. Il faut donc que ces diversités se transcendent en une unité. Ce fut le roi, garant de cette unité et unité lui-même, c'est maintenant la nation qui confère, en retour, l'existence même du peuple intronisé ensemble de citoyens. Et du coup, à l'inverse, comme dans l'Antiquité, les non-citoyens sont pratiquement des sous-êtres humains (dans le monde moderne, les " en-dehors ", les classes dangereuses, les révolutionnaires, les " marginaux ", etc.). Et finalement, la réhabilitation du citoyennisme aboutira, malgré toutes les bonnes intentions, à la criminalisation de toutes celles et de tous ceux qui contestent et se situent hors du jeu institutionnel ayant pour cadre la nation.
CITOYEN PAR-CI…CITOYEN PAR-LÀ
Dans un paragraphe intitulé " Citoyenneté et lutte de classe " (brochure 1793 : Citoyenneté et révolution, Alternative libertaire, sans date), Laurent Esquerre écrivait récemment : " Le débat sur la citoyenneté a pris ces dernières années une tournure tout à fait spécieuse [...] Même dans son expression la plus radicale, elle contribue à masquer les enjeux de classe et la nécessaire remise en cause des rapports de production. " On ne saurait être plus clair. On s'aperçoit pourtant que le mot revient comme un leitmotiv obligé, même sous les plumes les plus critiques : une énorme quantité d'articles, écrits par des gens théoriquement en accord avec les constatations qui précèdent, utilisent malgré tout le terme de citoyen, sacrifiant ainsi à une sorte de mode. S'agit-il seulement d'une difficulté à préciser les concepts, d'un manque de mots, d'une croyance que dans ces cas-là il est utilisé avec un autre sens (mais est-il compris autrement ?), d'une figure de style destinée à être comprise plus largement par un milieu trop sensible aux modes linguistiques dominantes intronisées par le " politiquement correct " des médias et de l'intelligentsia (2) ? Je ne crois pas. En effet, ce citoyennisme (dans sa version simplement démocratique comme dans sa version supposée plus radicale), qui colore plus que largement les mouvements antimondialisation, pour les droits de l'homme, contre le chômage, etc., qui envahit les radios et les journaux, qui est devenu le prêt-à-penser des élites françaises, n'est pas une simple idéologie qu'il faudrait critiquer. Il n'est pas une simple opinion qu'il s'agirait de confronter aux nôtres (ou à d'autres) en peaufinant nos arguments (comme si la justesse d'un argument ou d'une critique avait jamais, à elle seule, convaincu qui que ce soit !). Non, le citoyennisme est bel et bien une réalité matérielle qui, comme force sociale, joue un rôle très précis dans le redéploiement capitaliste actuel. Le citoyennisme n'est pas une simple opinion éthérée qui se promène dans les nuages de la spéculation intellectuelle et que l'on chope d'un habile coup de patte quand elle passe à notre portée (ou que l'on rejette d'un revers de la main), au gré de discussions plus ou moins philosophiques. Il s'incarne, au contraire, très matériellement dans des institutions, des partis, des syndicats, dans des médias, dans des " représentants ", dans des corps intermédiaires, qui sont à la bonne place et au bon moment dans le contexte actuel de la lutte des classes qui est celui d'une formidable offensive de la bourgeoisie. Il faut donc critiquer et combattre le citoyennisme pour ce qu'il est présentement, et non en référence à ce qu'il est supposé (souvent à tort) avoir été. S'y référer n'est pas une simple " erreur " commise par des " gens proches " ni une tromperie/trahison exercée par des réformistes masqués ou des néostaliniens, c'est affaiblir la portée critique de tous les mouvements de résistance à l'offensive capitaliste.
LA FILIATION RÉPUBLICAINE DU MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE
Mais pourquoi donc cette bataille, pourtant évidente à mener aux yeux de beaucoup, est-elle si difficile à engager sans retomber dans la toile tissée par ce citoyennisme gobe-mouches ? Plusieurs raisons à cela : - crainte de se couper des " gens " et des " mouvements ", peur d'être marginalisé, de paraître élitiste et donneur de leçon ? Effectivement, critiquer quelque chose qui fait consensus dans la société, y compris parmi des gens parfois proches sur d'autres terrains, n'est pas une position confortable. La tentation est alors forte de faire profil bas, de tergiverser autour des mots en leur attribuant des sens un peu différents, mais imaginaires ; - désir d'exister, de reconnaissance... sociale et institutionnelle (ce qui est à rapprocher de certaines tentatives actuelles de faire de l'anarchisme un courant de pensée honorable sinon honoré). Fatigués d'avoir bataillé sur les marges pendant des années, il en est qui veulent terminer - ou simplement poursuivre - leur carrière militante en étant un tant soit peu reconnus au-delà de leur sphère habituelle. Faire " sérieux ", " responsable ", " construire du solide ", " laisser de côté les critiques stériles ", se débarrasser du " purisme idéologique " comme du " radicalisme sans perspectives " sont des clichés souvent entendus et avec lesquels on ne peut être en désaccord. Mais en restant à l'état de cliché cette volonté cache parfois un repli frileux et un alignement insidieux sur un conformisme néo-social-démocrate relooké qui, au moyen d'une pensée schizophrène, frise une sorte de néo-poujadisme anti-intellectuel. Cependant, pour réelles qu'elles soient, ces explications ne peuvent fonctionner que parce qu'elles sont liées à une autre cause, plus profonde, et ancrée dans l'histoire du mouvement révolutionnaire en général et anarchiste en particulier : la persistance en son sein d'un certain républicanisme. Nombre des gens utilisant ce terme de citoyen en pensant égalité des droits entretiennent la fiction selon laquelle l'égalité peut exister dans une société patriarcale et de classe. Il ne s'agit là nullement de chipotage mais bien d'une position fondamentale au sujet de laquelle il convient de se positionner clairement. Car si réellement, en système marchand, capitaliste, en régime de propriété, il pouvait y avoir égalité de fait (et non des droits et des chances), il n'y aurait guère à hésiter à entrer au PS.
L'HÉRITAGE DE LA RÉVOLUTION FRANçAISE DANS LE MOUVEMENT ANARCHISTE
" En tout cas, ce qu'on apprend aujourd'hui en étudiant la grande Révolution, c'est qu'elle fut la source de toutes les conceptions communistes, anarchistes et socialistes de notre époque... L'Humanité marche d'étape en étape, et ses étapes sont marquées depuis plusieurs centaines d'années par de grandes révolutions... " Kropotkine, La Grande Révolution, pp. 408-409, Ed. du Monde libertaire, 1989). Lors des prémisses des mouvements socialiste et ouvrier, qui émergent progressivement au cours du xixe siècle (1830, 1848, 1871...), la Révolution française est encore présente dans les mémoires (un père, des grands-parents, une arrière-grand-mère, l'épopée des saignées napoléoniennes qui est racontée au coin du feu comme le sera la guerre de 14 jusque dans les années 60). On a connu l'Empire, puis la Restauration. La République n'est justement plus qu'un souvenir jusqu'en 1848. Elle disparaît de nouveau en 1852 pour ne s'installer plus durablement qu'après la capitulation de Sedan, en 1970. L'idée socialiste se construit sur l'intuition, simple et complexe à la fois, qu'il faut poursuivre la " Grande Révolution ". Cette dernière, qui a été confisquée, balayée puis vaincue, n'est pas morte, elle anime encore l'idéal des courants se réclamant de la justice et de la liberté. Simple, car c'est une vision un peu mythique et édulcorée qui demeure, qui tend à oublier la Terreur aussi bien que les courants " communistes ". Complexe tout de même, car derrière cette idée de continuation, pointe la prise en considération de la nécessité d'utiliser d'autres méthodes (apparition des analyses " marxistes " et de s'appuyer sur de nouvelles couches sociales, dans un monde dont la bourgeoisie s'est totalement emparée en quelques décennies. Mais très vite apparaissent des déchirures et des contradictions flagrantes entre la République réelle, celle qui s'installe en 1848, et ce qu'elle est supposée idéalement être. Puis, de la même manière, après 1870. De ce décalage naissent des conceptions plus radicales, révolutionnaires, communistes et anarchistes. L'anarchisme révolutionnaire en arrive à la conclusion d'un rejet radical de toute forme de pouvoir politique séparé du corps social, de toute forme de gouvernement et d'institutions étatiques. Pourtant, et c'est là une contradiction d'importance, il continue à se référer plus ou moins explicitement à la République (même si c'est une République idéale) et ne parvient souvent pas à se séparer de la tradition politique républicaine, certaines de ses composantes gardant même des liens plus ou moins forts et explicites avec la démocratie républicaine (les franc-maçons, les éducationnistes comme Robin et son orphelinat de Cempuis (3), etc.). Il ne faut pas oublier que l'anarchiste républicain Proudhon fut député de la Seine. Selon lui, la république est avant tout un principe opposé à la royauté et sans grande traduction institutionnelle. De là il considère qu'en cas de menace, elle est à défendre comme on défend un principe. Après 1848, il se pose en véritable soutien des institutions républicaines (la Constitution de 1848 qu'il qualifiait peu avant de " chiffon de papier ") attaquées par les légitimistes, les orléanistes et autres bonapartistes. L'ancien pourfendeur du suffrage universel en devient un farouche partisan dès lors que ces institutions sont menacées. Cette position est expliquée par le désir de préserver les chances de la révolution, ce qui sous-entend que, dans cette conception, le principe républicain devient une étape obligée de la révolution sociale (et l'on retrouve là, encore une fois, ce vieux principe idéaliste qui veut que le sens de l'Histoire accorde une place de plus en plus importante au bien au détriment du mal). Cependant, on a oublié trop souvent que ce n'est pas la Révolution française dans sa globalité qui a servi de référence et fut à l'origine des mouvements socialistes et révolutionnaires apparus dans les deux siècles suivants, mais les réactions (surtout babouvistes) nées de la constatation que, cinq années après 1789, la révolution n'avait fait qu'installer aux manettes une nouvelle classe dirigeante (supposée être celle du mérite, du travail, donc de l'argent) à la place de l'ancienne, basée sur la tradition et la richesse foncière. C'est bien cette réaction qui introduit l'idée de la suppression radicale de la propriété privée, alors que jusque-là elle était à peine évoquée. Les Enragés eux-mêmes, pourtant si souvent vantés dans les milieux ultraradicaux, n'ont jamais revendiqué l'abolition de la propriété privée mais au contraire son extension à tous les citoyens, y compris les plus pauvres.
LA DÉFENSE DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE PAR LE BIAIS DU CITOYENNISME
Les " citoyennistes " de jadis avaient parfaitement compris la charge subversive contenue dans la critique de la propriété privée. Un exemple éclairant nous vient des Etats-Unis. La déclaration d'indépendance de juillet 1776 précise : " Tous les hommes naissent libres et égaux et sont gratifiés par le Créateur de certains droits inaliénables dont font partie la vie, la liberté et la recherche du bonheur. " Deux ans après, la Constitution américaine remplace " la recherche du bonheur " par... " le droit à la propriété " ! Prise dans son ensemble, la Révolution française est totalement ambiguë vis-à-vis dela propriété. Chacun, ensuite, pourra s'y référer avec des positions très différentes sur cette question. Mais ce qui est clair, c'est que nos citoyennistes d'aujourd'hui sont plus robespierristes que babouvistes. Comme Robespierre, ils considèrent que l'égalité totale est une chimère qui exigerait le communisme, un état impossible à établir. Comme lui, ils sont attachés à la propriété privée, mais avec l'objectif que ne se forment pas de grandes fortunes volant les pauvres. Et pour y parvenir, tout est affaire de lois destinées à limiter les inégalités. On constate là une parfaite identité de vues entre Robespierre et Attac par exemple. Dans un cas comme dans l'autre, il y a le même aveuglement sur ce qui découle nécessairement d'un système basé sur la propriété privée des moyens de production et de survie. Et surtout, la croyance que le Droit peut échapper au rapport de forces entre les classes sociales. Même si ce sont surtout les courants qui tentèrent de s'opposer à la confiscation de la Révolution française par la bourgeoisie qui inspirèrent le mouvement ouvrier, les liens avec la révolution prise comme un tout réapparaissaient fortement chaque fois qu'une menace, réelle ou imaginaire, d'un retour à la monarchie se manifestait (la position de Proudhon est donc loin d'être particulière). Liens apparaissant d'autant plus légitimes que ces menaces sont omniprésentes, et qu'ainsi même la fraction la plus révolutionnaire du mouvement anarchiste se range en partie derrière la République lorsqu'elle est jugée menacée (4). Et le choix qu'il importerait de faire entre plusieurs régimes politiques simplement parce que l'un serait moins pire que l'autre, et non meilleur, entraînera bien des divisions, des incompréhensions, et des invectives.... jusque de nos jours. De l'idée de défense de la République naîtra, dans le mouvement ouvrier syndical, celle de la défense des acquis. Et là, comme sur le plan politique, se pose cette contradiction : comment ne pas se ranger derrière une bannière qu'on est supposé combattre ? Ce à quoi on peut répondre : si on défend ce qu'on est supposé combattre c'est que c'est une partie de soi que l'on défend. Si c'est la menace de rétablissement de la royauté qui a servi d'alibi aux réflexes républicains des révolutionnaires (de toutes tendances), c'est, depuis la Seconde Guerre mondiale, le fascisme qui remplit cette fonction. Et, comme de bien entendu, ces alibis sont des formes de domination datés historiquement, et dont l'évocation rituelle et incessante ne fait que masquer les nouvelles formes de domination qui se mettent en place sous nos yeux. Or, il me semble que le problème n'est pas celui du choix... qui, finalement, est la plupart du temps assez simple (toute personne normalement constituée préfère vivre dans un régime de merde mou que dans un régime de merde dur), mais celui de l'analyse qui est faite (ou pas faite, le plus souvent) des raisons qui font que tel régime est moins dictatorial qu'un autre. Si l'on en revenait à cette idée qu'un régime politique est d'abord le reflet de l'état du rapport des forces entre les classes, on s'épargnerait bien des tracas (comme celui de se poser la question de savoir si le recours au vote peut empêcher une dictature de s'installer). Mais ce type d'analyse est trop souvent apparu dans une partie du mouvement anarchiste comme trop marxiste. La critique faite par Bakounine à la Révolution français, c'est de n'avoir pas abordé la question de la transformation sociale et économique (lieu des inégalités réelles) pour s'en tenir à la transformation politique (lieu d'inégalités fictives). Ou en tout cas de n'avoir pas fait correctement le lien entre les deux. Le républicanisme est essentiellement une notion politique (dans le sens étroit du terme (institutionnel), et qui par conséquent ne s'attache à l'individu que sous son aspect d'appartenance à une supposée collectivité, c'est-à-dire comme citoyen considéré sous son aspect de devoirs et de droits donc lié à une structure étatique faite de lois. L'égalité (ou supposée telle), dans ce cas, n'est que politique et nullement matérielle. La propriété, par exemple, racine des inégalités n'est pas remise en question. Et c'est bien là que naît la grande rupture entre les libéraux et les communistes.
LES DROITS DE L'HOMME COMME SENS DE LECTURE À L'HISTOIRE
Le citoyennisme est inséparable de la notion de Droits de l'Homme. Essayons de comprendre quelle lecture en fut généralement faite par ses inventeurs ou ses laudateurs. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 affirmait : " Art. 35 : Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. " " Art. 34 : Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé, il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est oppri-mé. " Ce que le législateur de 1793 entrevoyait là et tentait d'esquisser dans ce texte, ce sont les conflits inévitables qui jaillissent entre le pouvoir institué sous forme d'Etat et la société qu'on appellerait maintenant " civile ". il s'agit même d'une première approche du caractère antagoniste des classes sociales, avant que les socialistes du xixe siècle n'en précisent les contours. Dire que lorsqu'il y a oppression contre une seule personne le corps social entier est opprimé, est un aveu sans limites de l'oppression continue que subit ce même corps social. Quelle société peut, en effet, affirmer qu'aucun de ses membres ne l'est, pas même un ? Aucune ! Cet article de 1793 est bien une reconnaissance implicite de l'opposition irréductible entre le gouvernement, l'Etat et le peuple. On comprend mieux, dès lors, que la bourgeoisie, une fois son pouvoir solidement établi, n'ait eu de cesse de gommer cette référence, non seulement dans les textes, mais aussi dans les têtes, pour conjurer le danger potentiel que représente pour elle l'idée que la légitimation de la révolte ne provient pas d'une loi établie une fois pour toutes, mais de la conscience de chacun vis-à-vis de tous. Cette notion du droit à la révolte et à l'insurrection contre l'oppression n'existait pas dans la première Constitution, celle de 1789, qui, soit dit en passant, est la plus pauvre, la plus édulcorée de toutes celles qui furent votées ou proposées au cours des dix années révolutionnaires. Et c'est bien entendu celle-ci qui sert de modèle et de référence de nos jours à la bourgeoisie. Une notion qui disparaîtra ensuite dans la Constitution de 1795, entérinant ainsi le triomphe de la réaction, le début de l'ère bonapartiste, une fois repoussée la vague de révoltes populaires. Il semble que ce spectre ait encore hanté le monde cent cinquante années après, puisque le législateur, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, fait encore une fois référence à ce droit à la révolte et à l'insurrection, mais pour le conjurer, pour bien montrer que ce qui importe le plus c'est de l'empêcher de s'exercer. Ce qui dans l'esprit des législateurs de 1793, était un droit devient maintenant une contrainte, un suprême recours qu'il convient d'empêcher de s'exercer. Dans le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est écrit : " Il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression. " Ce préambule indique donc clairement que l'opposition extra légale n'est pas possible dans un Etat de droit ; un régime précisément conçu pour empêcher toute opposition extra légale. Il est en effet (ce qui, soit dit en passant est contradictoire avec d'autres articles de la loi) à la fois juge et partie puisque c'est lui qui détermine le droit ou non à la révolte ; et l'accepter revient pour lui à se nier puisque son existence implique qu'il n'y a aucune justification à cette révolte. Un autre exemple de ces " petits arrangements sémantiques ", mais lourds de sens, est celui cité plus haut à propos de la Constitution américaine. Les droits de l'homme sont devenus l'horizon de ceux qui renoncent à l'émancipation et à la libération. Il s'agit-là d'un projet très " petit bras " qui illustre à merveille la victoire du " moins pire " sur le " meilleur ". Un horizon de boutiquier, aurait-on dit à une autre époque. Un horizon de vieillard offert à des enfants. La lutte pour les droits de l'homme se présente comme un retour réaliste et tangible à une concrétude qui se donne comme objectifs des résultats immédiats contre des périls immédiats. Une lutte qui entend s'opposer à des utopies lointaines et inefficaces qui avaient marqué les périodes antérieures. Une lutte à la mesure de celles et ceux dont nous parlions plus haut, qui rêvent de reconnaissance, de calme mais sans volupté. Car en fait il s'agit d'une projet totalement impuissant : on oublie que c'est justement au nom de l'efficacité immédiate, du " réalisme ", du retour au concret face aux idéologies et aux utopies, du pragmatisme érigé en stratégie que se sont commis les plus grands crimes de l'Histoire et que les structures totalitaires se sont construites (le " bon sens " poujadiste ou lepéniste en est un exemple éclairant). L'une des fonctions du droit-de-l'hommisme est de masquer les échecs successifs et historiques du réformisme (dont il fait partie), et de ne sélectionner dans l'Histoire que ce qui l'arrange et est finalement conforme à la vision officielle des choses (évolutionnisme). Même si le droit-de-l'hommiste admet que, ces derniers temps, les succès n'ont pas été éclatants sur ce terrain, il se retranche sur une vision plus large de l'Histoire, considérant que " ça va quand même dans le bon sens " et que revers et périodes de recul ne sont que des mini mouvements sur une pente globalement ascendante. Une régression, selon lui, ne saurait être que temporaire. L'idéologie droit-de-l'hommiste et citoyenniste est inséparable de cette conception " progressiste " qui considère qu'il y a un sens de l'histoire qui, bon an mal an, va du simple au complexe, du mal vers le bien. Une vision que tout infirme à nos yeux ! Ce qui conduit ses adeptes à être toujours du côté de ce qui s'appuie sur le développement (durable ou non), sur un certain scientisme (même critique), sur une confiance dans la " nature de l'homme " (quelle est-elle ?), etc. Bref, ce sont des idéalistes réactionnaires dans le sens où ils défendent des conceptions et des modes de lecture du monde bien archaïques, sans surprise ni aucun risque, bien calés dans l'ordre établi et le conformisme d'une pensée agréée par tous les pouvoirs. De petits bourgeois, tout petits...
JPD (OCL Poitou)
1. A signaler que, au moment où elles commencent à fonctionner, ces nouvelles appartenances sont rarement prises en compte ni même aperçues. C'est ce qui fait dire aujourd'hui, et beaucoup trop rapidement, qu'à présent le monde s'uniformise. C'est à la fois vrai et faux. Vrai car à l'évidence d'antiques "différences", d'ancestrales particularités disparaissent sous nos yeux sous les coups de boutoir du développement capitaliste (appelé globalisation en novlangue militante). Faux parce que de nouvelles "différences" se créent, des néoparticularismes apparaissent, simplement parce que c'est vital pour les êtres humains, mais soit on ne les a pas encore remarquées, soit on les minimise.
2. De droite comme de gauche, il n'y a vraiment plus lieu de les distinguer.
3. Les éducationnistes considèrent que l'évolution doit précéder la révolution, et que c'est par l'éducation libertaire que l'on parviendra à former des individus aptes à faire cette révolution et à empêcher qu'elle soit stérile. Il semble qu'il y ait dans cette vision un manque singulier de " dialectique ", en ce sens qu'un processus révolutionnaire est en lui-même un acte éducatif et que l'on apprend autant en quelques jours de barricades que dans une école libertaire. Paul Robin se vit confier par le collaborateur de Jules Ferry, Ferdinand Buisson, la gestion d'un orphelinat à Cempuis où, pendant quatorze ans il appliqua des principes d'éducation libertaire avant d'être révoqué par Georges Leygue un ministre de l'éducation nationale qui fut ensuite nommé aux Colonies, à la Guerre et à la Marine !
4. Les appels de "révolutionnaires" à voter Chirac en avril 2002 n'ont pas d'autres sens.

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